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Alexandre Gouzou (Traducteur)
EAN : 9782867465116
205 pages
Liana Lévi (07/05/2009)
3.69/5   27 notes
Résumé :
Tyrannique et terrifiant -au point d'être affublé par ses fils du surnom de Jupiter !- mais aussi attachant, rigolard et fantasque, le Grand Sam prend de la place. Mais, au fond, qui est-il, ce vieil homme noir sous sa casquette rouge ? ET quelle terreur enfouis cache-t-il sous ses fanfaronnades ? C'est ce que son fils tente de découvrir à travers des bribes de récits authentiques et d'affabulations paternelles. En filigrane de l'odyssée familiale, c'est l'histoire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une nouvelle fois l'excellente éditrice Liana Levi nous permets de découvrir un auteur talentueux.
Les relations difficiles entre Eddy et son père. le grand Sam élève son fils à la dure (violence et conflit) qui lui vaut le surnom de Jupiter, c'est aussi un père décontracté et attachant. Et surtout c'est un formidable embobineur. Quelle est la part de vérité dans les histoires racontées au fils. Que cache ces fuites en avant lorsqu'il feint de répondre à Eddy ?L'histoire de la ségrégation racial est bien évidemment au coeur du récit d'Eddy J. Harris, avec ce père qui veut rendre plus fort son fils pour refuser l'inacceptable et porter avec fierté ces origines.. le livre montre aussi à quel prix le peuple noir américain aura payer et paye encore sa couleur de peau.
Un récit touchant sur la filiation, mais aussi sur l'Amérique du XXème siècle que Harris rend passionnant et fort grâce à une écriture fluide et sincère.
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"Jupiter et moi" est un texte d'une très grande authenticité.
La recherche de sincérité est à l'évidence son point fort.
La lecture en est émouvante, et les personnages férocement attachants.
J'ai d'abord lu ce récit comme celui d'un fils à la recherche de son père et ce faisant, de lui même.
Ce livre donne une idée du travail d'introspection nécessaire pour essayer de démêler les fils d'une relation toujours complexe et ambivalente, celle qui unit et désunit les pères et les fils.
Le portrait de ce tyran fou d'amour pour ses fils, de cet homme furieusement attaché aux siens, à leur histoire et à leur culture mais souffrant tous les jours de sa condition de "noiraméricain" est poignant.
Il me semble que cette histoire est toute entière coincée dans la tension dense et désarmante qui existe entre la fidélité aux siens et le désir de leur échapper.
A la lecture de ces pages nous comprenons qu'en Amérique, il faut en réchapper si on veut réussir et qu'on est "noiraméricain".
Voilà aussi ce qui est raconté dans cette suite de souvenirs et d'anecdotes. Tout est dit, simplement, avec bonheur et empathie, nostalgie et douleur. C'est un peu la vie comme elle va, avec le monde qui change, la violence, le racisme, l'amour, l'espoir, et ce qui sauve, la liberté.
C'est sans doute le mot clé qui fonde l'histoire de ces deux hommes. Celui qui porte le travail de l'écrivain aussi.
Je crois qu'à leur insu, ce mot s'est immiscé dans leur vie avec une injonction du père à son fils : "ne sois pas comme moi"
Cette liberté à gagner, à deviner, à rêver, à construire est loin d'être une évidence et le fils en a fait son chemin de vie.
En croyant s'éloigner à jamais l'un de l'autre jusqu'à devenir des étrangers l'un pour l'autre, ils se rejoignent enfin, dans la lueur de ce mot perçue à la croisée d'un regard, d'un sourire.
Cette ballade autobiographique est vraiment une belle épopée familiale et humaine dans une Amérique de la ségrégation qui change lentement.
Je ne peux que vous conseiller vivement de plonger dans ce roman familial qui commence avec la prédiction d'une mère pour son fils : "Je sais que tu feras de grandes choses", et qui se termine avec les paroles d'un père qui reconnaît enfin le trajet accompli par le sien
des liens sur le blog
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Après Mississippi Solo et le Mississippi dans la peau, c'est le troisième livre de Eddy Harris que je lis et ce avec le même intérêt. Il ne nous parle pas ici d'aventures fluviales mais de son père aujourd'hui disparu et plus largement de la réalité afro-américaine.
Nous prenons conscience au fil du récit que les États-Unis demeurent un pays profondément raciste, particulièrement envers les Noirs. Même si l'esclavage a été aboli en 1865 et que les Noirs sont désormais officiellement des citoyens à part entière, la réalité des faits est bien différente. Les noirs du Sud étaient toujours interdits de vote dans les années 60 ! Eddy et sa génération n'ont pas connu les atrocités dont leurs aieux ont été les témoins et parfois les victimes : Laura Nelson pendue au dessus de la Canadian River alors qu'elle était innocente, Addie Mae Collin, Denise McNair, Carole Robertson et Cynthia Wesley mortes des suites de l'explosion d'un bâton de dynamite dans une église où un blanc était mécontent de les voir… Enfant, le père de Eddy n'a pas le droit de marcher sur les trottoirs qui sont réservés aux blancs et doit marcher dans le caniveau. Comme son fils nous nous demandons donc : « Comment des hommes comme mon père, ayant vu ce qu'ils ont vu et vécu ce qu'ils ont vécu, parviennent ils à éviter de céder à leur démon, à garder la tête haute ? Comment font ils pour ne pas exploser dans un accès de vengeance destructrice ? » Pour Eddy qui grandit pendant « la période de transition » le quotidien est moins violent mais pas pour autant agréable : Eddy ne parvient pas à se faire servir une glace au restaurant Howard Johnson qui ne sert que les blancs. Les assassinats d'Afro-américains existent encore et ne sont pour ainsi dire pas punis. Pourquoi ? Parce que la peur justifie l'acte ! J'ai eu peur donc j'ai tiré… Triste société malade de sa haine endémique envers une communauté ethnique.
Ce livre apporte d'autres informations plus insolites et méconnues des Européens : l'existence du métissage qui peut être le résultat de solides histoires d'amour comme l'arrière grand-mère blanche d'Eddy qui a écouté son coeur et bravé tous les interdits  ou son ancêtre Gallois qui épousa une Afro-américaine. Mais aux yeux de l'Amérique, les métisses, et ce quel que soit leur degré de métissage, restent des noirs « Une seule goutte de sang noir, et vous êtes noirs »
Cet ouvrage est une très belle chronique de l'histoire des Afro-américains et un très beau témoignage d'amour et de respect d'un fils envers son père.
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Eddy L.Harris est né à Indianapolis dans une famille Afro-américaine. Il nous livre dans ce récit ses souvenirs d’enfance et notamment ses relations avec son père, surnommé Jupiter car ses colères pouvaient être redoutables.

L’arrière-arrière grand-père de l’auteur, en raison de métissages et des facéties de la génétique, était très clair de peau et pouvait facilement passer pour un blanc. Or, en Amérique , on considère qu’une seule goutte de sang noir vous fait automatiquement appartenir à la communauté noire.

L’ancêtre d’Harris a donc quitté l’état du Sud où il était né pour aller s’installer un peu plus au nord. La chance lui sourit et il fit fortune en créant une compagnie de diligences :

« La famille Harris acheta une grande maison de briques à Marnice Place, dans une petite rue étroite et non pavée. (…) Mon père avait 5 ans quand la famille s’y installa, Il y avait des fermes laitières tout autour et les enfants jouaient dans les champs de maïs ; les chiens pouvaient s’y ébattre ou errer à volonté. Tout se passait bien. Puis, les blancs du quartier finirent par comprendre que les Harris étaient noirs. C’est à partir de ce moment-là qu’ils leur donnèrent du fil à retordre. »

Si Jupiter a grandi dans une ambiance très difficile, avec un racisme ordinaire et qui disait très clairement son nom, il a fondé de grands espoirs pour ses fils, espérant que le monde allait évoluer dans le bon sens. Certes, à partir des années soixante, le changement s’amorce mais il est parfois difficile de s’y adapter :

« Mais pour mon père, à cette époque, le monde basculait. Au milieu des années soixante, alors que les barrières raciales s’effondraient, le quartier se transformait. Avec le recul, je constate que plus les choses s’amélioraient, plus elles empiraient d’une autre façon. Les entrepreneurs pliaient boutique. Les commerces noirs fermaient, ainsi que les marchands de glace noirs ; il était possible à présent d’aller chez Sears, et bientôt le restaurant Howard Johnson ne nous serait plus interdit. Plus rien n’était pareil. Il devint soudain difficile de gagner sa vie. L’usine du quartier était au plus mal, sans doute allait-elle se délocaliser. »

J’ai trouvé ce récit fort intéressant de part le parallèle fait entre l’enfance de son père et la sienne, les évolutions de la société. C’est aussi un très beau témoignage de l’amour de l’auteur pour son père.

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Un père, un fils. Une histoire, une famille, des va-et-vient à travers le siècle écoulé. Une plongée dans la mémoire des Afro-américains, de l'esclavage à la ségrégation, du racisme institutionnel au racisme quotidien. « L'important est qu'il soit né en un temps où la puanteur de l'esclavage, aboli depuis cinquante ans, stagnait encore dans toutes les mémoires, surtout dans le Sud. »

La couleur de peau lorsqu'elle n'est pas rosée est jugée/dévaluée en couleur, en noir.

Les réalités sont cachées, niées. « Dans cette Amérique bornée, prompte à se voiler la face , certaines familles blanches sont stupéfiées de découvrir de surprenants ossements noirs dans les placards, tout comme des familles noires en découvrent des blancs. »

Et le sang rouge des un-e-s devient le sang noir des autres. Et la goutte (noire) fait le non- blanc-he.

Mais il y a des Noir-e-s qui sont blanc-he-s de peau. « « Il laissa simplement la partie blanche de lui-même faire la conversation ; les apparences et les suppositions firent le reste. »

Comment vit-on la découverte de ce marquage social, les petites humiliations ? Comment se frotter aux affabulations de Jupiter ?

Des histoires, des fables et des terreurs.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
"Ce trottoir est réservé aux blancs, mon garçon", dirent 'ils, laissant entendre qu'il en était de même pour les WC publics, pour les fontaines et les salles d'attente des gares routières...
Mais mon père discerna la menace sous leurs sourires. Il la sentait à leurs regards sournois, et à la façon dont ils lui parlèrent juste après.
"Les négros sont censés marcher dans les caniveaux, lui dit l'un d'eux.Tu le sais, non ?"
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Malheureusement, mon père n'a jamais voulu que je sois son prolongement. Il ne voulait pas que je sois comme lui, refusait que je marche dans ses traces, me privant du même coup de la possibilité de me rebeller et de m'affirmer"....
..."Cela revenait à son vieil adage : sois toi-même mon garçon.
C'était son cri de guerre depuis que mon frère et moi étions enfants.
"Tu ne dois pas être comme moi!" disait-il.
Il souhaitait que ni moi ni mon frère ne nous construisions à se ressemblance. Je réalise maintenant que lorsqu'il se regardait dans la glace, il n'aimait pas ce qu'il voyait.
Mais à qui pouvais-je avoir envie de ressembler si ce n'est à lui ? Voilà ce que je voulais savoir. Je crois aussi qu'il ne désirait simplement pas que nous ressemblions à quiconque.
Ne sois pas comme tout le monde , ordonnait-il. Sois toi-même.
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"Parfois on doit faire des trucs comme ça. Tordre un peu les règles pour arriver à ses fins. Tu peux appeler ça douce rébellion, si tu veux. Mais ça peut-être sacrément utile- surtout si les règles sont pourries dès le départ".
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La vie d’un père et celle d’un fils se mêlent comme les branches de deux arbres côte à côte dans la forêt.
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Dans cette Amérique bornée, prompte à se voiler la face , certaines familles blanches sont stupéfiées de découvrir de surprenants ossements noirs dans les placards, tout comme des familles noires en découvrent des blancs
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Videos de Eddy L. Harris (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eddy L. Harris
Organisée par la Médiathèque le Point d'Interrogation du Bourget, cette rencontre s'est tenue en ligne dans le cadre du festival Hors limites 2021.
En 1985, alors qu'il va sur ses 30 ans, Eddy L. Harris – qui n'en est pas à sa première aventure à travers le monde – se lance à lui-même un défi aussi grandiose que déraisonnable : descendre en canoë les 4000 kilomètres du fleuve Mississippi près duquel il a grandi. Seul. Pour cet auteur « noir américain », comme il aime se définir, ce voyage initiatique revenait à sonder le coeur des États-Unis en passant par l'aorte : du Nord au Sud, depuis le Minnesota jusqu'au golfe du Mexique.
Frontière naturelle de nombreux états et marquant la séparation entre l'Est et l'Ouest, élément fondamental de la culture nord-américaine et de son histoire, intimement lié au roman d'aventures (on pense bien sûr à l'oeuvre de Mark Twain) et lié aux légendes amérindiennes et à l'esclavagisme, emprunter le fleuve mythique revenait, pour le jeune homme qu'il était, à éprouver « la confiance qu'il a en lui-même et celle qu'il a dans son pays ». Par chance, cette route maritime des plus périlleuses déboucha sur un chef-d'oeuvre de la creative non-fiction – enfin traduit en français grâce aux éditions Liana Lévi – mais surtout, confirma Eddy L. Harris dans sa vocation d'écrivain et irrigua toute son oeuvre – au point qu'il retentât l'expérience, pour un film documentaire cette fois, en 2014 !
#médiathèque #SeineSaintDenis #festival #littérature #rencontrelitteraire
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