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EAN : 9782360841394
100 pages
Inculte éditions (06/10/2021)
3.4/5   108 notes
Résumé :
Tomi Motz, un ingénieur de 50 ans, est mandaté par son entreprise pour contrôler les installations du barrage de Seyvoz, dont l'édification dans les années 1950 avait provoqué l'engloutissement d'un village de montagne et la dispersion de ses habitants.
L'accomplissement de sa mission se voit empêché par une série de dérèglements sensoriels et psychiques faisant vaciller sa raison.
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Deux temporalités alternent dans ce roman. Il y a le présent qui s'appuie sur la fiction, à la lisière du fantastique, avec un ingénieur mandaté pour vérifier les installations du barrage de Seyvoz et des retours dans le passé, dans les années cinquante, avec la construction de ce barrage hydroélectrique au beau milieu des montagnes alpines, au moment où la France sort de la Seconde Guerre mondiale, et où les besoins en énergie sont immenses. Sauf que l'édification de ce barrage a entraîné la création d'un lac artificiel et englouti le village installé là.
Depuis Paris, Tomi Motz est envoyé à Seyvoz pour une mission concernant la maintenance des installations. Lorsqu'il arrive au barrage où il a rendez-vous avec un certain Brissogne, le responsable de la maintenance, personne n'est là. de plus, des choses bizarres comme son téléphone qui ne capte rien alors qu'il se trouve sur le plus important site producteur d'électricité de la nation. La centrale électrique de Seyvoz serait donc une poche de territoire sans couverture réseau, une zone blanche… Étrange ! Étrange également cette Clio rouge dont la conductrice qui, après lui avoir délivré un message, s'enfuit, tout comme est bizarre l'hôtel où il est descendu.
Pendant quatre jours, cet ingénieur solitaire, mu par une sorte d'attraction incontrôlable, va donc arpenter la zone avec la sensation d'être prisonnier d'un champ magnétique étanche, sa mission perturbée par une série de troubles sensoriels et psychiques faisant naître chez lui des visions étranges. le réel se dérobe autour de lui et tout vacille jusqu'à sa propre raison…
Ce récit est entrecoupé de bribes du passé avec notamment l'engloutissement de ce village aux habitants peu convaincus de la pertinence de leur sacrifice.
Si j'ai été un peu moins réceptive au présent assez fantasmé, j'ai beaucoup apprécié les retours dans le passé et le rappel de cette construction du barrage de Seyvoz – barrage de Tignes en Savoie, dans la réalité.
La description du village, de la vallée et de ses habitants dans les années cinquante est particulièrement réussie et rend parfaitement compte du séisme que cela a été pour eux de devoir abandonner leur lieu de vie. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenté de résister !
On assiste vraiment à un combat inégal, le pot de fer contre le pot de terre, et, en avril 1952, les derniers habitants doivent quitter leur village ; ayant décidé, pour garder un lien avec l'histoire, de reproduire l'ancienne église à l'identique, ils procèdent alors à l'évacuation de leur église.
Difficile de ne pas être saisi lors de l'exhumation du cimetière à quelques jours de l'engloutissement, et en phase avec ces villageois outrés que l'on vienne déterrer leurs morts.
Une évacuation particulièrement violente marque les esprits d'alors et ce jusqu'à nos jours.
Quant au barrage lui-même, le plus haut d'Europe à l'époque, Maylis de Kerangal et Joy Sorman, racontent avec précision la construction de cet ouvrage pharaonique, l'appel à main d'oeuvre et les conditions de travail dantesques, sans oublier ceux qui ont y ont laissé leur peau, certains, avalés par ce mur gigantesque, les comparant à ces habitants de Pompéi, « ces vies solidifiées qui ne redeviendront jamais poussière. »
Elles n'omettent pas de signaler que les dangereuses conditions de travail et la volonté de faire vite ont coûté la vie à 52 ouvriers.
Le barrage fermant désormais leur vallée et allant être mis en eau, noyant leur village et leurs pâturages, c'est avec beaucoup de tristesse qu'on assiste impuissants, aux côtés des villageois au dynamitage de leurs maisons et à leur violente évacuation.
Seyvoz, bien qu'écrit par deux auteures, Maylis de Kerandal et Joy Sorman, est un roman singulier car elles ont su unir leurs voix et leur talent pour créer un roman richement documenté, d'une grande sensibilité, mélangeant savamment réel et imaginaire, ce dernier pouvant parfois prendre le pas sur la réalité.
C'est à la suite d'une proposition faite par le collectif d'auteurs, Inculte, dont la marque de fabrique est le livre collectif, que nos deux écrivaines ont relevé le défi d'écrire à quatre mains : un défi que je qualifierais de particulièrement réussi !

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Petit roman sans vraiment de début et encore moins de fin. Il m'a laissé l'impression que rien n'était abouti dans cette écriture à deux mains et les errements de l'ingénieur chargé de réaliser des contrôles sur un barrage gigantesque ne m'ont vraiment pas emporté.

Il erre durant trois journées et nuits interminables pour lui, ce pauvre garçon, il est sans doute victime d'hallucinations nocturnes et diurnes mais le fantastique qui veut rejoindre une réalité diffuse ne favorise pas une accroche solide à ses préoccupations.

Les quelques rencontres qu'il réalise demeurent vides à la fois de sens et de densité. Il reste l'ambiance de montagne qui aurait pu être rendue par une écriture plus percutante.

Pour moi, le seul intérêt a résidé dans l'histoire vécue par les habitants lors de la destruction de leur village pour la mise en eau du barrage et l'épisode sur les cloches peut être assez prenant.

Pour le reste, c'est donc plutôt une déception d'autant que j'ai apprécié dans d'autres textes l'écriture de Joy Sorman et de Maylis de Kerangal.
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Tomi Motz est dépêché à Seyvoz par l'entreprise qui l'emploie pour un problème de maintenance : des anomalies ont été détectées dans les installations du barrage. Arrivé sur les lieux, personne. Il tente de joindre quelqu'un au téléphone, pas de réseau. La personne avec laquelle il avait rendez-vous n'a pas pu venir lui dit une rousse en Clio rouge sans même prendre la peine de descendre de sa voiture. Et elle s'en va, le laissant là. Il saute dans sa vieille Passat et tente de la rattraper. Il la suit bien un moment, mais la voiture disparaît. Il se rend alors à l'hôtel, personne. Il trouve un post-it avec son nom, le numéro de sa chambre et le code wifi, mais ne voit personne… Tout cela est bien intrigant et un peu inquiétant !
***
Ce roman à quatre mains, écrit par Maylis de Kerangal et Joy Sorman, se divise en quatre jours qui se déroulent sur deux axes temporels : le présent (police de caractères noire et narrateur à la troisième personne) et le passé (police de caractères bleue et narrateur à la première personne). Au présent, les événements deviennent de plus en plus étranges au fil des jours. le peu de gens que Tomi rencontre brièvement sont incapables de l'aider. Ni le stagiaire, ni la patronne de l'hôtel, ni le vendeur de charcuterie ne pourront répondre à ses questions. Il reste seul, sans aide, et presque toujours sans réseau. Il sent l'angoisse monter, amplifiée par le manque de nicotine. Au passé, c'est le drame, bien réel. Au début des années cinquante, les habitants de Seyvoz doivent quitter leur village puisqu'il sera prochainement englouti sous un lac artificiel créé par le barrage en construction, puis sur le point d'être mis en eau. Si certains s'en vont sans trop rechigner, d'autres décident de résister tout en étant conscients que la partie est déjà jouée et que les dés étaient pipés…
***
Au présent, l'intrusion du fantastique vient brouiller les perceptions de Tomi comme celles du lecteur grâce à des images et des symboles qui font douter des frontières entre réel et irrationnel. La conscience de l'environnement se modifie. On bascule dans un monde instable où tout apparaît mouvant. Seul un intense sentiment de solitude persiste. Au passé, on vit avec les hommes venus construire le barrage (lourd tribut : 52 morts). Et le désespoir perceptible des expropriés, leur frustration et leur colère, leur amère résignation se transmettent au lecteur. L'Éducation sentimentale accompagne Tomi et lui apporte de temps en temps un peu de réconfort, mais trop brièvement pour lui permettre de reprendre pied. Un bref et beau roman, une écriture maîtrisée et assez homogène pour que je n'identifie pas la patte de chaque autrice, bien que je sois tentée d'attribuer les parties les plus techniques à Maylis de Kerangal, forcément. Je n'ai pas deviné qui était le narrateur à la première personne…
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Un barrage contre l'oubli

Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont uni leurs plumes pour raconter l'histoire du village englouti par l'édification du barrage de Tignes. Sur les pas d'un ingénieur arrivé pour la maintenance, on va découvrir l'esprit du lieu.

Quand Tomi Motz, après une longue route depuis Paris, arrive au barrage de Seyvoz, il a la désagréable surprise d'apprendre que Brissogne, qui l'a convoqué, ne viendra finalement pas. Résigné, l'ingénieur gagne l'hôtel d'Abondance où une chambre lui a été réservée. Après avoir regardé quelques épisodes d'une série, il s'endort du sommeil des justes.
C'est à ce moment que Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont choisi d'insérer dans leur roman, avec une couleur d'encre différente, la chronique du temps passé, lorsque Seyvoz était encore un village de montagne. On pourra ainsi, au fil du récit découvrir l'histoire de Seyvoz, au moment où les habitants apprennent qu'ils n'ont plus que quelques jours à passer dans le village avant que ce dernier ne soit englouti sous les eaux de retenue du barrage. le temps de célébrer un dernier mariage et les trois cloches de l'église de Notre-Dame-des-Neiges seront déposées. On ira même, suite à des débats enflammés, déterrer les morts du cimetière et leur offrir une nouvelle sépulture à quelques kilomètres de là. «Comme le garde champêtre refusait de le faire, c'est Beaumichel qui a donné lecture de l'ordre du préfet: abandon du cimetière de Seyvoz, exhumation, transfert et inhumation des corps dans le cimetière nouvellement ouvert du hameau du Ruz, autour de l'église que l'on finissait de bâtir, un fac-similé de Notre-Dame-des-Neiges dont les habitants de Seyvoz haïssaient l'idée, jurant qu'ils n'y foutraient pas les pieds.»
Tout aussi fort en émotions, on suivra l'un des immigrés venu prêter main forte à l'édification de cet édifice monstrueux. Joaquim ne rentrera jamais dans son Portugal natal ou encore le vain combat de la dernière poignée de résistants opposés à la destruction de leur village.
À son réveil, Tomi entend retrouver Brissogne, lui dire son fait, assurer sa mission de contrôle des installations et rentrer à Paris. Mais son programme va à nouveau être perturbé. D'abord parce que Brissogne reste introuvable, ensuite parce qu'un grésillement bizarre émane d'une partie du barrage, enfin parce que Tomi a quelques problèmes de santé. Il n'a alors d'autre choix que de passer une nouvelle nuit dans hôtel qui affiche complet, bien qu'il ne croise personne dans l'établissement.
Le troisième jour va encore lui réserver quelques surprises que je vous laisse le plaisir de découvrir, à la frontière du voyage initiatique et du fantastique.
Les deux autrices ont habilement su mêler leurs plumes – elles ont parfois rédigé ensemble et se sont aussi répartis certains chapitres sans que l'on puisse attribuer le texte à l'une ou à l'autre – pour nous offrir différentes entrées, manières d'appréhender ce mur de béton qui depuis plus d'un demi-siècle barre la vallée de ses 180 m de haut et ses 300 m de long. En faisant revivre les habitants du village qui, au début des années cinquante, ont dû tout abandonner devant l'inexorable montée des eaux, en nous entrainant dans la vallée et même dans le lac à l'occasion d'une plongée mémorable dans les 240 millions de mètres cubes d'eau, on découvre combien ce lieu est chargé d'un esprit très particulier. Et nous donne l'envie d'une escapade dans les Alpes.


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Cinq jours c'est le temps que va durer la mission de Tomi Motz, la cinquantaine, dans une région montagneuse non nommée et qui a pour but de faire un état des lieux du barrage hydroélectrique de Seyvoz, barrage qui a nécessité dans les années 1950, la "noyade" d'un village, engloutissant maisons, église, cimetière pour faire place à un mur de béton et une étendue d'eau. Un village rayé de la carte au nom du progrès.

Sur place il se retrouve seul dans un environnement sans âme comme l'hôtel où il réside, ni réseau internet, un décor fantomatique dans lequel toute vie semble avoir disparu. Il va chercher à comprendre les étranges sensations ressenties à l'approche de l'édifice comme si le passé et l'histoire de ce village englouti cherchaient à refaire surface, à manifester leurs présences, leurs résistances.

C'est un récit à deux plumes et deux voix : les deux plumes sont celles de Maylis de Kerangal et de Joy Sorman qui ont imaginé conjointement l'histoire d'un village parmi d'autres qui fut englouti au nom de la fée électricité, du modernisme galopant faisant fi de ceux qui l'habitaient et y avaient leurs racines mais également transformant les paysages. Les deux voix sont celles de Tomi et du Passé, ce dernier étant identifiable par l'encre bleue utilisée comme celle de l'eau montante, qui relate comment l'évacuation a eu lieu, comment on est contraint à quitter la terre qui porte l'histoire des familles, une terre que vous aimez et dans laquelle reposent ceux qui vous ont précédé :

"Je me demande s'ils se sont arrêtés sur le seuil des maisons, s'ils ont respiré à pleins poumons tandis que leur regard embrassait ce paysage qui avait littéralement façonné leur vie - un travelling panoramique qui aurait combiné l'exploration horizontale et l'échappée vers les cimes - s'ils l'ont regardé comme on se penche sur ce qui va mourir, pour ne pas l'oublier. Je ne le pense pas : ce n'est pas ainsi qu'ils habitaient leur pays. Non qu'ils fussent désinvoltes, oublieux, et incapables de relever précisément de qui devait l'être pour le confiner au fond d'eux-mêmes - dessiner, enregistrer, photographie, filmer - mais la montagne leur était autre chose, ils vivaient dedans, c'est le corps qui logeait leur existence, ils ne s'en séparaient pas et marchaient le plus souvent tête baissée - savoir où poser les pieds sur ce terrain de glace et de cailloux est plus recommandé que cligner de la paupière devant ce qui scintille là-haut. (p20)"

Cinquante ans que le village a été rayé de la vallée montagneuse, cinquante ans c'est l'âge de celui qui doit faire le bilan d'un "ouvrage d'art" comme on pourrait nommer ce mur de retenue des eaux mais qui ne pourra que constater les traces et amertumes laissées par la disparition d'un lieu dont l'existence remontait à plusieurs siècles. En faisant de Tomi le témoin de l'après-barrage, les autrices ont choisi de le décrire comme un solitaire notant ses rêves afin d'y trouver des prémonitions, suivi par un psychanalyste et tentant de mettre fin à sa dépendance au tabac. Lui-même semble n'avoir d'autre vie que celle de vérifier que tout fonctionne, est conforme alors que lui-même se détraque.

Il y a grâce à la voix du Passé le récit poignant des derniers instants du village, des derniers "résistants" alors que l'eau monte peu à peu, le souvenir de ceux qui sont venus parfois de loin pour travailler à l'édification de l'ouvrage et qui sont prisonniers de la matière, il y a le symbole des trois cloches Alba, Egalité et France qu'il est impossible d'abandonner dans le clocher car elles étaient l'âme du lieu rythmant leurs vies comme il était inenvisageable d'oublier dans le sol ceux dont c'était la dernière demeure.

"De fait, être de Seyvoz, c'est avoir eu l'oreille formée aux volées des trois soeurs de Notre-Dame-des-Neiges, reconnaissables entre toutes, à l'instar d'une voix humaine. Là où se portent les ondes d'Alba, Egalité et France, le vallon devient semblable à une cloche renversée, un nid, le berceau de ceux qui vivent ici : ils sont là chez eux. (p25)"

C'est un roman dans lequel le réel créé l'imaginaire, ils se côtoient, laissant planer une atmosphère, des silences, un événement parmi d'autres qui m'a rappelé des images d'autres lacs où d'autres villages dont ne subsiste que le clocher dépassant la surface de l'eau comme seul témoin et rappel de sa vie passée... "N'oubliez pas ! Ici étaient un village et ses habitants".

J'ai cherché à savoir si Seyvoz avait existé mais n'ai trouvé que la trace d'un événement similaire qui s'est déroulé en 1952 à Tignes enfouissant l'ancien village sous les flots malgré la résistance des habitants n'ayant cédé qu'à la volonté implacable de l'autorité et de la force dont les autrices se sont peut-être inspirées.

Maylis de Kerangal et Joy Sorman au sein du collectif Inculte nous livrent un témoignage à la fois sensible, mystérieux et documenté (on y retrouve la précision apportée par Maylis de Kerangal dans ses ouvrages et peut-être de Joy Sorman mais je n'ai à ce jour rien lu d'elle) que j'ai aimé, malgré le climat oppressant des lieux hantés par les fantômes du passé mais qui grâce à l'imagination des deux autrices ont su attirer mon attention sur des événements qui ont chamboulé à la fois les lieux par leur transformation mais également les esprits par ce qu'ils y ont laissé et qui y demeurent peut-être encore.
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
04 août 2022
Un projet original de coécriture de deux magnifiques écrivaines.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
28 mars 2022
Maylis de Kerangal et Joy Sorman arpentent les alentours d’un barrage géant dans un conte moderne inquiétant.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Elle
01 mars 2022
À deux, les écrivaines flirtent avec le fantastique et tissent un texte elliptique et assez mystérieux, qui fait s'enchevêtrer deux temporalités [...], mais parle d'une seule voix, comme le duo harmonieux de deux cantatrices.
Lire la critique sur le site : Elle
LesInrocks
23 février 2022
Les deux autrices explorent les vestiges et les échos d’un village immergé par le lac artificiel d’un barrage hydraulique. Une mise à jour mémorielle, sensorielle et politique.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Culturebox
23 février 2022
Maylis de Kerangal et Joy Sorman ravivent les souvenirs d'une catastrophe : l'engloutissement d'un village français dû à la construction d'un barrage hydroélectrique dans les années 50.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Sur une petite aire de dégagement, il s'arrête face à cette muraille qui sectionne le paysage, immense coupe de béton, vertigineuse, elle l'impressionne encore, suscitant toujours le même émerveillement et le même effroi -- cette émotion mêlée qu'on éprouve face au gigantesque, au monumental, à ce qu'il a de déraisonnable.
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L'espace est silencieux, la route qui couronne le barrage est vide, seul un épervier de grande envergure plane au-dessus du lac, décrivant des cercles dans le ciel pur.
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Les cimes sont blanches encore, éblouissantes, mais les flancs cérusés, austères, la roche brute, couleur d'acier frotté, maculée de plaques herbeuses à mesure que l'on descend les pentes et que s'efface le monde minéral.
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Le lac a toujours cette apparence de mélasse, d'un bleu mat, radioactif, il aimante le paysage, l'engloutit dans son épaisseur liquide.
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Partout on dynamite le rocher calcaire, des tonnes de terre et de cailloux jaillissent en gerbes continues, et Joaquim comprend vite que le travail sera épuisant et dangereux. Il découvre que les accidents sont fréquents, qu’une vingtaine d’ouvriers sont déjà morts, fauchés par des rafales de roche. Le chantier est cerné de journalistes, qui tiennent la chronique quotidienne du barrage, relatent les aléas, et parfois les performances techniques, racontent la colère des éleveurs, et aussi la satisfaction des élus locaux. Et derrière eux se tient une autre garde, celle des gendarmes qui surveillent désormais les travaux jour et nuit, la nuit surtout, depuis qu’une série de sabotages – incendie d’un transformateur, vols de matériel, pneus crevés et réservoirs siphonnés – a retardé la construction du barrage et perturbé la communication enthousiaste du maître d’œuvre, impuissant à convaincre les habitants du village de la pertinence de leur sacrifice.
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Vidéo de Joy Sorman
Entretien mené par Sophie Joubert
Avec le témoin, Joy Sorman poursuit, cette fois à travers la fiction, son exploration de nos « lieux communs », ceux qui racontent le monde et jettent une lumière crue et acérée sur la société dans laquelle nous vivons. Dans ce roman mâtiné de réel, l'autrice imagine qu'un homme, nommé Bart, pénètre à l'intérieur du palais de justice de Paris et décide de s'y installer clandestinement. Caché la nuit dans un plafond et arpentant le jour les salles d'audience, il assiste au spectacle de la justice – ou est-ce plutôt à celui de l'injustice ? Mais pour quelle raison Bart a-t-il quitté sa vie et organisé sa disparition ? Que cherche-t-il dans ce lieu inhabitable ?
À lire – Joy Sorman, le témoin, Flammarion, 2024.
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