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EAN : 9782742718870
208 pages
Actes Sud (24/08/1998)
3.46/5   42 notes
Résumé :
- Ne vous excitez pas, mademoiselle.
Vous n'avez rien à craindre dans l'enceinte de la Justice. - Ne t'excite pas, on te prévient. Arrête de crier, ou on va te donner des raisons de crier. Arrête, tu entends ? Putain... Omaya entend les cris des femmes. Elle a si froid, si froid, elle fait un nœud avec les fils électrifiés de son corps sous la couverture, elle entend les femmes hurler des obscénités, injurier leurs parents leurs amants leurs maris leurs enfan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Omaya est démantelée, désarticulée, tout comme le récit de son histoire est démantelé, désarticulé.
Elle « pédale dans le vide », « déraille », « perd le nord »
Elle déforme ses habits, enlaidit les objets ; elle a peur des autres, est kleptomane.
On la suit au tribunal, chez le psy, dans le métro, au théâtre, dans ses souvenirs d'enfance…… On saute de l'un à l'autre.
Reviennent toujours les clés, le château, les cercles…..
Avec le talent si particulier de Nancy Huston, voici le portrait déstabilisant d'une femme blessée, gravement perturbée. Une écriture dure, percutante qui émeut, tout comme Omaya nous émeut.
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Les lectures de Nancy Huston s'enchainent mais ne se ressemblent pas. Pour preuve, je suis passée complètement à côté de cette histoire rocambolesque. Omaya est une jeune femme un peu paumée qui a sans doute subi des attouchements sexuels car elle vit dans une sorte de délire frisant la paranoïa. Une plainte est déposée et pourtant la Justice peine à la croire. C'est le début de son récit témoignant d'une grande souffrance, d'un profond mal-être où Omaya demande de la reconnaissance et une sentence pour ses bourreaux. Les lieux paraissent troubles, insécures comme le métro où tous les contacts semblent être "permis". Quelle peut-être l'échappatoire pour enfin reprendre goût à la vie?

Je crois que le plus compliqué dans ce texte c'est que la narratrice alterne le "je", le "elle" et parle d'Omaya comme s'il s'agissait d'une autre., foncièrement différenciée Dès les premières pages je me suis demandée qui était qui et pourquoi la situation était si alambiquée. Car en plus du jeu je/elle, les actions s'enchainent sans lien évident. Les flash-backs renvoient à la scène de "viol" mais aussi au moment du dépôt de plainte au commissariat, ou aux discussions avec Cybèle, sa mère. de plus, un certain nombre de personnages me sont apparus confus et sans identités affichées : le Hibou, Alix... apportaient-ils vraiment quelque chose à l'histoire? Car dans le drame que vit Omaya, on sent que son désarroi est communicatif, que son histoire l'empêche de progresser, de tourner la page et de vivre en harmonie avec les autres. Néanmoins, était-il nécessaire de semer le lecteur avec toutes ces situations parallèles? Je crois que pour davantage d'empathie, l'histoire aurait gagné en simplicité.

Je ne renonce pas pour autant en ma découverte de la suite de l'oeuvre de Nancy Huston mais Omaya sera vite oubliée, elle et son infortune auxquelles j'ai eu bien du mal à m'identifier.
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Rédigé directement en français au contraire de ses romans suivants, cette Histoire d'Omaya traite de la manière dont peut se trouver discréditée une femme portant plainte pour une agression sexuelle. Nancy Huston montre combien les faiblesses – un traumatisme faisant ressurgir toutes les autres angoisses – rendent la femme agressée vulnérable, incohérente pour autrui, mais elle l'est pourtant dans sa logique de peur. La peur d'autrui va de pair avec le complexe physique et donc avec une attention excessive au soin de son apparence qui peut être tournée en volonté de séduire.
En plus d'un découpage chronologique volontairement anarchique allant avec les connexions involontaires de l'inconscient, l'auteure use d'un mélange de première et de troisième personne servant d'une part à illustrer la perturbation mentale d'Omaya qui se voit elle-même de l'extérieur ou de l'intérieur d'une coquille incontrôlable, d'autre part à donner une vision de recul sur le personnage tout en profitant de la puissance sensitive du « je ». Ces deux effets littéraires tout de même très poussés donnent une impression un peu forcée de « faire littéraire ». La portée féministe didactique se perd un peu dans cette volonté de sur-écrire, alors que les angoisses d'Omaya contenaient suffisamment d'originalité et de pouvoir littéraire.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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L'héroïne d'"Histoire d'Omaya" est une jeune fille vulnérable, bousculée par la brutalité des hommes.
Dans ce récit abrupt, pressant, constitué de phrases qui s'entrechoquent, dans un enchaînement a priori sans cohérence, Nancy Huston ne s'attache pas à dépeindre des faits. Pour rendre compte de l'agression -un viol- dont Omaya a été victime, elle préfère s'attarder sur les retentissements profonds, intimes, de l'acte sur sa psychologie et son comportement. Elle nous fait ainsi ressentir à quel point cette agression est plus qu'une atteinte physique à la personne : elle est aussi et surtout une atteinte à son intégrité morale, qui conduit Omaya à une déstructuration de sa conscience d'elle-même et de sa perception du réel.

Le lecteur est plongé dans une sorte de fantasmagorie de l'horreur issue de l'esprit perturbé d'Omaya, composée de bribes de scènes vécues, déformées ou complètement imaginées. Cette femme, rongée par la peur, des autres, de vivre, en bref, de tout, n'aspire qu'à une chose : la reconnaissance de la violence qu'elle a subie, de son statut de victime. La négation de son supplice, parce qu'elle n'est pas digne de foi, parce qu'elle a toujours été un peu différente -un peu fantasque, excentrique-, lui est insupportable. Elle représente une béance, un vide dans lequel elle ne trouve pas la place d'exister, de se reconstruire.

Les mots, les phrases d'"Histoire d'Omaya" sont porteurs de la détresse de l'héroïne. Nancy Huston parvient à nous imprégner de son mal-être non pas en le décrivant, mais en le faisant s'exprimer, avec brutalité, avec une force et une émotion qui vous serrent la gorge...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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c'est un livre que j'aimerais oublier rapidement. Bien écrit, certes mais tellement noir, atroce, proche de la folie. Omaya a été humiliée, et ne peut pas s'en sortir sans l'aide de la justice. Mais cette justice-là ne peut pas contourner sa névrose, et l'humilie encore et encore. C'est trop!
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Elle est coincée. Impossible de faire demi-tour, de rentrer au parking et de s’endormir pour le reste de la journée. Il faut vivre ceci. Omaya allume la radio. Il n’y a pas de petites chansons pour elle, seulement des voix d’hommes en colère, tantôt avec de la musique, tantôt sans, elle éteint. Derrière elle on a klaxonné, elle sursaute, rattrape ses deux mètres de retard et voit que cette fois-ci l’indicateur tombe au-dessous de zéro. Dans le blanc. Les mains d’Omaya ne lui appartiennent plus. Elles glissent du volant et tombent sur ses cuisses, deux oisillons chus de leur nid. De partout, les reflets lancinants des pare-brise et des rétroviseurs convergent vers Omaya, lui griffent les yeux. Un sifflement tire son regard vers la gauche : un policier est en train de gesticuler furieusement en ma direction, il m’ordonne de repartir, je n’ai pas le choix, Omaya tourne la clef et l’indicateur saute aussitôt dans le rouge, la voiture va prendre feu, elle va exploser, la portière est fermée à clef et je suis ligotée par ma ceinture, autour de moi les autres véhicules grognent et rugissent d’impatience.
[…] Omaya est au milieu du tunnel et la voiture devant elle a freiné une fois de plus, je ne peux pas avancer, ça va sauter, le corps d’Omaya éclaboussera les murs, les yeux d’Omaya sont secs et vitreux mais son front pleure de grosses larmes qui lui glissent sur les tempes et sur les joues, le cerveau d’Omaya se met à cogner contre le crâne… Alerte ! Alarme ! Achtung ! La sonnerie déclenchée par le cœur court à travers les veines d’Omaya, faisant vibrer tous les nerfs vrillés sur son passage. (p.53)
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Quand Lorna écrivait: un point c'est tout, c'est précisément cela qu'elle voulait dire. Elle pouvait rester la matinée entière sur son lit, stylo en main, carnet appuyé sur les genoux relevés, perdue dans la contemplation d'une imperfection sur la page. Pour elle, un point, c'était tout: ça remplissait ses horizons, ça renfermait des secrets qu'elle s'épuisait à déchiffrer. Dès qu'elle parvenait à écrire un mot, elle se lamentait d'avoir tué tous les autres mots avec lesquels elle aurait pu commencer son poème. C'est pourquoi ses poèmes étaient si courts: elle voulait tuer le moins de mots possible.
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Voilà :
- Faites entrer la plaignante.
Celle qui se plaint toujours, sous n’importe quel prétexte. Manque de sommeil, manque d’appétit, manque d’amour, manque d’humour, manque d’intégrité, manque d’orientation, manque de clef .
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Mais qu'est-ce qui est arrivé exactement, ce soir-là? Au fond, ils ne vous ont ni enlevée, ni déshabillée de force. C'est vous -même, qui, de votre propre aveu, avez ôté vos vêtements. Au fond, ce qui s'est passé, ce n'est rien.
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- Tu ne pourrais pas parler d'une façon cohérente, au lieu d'agiter les bras et de t'exprimer par onomatopées? Tu ressembles à un dessin animé! A quoi sert le langage, à ton avis?
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Vidéo de Nancy Huston
Elle s'appelle Francia après s'être appelée Ruben, là-bas, dans son pays, en Colombie. Devenue femme, Francia est prostituée au bois de Boulogne. Dans son nouveau roman tout en justesse et en sensibilité, à travers ce personnage, Nancy Huston nous raconte le quotidien de la prostitution, entre larmes et espoirs.
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