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3,98

sur 15875 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Brave New World
Traduction : Jules Castier

ISBN : 9782266128568


Oui, je sais, il est d'usage, trop souvent, de voir en "Le Meilleur des Mondes" un ouvrage de SF. Personnellement, ayant lu d'autres livres de son auteur, je préfère le placer dans notre rubrique "Littérature anglo-saxonne ..." où vous trouverez d'ailleurs également l'éblouissant "1984" de George Orwell.

Que dire du "Meilleur des Mondes" ? Avant tout que sa construction a quelque chose d'incontestablement foutraque. James Joyce a fait mieux puisque son "ulysses" est beaucoup plus épais et rebondi et que, pour autant que je sache, l'Irlandais ne se livrait, en le rédigeant, à aucune expérience hallucinogène. Huxley au contraire aimait ce genre de choses, habitude qui, plus tard, lui permettra de devenir l'un des maîtres à penser des premiers hippies. (Nul n'ignore que c'est dans "Les Portes de la Perception", essai fameux d'Huxley sur ses expériences, que Jim Morrison, l'emblématique chanteur des "Doors", trouvera le nom du groupe qu'il avait formé avec Ray Manzanek.)

Foutraque, disais-je. Oui. Diablement foutraque. Parce que, dès le début - très, très lourd, même en anglais, langue plus "directe" et certainement plus pragmatique que le français - le lecteur se demande non seulement s'il aura la force de suivre - cette force, vu la théorie défendue par Huxley, on peut la trouver - mais aussi parce qu'il ne parvient pas à discerner avec netteté qui est un héros potentiel, qui ne l'est pas. Même dans les dystopies, on aime bien savoir à qui l'on a affaire. ;o)

Huxley - et c'est tout à son honneur, car le pari était gros - a choisi d'attaquer en entraînant d'office son lecteur au Centre d'Incubation et de Conditionnement de Londres-Central, dans une visite qu'y font des étudiants sans que leur soit épargné un seul service. Conditionnement : le mot est écrit, dit et répété et là où nous sursautons avec horreur, les personnages de l'auteur anglais se pâment d'émerveillement. Peu à peu, on comprend que le mode de procréation habituel aux mammifères, avec les relations parents-enfants qu'il suppose, a été remplacé par la conception par éprouvettes et le conditionnement des enfants, dès l'éprouvette même, afin qu'ils deviennent des citoyens "heureux".

La société idéale imaginée par Huxley repose sur cinq castes. Tout au haut de la pyramide, les plus beaux, les plus vigoureux et les plus intelligents, ceux qui peuvent prétendre à diriger, les Alpha - il y a aussi des Alpha-moins et des Alpha-plus, voire plus-plus mais, même si vous êtres un Alpha-moins, vous êtes tout de même quelqu'un qui compte. Juste au-dessous, les Bêta, "citoyens" eux aussi d'un niveau assez élevé. Puis viennent les Gamma, équivalent, en quelque sorte, de nos "classes moyennes". Mais après, ma foi, après, c'est la dégringolade des Delta et des Epsilon - parfois des Epsilon-avortons. Sachez que, pour conditionner ces derniers, on mêle, à un certain moment de leur développement en flacons, une dose excessive d'alcool au sang qui alimente leur plasma ...

Parfois, il peut y avoir des erreurs. Ainsi, Bernard Marx, l'un des personnages principaux, un Alpha de très haut niveau, qui est pourtant très peu heureux dans sa peau, passe pour avoir reçu une dose d'alcool alors qu'il était encore dans son flacon. Ce qui expliquerait sa petite taille, sa laideur et peut-être sa façon étrange de se conduire : il a beaucoup de mal à se faire des relations sociales et regarde avec mépris, même s'il s'en défend, la prise régulière de soma, ce "médicament" qui permet à n'importe quel membre de ce monde en théorie parfait de se mettre "en congé" de tout ce qui l'entoure en se plongeant dans une léthargie quasi-absolue pendant un, deux ou trois jours, voire plus.

Bernard n'a qu'un seul "ami", Helmholtz Watson, un Alpha lui aussi mais un Alpha physiquement dans les normes. Intérieurement, par contre, il présente toutes les caractéristiques de l'artiste et même de l'écrivain. Son rêve, d'ailleurs, c'est écrire de la poésie ... Vous imaginez l'horreur ? Côté sentiments, Bernard est amoureux fou de Lenina Crowne, une très jolie Bêta qui, selon les us et coutumes de l'époque, se fait régulièrement "prendre" (sic) par plusieurs hommes. (On notera que l'idée de l'homosexualité, du lesbianisme ou encore de la simple bisexualité est inconnue du Meilleur des Mondes.) Si le sexe a droit de cité, le sentiment exclusif, en revanche, est une déviance. Quant à l'idée de vivre en couple et d'avoir un enfant ... C'est bien simple : le mot "mère" est désormais un mot pornographique et le mot "père" - pour une raison non précisée mais qui m'a personnellement beaucoup amusée - relève pour sa part du domaine de la scatologie. (Oui, vous lisez bien et j'ignore tout des relations entretenues par Huxley avec son propre père. )

Lors de courtes "vacances" avec Lenina, Bernard visite une "réserve de Sauvages". le couple de brillants Alpha a la stupeur d'y rencontrer John, plus tard surnommé "le Sauvage", et que Bernard tient à ramener à la "civilisation" en compagnie de sa mère, Linda, pour contrer une intrigue montée contre lui par le Directeur du Centre d'Incubation, etc, etc ...

Evidemment, tout cela va mal se terminer. Féru de Shakespeare - le titre anglais du livre est d'ailleurs tiré de "La Tempête" - John est d'abord fasciné, puis épouvanté par la société qu'il découvre. Comme il le dira lui-même, "il y a des choses agréables" mais ...

Le "mais" terrible qu'inspire "Le Meilleur des Mondes" ... Avec toute une foule de questions. Car, l'Administrateur Mustapha Menier, à la toute fin du roman, a beau expliquer (et il est sincère) que, au départ, ce cauchemar a été créé pour rendre les gens heureux et faire taire toutes les guerres - c'est curieux, ça me fait penser à autre chose, ce genre de raisonnements, mais à quoi, déjà ? - il n'en reste pas moins que sont devenus vérités d'Evangile une Génétique en folie qui frôle l'eugénisme pur et dur, un insoutenable contrôle physique et mental des êtres, une dictature qui ne dit pas son nom mais s'impose partout, un pseudo-progrès qui a beaucoup du Grand-Méchant Loup cherchant à dissimuler son sourire hideux sous le bonnet de nuit de la bonne Grand-Mère qu'il vient de dévorer, une mauvaise foi étatique absolue - si la société est si parfaite, pourquoi ses membres doivent-ils, sous peine de "péter les plombs", il n'y a pas d'autres termes, prendre régulièrement les doses de soma que leur distribue l'Etat ? - et bien entendu la mise au ban de la société toutes sortes de question morales et spirituelles.

Mais ce que, faute de mieux, nous nommerons ici "le spirituel" résiste. Ainsi, Linda, pourtant conditionnée dès son flacon pour ne jamais s'occuper d'un enfant, ne peut s'empêcher, malgré tout, d'aimer John. Peut-être pas avec toute l'intensité d'une mère non conditionnée mais n'empêche : l'instinct se réveille. Et cet aspect du récit est d'ailleurs l'un des plus importants. de son côté, même s'il rit sans contrainte de "Roméo et Juliette", Helmholtz ne peut renoncer à la poésie, à la créativité débridée. Jusqu'à Mustapha Menier qui, dans sa jeunesse, s'est vu lui aussi menacer de déportation dans une île parce qu'il aimait un peu trop la physique ... et l'abstraction.

"Le Meilleur des Mondes" est un roman qu'il faut lire. Pourtant, je le répète, il est construit à la va-comme-je-te-pousse, dans un style lourd et donne l'impression fréquente de vouloir bourgeonner dans tous les sens. le changement de "personnalité" de Bernard après son retour de la "Réserve" ne paraît pas non plus très naturel. Cela dit, je pense que ma lecture de ce livre a souffert du fait que j'ai lu "1984" en premier. Si légitimes que soient les questions soulevées par Huxley dans son "Meilleur des Mondes", sa technique et la forme d'absurdité qu'il a choisie pour traiter son récit, elles ne tiennent pas la route devant la solidité d'Orwell, sa détermination, son aisance dans la construction de son livre ainsi que la grande cohérence qu'il donne au psychisme de ses personnages.

Mais bien sûr, ce n'est là qu'un avis personnel. ;o)
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Je relis ce classique que j'avais lu dans ma jeunesse.
Je suis moins enthousiaste qu'alors.
Derrière ce livre de science-fiction, se cache un livre philosophique avec comme question principale : qu'est-ce que le bonheur?
Une première partie nous décrit le "meilleur des mondes", outrancier à souhait ou comment endormir les esprits avec du sexe et de la drogue.
Reste que comme opposition à ce " meilleur des mondes", dommage que l'auteur ne trouve qu'à opposer "le sauvage", un peu trop illuminé à mon goût, très primitif et conditionné par Shakespeare et la culture chrétienne, pensant ne pas mériter le bonheur.
j'aurais aimé un peu plus de subtilité, mais ne boudons pas notre plaisir! Ce roman reste un grand classique du genre.
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Ce roman, qui est un grand classique des dystopies, nous donne à voir un monde, censé idéal, où les humains ne se reproduisent plus que par un procédé artificiel qui a mis fin à la viviparité.
On trouve dans cette société des êtres conditionnés dès la conception pour appartenir définitivement à une caste plus ou moins élevée et dont le rôle est prédéfini et immuable.
Les membres des classes inférieures sont traités pour être abêtis dès leur naissance et ainsi trouver le bonheur dans leur caste, sans chercher jamais à progresser ou à évoluer.
Ce monde idéal est néanmoins entouré de "réserves à sauvages" où les hommes vivent comme à leurs origines.
L'un d'entre eux entre dans le meilleur des mondes armé de sa seule candeur et d'une solide connaissance des écrits de Shakespeare.
L'humanité des êtres trouve ainsi refuge dans la littérature et dans la poésie qui sont évidemment absentes de cette société idéale.
Le texte est très prenant et le récit est vivant, ce qui donne du relief à cette critique d'une société vers laquelle, malheureusement, nous semblons tendre d'une certaine manière.
Un livre à connaître, tout comme les autres dystopies célèbres qui aiguisent l'esprit critique.
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Ecrit en 1932, ce roman est incroyable de modernité. Il envisage un monde futur dans lequel les sentiments sont bannis, où les enfants sont le fruit de manipulations en laboratoire, où les classes sociales sont pré-déterminées évitant ainsi toute rébellion.
Bien sûr, il existe une grande vacuité intellectuelle, compensée par la distribution de Soma, la pilule de l'oubli.
La première partie est palpitante puisqu'elle décrit avec nombre de détails toutes les caractéristiques de ce monde parfait.
La seconde est un peu longue, elle emmène un couple dans une réserve où survivent des sauvages qui se reproduisent et semblent avoir une forme de spiritualité.
La dernière partie est beaucoup plus philosophique, abordant les sujets du bonheur et de la religion.
Cette construction classique m'a pesée même si elle correspond très bien à la recherche de démonstration de l'auteur.
Un mot sur la traduction. Celle-ci a représentée une gageure car le texte repose sur la culture britannique, principalement anglaise, le titre lui-même étant issu de la Tempête de William Shakespeare. Dans la forme également, certaines références échappent au lecteur non anglophone bien que j'ai eu la chance de lire une édition avec beaucoup de notes explicatives. La compréhension reste entière malgré tout car la littérature française a elle aussi son meilleur des mondes avec Candide.
Néanmoins, j'imagine que beaucoup de richesses linguistiques sont perdues pour ceux qui ne lisent pas en VO.
Un classique du trio gagnant des dystopies dont font partie 1984 de George Orwell et Farenheit 451 de Ray Bradbury
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Et si on vivait dans une société...

où l'on serait conçu dans des flacons, génétiquement modifiés,
où l'on serait conditionné pour une prédestinée professionnelle,
où «chacun travaille pour tous les autres»,
où l'on n'aurait ni père, ni mère, ni enfant, ni mari, ni femme...
où «chacun appartient à tous les autres»,
où toute mauvaise pensée, toute mauvaise humeur serait étouffée avec le «soma»,
où aucune religion n'existerait à part celle de la consommation,
où l'on semblerait jouir d'un bonheur perpétuel.

Mais...
où la recherche, l'art, la littérature n'aurait lieu d'être,
où l'on ne permettrait pas d'éprouver des émotions violentes, ni passion, ni tristesse...
où l'on ne tolèrerait pas de penser par soi-même,
où l'on n'accepterait tout simplement pas la conscience de soi.

Voilà ce que nous propose le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley.
Depuis le temps que je me disais qu'il fallait que je le lise... et bien, c'est chose faite !

Un roman qui se lit bien, qui fait réfléchir sur notre civilisation qui n'est pas si lointaine de celle proposée par Huxley, sous certains aspects. En effet, il interpelle sur l'utilisation éthique ou pas du progrès des sciences, sur l'économie liée à la consommation de masse, sur le conditionnement social qui amène à la pensée unique, sur l'ambition du bonheur : quel prix est-on près à payer pour vivre dans une société «heureuse» et est-ce compatible avec la nature humaine ?

Mais c'est aussi un roman qui m'a un peu déroutée par des personnages qui m'ont paru figés, qui n'ont pas évolué et sont restés cantonnés dans leur rôle. J'ai eu l'impression d'être revenue à la case départ quand je suis arrivée au bout de ce meilleur des mondes, peut-être un effet secondaire de ce monde pas si meilleur que ça...

A noter que les amateurs Shakespeariens devraient grandement apprécier l'ouvrage, car de multiples citations de ce cher William jalonnent et "poétisent" le roman.

Merci à mon amie Cricri124 pour les échanges autour de cette lecture commune, c'est toujours un plaisir de lire avec elle.
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Un monument de la contre-utopie, j'ai nommé le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Cette fois-ci nous sommes dans une société où tout est quadrillé, conditionné. Les individus sont fabriqués par groupes dans des laboratoires et subissent un lavage de cerveau en règle dès leur plus jeune âge selon leur rang. En effet il y a différentes castes dans ce monde, des Alphas aux Epsilons. Les moeurs sont bien différentes de celles de notre époque puisque sont considérés comme vertueux et normaux sont qui multiplient les partenaires sexuels. Leur Dieu s'appelle Ford et est délivré à chacun à intervalles réguliers une quantité d'une drogue nommée soma, leur permettant de s'endormir et de se relaxer. Bref, un monde aseptisé, sans sentiments amoureux, où les individus sont sagement sous contrôle, le gouvernement leur délivrant la juste dose d'adrénaline pour éviter toute révolte. Forcément lorsqu'un jeune indien qui vivait jusque là dans une réserve pénètre dans cette société, il y a choc des cultures...
Exactement comme ci-dessus, j'ai adoré et dévoré ce roman. L'univers bâti par l'imagination de l'auteur m'a époustouflée. Encore un livre saisissant de clairvoyance et qui fait réfléchir, à coup sûr. Cette société paraît si stable, chaque individu conditionné pour être heureux quelque soit son rang, sans se poser de question. Mais surtout ce monde est très inquiétant justement à cause du réalisme insufflé par Orwell. Il y a des moments presque comiques car les individus sont rebutés par tout ce qui nous semble normal et inversement. le personnage de Marx est très intéressant, à la fois touchant par son décalage et absolument méprisable. La fin est très bien également, juste quelques longueurs à signaler lorsque le Sauvage dialogue avec l'administrateur malgré la très intéressante confrontation des points de vue. A lire absolument !
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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On est en 632 après Ford, ici les années sont comptées à partir de l'invention de la voiture à moteur ! Pas de liberté ni de Dieu, la technologie et la science les ont remplacés. On naît in vitro, la vie humaine est anesthésiée par une suite de satisfactions, tout est programmé y compris les sentiments et les émotions.
La société de ce Meilleur des mondes est organisée, hiérarchisée et uniformisée, chaque être, rangé par catégorie, a sa vocation, ses capacités et ses envies, maîtrisées, disciplinées, accomplies. Chacun concourt à l'ordre général, c'est-à-dire travaille, consomme et meurt, sans jamais revendiquer, apprendre ou exulter. Et voilà pourtant qu'on découvre qu'un homme est né d'un père et d'une mère dans cette société, une chose tout à fait inconcevable dans ce monde, d'autant plus qu'il éprouve des sentiments et des rêves. Ce " Sauvage ", qui a lu tout Shakespeare et le cite comme une Bible, peut-il être un danger pour cette société dite civilisée ? Ecrit en 1931 ce classique de la littérature d'anticipation dans lequel A. Huxley montre non pas le progrès de la science en tant que tel, mais le progrès de la science qui avilie les individus, ce roman n'a pas pris une ride et interpelle toujours autant son lecteur !

Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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D'une pertinence effrayante et troublante, qui interpelle et questionne, dans tous les cas « le meilleur des mondes » ne laisse pas indifférent.
Honte à moi qui n'ai toujours pas lu ce classique d'Aldous Huxley publié en 1932.

Ici découvert en roman graphique, il s'agit d'une adaptation de la fameuse oeuvre dystopique d'Aldous Huxley.
C'est un ouvrage d'une forme originale et actuelle qui soulève des réflexions et interroge.

Indéniablement futuriste, s'agit-il d'anticipation, d'avertissement, de prophétie ?
« Quand l'individu ressent, la communauté vacille ».

Un monde composé de castes prédéfinies, formatant dès la conception, les individus.
« Communauté. Identité. Stabilité ».

Des comportements programmés, pas de place aux surprises ou aux doutes. Tout est normalisé et conditionné, sous contrôle extrême. Sous surveillance pour un bien-être absolu et calculé.
Eloge d'une civilisation sous configuration idéaliste, adulant le consumérisme et l'hédonisme, la satisfaction immédiate et maîtrisée.

Exit le mariage, la monogamie, le choix, la passion, le libre arbitre … l'aléatoire ?...

« le monde est stable à présent, les gens sont heureux. Ils obtiennent ce qu'ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu'ils ne peuvent pas obtenir […] Ils sont en sécurité. »
Un monde préfabriqué, aseptisé, sous totalitarisme, où la stabilité à tout prix prévaut sur la liberté.
Il est où le bonheur, il est où …?
Alors ? Heureux ?

Malgré la propagande acquise, qu'en est-il lorsque certains souhaitent entrevoir autre chose ?…

« La noblesse et l'héroïsme sont des symptômes d'inefficacité politique ».

*
Je remercie Babelio et Masse critique pour cette découverte que j'ai appréciée - dystopie et roman graphique – j'ai cumulé en étant très en dehors de mes goûts littéraires habituels !

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Le meilleur des mondes me laissera une impression étrange... Tout s'y passe comme dans un rêve, une planète irréelle.

Après la Guerre de Neuf Ans, un nouvel ordre est instauré : celui de la stabilité. Plus de parents, plus de conjoints ; les enfants sont "fabriqués" dans des tubes, affectés à une caste et conditionnés à aimer celle-ci et à ne pas envier les autres. Plus d'amour non plus ; on ne se marie pas, même coucher toujours avec la même personne est interdit. Voila, telle est la Civilisation.
C'est au milieu de ce drôle de monde-là que Bernard amènera John, le Sauvage, né dans une réserve américaine où sont confinés des gens "non civilisés". Face à cette société emprisonnée dans un faux bonheur, comment réagira-t-il?

La Civilisation, finalement, avec tous ces conditionnements, est une forme de dictature. Etant donné les noms des personnages et la devise "Chacun appartient à tous les autres", on n'a guère de mal à deviner à quel mode de dictature Huxley pensait en écrivant ce roman.
Je dois dire aussi que j'ai été très impressionnée de la quantité de détails scientifiques et techniques que contient ce roman écrit en 1937.
Ce roman offre aussi une excellente base de réflexion : la liberté et la vérité, et l'éventuel malheur qu'elles entrainent, valent-elle plus que le bonheur?
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Dans mon esprit, je n'ai jamais pu m'empêcher d'associer le meilleur des mondes et 1984. Si ces deux romans ont de nombreux points communs ils diffèrent également grandement. Cette année j'ai donc décidé de les relire (presque) à la suite l'un de l'autre pour m'en faire une idée plus précise et voir si cette association était vraiment justifiée. Je ne vais pas faire une analyse comparative complète de ces deux oeuvres majeures mais juste détailler quelques points de comparaison.

Le meilleur des mondes est paru en 1932 et 1984 en 1949. Ces deux romans ont donc été perçus comme assez perturbants à l'époque. Mais ici c'est une société ultra modernisée et dans laquelle tout repose sur la science qui en est la cause. Les principes sont poussés à l'extrême avec non seulement des bébés éprouvettes mais qui sont conditionnés pour la tâche qui leur sera assignée et leur place dans la société. Impossible après avoir lu le roman d'oublier les castes alpha, beta, gamma, delta et epsilon ainsi que les groupes Bokanovsky particulièrement perturbants lorsqu'on les imagine.
Mais cette société est créée pour faire le bonheur de chacun (ce qui est loin d'être le cas dans 1984). On est donc dans une sorte d'utopie où chacun est heureux de ce qu'il est, de la place qu'il occupe et de la tâche qui lui est assignée. Aucun désir potentiellement insatisfait ne vient perturber cet équilibre.
Bien sûr on arrive rapidement à critiquer cette société et à comprendre qu'un bonheur parfait implique des conséquences difficilement acceptables : pas d'attachement véritable, pas de sentiment d'amour, de compassion ou d'empathie.

Contrairement à 1984, j'apprécie l'ambiance du roman et le ton qui est très humoristique. Certains passages sont même assez drôles. L'auteur tourne facilement en dérision ses personnages principaux ainsi que leurs idées très arrêtées.
Dans les derniers chapitres, on assiste à un échange très intéressant sur la religion, la philosophie, le bonheur, l'amour… Ce roman nous rappelle l'importance de la lecture pour questionner le monde qui nous entoure. Un classique à lire… tout comme 1984 !
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