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sur 15886 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Manipulation génétique à grande échelle, eugénisme, où sélection naturelle rime avec sélection sociale. "Communauté, Identité, Stabilité", telle est la devise. La visite guidée du Meilleur des Mondes commence par la visite du Centre d'Incubation et de Conditionnement – un Centre qui n'est pas sans rappeler les Réserves du Mojave qu'Huxley décrit dans Les Portes de la Perception dans le chapitre "Le désert" . Un centre qu'il visite en 1952, où il observe des scientifiques qui s'affairent comme des insectes autour de divers projets, où il voit des machines-outils "capables de fabriquer n'importe quoi".

Dans le Centre, l'humain est strictement contrôlé, qu'il soit derrière la machine, au coeur même de la machine, dans des flacons ou dans des éprouvettes.
L'individu est nié, parce que la communauté passe avant tout, aussi la méthode Bokanovsky consistant à créer des humains en série est-elle présentée comme la base de cette société où tout est uniforme, artificiel.
La civilisation où règne la stérilisation n'a plus à se préoccuper des maladies qui gangrènent la société parce que la prévention fait qu'on a même plus à traiter les personnes. Elles sont prédestinées à être ce qu'elles sont dès le centre de conditionnement. Les hommes ne "naissent" pas égaux, ils ne "naissent" pas libres non plus, ils ne naissent même pas, tout ça au nom de l'ordre social.

Mais, tout le monde peut vivre heureux dans ce monde parce que chacun y a sa place, assignée qu'elle est sur une étiquette, celle qu'on appose sur le flacon. C'est bien là tout le paradoxe de l'utopie, où tout le monde peut être heureux à condition de respecter ce qui fait que l'utopie reste soigneusement maîtrisée, ce qui fait que tout le monde peut vivre ensemble. le bonheur, c'est le moteur de l'utopie d'Huxley, mais c'est un bonheur artificiel, commercialisé, consommé, du bonheur en boîtes, en flacons, en pilules. Une somme de désirs aussitôt satisfaits. Il est mal vu dans cette société de refuser de prendre du soma (d'ailleurs, on propose à tout bout de champ de la drogue à Bernard) cette drogue sans effets secondaires ( si ce n'est l'addiction) qui rend tout le monde heureux. Qui offre un état euphorique, un succédané de légèreté, cette insouciance de la jeunesse, et qui ouvre la voie au plaisir des sens comme au Cinéma Sentant où chaque sensation est ressentie d'une manière sensuellement intense. Au Cinéma, on ressent sur ses lèvres le baiser des acteurs. le plaisir, la satisfaction, qui passe par la satisfaction sexuelle prime. le chewing-gum est composé à partir d'hormones sexuelles, les femmes sont stériles ou pratiquent des exercices malthusiens en plus de se promener en permanence avec une espèce de banane pleine de contraceptifs, et elles se promènent dans des combinaisons (qui ne sont pas en cuir, dommage !) avec une fermeture éclair (zip !) pour une efficacité optimale et pourvu qu'elles soient "pneumatiques" !

Mais attention, interdiction de faire des enfants parce que les mots "mère" et "père" sont tabous. La stérilisation et la contraception brident les naissances, les enfants ne naissent pas, ils doivent être fabriqués, sous contrôle, mis en flacons. Et les enfants sont programmés dans leur sommeil, avec la méthode hypnopédique. Ainsi, on crée artificiellement les "instincts" les plus "naturels" telles que la répulsion envers la nature ... les fleurs, les livres, parce que la nature humaine n'a pas lieu d'être dans cette "utopie".

Le Sauvage, dans le Meilleur des Mondes, c'est un homme qui grandit dans une Réserve où il y a un mode de vie plus primitif, plus proche de l'état de nature, mais c'est un homme qui rêve de voir la civilisation. Et parce qu'il a appris à lire et qu'il aime Shakespeare, comme seul un fanatique peut aimer, jusqu'à l'idolâtrie ; c'est de sa bouche qu'on entend le titre de l'oeuvre d'Huxley, faisant écho à sa traduction en français, puisqu'il fait écho au "Meilleur des Mondes" possible :

"How many goodly creatures are there here !
How beauteous mankind is ! O brave New World !
That has such peuple in't !" (La Tempête, Shakespeare).
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Le meilleur des mondes est vraiment un roman qui se mérite : en effet, j'ai trouvé les premiers chapitres rudes, en ce que l'on entre de plain-pied dans un monde d'une froideur et d'une inhumanité sans nom, au milieu de foetus, de plus ou moins jeunes bambins, conditionnés dans des cultures et éduqués selon un bourrage de crâne méthodique jusqu'à l'âge « adulte », enfin rangés dans des catégories qui leur permettra d'avoir plus ou moins de libre-arbitre. Il m'a été difficile de pénétrer, en toute logique, dans cette ambiance qui nous place dès les premières pages à distance de toute humanité.

Et puis, avec l'apparition des premiers « véritables » personnages que sont Lenina ou Marx, et par la même occasion d'une intrigue – d'ailleurs très bien menée même si très classique – qui permet à l'atmosphère dystopique première de prendre son envol pour un final attendu mais logique, j'ai trouvé ce que je lisais de plus en plus puissant. Puissant quant à l'horreur du sens même que prend cet univers au fil des découvertes que l'on fait de son fonctionnement ; puissant quant à la capacité d'Aldous Huxley d'imaginer, dès les années 1930, au même titre qu'Orwell un peu plus tard avec 1984, un monde de plus en plus plausible bien qu'encore du domaine de la science-fiction.

Une lecture qui remue en somme, et que je ne suis pas mécontente d'avoir enfin faite : je comprends désormais mieux pourquoi le meilleur des mondes est devenu un classique du roman d'anticipation.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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J'avais lu ce roman quand j'étais en sixième et j'avais envie de le redécouvrir. de nombreux thèmes importants et sombres sont abordés dans ce livre tel que les enfants issus d'éprouvettes sans pères ni mères, triés pour qu'ils soient des élites ou des machines sans réflexions. Dès leur plus jeunes ages ils sont conditionnés à ne pas réfléchir. En voyant les progrès de la génétique, on s'aperçoit qu'Aldous Huxley exagérait à peine et dire que le livre fête ses 89 ans cette année.
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Lorsque l'on parle de dystopie en littérature, on pense généralement à ces deux ouvrages que sont « 1984 » de George Orwell et « Le Meilleur des mondes » d'Aldous Huxley. Ce dernier décrit une société complètement aseptisée au sein de laquelle l'individualité est quasiment annihilée. La priorité est accordée à la stabilité sociale au détriment des libertés individuelle et des émotions qui font de nous des êtres humains avec ces bons et ces mauvais aspects.

Aldous Huxley use de ce concept pour aborder de nombreux sujets comme le clonage, le taylorisme, les conflits entre deux cultures différentes, une critique de l'aristocratie, la question religieuse et bien d'autres. Chacune amène une réflexion voire une interprétation de la pensée et des intentions de l'auteur. Cela rend la lecture de ce roman d'autant plus croustillante et passionnante que l'histoire et les descriptions physiques ne paraissent pas trop datées. Rappelons que « Le Meilleur des mondes » fut écrit en 1931.

L'intrigue repose justement, comme toujours dans les dystopie, sur la différenciation d'un ou plusieurs individus de la masse. C'est sur ces personnages que l'on peut le mieux s'identifier notamment sur celui du Sauvage dont les valeurs sont proches des nôtres et on ne peut que le rejoindre dans sa critique de cette société « civilisée ». Visionnaire ? Espérons que non mais les portes de cette réalité sont plus que jamais ouvertes.

« Le Meilleur des mondes » est un livre intéressant qui conserve encore aujourd'hui toute sa portée intellectuelle. L'histoire se lit avec plaisir même l'essai philosophique prend souvent le pas sur la fiction elle-même. de ce fait, on peut lui reprocher quelques petites longueurs ici et là mais rien de bien grave. On peut faire la même critique pour « 1984 ». D'ailleurs, entre les deux romans, mon coeur balance.
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Tu le vois se profiler ce joli monde ? Celui qui sous couvert de se grandir prône l'eugénisme, le classement ? Décide selon ta naissance de ton degré d'importance ? Celui que tu porteras sans réfléchir faute de quoi tu serais exclu et intérieurement torturé ?
C'est le meilleur des mondes.
Alors, au fil des pages, tu commences par t'indigner avant de comprendre que tu y participes un peu malgré toi.
Et tu te demandes bien à quel instant tu as accepté.
Si je ne lui ai mis que 4 étoiles, c'est pour 2 raisons.
La première étant que je n'aime pas les récits d'anticipation. Ils m'effraient que trop par leur réalisme, bien plus que le genre horreur de certains romans.
La seconde, c'est qu'il torturé ma faille narcissique et écorché mon ego en me renvoyant à des questionnements sur mes positionnements éthiques.
Bref, il m'a vexé comme un pou !
A lire pour s'éveiller un peu.
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Dystopie. Dans un monde futur, la reproduction sexuée a disparu. Les bébés futurs sont conçus dans des tubes, élevés sans père ne mère, leur position sociale, leurs goûts déterminés à l'avance en fonction des besoins de la société. Il existe des Alpha et Bêta formant les classes supérieures, les Gammas, classes moyennes et les Delta et Epsilon les classes inférieures. Tous ont un physique et des vêtements correspondant à leur caste. Ils sont conditionnés pour ne pas avoir envie de changer de caste. Ils reçoivent une éducation durant leur sommeil les amenant à ne jamais remettre en cause la société nouvelle inspirée de la division du travail (Fordisme). le roman a été écrit en 1931, début du travail à la chaîne.
Tous sont heureux. le but recherché est la stabilité et la consommation La sous-consommation est un crime contre la société. La sexualité n'est qu'un simple plaisir à assouvir sans limites et sans sentiments. Tous sont shootés au soma qui permet de se réfugier dans un monde harmonieux. Les inconvénients de la vieillesse sont éliminés par la médecine et une espérance de vie limitée à 60 ans.
Bernard Marx, un des rares inadaptés à cette nouvelle société se rend dans une réserve de sauvages où les enfants naissent encore d'une mère. Il y rencontre John le Sauvage, représentant de l'ancien monde, amoureux de Shakespeare qui rêve du nouveau monde. La confrontation, le choc des cultures, mentalités sera terrible. Cette deuxième partie est nettement moins intéressante et a plus mal vieilli que la première.
Penser la société de consommation en 1931, une société basée sur le plaisir où les individus sont conçus par la science et dans laquelle l'imperfection, la vieillesse, la maladie sont traquées est extrêmement visionnaire. La fin en revanche est plutôt décevante et le personnage de John ambigu et tout aussi inadapté à l'ancien qu'au nouveau monde.
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Ce livre est dérangeant. En de nombreux points. J'ai eu du mal à certains moments à me rendre compte qu'il avait été écrit dans les années 30. Comment l'auteur a-t-il pu imaginer des choses aussi terribles, et les décrire de manière si réelles?

L'histoire du meilleur des mondes est assez complexe, mais d'après moi, elle importe peu. Ce que le lecteur doit savoir, c'est que dans le monde d'Huxley, les humains ne pensent plus par eux-même, ils sont formatés, conditionnés de façons à aimer ce qu'on leur donne à aimer et à rejeter le reste.

« Tel est le but de tout conditionnement: faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper. »

Flippant n'est ce pas? Et ce n'est pas fini. le livre est fait comme ça. Au delà de ce bourrage de crâne, un personnage ressort, Bernard Marx, qui semble vouloir changer les choses. Pourquoi ne pas penser par soi-même? Sommes-nous vraiment obligés de suivre ces règles, de respecter ce système? de prendre ce fameux « soma », cette pilule qui nous fait oublier qui nous sommes vraiment?

Il va donc entreprendre, avec sa compagne, un voyage dans une Réserve à « Sauvages » au Nouveau-Mexique. Un lieu atypique, où les hommes vivent autonomes, se reproduisent seuls (sans l'aide que l'on découvre dans le monde de Bernard), ce qui fascine Bernard. Oui, un autre monde est possible.

Ce livre est en certains points similaire à La servante écarlate. Cet état totalitaire ou chacun doit respecter des normes, rentrer dans des cases, ne plus faire les choses comme bon leur semble. J'ai été choquée à plusieurs moments dans le livre. On dirait vraiment que l'auteur y croit, c'est tellement bien décrit, que ça pourrait être vrai…

« On ne peut pas consommer grand-chose si l'on reste tranquillement assis à lire des livres. »

« Il y avait quelque chose qui s'appelait la démocratie. Comme si les hommes étaient égaux autrement que chimiquement!… »

La plume de l'auteur est très abordable, et le livre se lit très bien bien qu'il ai été écrit dans les années 30. le personnage de Bernard est très attachant, probablement parce qu'il est proche de nous, de notre mode de pensée actuelle, mais totalement en dehors de la société dans laquelle il vit.

L'évolution du livre et le voyage du Sauvage qui atterri dans ce monde, est vraiment intéressant et montre qu'autre chose est possible, un nouvel espoir, un nouvel avenir.
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J'ai lu ce livre afin de préparer une leçon sur l'utopie et la contre-utopie dans le cadre d'un stage en tant que professeur de français. Comment n'avais-je avant aujourd'hui plongé le nez dans ce roman ?
J'ai aimé la façon dont il est écrit, j'ai aimé ce qu'il critique, j'ai aimé COMMENT il le critique. J'ai aimé puis détesté le personne de Bernard, lui qui sort du lot du commun mais ne vaut pas mieux qu'un autre. J'ai détesté puis apprécié le personnage de Lenina, toute imprégnée de la non-culture de la société dans laquelle elle a grandi, mais à la fois touchante dans sa faiblesse. Et enfin, j'ai aimé le Sauvage, quoi qu'un rien trop tête-à-claque à mon goût.
Les prochains sur ma liste: Thomas More, pour l'utopie, et ensuite 1984, pour un autre exemple de contre-utopie.J'ai les pieds qui quittent terre avec ces récits imaginaires...
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Le meilleur des mondes fait partie des grands romans dystopiques du siècle dernier.
L'originalité de ce récit, résidant dans une multitude de caricatures des sociétés modernes en pleine expansion industrielle. Écrit dans les années 1930, il s'attaque en tout premier lieu à la société américaine en voie de taylorisation avancée et aux prémices d'une société de consommation de masse qui se met en place. N'hésitant pas à se moquer de l'industriel Ford, en le transformant en dieu grotesque et abrutissant.
Pressentant la mondialisation à venir, il dénonce l'idée d'un état mondial au progressisme dangereux faisant table rase du passé et se rapprochant d'un totalitarisme soft, ou l'être humain ne serait qu'un consommateur sans âme.
Mais l'auteur ne s'arrête pas là, en montrant avec un souci du détail scientifique, la mise en place d'un eugénisme marchand, préfigurant le conditionnement de l'individu et surtout la venue d'un eugénisme politique et ethnique, comme le feront les nazis quelques années plus tard.
On notera aussi, l'existence de zones de parcage des individus récalcitrants, traitement infâme que les communistes soviétiques avaient déjà mis en place à l'époque.
Pour terminer, on remarquera le clin d'oeil à Voltaire de la part de l'auteur, en créant un mimétisme de personnage et de situation entre le John du roman et l'ingénu du conte voltairien.

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Un livre marquant et profondément dérangeant ! Publié en 1932 et pourtant terriblement réaliste encore aujourd'hui. J'ai vraiment aimé plonger dans cette histoire, m'interroger sur le bonheur, m'indigner devant cette société de bébés éprouvettes, sans libre arbitre, conditionnés à être heureux quelque soit leur place dans la société, leur travail... Un livre choc bien écrit, avec un dialogue final magistral entre deux des personnages. Un livre qui finalement rend hommage à l'éducation, à l'esprit critique et à la lecture. :) J'ai adoré !
Lien : https://lacossedeceline.word..
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