Pauvre, pauvre
Daniil Harms. Vie courte, à peine 36 années, dans une Russie devenue URSS. Époque en brun, en rouge, en noir. « Si tu n'es pas avec moi… tu me combats… donc je te tue »
Les textes de ce recueil expriment le désarroi d'un être porté au rêve, à la poésie face à un monde d'acier, de feu, de bêtise. Souvent théâtraux, ces courts textes mettent en scène des personnages absurdes qui n'hésiteront pas à écrabouiller, égorger, trucider pour aller jusqu'au bout de leur logique. Ce pauvre
Daniil Harms n'a écrit ces textes que pour son tiroir, leur publication à l'heure de l'esthétique du réalisme socialiste étant inenvisageable, sous peine de jugement, d'emprisonnement et d'exécution. Pour tenter d'échapper à l'incarcération il a joué la carte psychiatrique. Mais malheureusement, les fous en 1942, à Leningrad on ne leur donnait rien à manger. C'est ainsi qu'il mourut de faim. La parole de ce poète brisé m'est devenue tellement douloureuse et pathétique, même dans son humour, que je n'ai pas pu tout lire.