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3,76

sur 739 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Le plus difficile dans l'ouverture d'esprit c'est la gestion des courants d'air »
Me revient en tête cette réflexion de... je ne sais pas qui, mais fort à propos car ce dernier roman d'Irving fait précisément dans la turbulence en matière de largeur d'idées.

Bisexualité, homosexualité, transgenre... avis de grand frais sur l'Amérique bien-pensante des années cinquante où ces thèmes inconvenants soulevaient – soulèvent encore – intolérance et sectarisme saumâtres.

« A moi seul bien des personnages », une fiction à tiroirs emmenée par ce titre habilement emprunté (pour la version française) au théâtre de Shakespeare, omniprésent au long des aventures de cet autre William qui en sera le narrateur. A lui seul, en effet, bien des personnages, bien des histoires d'amour et bien des introspections.

N'allons pas réduire néanmoins ce roman à un éloge primaire de la diversité sexuelle. Car Irving ici ne glorifie pas plus qu'il ne juge ou s'apitoie. Il raconte, simplement, avec humour et justesse. Il dit les sentiments, les désirs, le sexe, et les tourments universels qu'ils induisent. Ainsi, quelles que soient les ambiguïtés de ses personnages, c'est d'abord la quête d'identité, de tolérance et d'amour qui constitue à mon sens le coeur de cette oeuvre infiniment attachante et le point commun des âmes complexes qui escorteront l'ami William sur plusieurs décennies captivantes.

Alors à ceux qui nient la réalité des différences et la fatalité des émotions, ça ne peut pas faire de mal, essayez donc ce roman.

A ceux qui ont déjà tout compris... raison de plus, lisez-le aussi.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Autant vous l'avouer même si j'en ai honte : j'ai frôlé la catastrophe. Un roman de John Irving, avec un si joli titre, et pourtant…j'ai bien failli m'y ennuyer. Je me suis demandé si j'allais le terminer, j'ai cru me perdre dans cette concentration invraisemblable de personnages sexuellement ambigus.
Heureusement, juste avant que je me résigne à chausser mes souliers de plomb pour aller au bout de ce pavé, la magie a opéré et je ne l'ai plus lâché.

Et donc, sous les auspices de Shakespeare et d'Ibsen, de Flaubert et Dickens, le rideau se lève sur le narrateur, Billy, jeune adolescent qui se cherche une identité sexuelle. Précisons que nous sommes au fond du Vermont, dans l'Amérique des années 60. La quête de Billy est donc par définition discrète et délicate, à une époque où l'homosexualité est encore considérée comme une maladie qu'il faut soigner. Déjà pas aidé par le contexte austère, Billy ne peut guère compter sur des repères familiaux solides : un père très vite volatilisé après sa naissance, une mère fragile voire hystérique, un grand-père jouant exclusivement des rôles féminins dans la troupe de théâtre amateur locale, une grand-mère et une tante (et même une cousine) castratrices.
Troublé par les « béguins » qu'il éprouve à la fois pour son beau-père, Miss Frost la bibliothécaire, et Kittredge, le lutteur-vedette du lycée, le jeune Billy ne sait plus à quel sein (non, ce n'est pas une erreur) se vouer.
Chronique d'une vie passée à se chercher, se cacher (années 60), s'affirmer (années 70), justifier ses orientations sexuelles (années 80), s'excuser presque de ne pas être mort du sida (années 90), puis enfin à s'épanouir (années 2000), A moi seul… déroute au début en zigzagant sans cesse entre les époques et les digressions.
C'est souvent cru, rarement vulgaire. Même si on trouve quasiment à toutes les pages le mot « sexuel » avec sa panoplie de préfixes (hétéro-, homo-, bi-, trans-), sans oublier la catégorie « travesti » et le sens nouveau (pour moi) des mots « actif » et « passif », on reste dans le grand style d'un grand écrivain.
Avec le théâtre pour thème secondaire, ce roman ne pouvait qu'osciller constamment entre comédie et tragédie : personnages et situations cocasses, chapitre bouleversant mais sobre sur le drame du sida.
Moins drôle que le Monde selon Garp, carrément triste si on le compare à L'épopée du buveur d'eau, on retrouve cependant une férocité de ton quand Irving flingue l'intolérance de l'Amérique puritaine.
Ce n'est peut-être pas le meilleur Irving, mais à ce niveau-là, on est de toute façon bien au-dessus de la moyenne…
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Il y a eu un détour déconcertant par Twisted River, et puis John Irving est revenu sur ses traces premières. Celles qui font que les pages se tournent, en suivant le fil narratif qui lie tous ses livres, par le fond, la trame, les anecdotes. le John Irving que j'aime. Mais là, John Irving, tout en restant John Irving, s'écarte un peu du chemin initiatique habituel pour son héros, certes la femme n'a encore pas le beau rôle (à moins qu'elle n'ait au contraire le plus intéressant), et les personnages incarnent cette fois des êtres qu'on n'avait pas encore croisé lors des romans précédents.
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En tournant la dernière page de ce roman, je me suis demandée : « pourquoi diantre n'ai-je jamais lu d'oeuvres de John Irving ?! » Moi qui avoue sans vergogne préférer la littérature américaine, comment ai-je pu passer à côté d'un tel auteur, d'un tel style ?! Les éloges dithyrambiques sur l'auteur du Monde selon Garp m'ont sans doute découragée ; la peur de ne pas m'attacher à son style, de ne pas accrocher à son monde et finalement de me sentir exclue du cercle des aficionados m'ont fait repousser l'échéance. Et voilà que l'on m'offre son dernier roman avec l'injonction de le lire. Soit je m'exécute et croyez-moi je ne le regrette pas ! Quatre jours de lecture quasi intensive (par salve de 4h00 de lecture ininterrompue avant d'aller me coucher) pour venir à bout de ce pépère de 600 pages mais 600 pages intenses, magiques, émouvantes, qui m'ont transportée.

Le narrateur d'A moi seul bien des personnages est un adolescent, William Abbott, dont on suit l'éveil sexuel au début des années 60 dans une ville un tantinet puritaine du Vermont. Intelligent, sensible et passionné de littérature, William a été élevé par sa mère et ne sait pas grand-chose de son père qui l'a abandonné à la naissance. Entouré par une famille excentrique : une grand-mère et une tante vieille-école et castratrices, c'est auprès des hommes - son oncle Bob, son grand-père fantasque (acteur phare de la troupe de théâtre de la ville qui affectionne les rôles de femmes) et plus tard son jeune beau-père, metteur en scène - qu'il s'épanouit et apprend à s'interroger sur ce qu'il est. Car notre jeune héros découvre assez tôt son ambivalence qu'il va tenter de cacher aux yeux de tous : il est bisexuel. Fou amoureux de la bibliothécaire de la ville, l'intimidante Miss Frost, sorte de géante aux petits seins qui l'a initié à la lecture (et plus tard à l'amour), il est aussi irrémédiablement attiré par le beau gosse macho et charismatique (leader de l'équipe de lutte) de son école privée pour garçons où il ne fait pas bon « être de la jaquette ». Déchiré parce qu'il ne sait pas et ne veut pas choisir, rejeté à la fois par les homosexuels et par les hétérosexuels, William Abbott manie l'art du faux-semblant et des apparences jusqu'à s'assumer, au prix d'efforts douloureux et à s'accepter tel qu'il est.

Beau roman d'initiation, A moi seul bien des personnages dresse le portrait d'un jeune homme attachant et touchant qui toute sa vie n'aura de cesse de se chercher et de courir après le bonheur. Confronté à l'intolérance et aux préjugés (notamment de sa mère), il fait l'amère expérience de la dissimulation. C'est aussi une très belle galerie de personnages, tous égratignés par la vie : sa meilleure amie, sa mère, son grand-père, le beau gosse macho de son école, Miss Frost, tous liés par l'art de la dissimulation et des secrets. Car là réside le fond du roman : notre vie durant nous sommes tous amenés à cacher ce que nous sommes, prétendre être ceux que les autres attendent de nous. Pour autant, ne sommes-nous pas intrinsèquement ambivalents et plusieurs visages à la fois : l'enfant aimant, l'être de raison, l'homme ou la femme passionné. C'est tout le génie de John Irving qui nous livre une très belle histoire d'amour et un très beau morceau de vie, nostalgique et sensible, cru dans le choix des mots (âmes trop chastes s'abstenir). La prouesse d'insuffler dans ce roman d'initiation choc toute la pudeur liée à un passage émouvant vers l'âge adulte, fait d'A moi seul bien des personnages un véritable petit bijou.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Le monde selon Billy...
William Abbott, écrivain bissexuel, la soixantaine bien tassée revient sur sa vie, ses expériences adolescentes, son apprentissage et ses questions sur l'identité et la sexualité.

Tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle, du fin fond du Vermont en passant par New York, l'Europe ou San Francisco, John Irving traite de l'identité sexuelle à travers différents personnages plus ou moins proches de William : certains amis d'école ( sa meilleure amie/amante, le bel éphèbe lutteur, le timide admirateur...), la bibliothécaire (son premier amour et sa première amante transsexuelle), un grand père, un beau père et un père assez extraordinaires et beaucoup de secrets de famille.

Les personnages sont profonds, peu clichés, leur relation intéressante. Les évocations d'oeuvres théâtrales et littéraires sont nombreuses. le problème du sida et son épidémie des années 80-90 sont traités d'une manière crue mais subtile et touchante
De plus le rythme de narration est assez soutenu, les flash back et les propos assez peu linéaires rendent le récit très vivant.

Un pavé intéressant et agréable à lire.
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Dans ce bouleversant roman, nous accompagnons le narrateur durant près d'un demi-siècle, assistant à ses questionnements, à ses déboires amoureux, à la naissance puis à la confirmation de sa vocation d'écrivain, et aux débuts de l'épidémie du sida, qui emportera nombre de ses amis.

Ce livre, tout à la fois chronique familiale et sociale, récit intime et oeuvre politique... (lire la suite sur mon site)
Lien : http://requiempouruneabsinth..
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John Irving est un fabuleux conteur. Il nous le prouve une nouvelle fois avec son dernier roman, À moi seul bien des personnages, parfaitement à la hauteur de sa réputation.

Dans une petite ville du Vermont, durant les années 50, le jeune William grandit au sein d'une famille de doux dingues amateurs de théâtre. Comme toutes les familles de romans qui se respectent, celle-ci renferme bien des secrets, à commencer par celui qui entoure le père de Will, un jeune soldat qui les abandonna lui et sa mère. La mère de Will se remarie quelques années plus tard avec un professeur, le beau Richard Abbott, qui intègre la troupe de théâtre familiale. Très vite, William a le béguin pour ce beau-père. La découverte de la sexualité s'accompagne chez William de la découverte de la littérature. Celui-ci l'emmène à la bibliothèque, là, il fait la connaissance de Miss Frost, au physique particulier dont il tombe sous le charme. Lecteur passionné, William nourrit l'ambition secrète de devenir écrivain une fois adulte.

Dans ce récit à la première personne, nous suivons les errances sentimentales de William. Ni hétéro, ni homo, préférant les transsexuels, William est un personnage d'une extrême tolérance, cherchant à percer le mystère de la sexualité et de l'écriture, qui revient toujours vers ses obsessions d'adolescent.

Le thème du roman n'avait pas franchement de quoi me séduire au départ, pourtant, Irving a su m'embarquer dans cette histoire jubilatoire. On s'attache très vite au narrateur, à cet adulte qui fait le bilan de sa vie, de son apprentissage, qui découvre au fil du temps que le désir ne se commande pas, que les rapports à la sexualité sont multiples mais qu'on a le choix de les assumer ou de les cacher. le regard porté sur les personnages secondaires est bienveillant, non dénué d'humour. En effet, comment ne pas tomber sous le charme du grand-père de Will, bûcheron féru de théâtre, aimant tout particulièrement se travestir pour jouer des rôles féminins ?

Will est confronté aux ravages du Sida, les transformations sexuelles sont aussi évoquées, cela pourrait faire basculer le roman dans le glauque, mais Irving a su trouver le ton juste. Il rend aussi un bel hommage à la littérature, en évoquant Shakespeare, Dickens, Ibsen, et Flaubert « qui peut changer une vie ».

C'est un roman avec un supplément d'âme, une densité rare, que nous livre Irving, il nous surprend et nous enchante chaque fois un peu plus.
Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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Billy Abbbot est un jeune garçon impressionnable. N'ayant jamais connu son père, il est élevé par sa mère et ses grands-parents dans une petite ville du Vermont. Alors que son grand-père, un personnage très doux, aime se déguiser en femme sur scène, sa mère a un avis très strict sur la question des déviances sexuelles.

Billy lui, réalise très tôt qu'il est attiré par "les mauvaises personnes". Son ambivalence érotique va déterminer sa personnalité et les rencontres qu'il fera en grandissant et devenant écrivain. Rempli de désir les hommes comme les femmes, Billy va évoluer dans le milieu gay des années 80, sans jamais en faire complètement partie.

Sous fond d'intolérance sociale et de propagation du sida, John Irving nous raconte ici les aventures amoureuses d'un bisexuel au fil de sa vie. Impossible à labéliser, il attirera souvent la méfiance de ses maitresses et amants.

J'ai terminé ce roman il y a quelques temps déjà, mais je n'ai pas trouvé l'envie ou les mots pour en parler. Je l'ai fermée en effet un peu déçue, trouvant qu'Irving négligeait le romanesque pour plaider sa cause. Certains personnages sont riches, mais les liens qui les unissent pas assez fouillés, et les évènements vite relatés. J'ai eu le sentiment d'avoir affaire à une succession d'histoires sentimentales plutôt qu'à un véritable récit de vie. Et j'aime tant les grandes épopées individuelles de cet auteur...

Et puis quelque temps après, j'ai eu la surprise de découvrir les réactions virulentes déclenchées en France par l'annonce du mariage gay. Jamais je n'aurais cru qu'à l'heure actuelle le droit de se marier pour les homosexuels puissent encore faire débat à ce point.

Dans ce contexte, je comprends mieux la nécessité d'un tel roman, d'une telle cause. Car c'est avant tout un livre sur la tolérance que nous livre John Irving, ou plutôt sur la difficulté d'être tolérant. Même Billy sera taxé, à un moment, "d'être intolérant de l'intolerance".

Un roman sur la complexité de nos désirs, et la difficulté pour les humains de s'accepter dans leur différence.

Céline

Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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John Irving définit son dernier roman comme une oeuvre militante, ce qui est à la fois la force et la limite d'A moi seul…. Irving entend en effet faire le tour (exhaustif ?) de toutes les différenciations sexuelles à travers une galerie de personnages, qu'on va suivre des années 60 aux années 2000. La toile de fond passe donc d'une société verrouillée sur ces questions, jusqu'à la (relative) ouverture actuelle, en passant par la terrible irruption du SIDA... le narrateur, Bill Abott, est un adolescent sensible et indécis sexuellement. Dans sa petite ville du Vermont, il rêve d'être écrivain, encouragé dans cette voie par une bibliothécaire, Miss Frost. Ambivalente et fascinante, elle sera également décisive dans l'orientation sexuelle du jeune homme (il aimera les filles et les garçons) … Malgré quelques longueurs, Irving excelle à nous rendre tous ces personnages vivants et attachants. Son art consommé du dialogue, son sens si américain des situations (parfois crues, souvent drôles), la force des émotions (le long tunnel de deuils des années SIDA) nous mettent en état de totale empathie. Un hymne à la tolérance par un maître des lettres américaines, qui, avec Bill, nous offre une fois de plus un personnage masculin dont lui seul a le secret.
Lien : http://www.reseau-colibris.fr
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Ce roman retrace la vie de William (surnommé Bill), narrateur bisexuel. Sa quete d'amour le mènera vers des femmes, des hommes et des transexuelles. Au délà de s'apposer une étiquette concernant ses préférences sexuelles, Bill tombe amoureux des personnes pour ce qu'elles sont, sans s'interroger sur ce qui est bien ou ne l'est pas.
Un roman très bien écrit qui ne nous lasse absolument pas du thème.
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