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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782234053724
437 pages
Stock (06/06/2001)
4.2/5   69 notes
Résumé :
Au cours d'une expédition en montagne, Kosaka, un jeune alpiniste, trouve la mort sous les yeux de Uozu, son compagnon de cordée : suicide, meurtre ou défaillance technique ?
Les tests menés par le mari de Minako — la jeune femme dont les deux amis sont amoureux — concluent à la solidité du matériel, faisant ainsi peser de sérieux doutes sur Uozu qui, soupçonné d'avoir tranché la corde pour sauver sa propre vie, n'a de cesse de vouloir se justifier .
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Année 1950 au Japon, deux amis alpinistes, Kosaka et Uozu, décident de partir à l'assaut de la face est du Moheodaka. Kosaka dévisse, la corde casse et il se tue sous les yeux de son ami. Que s'est-il réellement passé ?

Kosaka, ces derniers temps, semble très préoccupé. Amoureux de la belle Minako, cette dernière, mariée, rejette ses avances. Uozu, confident de Kosaka, et souhaitant lui venir en aide, rencontre Minako. Seulement voilà, insidieusement, Uozu va lui aussi succomber au charme de Minako. Alors, suicide, meurtre ou défaillance technique ?

C'est mon premier Yasushi Inoué. Je découvre médusée la beauté, le mystère et le génie de la plume de cet auteur avec Paroi de Glace. C'est une belle révélation. Je comprends qu'il ait reçu la plus grande récompense littéraire au Japon.

Son écriture est dépouillée, toute en retenue et, en même temps, d'une grande profondeur. Ce roman abonde en sujets de réflexion, on reconnait la patte du philosophe. Je suis restée fascinée par le récit tant l'écriture est vivante, affinée dans ses moindres détails, émouvante. Il n'y a pas une minute où l'on peut se détacher de la narration, on reste suspendu comme dans l'attente d'un dénouement ! Et si l'on ajoute à cela, une parfaite connaissance de l'esprit humain, une grande finesse d'analyse psychologique de tous les protagonistes, toute son oeuvre doit être d'une grande richesse exceptionnelle et mérite d'être découverte.

En premier lieu, Yasushi Inoué élabore un chant d'amour à la montagne à travers la passion que lui vouent Kosaka et Uozu. La plume de l'auteur possède la faculté d' immerger son lecteur dans le paysage de la haute montagne, en cordée avec Uozu et Kosaka, piolet en mains, ressentant toutes les sensations de la haute montagne, le froid, l'épuisement, la mort qui rôde, en vigilance extrême, tout en admirant les paysages de haute montagne d'une beauté à couper le souffle et tout cela, grâce à une plume dense, poétique et immersive. Quelle expérience !

A la suite de cette chute, Uozu va se retrouver au sein d'une polémique qui à la fois conteste la qualité de la corde, accule Uozu à se justifier, envisage le suicide de Kosaka et met Minako au supplice. Uozu n'aura de cesse de chercher la vérité.

Ce qui ensuite retient l'attention et impressionne, c'est cette capacité exceptionnelle que possède l'auteur à décortiquer les relations humaines, à analyser les comportements, les pensées, à cerner les personnalités, sa plume sonde les méandres de la psyché de ses personnages et nous les rend tellement proches, un peu comme un double, un jumeau dont rien ne nous est inconnu. Cette proximité amène le lecteur à anticiper même leurs réflexions et génère sa propre introspection.

Il y a certains passages qui peuvent amener à se demander si cette montagne ne symbolise pas l'élévation spirituelle, la conquête de la montagne ou la conquête de soi, la connaissance de soi, un défi lancé aux divinités, l'expérience de l'acceptation des limites de l'être humain.

Je remercie Bookycooky et Michfred dont les billets ont dicté mon choix. Je ne suis pas une adepte de la montagne qui m'angoisse mais j'ai pu me projeter au Japon tout en restant assise dans mon canapé !

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J'aime la littérature japonaise si diverse, si réservée et si puissante, où la poésie, comme une petite rivière de montagne , s'insinue partout et met un rythme, une mélodie intimement mêlés à l'action.

J'aime la montagne, les romans qui en parlent, l'air qu'on y respire, son danger et son spectacle, toujours fascinants.  Ses drames qui sortent du cadre. Sa fatalité élégante.

J'aime les romans où l'analyse subtile des sentiments, les intermittences du coeur ont plus de poids que les actions, mais ne les expliquent pas toujours, ou pas complètement.

J'aime les romans dont les personnages, comme un croquis au crayon, se corrigent et s'estompent, s'affirmant progressivement,  par petites touches et coups de gomme successifs, comme si on s'en approchait pas à pas, comme si on avait part à leur découverte, si on s'en faisait , lentement, des amis.

J'aime que le tragique n'exclue ni le rire, ni l'humour, comme dans la vie.

J'aime que la clarté d'une langue, d'un propos n'empêche pas le mystère de demeurer, ni les questions de rester pendantes...

Pour tout cela, j'aime Paroi de glace, et je peux même dire qu'il y a longtemps que je n'ai pas lu un livre aussi prenant, aussi profond,  ni qui comble aussi divinement toutes mes attentes de lecture.

Voici le sujet, en quelques mots.

Deux amis, alpinistes éprouvés, Kosaka et Uozu, partent pour une "hivernale" risquée.  La corde de nylon qui les relie l'un à l'autre se rompt brusquement. Kosaka fait une chute mortelle.  La neige qui tombe dru empêche qu'on puisse retrouver son corps avant le printemps.

Des tests sont lancés pour éprouver la solidité de la corde. Car les entreprises concernées -elles ne sont jamais très loin des drames individuels, au Japon, et les amplifient ou se ridiculisent, c'est selon- prennent elles aussi fait et cause,  comme les journaux,  après l'accident.

Accident , d'ailleurs, ou défaut du matériel? Faute des alpinistes ou geste de désespoir?
Kosaka , éconduit par la belle Minako, aurait-il ainsi mis fin à ses tourments?
Uozu aurait-il coupé la corde pour sauver sa vie?

Quant à Minako,   la très jeune épouse un peu bovarysante du  riche patron, chargé des tests, elle  s'inquiète surtout pour le jeune Uozu, l' ami fidèle, injustement soupçonné ... Elle s'inquiète même beaucoup.  Au point de se départir de sa froideur égoïste de coquette. Éprouverait-elle enfin un sentiment d'amour?

Autour d'Uozu, ses amis alpinistes, Kaoru, la jeune soeur de Kosaka, qui ne cache pas son amour pour Uozu  et jusqu'à son patron, l'inénarrable et sympathique Tokiwa, tous ceux qui sont tombés sous le charme de sa franchise, de sa droiture , de sa sincérité se démènent pour que sa bonne foi soit reconnue. Mais Uozu, en son for interieur, est à l'épreuve de sentiments contradictoires...

Tout se hérisse de difficultés, tout échappe à la saisie rationnelle des choses.

Comme sur une paroi de glace.

Et c'est la montagne,  au retour du printemps, qui aura le dernier mot...
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Dans le Japon des années cinquante, deux amis, Uozu et Kosaka, alpinistes chevronnés, se lancent en plein hiver à l'assaut d'un sommet redoutable. Bien qu'encordé, Kosaka fait une chute mortelle. Que s'est-il passé ? Comment la corde en nylon, découverte récente réputée plus solide que le chanvre, a-t-elle pu se rompre ? ● Ce roman tout en délicatesse rend admirablement compte des rapports humains au Japon. le style ne comporte aucun effet grandiloquent, il est fait de retenue et de pudeur. L'histoire n'en est pas moins passionnante et l'on suit avec grand intérêt à la fois les expéditions montagnardes et les analyses concernant la fameuse corde, ainsi que leurs conséquences. ● L'amour occupe aussi une place importante dans le roman car Kosaka est amoureux d'une femme mariée, la belle Minako, qui va elle aussi tomber amoureuse, mais pas de lui (ni de son mari beaucoup plus âgé et assez tyrannique)… ● Un très beau roman, que je conseille !
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Après avoir refermé le livre, on se dit que Paroi de glace aurait pu s'appeler La Corde si Hitchcock n'avait déjà préempté le titre. Car finalement, l'essentiel du roman semble se jouer là : cette corde qui a rompu, précipitant un alpiniste dans l'abîme, a-t-elle cédé parce que mal conçue? Mal utilisée? A-t-elle été coupée par un désespéré? Ou par un compagnon de cordée soucieux de ne pas être emporté lui aussi?
Alors que ces questions agitent les différents personnages pendant une bonne partie de l'histoire, elles n'obtiendront que des réponses vagues. L'homme de science constate que la corde résiste dans certaines circonstances mais que d'autres pouvaient déterminer une autre issue.
Cette corde, bien entendu, métaphorise les liens humains. le mari, la femme, l'amoureux éconduit, l'amant possible, la fiancée virginale, le patron bourru, l'employé dilettante s'attirent, se font souffrir, se séduisent et s'éconduisent. Pourquoi aimer l'une et non l'autre, pourquoi rester avec l'un et quitter l'autre? Tout est affaire de circonstance. La corde s'est rompue. Elle aurait pu tenir. le choix qu'on croit rationnel (préférer la jeune fille à la femme mariée) vous envoie à la mort, les plus aguerris sont démunis devant le danger, la plus fragile sait dépasser sa souffrance. Les choses arrivent. On ne sait pourquoi. Rien n'est écrit et rien n'existe qui ne pourrait être différent.
Ce roman m'a fait penser à un film de Resnais. Moitié « Smoking - No smoking » pour le hasard des choix de vie imprévisibles. Moitié « Mon oncle d'Amérique » pour le heurt fécond du discours scientifique et de l'existence irréductible.
Alors pourquoi 3/5, seulement ? Trop de glace, sans doute et trop peu de vertige. Affaire de circonstances.
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Deux amis Kyôta Uozu et Otohiko Kosaka. Tokyo années 1950. Une passion commune l'alpinisme. le mot Passion est encore loin de la réalité. Depuis leur jeunesse les deux amis montent en tandem . Leurs gestes sont synchrones, leur complicité incomparable et leur confiance en l'autre inébranlable. Ce 31 Décembre ils partent dans  le massif du Hodaka ,en vue une ascension réputée très difficile. Seule ombre au tableau l'amour sans issue que Kosaka voue à Minako Yashiro , jeune femme de toute beauté mais mariée!
Mais ce qui n'était pas pensable arrive, Kosaka dévisse , la corde a cassé , il fait une chute mortelle. Commence alors pour Kyôta un calvaire , chacun pense que cette corde ne pouvait pas casser, donc soit son ami l'a intentionnellement abîmée, soit Kyôta l'a coupée pour éviter de tomber ...
Seules trois personnes lui restent fidèles ,Daisaku Tokiwa,son patron, Minako et Kaoru la soeur de Kosaka .
Le décor est planté et quel décor , quelles descriptions , des paysages à vous couper le souffle, des conditions météorologiques extrêmes et des moments de pure extase.
Et à côté cette étude psychologique émouvante, prenante, la volonté de cet homme de prouver qu'il est profondément honnête, que son ami était bien un remarquable alpiniste et ces deux portraits féminins. Minako la femme dans toute sa plénitude en opposition avec Kaoru encore toute jeune toutes deux rivales , toutes deux amoureuses du même homme..
Un roman magnifique , une écriture d'un grand maître de la littérature japonaise et mondiale , une plongée dans un Japon en plein essor économique essayant de respecter les valeurs traditionnelles.Une lecture émouvante qui ne peut que séduire tous les amoureux de la langue et du texte.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Kosaka, tu te rappelles comme tu aimais ce poème de Duplat* ? Quand tu avais bu, tu le récitais sans arrêt :

"Si un jour je meurs dans la montagne,
C'est à toi mon vieux compagnon de cordée
Que j'adresse ce testament :
Va voir ma mère,
Et dis-lui que je suis mort heureux.
Que je n'ai pas souffert puisque j'étais près d'elle
Dis à mon père que j'étais un homme.
Dis à mon frère que c'est à lui que je passe maintenant le relais.
Dis à ma femme que je lui souhaite de vivre sans moi.
Comme j'ai vécu sans elle.
Dis à mes fils qu'ils trouveront les traces de mes ongles
dans le granit des Etançons.
Et toi mon compagnon :
Prends mon piolet,
Je ne veux pas qu'il meure de honte,
Emporte-le dans quelque belle face
Et cale-le là sur un petit cairn que tu auras fait rien que pour lui."

Kosaka. Moi aussi, selon le souhait de Duplat, je prendrai ton piolet. Pour qu'il ne meure pas de honte. Et je l'emporterai dans cette anfractuosité de rocher où nous avons bivouaqué. Là, je construirai un cairn et je l'y planterai.

*Roger Duplat, alpiniste lyonnais disparu en 1951 dans ka Nanda Nevi en Himalaya. (page 116)
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"Trois heures et demie. On attaque la face A . Le soleil s'obscurcit, le vent se lève, une tempête de neige se prépare. Difficile de grimper."

"Cinq heures et demie, trop sombre, impossible de continuer. Bivouac en haut de la face A. Découverte providentielle d'un endroit où le bivouac est possible. En dégageant un creux dans la neige avec mon piolet pour nous assurer, je mets au jour un large interstice entre deux roches. Juste la place de s'asseoir pour deux. Nous frappons un point d'ancrage et nous attachons tous les deux avec la corde. Déroulons les tentes-abris au-dessus de nos têtes."

"La tempête de neige fait rage devant nous. Essayons de nous réchauffer en allumant une bougie mais la mèche est mouillée, impossible de l'allumer. Regret de ne pas avoir emporté de briquet. Etat d'extrême fatigue."

Ndl : Je suis subjuguée par cette aventure moi qui n'aime pas la montagne et le froid.

pages 88/89
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Ils avaient laissé derrière eux le Myojin, dont on ne voyait plus qu'un petit morceau, et pouvaient maintenant contempler le Maehodaka dans son entier. Sur la rive opposée , les névés traçaient de longues traînées blanches dans les creux des pentes.
Ensuite, ils marchèrent un moment sur une passerelle aménagée à flanc de falaise, entre deux précipices, au bout de laquelle ils retrouvèrent le lit de la rivière. Les arêtes nord apparurent alors, en plus du Maehodaka.
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Tout être humain passe par une phase où il prend conscience de la valeur de sa vie en la mettant en danger. Cette période dure généralement de dix-huit, dix-neuf ans, jusqu'à vingt-sept, vingt-huit, par là. Passé vingt-neuf ans, les entreprises trop aventureuses paraissent ridicules. On s'aperçoit que la capacité humaine a des limites. On commence à comprendre ce que signifie être humain, autrement dit, pas grand chose. L'aura de gloire de l'aventure s'efface. Le jeune homme devient enfin un adulte à part entière.
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— L’alpinisme n’est pas un sport comme les autres.
— Qu’est-ce que c’est donc ?
— C’est le sport plus alpha.
— Et alpha, qu’est-ce que c’est ?
— On pourrait le définir comme l’esprit de fair-play porté à une extrême pureté. Personne n’est là quand l’alpiniste atteint le sommet pour vérifier s’il l’a vraiment fait ou non.
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Vidéo de Yasushi Inoué
Extrait du livre audio "Le Fusil de chasse" de Yasushi Inoué lu par André Dussollier. ©Editions Audiolib. Parution en CD et en numérique le 19 mai 2021.
https://www.audiolib.fr/livre-audio/le-fusil-de-chasse-9791035405090
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