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EAN : 9782376650041
160 pages
La Contre Allee (18/01/2019)
3.7/5   67 notes
Résumé :
SUR LE MODE DES GRANDS REPORTAGES
Dotée d’une carte blanche dans le cadre des résidences « Mineurs d’un autre monde », Maylis de Kerangal prend un vol à destination de Kiruna et nous emmène en Laponie suédoise. Sur le mode du reportage littéraire, elle nous invite à la découverte de l’une des plus grandes exploitations minières encore en activité.

UNE APPROCHE KALÉIDOSCOPIQUE
Nous suivons l’auteure dans son exploration des lieux au fil d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Un sujet insolite, un style charnel, Kiruna est un tout petit livre qui parle d'une chose impressionnante, la plus grande mine de fer du monde, dans un territoire au nord de la Suède, en Laponie.
De Kerangal s'y rend dans le cadre des résidences “mineurs d'un autre monde “.
À sa suite, nous atterrissons en pleine nuit à l'aéroport international de Kiruna. S’en suit alors une visite guidée des lieux actuels et de l'histoire d'une mine à ciel ouvert devenue souterraine en 1965, et au réseau routier souterrain le plus important du monde, 400 km. Mais, ne pouvant franchir le seuil au-delà du Musée de la mine, sécurité oblige, confidentialité, l'écrivaine est forcée à “arpenter la surface, imaginer le fond”, de ce corps vivant actif 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.

De Kerangal a majestueusement relevé le défit de traiter un sujet très vaste à grande connotation humaine sur 146 pages d'un petit format 11x15.
De ce lieu politique et social que l'homme a transformé en un monstre qui menace de tout engloutir peu à peu, elle en palpe toutes les dimensions à l'échelle humaine, sous forme de petits paragraphes, tels des nouvelles, nous donnant à réfléchir sur l'avenir de l'équilibre écologique de la région. D'Alice la jeune géologue française qui semble y avoir trouvé son bonheur, aux émigrés Érythréens qui célèbrent leurs fêtes dans l'église de Kiruna, de Lars jeune responsable des relations publiques de la mine qui n'a pas voulu quitter son lieu de naissance, aux cuisinières d'un temps , les premières femmes de la colonie minière, elle nous esquisse un monde vibrant de vie et d'émotion sous le froid polaire du Grand Nord.

Un petit livre, un grand voyage ! Superbe !
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Kiruna késako ?
Une ville de Laponie suédoise située à 150 kilomètres au nord du cercle Arctique, fondée au début du XXe siècle à proximité d'une des plus grandes mines de fer au monde, un gisement d'une exceptionnelle qualité.
Voilà succinctement le décor du dernier ouvrage de Maylis Kerangal.

Mais pourquoi Kiruna ?
Dans le cadre d'un programme de résidences artistiques intitulé « Mineurs d'un autre monde », carte blanche a été donnée à Maylis de Kerangal pour rendre compte de ses recherches, de son voyage, faire découvrir l'une des plus grandes exploitations minières au monde, raconter les hommes et les femmes qui écrivent et ont écrit l'histoire de cet espace hostile et gigantesque.
Un espace en danger, car « la ville s'effondre, elle est peu à peu engloutie par la mine. Des visions d'apocalypse surgissent – gouffres, brèches, glissements de terrain, maisons et silhouettes aspirées par le fond de la terre – quand il s'agit d'une menace plus insidieuse : édifices qui se froissent, béton qui se lézarde, trottoirs qui se fendillent comme du biscuit sec, béances et craquèlements. »
C'est bien sûr le résultat de l'exploitation intensive d'une mine qui produit 90 % du minerai de fer européen et qui fait vivre toute une région. Dilemme classique à la fois environnemental, humain et économique !
Alors, depuis 2004, il a été décidé de déménager l'essentiel de la ville à quelques kilomètres. Un gigantesque défi en cours.

Quid du "reportage" ?
Cet ouvrage est évidemment bien plus que cela et c'est tout son intérêt.
J'ai retrouvé avec plaisir le style, la précision, la sensibilité de l'écrivain Maylis de Kerangal, celle de Tangente vers l'Est, de Réparer les vivants.
En un peu plus de 150 pages captivantes, rythmées en courts chapitres rédigés avec une précision millimétrée, elle brosse un panorama fort bien documenté et assez complet, me semble-t-il, de ce qu'est Kiruna. Elle rend compte avec intelligence et finesse des enjeux aussi bien sociaux, environnementaux qu'économiques.
Maylis de Kerangal grand reporter : j'en redemande. Un témoignage captivant et instructif !
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Lors de la dernière opération Masse critique, j'ai vu le dernier livre de Maylis de Kerangal : Kiruna.
Kiruna ? Connais pas !
L'auteur étant parmi mes valeurs sûres, je coche ce nom mystérieux sans chercher à savoir quoi que ce soit.
Et j'ai bien fait !
Maylis de Kerangal m'a emmenée en promenade à Kiruna et ce fut un grand plaisir de la suivre.
Kiruna, c'est une ville. Kiruna, c'est une mine.
C'est une ville bâtie sur une mine.
Kiruna est à dix-sept heures de train de Stockholm, dans le grand nord de la Suède, en Laponie suédoise.
C'est le bout du monde. C'est un autre monde.
Située dans une zone géographique aux conditions climatiques terribles, Kiruna n'aurait jamais dû voir le jour. D'ailleurs, jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, la ville n'existait pas. Kiruna ne doit son existence qu'à son sous-sol qui contient un gisement de fer d'une quantité et d'une qualité exceptionnelles.
Kiruna est une ville à part, une curiosité.
Maylis de Kerangal est allée à Kiruna et en a rapporté une sorte de carnet de voyage.
Elle raconte ce qu'elle a vu, mais pas seulement, car son texte se déguste par les cinq sens : à travers ce qu'on lit, on voit la ville, mais on l'entend, on la sent, on la touche et on la goûte aussi. C'est un festival de sensations.
Par petites touches, Maylis de Kerangal nous fait comprendre Kiruna, nous fait ressentir cette ville unique. Cette ville et ses habitants.
Pour écrire, elle utilise un langage précis, millimétré. Une très belle langue, généreuse et poétique.
Cette écriture que j'aime dans ses romans convient parfaitement au reportage dont il est ici question.
Jugez vous-mêmes : "J'ai voulu descendre dans la mine, passer la tête sous la peau de la planète comme on passe la tête sous la surface de la mer afin d'entrer dans une autre réalité aussi déterminante et invisible que l'est l'intérieur d'un corps humain. J'ai voulu vivre cette expérience, j'ai voulu l'écrire. Je suis partie à Kiruna."
Maylis de Kerangal réussirait à mettre de la poésie dans une notice de montage d'un meuble Ikea !
Je n'ai qu'un seul regret, la brièveté du texte. Cent quarante-six petites pages, et au revoir Kiruna. Mais ces pages sont intenses, et Kiruna vaut largement le déplacement.
Un grand merci à Babelio pour son opération Masse critique, ainsi qu'aux éditions La Contre Allée pour ce livre. Si le contenu m'a enchantée, le contenant n'est pas en reste : un très bel objet dans un tout petit format parfaitement adapté, comme un petit carnet.
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C'est un reportage, un guide initiatique, une carte postale, un nouvel exercice de style, un texte inédit sous un tout petit format très esthétique.

Petit mais costaud, où Maylis de Kerangal, changeant de registre à nouveau, nous invite à la suivre dans la découverte d'une cité minière aux confins du territoire suédois.
Kiruna.
A vue de nez je l'aurais située en Afrique (oui bah j'ai dû penser à Kirikou, tout le monde peut se tromper) alors que non. Ici les jours sont boulottés par la nuit et on se les gèle sévère, dans une ville érigée aux seules fins d'exploitation du plus grand gisement de fer au monde.

C'est un voyage didactique et insolite, lyrique et concret, à la Kerangal donc, puisqu'outre l'originalité de sa plume, l'on retrouve ici la subtile alliance entre humanisme et techniques chère à plusieurs de ses oeuvres. Pour les Maylis-addicts, par conséquent, allez-y, c'est encore de la bonne.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Kiruna.
— A tes souhaits
— Merci.
— T'as encore marché pieds nus dans la neige ?
— Pire, j'ai caressé le cercle polaire qui a été privatisé par la World Company.
— Ah merde…

Kiruna ou comment le commandant Sylvestre des Guignols de ma jeunesse semble prendre les traits de Maylis de Kerangal au pays de la World Company rebaptisée LKAB pour l'occasion.
Dans le cadre d'un programme intitulé « Mineurs d'un autre monde », vas y ma poule, fais nous rêver.
Carte blanche à miss de Kerangal (adepte du format), commande de l'éditeur bref, un concept qui rapporte certainement mais que je trouve plus que discutable…
Un simple article bien ficelé de National Géographique sur le sujet m'aurait probablement beaucoup plus interpelé que ce bouquin assis le cul entre deux chaises.
Entre dépliant sorti tout droit de l'office de tourisme de Kiruna et chant à la gloire du bienfaiteur créateur de la mine, pardon, de la ville, aucune ombre ne vient ternir cette surexploitation de la terre par l'homme, pour l'homme et sa surconsommation de tout. Maylis de Kerangal nous fait un petit historique, survole façon supersonique plus d'un siècle d'outrances, d'outrages et de foutage de gueule des quelques blaireaux qui exploitent aussi bien les hommes que la terre. On sent bien parfois que deux trois trucs pourraient faire basculer l'auteure mais ceux qui payent ont du demander un livre à décharge ce qui me laisse cet arrière gout dont je n'arrive pas à me débarrasser.
Ca ne doit être que mon interprétation mais j'ai du mal aussi avec la fin du soit disant reportage.
L'auteure nous explique que le tourisme de masse qu'encourage l'état Suédois détruit peu à peu la nature, perturbe la faune et la flore, que la construction d'hôtels (de luxe forcément mais un formule1, ça serait pareil) blablabla sans omettre de nous préciser qu'elle a hâte d'aller passer la nuit dans « le fameux Ice Hotel devenu en quelques années l'un des établissements les plus désirables de la planète » (note de frais pour l'éditeur, trop cool comme taf) en se posant des questions existentielles du genre « est ce que mes cils vont durcir ? » (oui y a du lourd dans le questionnement de miss de Kerangal), bref que l'état était en gros responsable de la détérioration de ce bout de planète alors que LKAB, non. Ben voyons, plus d'un siècle d'extraction de milliards de tonnes de fer, c'est pas bien méchant.
Ah, j'allais oublier. L'auteure nous brosse quelques portraits de femmes… dont je laisse les lectrices un peu plus féministes que la moyenne découvrir quelques caractéristiques sur lesquelles je ne me prononcerai pas, j'veux pas d'ennuis avec les #tout et n'importe quoi.
En résumé, un an et demi d'investigation (oui c'est précisé à la fin novembre 2015 – avril 2017) pour pondre cette escroquerie superficielle, c'est à dégouter un journaliste de « Voici » ou de « Modes et Travaux » de bosser ses dossiers…
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
À Kiruna, fin novembre, la rue est feutrée, le vent siffle, et le bruit de mes pas s’étouffe dans la neige. Le froid qui aiguise la ville est le portant sonore de tout ce qui va, de tout ce qui marche, roule, glisse, crisse, de tout ce qui craque, et réverbère le moindre souffle comme un micro géant. Je perçois parfois la vibration de la mine, sourde, qui semble s’intensifier la nuit quand la ville dort, ou bien ce grondement sec quand on dynamite la roche à plus d’un kilomètre dans le fond de la terre. J’écoute.
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Je veux connaître la vie d'Alice, je veux savoir comment la gamine qui a grandi dans un village de la Beauce, sur les affleurements calcaires du Bassin parisien, fille unique d'un couple de pharmaciens cossus, se retrouve à moins de trente ans géologue à Kiruna. J'imagine la fillette savante et dégourdie, toujours dehors à s'aventurer sur ce sol fertile, cette couche de limon et de lœss, collectionneuse de minéraux et de mystères enfouis façon héroïne du Club des cinq, disposant sur l'étagère de sa chambre des pierres aux noms merveilleux qu'elle récite par cœur, les calcites et les quartz, les schistes et les basaltes, les amphiboles fibreuses, les améthystes violettes, les gypses limpides, les muscovites feuilletées, les fluorines et les pyrites, le soufre.
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J’ai cherché une mine comme on cherche un point de passage dans le sous-sol terrestre, un accès aux formes qui le structurent, aux matières qui le composent, aux mouvements qui l’animent, à ce qu’il recèle de trésors et de ténèbres, à ce qu’il suscite comme convoitise et précipite comme invention. Je l’ai cherchée comme on cherche la porte de cet espace inconnu sur quoi s’appuient nos existences, espace dont je ne sais s’il est vide ou plein, s’il est creusé d’alvéoles, de grottes ou de galeries, percé de tunnels ou aménagé de bunkers, s’il est habité, s’il est vivant.
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J’ai voulu descendre dans la mine, passer la tête sous la peau de la planète comme on passe la tête sous la surface de la mer afin d’entrer dans une autre réalité aussi déterminante et invisible que l’est l’intérieur du corps humain. J’ai voulu vivre cette expérience, j’ai voulu l’écrire : je suis partie à Kiruna.
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En un siècle d’existence, l’exploitation intensive du gisement a modifié le sous-sol de la ville : un milliard de tonnes de minerai ont été sorties de terre créant un réseau souterrain de voies, de tunnels, de boyaux, et tout cela a contribué, on s’en doute, à une déstabilisation générale du terrain. Affaissements, éboulis, fractures : plus la mine s’étend sous terre et plus les fissures apparaissent en surface. Ce phénomène de réplique, qui n’est pas propre à la mine de Kiruna, semble avoir évolué ici plus rapidement que prévu, finissant par menacer directement des maisons situées le long de la veine et par entraîner des évacuations urgentes, effectuées au coup par coup et sans plan établi dès les années 60. Depuis l’exploitation a progressé, suivant l’orientation de la veine de minerai qui s’enfonce en plan incliné sous la ville, et les galeries se sont dangereusement rapprochées du centre de l’agglomération. Dès lors, ce que l’on anticipait il y a un siècle se précipité, inéluctable : la ville s’effondre, elle est peu à peu engloutie par la mine. Des visions d’apocalypse surgissent – gouffres, brèches, glissements de terrain, maisons et silhouettes aspirées par le fond de la terre – quand il s’agit d’une menace plus insidieuse : édifices qui se froissent, béton qui se lézarde, trottoirs qui se fendillent comme du biscuit sec, béances et craquèlements.
Intimement liés, les destins de la mine et de la ville sont désormais pris dans une même impasse : si la mine continue de s’étendre sans que rien ne bouge, les habitants, menacés, finiront par vider les lieux. Or la mine a besoin des hommes pour fonctionner, et du cadre de vie que leur donne la ville pour les retenir dans cette région des confins, enfouie dans la nuit polaire ou baignée du soleil de minuit. Si la mine fermait ou si le rythme d’extraction du minerai ralentissait afin de préserver ce qui peut encore l’être, alors Kiruna se viderait sans doute d’au moins la moitié de ses habitants : il n’y aurait plus assez d’emplois pour retenir ici ceux qui vivent, directement ou non, de cette ressource.
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Vidéo de Maylis de Kerangal
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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