D'emblée, le narrateur – et le personnage central du roman – Thomas Firth, prend le lecteur par la main. Il devient son compagnon de route, son guide tout au long de l'histoire qu'il nous conte. C'est sa réalité, ses interprétations, ses jeux d'esprit, ses désirs, ses approximations, ses inventions, sa perception du monde qu'il nous donne à voir. Peut-on se fier à lui, n'y a-t-il pas tromperie, duplicité ou mensonge, flatterie, illusion ou affabulation? le tableau est shakespearien, les scènes – de causeries en diatribes, de badinages en apartés philosophiques sont pleines de verve, les paysages choisis sont empreints de romanesque, et les sentiments, foisonnants, sont tempétueux.
Unité de lieu, l'histoire se déroule à Stratford-upon-Avon autour du Swan Theater en Angleterre, ville de naissance de
William Shakespeare. Thomas est l'assistant du grand dramaturge originaire d'Afrique du sud, Harry Greenberg qui a mis en scène
La Tempête, pièce jouée dans l'illustre théâtre.
Unité de temps, l'espace d'un été. Saison belle et chaude, propice à l'exaltation des sens, aux amours naissantes, aux réminiscences, aux songes et sujette aux orages et aux tourments.
Quant aux actions, elles s'enchevêtrent. Thomas est amoureux de Lucy – la Miranda de
la Tempête – qui elle, tombe sous le charme angélique et envoûtant de Kim – conducteur d'embarcations sur l'Avon -. Harry, vieillissant, vit seul dans son cottage durant la saison avec ses souvenirs enténébrés d'Afrique et avec Fire Dog, son chien. Mais la vie est joueuse ; Marilyn la maîtresse perdue du dramaturge réapparaît et avec elle le fruit de leur amour ; Peter l'amant jaloux de Lucy réagit avec violence puis désespoir dressant ainsi un mur de remords ; la sensibilité de Thomas quant à elle se manifeste physiquement et intellectuellement, entraînant la confusion et le conflit.
La vie est un théâtre, le théâtre est la vie… comme l'écrit
William Shakespeare lui-même dans sa pièce
Comme il vous plaira : « le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles ».
Avec brio,
Craig Higginson parle d'amour – passionnel, filial, platonique -, et du souffle artistique – inspiration, respiration – (Thomas est épileptique). Il mêle le réel et l'imaginaire, s'amuse avec les personnages dans un chassé-croisé étourdissant, distille les mots de
Shakespeare au milieu des siens, enivrant l'esprit du lecteur, qui sort de ce roman, charmé.
Lien :
https://lesmotsdelafin.wordp..