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3,76

sur 732 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel plaisir de retrouver le grand Irving, celui du 'Monde selon Garp' ou de 'L'Hôtel New Hampshire', après ses derniers romans qui m'avaient paru un peu fades... Fade, 'À moi seul bien des personnages' ne l'est pas du tout, mais plutôt irrévérencieux, politiquement incorrect et pour tout dire assez barré. Et génial, en tout cas à mes yeux.

Comme quoi, Irving a le talent de transformer n'importe quoi en grand livre, y compris une vie de gentil n'importe quoi comme celle de Billy Abbott ou un texte de grand n'importe quoi comme celui-ci, avec sans arrêt des digressions, des sauts dans le temps et des analyses littéraires de Shakespeare ou Ibsen...

'A moi seul bien des personnages' est à la fois un roman d'apprentissage classique, celui du narrateur Billy, et un roman sur les différences sexuelles : homosexualité, bisexualité, travestissement, transsexualité. Car Billy est bisexuel, d'une part, et d'autre part côtoie toute sa vie des gens sexuellement hors norme, de sa famille totalement improbable à ses élèves 'en devenir', sans oublier ses amis, ses partenaires et ses mentors...

L'idée n'est évidemment pas de faire un catalogue des particularités sexuelles de chacun, mais de raconter l'amitié, l'humour, l'amour, le désir, les belles rencontres, les moments tragiques, les doutes, les souffrances. La vie comme elle est, en somme, même quand on est 'bêtement' hétéro comme moi, mais avec en prime une tranquille exhortation au respect et à la tolérance.

Un livre à lire pour tout ça, donc, mais aussi pour le plaisir d'apprendre à faire un duck-under comme les lutteurs, pour se rappeler qu'il faut penser 'préservatif' dans certaines circonstances, pour découvrir qu'on peut rencontrer l'amour de sa vie en lisant 'Madame Bovary' aux toilettes, pour savoir ce que devient le canard chez Ibsen, et pour rencontrer pêle-mêle Elaine, le grand-père, Miss Frost, Kitteredge, Larry, Tom, Donna, Gee, Richard et Muriel-de-quoi-j'me-mêle.
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Billy a quinze ans lorsque le récit de son histoire commence. Il voit bien qu'il n'est pas attiré par le même type de personne que ses camarades. La Nature s'est jouée des conventions et lui a attribué des goûts que la société réprouve, « le terrible fléau de la morale publique », comme il le lira plus tard dans le roman « La chambre de Giovanni » de James Baldwin.
Il y a pourtant Miss Frost, la bibliothécaire, femme à la quarantaine énigmatique avec sa poitrine prépubère et ses épaules carrées dont il est secrètement amoureux. Elle pourrait être la parade à ses déviances même si elle est une femme d'âge mur, et l'aider à réaliser sa vocation : devenir écrivain.
Son père a fui le foyer dès son plus jeune âge pour des raisons que seul un « honteux » secret de famille saurait justifier. le jeune Bill évolue dans une famille de théâtreux. Sa mère est souffleuse, pendant que son grand-père se travestit sur scène pour endosser les rôles des héroïnes des pièces qu'ils jouent.
John Irving narre avec toute l'humanité et la vraisemblance, les errances sentimentales et libidineuses d'un jeune homme.
Il est cet auteur dont la particularité est de commencer l'écriture de son manuscrit par la dernière phrase :
« Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! C'était ce qu'elle m'avait dit, et je ne l'avais jamais oublié. Faut-il s'étonner que je l'aie répété à mon tour au jeune Kittredge de toutes les certitudes, fils de mon ancien bourreau du coeur et amour interdit ? »
Phrase qui annonce bien toute la thématique de ce remarquable opus de l'oeuvre de cet auteur.
Architecte des mots, John Irving battit cette histoire comme une cathédrale dédiée à la souffrance morale et au calvaire intérieur que vivent bien des personnes égarées par le propre de leur nature tourmentée. Comme tout lieu saint, le roman-sanctuaire de John Irving invite au calme du recueillement, à la réflexion et à l'introspection. Au loin s'entendent les cris de ces païens, étrangers à cette scandaleuse religion, sans jamais troubler, perturber les convictions de ces âmes perdues pour la société impie et moralisatrice.
« A moi seul bien des personnages » est un roman qui, sans jamais tomber dans l'écueil du drame, avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance, transcende la notion de liberté individuelle. C'est un hymne au droit de chacun de disposer de sa vie comme bon lui semble et un camouflet aux hordes de hyènes « bien-pensantes », à cette couarde foule, cette meute de furies à la condamnation facile, cette horde d'individus sclérosés par leurs frustrations, cette ignorance mère de toutes les abjectes bêtises.
John Irving délivre un message de paix et d'apaisement face aux tensions qui agitent trop souvent une société qui ne tolère pas la cohabitation des différences.
La richesse d'une société comme d'une vie est dans sa diversité (dixit votre dévoué).
Traduction de Josée Kamoun et Olivier Grenot.
Editions du Seuil « Points », 590 pages.
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De son père, William Abbott n'a gardé que très peu de souvenirs. Pourtant, très jeune, il s'interroge sur ce qu'a pu lui transmettre celui que sa mère a surpris ''embrassant une autre personne''. Ce n'est certainement pas de cet homme sorti très vite de sa vie et qualifié par sa grand-mère et sa tante Muriel de coureur de jupons qu'il tient ses ''béguins contre nature'', celui par exemple pour Richard Abbott, jeune professeur à la First River academy, talentueux metteur en scène de la troupe de théâtre de l'école. de son grand-père Harry alors ? Lui qui a fait les beaux jours du théâtre municipal en y interprétant merveilleusement les plus beaux rôles de femmes, à la tête d'une scierie à la ville, dans ses corsets de taffetas à la scène. Mais son penchant coupable pour Richard disparait quand celui-ci épouse sa mère et lui donne son nom, mettant définitivement hors-jeu le coureur de jupons. Installée dans un logement de fonction au sein de l'école, la nouvelle famille se lie avec les Hadley. Elaine devient sa meilleure amie, tandis qu'il fantasme sur sa mère. Ses béguins se font divers et variés, les plus remarquables étant Miss Frost, la bibliothécaire, femme mûre aux seins d'adolescente et Jacques Kittredge, le capitaine macho de l'équipe de lutte dont Elaine s'éprend également. Malgré un contexte hostile, William grandit et se construit dans la bisexualité, passant d'hommes en femmes, certaines même transgenres. Des années 50 aux années 2000, il déroule sa vie, du Vermont à Vienne, de New-York à Madrid, se refusant à choisir entre ses préférences sexuelles.



Comme à son habitude, John Irving a mis un peu, beaucoup, de lui dans son dernier roman. On y retrouve ses thèmes de prédilection, puisé dans sa propre biographie. William Abbott est donc un écrivain en devenir, élevé sans son père, éduqué dans une école de garçons où la lutte est le sport en vue et qui séjournera à Vienne pendant ses études. Mais bien sûr le jeune Billy n'est pas John Irving dont il diffère par sa sexualité problématique à ses débuts puis de plus en plus assumée. Ces ''béguins contre nature'', ces ''erreurs d'aiguillage amoureux'' sont le prétexte à une critique de l'Amérique bien-pensante où l'homosexualité est une déviance, une maladie mentale que l'on doit soigner. En Europe, son héros se libère de ses entraves morales mais son cas est toujours difficile à gérer; le bisexuel est mal vu par les hétéros comme par les homos. Mais au-delà des problèmes, A moi seul bien des personnages est surtout un hymne à la liberté et à la tolérance. Sans parti pris, ni jugement, Irving raconte une communauté qui a beaucoup souffert. Ses pages sur les années sida, fortes et pudiques, sont à la hauteur du Philadelphia de Jonathan Demme. Son Billy Abbott nous promène dans un monde et des pratiques parfois inconnus, mais sans militantisme ou revendications. Homosexuels, actifs et passifs, bisexuels, mais aussi transgenres prennent une réalité que certains voudraient ignorer dans le meilleur des cas, éradiquer dans le pire.
Un roman où il est difficile d'entrer à moins d'être féru du théâtre de Shakespeare ou d'Ibsen, puis, petit à petit, la magie d'Irving opère. Billy Abbott devient un intime, un ami et l'on s'immerge dans la petite communauté de First Sister, Vermont, et tous ses habitants deviennent des familiers que l'on peine à quitter. Encore une fois, John Irving signe un livre essentiel pour faire réfléchir, rire et s'émouvoir. Une réussite de plus pour celui qui depuis toujours prône la liberté de pensée, le droit à la différence, la tolérance. A lire !
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John Irving est l'un des rares auteurs à pouvoir traiter un sujet en profondeur sans me lasser. Alors que la plupart des écrivains s'emmêlent les pinceaux dès qu'ils essayent de traiter plus de deux points de vue, Irving les multiplie au fil des pages sans nuire à son récit. Il m'avait déjà séduit avec « L'oeuvre de Dieu, la part du diable » sur l'avortement, il recommence dans ce livre sur le thème de la sexualité.

L'histoire doit provoquer quelques frissons d'horreur chez les âmes sensibles : un jeune garçon bisexuel, qui vit sa première expérience amoureuse avec une transsexuelle de 40 ans, ancien lutteur devenue bibliothécaire municipale. Irving évite adroitement tous les clichés, et rend ses personnages crédibles et profondément attachants. Aucun jugement de valeur, positif ou négatif, n'est posé : chaque protagoniste raconte sa vie et ses expériences, au lecteur de juger comme il le souhaite.

Bel hymne à la tolérance, comme on aimerait en voir plus souvent. Espérons qu'un jour, les lecteurs s'étonneront de la banalité de l'oeuvre, et se demanderont pourquoi il a fait couler tant d'encre.
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Un magnifique roman sur l'altérité. Quel personnage cette Miss Frost ! Et Al, dont le prénom commence justement comme altérité, comme alternative aussi. Ils m'ont beaucoup touchée. Des lutteurs nés ! le ring, la lutte. C'est du Irving. Il aime. J'aime.

C'est un très beau roman tant par l'écriture (drôle, un humour bien nécessaire pour tenir face aux éléments, aux événements aussi) que dans sa construction, subtile (une fausse linéarité de la vie qu'Irving met en lumière par petites larmes).

J'ai repensé à Thomas Andrieu (Arrête avec tes mensonges) à l'occasion de cette lecture. « On pourrait dire que c'est une histoire où le refus de s'assumer tue » comme si rien ne change où que l'on soit.

Et puis je me suis légèrement agacée en lisant les lettres L. G. B. T. ... Et Q qui s'y ajoute plus tard. Q « en questionnement »... Non pas que le Q me questionne mais je milite pour l'absence de case. Comme le dit si bien Irving « Je vous prierai de ne pas me coller d'étiquette. » Pourquoi faut-il créer des cases pour être ? J'ai du mal à l'admettre. Je le comprends pourtant. Alors je serai contente le jour où cette petite chenille de lettres aura bien grossi. Qu'elle grossisse encore et encore afin qu'elle adopte les vingt et unes lettres restantes de l'alphabet pour que le monde soit un, en paix. On parle de sexualité entre adultes consentants quand même, ce serait bien si on parlait aussi comme des grands. Oui je suis aussi une intolérante de l'intolérance, nobody's perfect.

Enfin je dis ça, mais « ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! »

Stéphane, je te remercie pour ce magnifique et très émouvant cadeau. J'ai mis du temps à le lire. Désolée. Tu sais que si je lis un jour Shakespeare, ce sera grâce à toi ! Ces répétitions m'ont donnée goût. Peut-être pas Ibsen. Quoi que...

Au fait... « Et le canard, qu'est-ce qu'il devient ? »
Parce que c'est aussi un roman d'amitié, hein ? :)
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Pour moi le premier roman lu de John Irving. Et quel roman ! Je connaissais l'auteur de réputation sans que la curiosité me pousse réellement à le découvrir. Je trouvais toujours une bonne raison de remettre sa lecture à plus tard. Jusqu'à maintenant.
Dans ce roman de près de 600 pages, C'est un vieil homme qui prend la parole pour se remémore tout le chemin parcouru pour arriver à ce qu'il est aujourd'hui, toutes les figures de son enfance et adolescence (Miss Frost, Grand père Harry, Donna et les autres) qui l'ont forgé. Jeune garçon, il prend conscience, petit à petit, de sa bi-sexualité, de l'existence de la diversité sexuelle (homo-, bi- trans-) et se bat pour l'affirmation de soi. Il revendique le droit d'être et d'être reconnu pour ce qu'il est au sein de cette société, puritaine et intolérante, qu'est l'amérique des années 60, et suivantes.
L'omniprésence du théâtre, des mots de Shakespeare, emportent le récit. Les drames qui se jouent sur la scène de théâtre amateur ne sont que le reflet ou les effets précurseurs de la tragédie qui se trame dans la vie de tous ces personnages haut en couleurs.
William / Billy, comme les autres, file sa vie comme il file son texte.
Les pages sur les années SIDA, sur l'hécatombe qui a eu lieu dans l'indifférence et le mépris des biens pensants, dans ce resserrement d'humanité (solidarité et empathie d'une communauté meurtrie), sont tout simplement sublimes par leur sobriété, leur réalisme. Sans emphase ni pathos, elles nous touchent.

J'ai aimé ce récit à la première personne, le rythme de la narration qui s'emballe par moment quand il veut trop vite nous livrer son histoire et qui devient traînant sur des scènes de sa vie comme s'il souhaitait faire durer le plaisir. Faire revivre par la parole le temps chéri de la rencontre, du geste, de la première fois. Suspendre le temps pour mieux en jouir à travers le récit, les mots.

Pourquoi ai-je attendu tout ce temps pour découvrir un tel auteur ?
« Prends ton temps, William. Savoure, au lieu de bâfrer. Et quand tu aimes un livre, prends une de ses plus belles phrases - celle que tu préfères - et apprends-la par coeur. de cette façon, tu n'oublieras pas le style de l'histoire qui t'a ému aux larmes. »
(...)
« La mémoire est un monstre ; on oublie, pas elle. Elle archive ; elle tient à disposition ou bien elle dissimule. Et puis elle nous rappelle avec une volonté qui lui est propre. On croit avoir de la mémoire, on se fait avoir par elle ».

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Avant toute chose, il me semble important de spécifier que ce roman n'est pas autobiographique. On pourrait se poser la question car non seulement il est écrit à la première personne, mais le héros est né de père inconnu, il évolue dans un milieu universitaire, entouré de lutteurs, il adore Dickens, il étudie à Vienne, devient écrivain... Autant de points communs avec l'auteur. A ce sujet, John Irving explique que s'il a voulu partager tous ces points communs avec son héros, c'est justement pour l'aider à se sentir plus proche de lui, mais la comparaison s'arrête là.

Pour plus de détails à ce sujet, je vous invite, quand vous aurez terminé mon article, à lire la très intéressante interview que l'auteur a donné au Nouvel Observateur.

Avant de vous donner mon avis sur l'histoire, je vais vous faire une confidence: pour moi lire John Irving, c'est un peu comme se glisser dans des pantoufles moelleuses et rassurantes. Je n'ai pas lu tous ses livres, mais un grand nombre quand même et il est certain que je vais tous les avaler. Ma rencontre avec lui s'est faite avec L'oeuvre de Dieu, la part du Diable qui se trouve d'ailleurs dans la liste des livres qui m'ont le plus marquée. A chacun de ses livres, je vis à peu près la même routine: les premières pages se dévorent, ensuite vient en général un passage que je trouve un peu longuet, qui m'ennuie même parfois et enfin, sans m'en rendre compte je m'installe dans l'histoire de manière très très confortable. Je m'attache aux personnages, même s'ils sont souvent un peu, voire beaucoup, bizarres, disons, hors-normes, mais j'aime les retrouver, je me sens en sécurité entre les pages de John Irving. Quand le livre se termine, je suis triste de quitter l'ambiance, triste de quitter les personnages. Je crois qu'Irving fait partie de ces auteurs qu'on aime ou qu'on déteste. Je comprends parfaitement qu'on n'arrive pas à entrer dans ses histoires, pour cela, je le rapproche un peu de Ian McEwan version Samedi.

A moi seul bien des personnages m'a fait le même effet, je dirais même que c'est un de mes préférés ou alors je dis ça parce que je viens de le terminer.... j'avoue, je ne sais pas. Certains passages m'ont ennuyées, toutes les diatribes sur le théâtre au début du roman étaient certes instructives, mais moi qui n'y connais rien en théâtre classique, je me suis un peu perdue. le milieu du théâtre prend beaucoup de place dans l'histoire, il a son importance puisque, à l'époque, il était courant que les personnages féminins soient joués par des hommes. Et alors me direz-vous? Et bien il permet ici d'introduire le grand-père du héros, qui fait partie de la troupe de théâtre locale et qui ne joue que des rôles de femmes... Mais je ne vous en dirai plus. Si ce n'est que le grand-père de Billy est un des personnages principaux de l'histoire, personnage que j'ai trouvé éminemment sympathique: sa tolérance et le soutien discret qu'il porte à son petit-fils sont juste un régal pour les coeurs sensibles. Il n'est pas seul d'ailleurs à cristalliser cette tolérance qui devrait aller de soi, d'autres personnages aiment Billy tel qu'il est, comme Elaine, l'amie de toute une vie. A moi seul bien des personnages est en effet avant tout un livre sur la tolérance, sur l'amour au sens le plus noble du terme. Je suis sortie de cette histoire en ayant envie d'aimer le monde entier, c'est vous dire.

Mais revenons à l'histoire. L'ambiance peut sembler spéciale puisqu'il y est question de... sexe. Encore, encore et encore. On y parle d'adolescents qui s'éveillent à la sexualité, mais, comme vous l'aurez compris, sur fond d'homosexualité, de transexualité et de bissexualité puisque je rappelle que Bill, le héros, est bisexuel. En ce sens, j'ai trouvé original que l'histoire se centre sur un personnage bisexuel car la bisexualité en littérature me semble moins exploitée que l'homosexualité qu'elle soit masculine ou féminine, d'autant plus qu'ici, l'auteur évoque les difficultés spécifiques inhérentes à la bisexualité. Ainsi Bill résume tout en disant qu'il n'est accepté ni par le milieu hétéro ni par le milieu homo. Partout il est un étranger. On le suit dans son parcours, de l'adolescence à l'âge mûr. On traverse les décennies et l'évolution des moeurs avec lui. On tremble et on pleure en silence devant l'apparition et les ravages du SIDA (les descriptions sont dures, mais justes il me semble, pudiques dans le sens où on ne tombe pas dans le pathos).



Je pense qu'il faut quand même une certaine ouverture d'esprit pour lire ce livre, Bill a des rapports sexuels avec des hommes, avec des femmes, avec des transexuels aussi. Rien de graveleux pourtant, l'auteur va droit au but, loin d'une ambiance pornographique: on est dans la description de la vie tout simplement. Par contre, il y a des relents d'inceste aussi, ce qui m'a mis mal à l'aise (était-ce utile?), sans parler de la famille de Bill qui compte un nombre incroyable de gays, lesbiennes et travestis (là c'était un rien exagéré, je trouve, niveau quantité au m2 dans la même famille, mais qui sait, c'est peut-être plausible, je n'en sais rien). Ca c'était pour les côtés que j'ai moins appréciés.

Gros point positif: outre qu'on suit le héros sur une très longue période (ce que j'apprécie beaucoup quand j'aime un personnage) j'ai adoré la somme de livres qu'on cite dans l'histoire. Oui oui, en plus des pièces de théâtre! A moi seul bien des personnages est un livre très riche en matière de références culturelles. En début d'adolescence, le beau-père du héros l'accompagne à la bibliothèque pour l'y inscrire. Par la suite, Miss Frost, la bibliothécaire, lui conseillera des livres en fonction des ses interrogations, de ce qu'il vit.... il trouve alors des réponses à ses questions et se découvre à travers les romans qu'il dévore. Cet aspect de l'histoire résonne en moi comme un écho, souvent au cours de ma vie, le bon livre a atterri dans mes mains au bon moment et je pense m'être construite et me construire encore au gré de mes nombreuses et diverses lectures.

Ce livre terminé, j'ai juste envie de me plonger à nouveau dans un des romans de John Irving! Mais non mais non, pas tout de suite, j'ai une PAL à vider!

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Ca y est je quitte avec regret William (dit Billy) Abbot, romancier bisexuel et ses souvenirs de jeunesse.
Que dire, à part que j'ai passé un excellent moment en sa compagnie ! John Irving a un talent incroyable pour raconter des histoires ! Je l'avais découvert avec le merveilleux "Le monde selon Garp", j'avais été enchanté par "L'oeuvre de Dieu, la part du diable", puis avaient suivi quelques déceptions, notamment avec "Twisted river".
Je suis passé par beaucoup de stades émotifs : la joie, la tristesse, la colère ... Les thèmes chers à Irving reviennent ici : la lutte, l'écriture, le personnage du romancier ...
Mais ce qui est nouveau, du moins du point de vue de mon expérience littéraire personnelle avec cet auteur, c'est le thème de la sexualité.
Il y a beaucoup de passages un peu "crus" mais ça ne m'a nullement dérangé. J'ai même beaucoup ri avec la première expérience de Billy !
Une grosse partie du roman narre l'adolescence de Billy, la découverte de sa bisexualité mais également la découverte de la lecture grâce au personnage incroyable de Miss Frost, la bibliothécaire !
Personnage qui va se révéler capital pour cet écrivain en devenir....

Le dernier tiers du roman est plus sombre, John Irving raconte la découverte du SIDA et de ses ravages, à la fois d'un point de vue de santé publique mais aussi d'un point de vue sociétal.
Ces passages sont très émouvants, notamment lorsque Billy Abbot ne comprend pas pourquoi lui, parmi tous, n'est pas atteint.

A noter aussi que, pour une fois la traduction du titre est vraiment très bien trouvée ! Ce n'est pas une traduction littérale (le titre en VO est "In one person"), "A moi seul bien des personnages" est une référence à Shakespeare, très présent dans le roman. Ce vers est d'ailleurs cité tout au début.

Voila un bon cru de Monsieur Irving, ça fait plaisir ! Vivement le prochain ...

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Bill Abott est un jeune garçon issue d'une union entre une mère un peu bizarre (seule sans ambition particulière) et d'un père soldat inconnu.
Il va nous conter sa vie, ses peurs, ses envies.

Dans une Amérique puritaine (on est dans les années 50), Bill nous raconte sa quête de soi, son attirance pour la poitrine de la bibliothécaire ou son attirance pour son beau père. Il va s'avérer être un bisexuel, nous rassurant constamment pour son amour pour les femmes mais également pour les hommes.

C'est un livre appel à la tolérance. Il est plein d'humour pour traiter les thèmes de l'homosexualité ou encore de la bisexualité. On se souvient notamment du grand père qui n'aimait jouer que les rôles de femmes, ou encore la bibliothécaire qui insiste sur son titre de "Miss".

J'avoue avoir un peu eu du mal au début de ma lecture. le début est truffé de référence théâtrale à des auteurs comme Ibsen ou encore Shakespeare (forcément des oeuvres que je n'ai pas encore lues, oh honte à moi). La lecture a été limpide par la suite car on s'attache à Bill et aux autres personnages, on s'émeut beaucoup mais on rit beaucoup.

Évidemment dans ce livre de John Irving, on ne peut pas louper des épisodes sur Vienne ou encore sur la lutte. Pour moi ce sont toujours des clins d'oeil fétiches au monde selon Garp.

Vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé mais j'ai adoré. le jeune Bill Abott va me manquer.
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J'ai trouvé ce roman bouleversant de pertinence et de bienveillance. La première partie du roman pourra peut-être paraître longue à certains. Bill, en plein bouillonnement hormonal se débat avec la découverte de ses attirances et fantasmes multiples. Mais comment parler de l'adolescence correctement sans s'attarder sur cette période charnière où l'on a l'impression d'être une balle de tennis dans un match qui opposerait l'appartenance à une norme et l'affirmation de sa singularité?
Toutes les questions qu'un adolescent peut avoir en tête à propos de son éveil sexuel ne sont déjà pas simples quand il est un hétéro cisgenre attiré par des jeunes de son âge, mais Bill, lui, peut aussi bien être attiré par la star de l'équipe de lutte du lycée, que par son propre beau-père ou encore une bibliothécaire d'âge mûr.
Après l'étape de le réaliser, vient celle de l'intégrer, d'en parler, de le révéler au grand jour et bien sûr de vivre cette vie, sa vie et non une pièce de théâtre écrite pour un autre.
Car le théâtre, comme la littérature, sont parties prenantes de ce roman et mènent à l'épanouissement. Non seulement celui de Bill, mais celui de bien d'autres personnages. Car si il est question de sa bisexualité, il est aussi question de bien d'autres subtilités sur le genre et la galerie de personnages qui les incarnent est des plus attachante.
Par ce prisme multiple et varié en âges, il est permis à l'auteur d'aborder l'évolution des moeurs quant aux questions LGBT, mais également les barrières et les stratagèmes mis en place par chacun pour se faire une place dans une société pas toujours des plus accueillantes envers la différence.
Au milieu de cette tourmente, déboule une tempête tout aussi dévastatrice : le virus du SIDA fait son apparition et n'épargnera personne, pas même (et peut-être surtout pas) les survivants.
Je ne m'en étonne plus, parce que John Irving a très souvent cet effet là sur moi, je referme ce livre le coeur lourd et l'âme habitée par des personnages dont j'aimerai que chacun soit le héro de son propre roman tant ils sont flamboyants.
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