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EAN : 9782330144357
370 pages
Actes Sud (06/01/2021)
3.86/5   7 notes
Résumé :
En quatre séquences, «La Vie légale» raconte la vie de héros et héroïnes invisibles - ou parfois trop visibles - de la République française en confrontant leurs apocalypses intimes aux apocalypses nationales et mondiales du début des années 2000 qui vont peu à peu façonner le paysage contemporain.
Face aux nouveaux obscurantismes, aux nouveaux racismes, aux nouveaux États policiers, face aux frontières resserrées, et avec une langue caractérisée par l'urgenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
D'un côté deux cités, du nord, du sud, un canal pas encore embourgeoisé, un local « jeunes » et un local poubelles, la cafétéria d'une fac sinistrée ou en train de le devenir ; de l'autre New York, un vol transatlantique et les salons d'une préfecture. Nous, lectrices et lecteurs, connaissons au moins une partie du décor, plus rarement les deux ; nous y avons croisé les frères et soeurs de ceux qui peuplent La Vie légale, une jeune femme venue de loin par les montagnes, un dealer zonard, une mère célibataire coincée dans son F2, une doctorante en mal d'amour, une responsable pédagogique, une femme de ménage ou un éducateur de quartier. On connaît moins, peut-être (ou peut-être pas), les habitants des Orgues, au bord du chantier permanent de l'autoroute, Selim qui est devenu patrouilleur de Vigipirate sans renoncer à tomber amoureux, Grands-Yeux et Marianne-Lalie qui ont leur façon à elles de dire qui elles sont et qui elles ne seront pas, Belabed, l'ancien légionnaire qui s'intéresse à Lamartine, ou les Drine avec leurs 6 enfants et leurs repas de famille . Pendant qu'on intrigue mondainement à la préfecture du nord, dans la cité du sud, chacun lutte, à sa façon, pour son avenir : ici pour les vieux, ailleurs pour les jeunes, mais où, comment, avec qui et vers quoi ? La force du roman, c'est de nous les rendre tous irrémédiablement proches, sympathiques ou antipathiques, de faire résonner en nous ces questions qui les traversent comme nous, qui les portent, qui les conduisent parfois très loin et qui, parfois, tout comme nous, les anéantissent. Il faudrait aussi parler de l'écriture, des écritures, des voix qui s'élèvent de façon inattendue, des dialogues et des détours, des échos improbables avec l'histoire et la littérature du XIXe siècle, avec le rap, avec l'avant-garde musicale new-yorkaise, avec le 11 septembre, avec nos mémoires des années 2000, avec nos amours, nos espoirs, nos combats. Un roman dense et marquant, à ne pas laisser passer.
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C'est roman coup de poing. Ça commence par une incroyable scène d'arrestation qui donne le ton et ensuite ça ne s'arrête plus. Des scènes d'anthologie il y en a d'autres d'ailleurs, dont une de pure paranoïa dans un avion.
Ça faisait longtemps que j'attendais un roman qui parle de notre présent sans le prendre par le petit bout de la lorgnette, un roman qui parle de nous, de nos villes et nos cités, un roman qui appuie là où ça fait mal, bouscule les certitudes, met sous les yeux ce qu'on ne veut pas voir. Chaque chapitre porte le nom d'une jeune femme Josephine, Blanche, Marianne-Lalie, Grands-Yeux, personnages de premier plan, toutes différentes, voire opposées, et reliées entre elles par d'autres, magnifiques, des vieux, des jeunes, des hommes, des femmes, jusqu'à former une chaîne qui embrasse la diversité du monde des déclassés, des laissés-pour-compte, de ceux qui luttent pour avoir droit à leur place au soleil, à la vie légale. Migrante, dealeur, employée, étudiante, légionnaire, etc., chacun ici a droit à ses rêves, et peut porter sa voix. Et c'est peut-être ça la plus grande réussite du roman : ce foisonnement de langages, de styles, de bruits et de fureurs. C'est d'ailleurs parfois difficile à lire (le cinquante premières pages) et à d'autres moments, ça va à toute vitesse, ping-pong verbal. Ébouriffant.
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Un beau roman sur l'identité contemporaine, vue depuis ceux et celles qui en sont exclu.es, qui font la queue à l'aube devant la Préfecture, vivent dans des tours insalubres, galèrent à l'université, organisent des mariages « blancs », et traînent leurs divisions intérieures dans un monde lui-même fracturé par l'attentat du 11 septembre. le XXIe siècle, la France, le monde arabe, l'Amérique – et jusqu'à la voix inattendue De Lamartine – tout cela résonne à travers les voix de ces personnages que l'on ne pourrait pas entendre si la romancière ne les avait pas fait exister, en nous les rendant si présents. Par-delà, effectivement, une entrée en matière un peu monolithique, le temps d'accorder les violons, le roman prend son envol dans des dialogues cinématographiques, avec un sens aigu de l'action et de l'humour. Il y a de la symphonie et de la discordance, un peu comme du John Zorn mis en littérature, et des moment de grâce, où « elle est retrouvée, quoi ? La nationalité ». A lire pour sortir des ornières de bien des débats sclérosés – on en a besoin !
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Caustique et savoureux, émouvant et intelligent, le roman intime et fort rusé d'un décodage / recodage des clichés d'après septembre 2001, entre Nord et Sud.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/03/28/note-de-lecture-la-vie-legale-dominique-dupart/

C'est un fort étonnant deuxième roman, aux allures puissantes de mosaïque orientée avec ruse et beauté, que nous offre Dominique Dupart, aux éditions Actes Sud, en ce mois de janvier 2021.

Jouant en permanence avec un cadre de montée des périls et d'hystérie obsidionale dans la cité, dont on trouverait les échos aussi bien chez le Frédéric Paulin de « La guerre est une ruse » que chez le Julien Suaudeau de « Dawa », voire chez le DOA de « Citoyens clandestins », passant au crible de son ironie structurée, à l'instar de la Cloé Korman des « Saisons de Louveplaine » ou du Charles Robinson de « Dans les cités » et de « Fabrication de la guerre civile », voire du Frédéric Arnoux de « Merdeille », les clichés infiniment non neutres aujourd'hui de la banlieue de béton, puisant merveilleusement aussi dans le matériau bureaucratique des méandres du droit d'asile, si magnifiquement appréhendé par la troupe théâtrale des Entichés dans leur « Provisoire(s) », elle opère, au fil de ses quatre grands portraits en action, joliment enchâssés et subtilement enchevêtrés, un étourdissant rétablissement qui vient, dans un beau jaillissement d'humour acide et de feux follets pince-sans-rire, démentir ce que nous croyons savoir comme ce que nous peinons à imaginer, sous les feux croisés de plusieurs leçons inattendues d'humanité qui ne dépareraient sans doute pas non plus chez le Loïc Merle de « Seul, invaincu », le Jérôme Ferrari de « Un dieu, un animal » ou la Fanny Taillandier de « Par les écrans du monde ». Une réussite caustique impressionnante par sa technique et enthousiasmante par sa passion, servie par une langue à facettes particulièrement savoureuse.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Un roman ou une chronique ? C'est l'histoire de plusieurs destins issus d'une "téci" dans le Nord pauvre, pas loin des camps clandestins pas même répertoriés. le destin de quelques jeunes qui souhaitent sortir de leur cité, échapper à leur noire destinée. Il leur faut lutter à contre courant pour ne pas s'enliser dans le fatalisme des habitants de la "tour". Selim qui rejoint la légion pour avoir ses papiers, Joséphine qui vient d'Afghanistan, Babeled ancien légionnaire, etc...
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critiques presse (1)
LeMonde
26 février 2021
Parcours en vrille et volonté d'en découdre dans un ghetto de banlieue sinistré, fin 2001. Un roman énergisant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le 12 novembre 2001, une jeune héroïne des temps modernes piétinait en compagnie d’autres héros et héroïnes des temps modernes sur l’esplanade de la Préfecture du Nord. Elle faisait la queue dans le froid d’une nuit finissante enchaînée à une longue file de personnes, tous âges, tous sexes, toutes nationalités, devant les guichets de la Préfecture, qui étaient tous fermés à cette heure, parce que l’heure, c’est l’heure, et que les guichets de la Préfecture du Nord, ça ouvre que pile après 8 h.
Personne ne connaît le véritable nom de cette jeune héroïne des temps modernes, si ce n’est son mari, qui était tout aussi jeune qu’elle, qui avait eu accès à sa véritable identité, en dépit de sa profonde ignorance de ce qu’avait été la vie de sa femme avant, quand, pour savoir, il aurait fallu voyager dans un pays où on voyage seulement armé de fusils d’assaut, de chars et de drones, ce qui ne l’avait pas empêché de continuer de l’appeler Joséphine, le prénom sous lequel elle s’était présentée à lui dans la vieille caravane où, si jeune, elle travaillait déjà dur pour se sortir, à force d’attraits, d’efforts et d’épargne, de la jungle humide du Nordaisis. Dans cette jungle humide, Joséphine avait atterri deux ans avant de rencontrer ce futur mari, qui n’était qu’un jeune marlou revêtu tous les jours gris de l’hiver et de l’automne du même manteau taillé en loden râpé, étonnant, en totale contradiction avec ses occupations sociales de jeune marlou faisant de toute sa vie une misère de trafics et de larcins au bord d’un canal déshérité, le canal du Nord, encore et toujours hébergé chez sa mère, encore et toujours créchant en jeune adulte dans l’unique chambre du F2 loué par sa mère sur les bords d’un canal depuis sa naissance.
À ce stade, il est encore trop tôt pour évoquer la mère du jeune marlou en loden râpé, une mère qui s’appelle Madame Dabritz et qui est, plus pour très longtemps, semble-t-il, secrétaire Admissions et Scolarité au Département de Français Langue Étrangère (FLE) de l’université du Nord, Département qui a vocation à enseigner la langue française à des étudiants étrangers, mais, puisqu’elle s’appelle Madame Dabritz, et puisque le jeune marlou, son fils, prénommé Guillaume, surnommé Loulou, porte son nom, cela fait que nous avons au moins ça, que, depuis qu’elle est mariée à Guillaume Dabritz, la jeune héroïne en attente sur l’esplanade de la Préfecture du Nord pour obtenir un rendez-vous à l’issue duquel elle obtiendra sans nul doute – c’est la loi – sa carte Vie Privée et Famille (VPF), Art. L313-11, Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, peut d’ores et déjà répondre au doux patronyme de « Joséphine Dabritz », dans la rue, à la banque, chez le médecin, à l’ANPE, au guichet de la Préfecture du Nord (« Madame Dabritz, que puis-je faire pour vous ? »), ou, hélas, bien avant de toucher au graal du guichet de Préfecture, au cours du contrôle d’identité qui allait funestement advenir sur l’esplanade en question, alors que la file qui faisait la queue était encore et toujours immobile occupée à se les geler, pieds et reste, dans le froid glacial de cette petite aube de journée d’automne.
Un automne particulier dans le monde. Des bords de l’Indus qui hydrate tout le Pendjab pakistanais jusqu’à la ville qui ne dort jamais, bâtie sur un ancien territoire indien à l’embouchure de l’Hudson sur l’Atlantique où, à 9 h 16 GMT / UTC-5 ce jour-là, un avion va s’écraser à nouveau, ça fait 5 avions maintenant, où, aussi, une jeune Française prénommée Blanche, 63 jours avant ce jour du 12 novembre 2001, était assise sur son canapé devant la téloche à regarder défiler des images de cratères fumants qui lui avaient fait se mordre la lèvre supérieure jusqu’au sang d’avoir migré au mauvais moment de l’autre côté de l’océan. Un automne particulier dans le monde entier. Dans le Nouveau Monde, dans l’Ancien Monde, jusqu’à Khwājah Bahā ud Dīn, province de Takhar, Afghanistan, une ville pas plus grosse que Béthune, en passant par Kaboul, même si le grand jour mondialisé de Kaboul n’allait advenir que dans 24 heures, le 13 novembre 2001, jour de l’entrée des Américains dans la ville, ville ouverte, ville soumise, à l’issue du contrôle de routine qui allait advenir sur cette esplanade de Préfecture du Nord, et il n’y aura donc pas ici l’injure écrite d’expliquer comment, pourquoi, à quelles fins, cet automne de l’année 2001 a été si particulier dans le monde pour tous.
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Les circonstances particulières qui avaient conduit à la conception de Guillaume s’étaient traduites par l’écume sociale d’une vérité à jamais échappée des deux amants, à jamais échappée de leurs deux corps qui avaient fait follement l’amour trois nuits dans une chambre pas très luxueuse à l’arrière d’un hôtel de gare. Cette vérité avait percé l’obscurité qui accompagne les mystères de la Conception, mystères jamais disparus, qui s’étaient étendus à tous les individus même, alors qu’auparavant ils touchaient seulement les exceptionnelles naissances, type Jésus-Christ, Mahomet ou Kaspar Hauser. Et cette vérité était parvenue, par le biais de formulaires administratifs, à la connaissance des praticiens de l’Hôpital du Nord, ceux-là désormais doués d’un savoir incontestable sur ce que les deux amants étaient devenus à la suite de leurs trois nuits d’amour : un « parent isolé » + une « case vide ».
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Après le 3 nivôse 1800, rapport à l’élimination des chefs de guerre, les méthodes avaient beaucoup changé.
Ainsi, les deux conspirateurs de l’attentat dit « de la machine infernale » ont voulu eux aussi infliger la mort à un chef de guerre despotique au nom honni par tous, et pour cause, et nous avons nommé Napoléon, mais ils ne voulaient pas pour autant sauter avec le despote dans leur feu d’artifice sanguinaire, ils ne voulaient pas finir avec le gros tonneau à vin bourré de poudre qui devait sonner la fin d’un despotisme d’autant plus unique qu’il tenait le langage de la liberté. Ils se sont donc enfuis, loin, très loin. Alors que les deux comparses qui ont réussi à faire sauter la tronche au grand loup gris à la cigarette fumante, Prince des montagnes et vallées reculées, chef militaire admiré des enfants, de l’Europe, le seul des chefs de l’histoire de tous les brigands du monde jamais convié à une table de négociation par Youri Andropov, eux, ils n’ont pas hésité à se faire sauter en bouillie en compagnie du chef de guerre au béret de laine des montagnes.
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Vidéo de Dominique Dupart
Comment s'emparer des enjeux qui traversent la société française ? Peut-on retraiter, avec humour, fantaisie et un brin de folie le sujet des violences policières ou encore la question du voile ? Que peuvent la littérature et l'humour quand ces débats enflamment les réseaux sociaux et la vie politique française ? C'est là l'origine du dialogue proposé par le Festival Effractions entre la romancière Dominique Dupart, maîtresse de conférences en littérature, spécialiste du lien entre littérature et démocratie, et autrice d'un roman puissant et débridé, La vie légale paru en janvier chez Actes Sud (2021) et l'humoriste français Haroun : que ce soit à travers ses sketches ou son livre Les Pensées d'Héractète, paru en novembre 2020 aux Equateurs, Haroun se veut un observateur pointu et sans concession des incohérences qui jalonnent notre société dans toutes ses facettes : racisme, politique, religion, écologie…
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