Rien de tel que la tête de Bogart en couverture pour nous convaincre d'acheter un livre. Folio l'a bien compris quand il s'agit de publier cette nouvelle à l'origine du roman To Have and Have Not, lui-même à l'origine du film le Port de l'angoisse, ou le cochon du frisson pour les intimes. Vous suivez toujours ? Tant mieux, parce qu'en plus ce bouquin se trouve être le pire bouquin qu'
Hemingway ait jamais écrit, selon ses propres dires. Et quand Ernest affirme quelque chose, on baisse les yeux en signe de soumission, c'est tout.
Autant dire qu'il faut en avoir (et là vous notez le jeu de mots si vous avez été attentifs) pour se lancer dans cette lecture qui, une fois qu'on est habitué au style rustre de l'auteur, trouve son principal intérêt dans le compte des différences avec le résultat final, à savoir le film. Oui parce que la littérature n'est bien évidemment pas une fin en soi mais un moyen de préparer le terrain pour passer aux choses sérieuses avec un art supérieur. le 7ème, donc. No troll.
Bref, ici on se plaît à découvrir le caractère bien plus sévère de Morgan, passablement raciste (les "chinetoques" empestent et les "nègres" sont d'inutiles paresseux, d'ailleurs le "A quoi sert cet homme ?" du film devient "Pourquoi ce nègre à bord ?", pour ceux que ça intéresse) et envisageant même de tuer son fidèle et soûlard second. Aucune intrigue amoureuse, et le couple de résistants a été remplacé par un chargement d'asiatiques. En fait niveau intrigue seul l'aspirant pêcheur et voleur répond présent.
En gros, rien d'exceptionnel à part la narration à la première personne du plus-que-direct qui fait sourire, mais on ne s'ennuie pas, le personnage est pas mauvais (enfin ça dépend dans quel sens), et c'est à l'origine d'un bon film. Donc bon.