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EAN : 9782070392841
178 pages
Gallimard (14/03/1995)
3.97/5   113 notes
Résumé :

Des scènes de la vie privée en Russie bolchéviste.
Un professeur de mathématiques calme et pondéré devient communiste et commissaire du peuple, maltraite sadiquement un village ; il meurt chef d'une bande antisoviétique après avoir brûlé vifs dans la grange où ils dorment ses compagnons prêts à le trahir. Une petite fille de treize ans, instruite de ses droits et débauchée par un vieillard, échoue sur le trottoir à Moscou : elle tue un client ivr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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En 1922, date de parution de ce premier opus, Joseph Kessel est journaliste de politique étrangère. Il a 24 ans et s'est déjà trouvé engagé dans la Première Guerre mondiale comme artilleur puis comme aviateur.

Il a vécu quelques années de sa petite enfance en Russie, patrie de sa mère. Les sept nouvelles qu'il nous livre se déroulent au cours de la guerre civile qui a succédé à la révolution d'Octobre 1917. le chaos est partout. La violence et la terreur ont anéanti la société russe, Blancs et Rouges confondus.

Dans les campagnes comme dans les villes, en plus de la famine et de la misère, règne l'implacabilité des décisions arbitraires de la nouvelle police politique, la Tchéka, bientôt remplacée par la Guépéou elle-même absorbée par le NKVD puis par le KGB qui sévit toujours aujourd'hui.

Chaque nouvelle relate un épisode dramatique de cette époque bouleversée et nous montre, avec réalisme, comment des hommes, des femmes et des enfants s'y sont pris pour survivre ou mourir sous ce régime de terreur.

La plume de Joseph Kessel est un scalpel. Elle porte déjà en elle les germes de cette écriture et de cette observation minutieuse qui feront de lui l'un des grands écrivains français du XXe siècle.

C'est un livre rouge sang. Celui de la vie et celui de la mort.

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Je me suis laissée tenter par la couverture rouge et l'accroche en 4ème de couverture de cette édition France Loisirs : « Des scènes de la vie privée en Russie bolchévique. »

Il s'agit du premier livre de l'auteur (publié en 1923) et c'est aussi le premier que je lis. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre.

Les 7 nouvelles qui composent se recueil ne sont pas de « belles » histoires mais l'écriture de Kessel est quant à elle sublime. Il a le sens de la métaphore. Par exemple, j'ai énormément aimé ce passage :

« Pour toute réponse, il obtint un ricanement. Mais ce ricanement était plus lugubre que la nuit, que la peur elle-même. Il y avait en lui lui du sarcasme, de la haine, de la plainte et de la terreur. Il semblait sortir à la fois d'une bouche édentée de vieillard et de la gorge hystérique d'une femme. C'était la folie qui riait. Et comme s'il avait la fièvre, Erchof se mit à grelotter. » (Les deux fous)

Les histoires russes sont souvent empreintes d'injustice, de cruauté, de misère, … Ces nouvelles ne font pas exception (Le chant de Fedka le Boiteux, Au marché, La croix, le caveau n° 7).

« La poupée » est la nouvelle avec laquelle j'ai eu le plus de mal. L'histoire de la petite Léna m'a vraiment brisé le coeur.

« L'enfant qui revint », aussi très poignante, parle de trahison et d'amour maternel.

« Les deux fous » est la nouvelle que j'ai préféré. C'est un ingénieur qui se voit contraint de se cacher dans un asile d'aliénés. Je me disais que cette nouvelle aurait pu être développée en roman. C'est la seule histoire que j'ai trouvé trop courte.

Une belle découverte mais attention aux âmes sensibles… cette lecture n'est pas joyeuse.



Challenge multi-défis 2018 (56)
Challenge petits plaisirs 2018 (4)
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Belle écriture mais les histoires sont terribles. Préférable de ne pas les lire quand on a le blues.
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Sept nouvelles sont regroupées sous le titre La steppe rouge. C'est le tout premier livre de Jeff Kessel, un jeune homme de 24 ans qui deviendra le vieux lion à la crinière bien connue, voyageur, grand reporter, écrivain, académicien et grand pourvoyeur de scénarios très divers, Belle de jour, Les Cavaliers, La passante du Sans-Souci, L'armée des ombres. C'est du brutal. La Russie, juste après la révolution bolchevique. On ne fait pas dans la dentelle et Kessel n'est pas un délicat miniaturiste. Plutôt un arpenteur du monde entier, aux semelles souples et aux rudes vérités des horreurs planétaires, à cette époque à la case, russe pour cette fois, case tortures et dénonciations, démence et trahisons.

Les sept textes sont tous terribles de noirceur. C'est peu dire que le genre humain n'en sort pas grandi. Fedka le discret professeur devient tortionnaire en quelques jours, changeant de camp sans vergogne à l'occasion. Une cousine dénonce un enfant miraculeusemnt épargné une première fois. Les deux fous est le texte le plus fort à mon avis. Un médecin aliéniste cache un ami dans le pavillon des fous. Il lui faudra se méfier de son compagnon de cellule, à qui l'on a dit la même chose. "Et, dans la détente commune de leur émotion, sans dire un mot, les deux "furieux" s'étreignirent avec des larmes et des balbutiements."

L'innocence n'a plus cours, ni à Odessa, ni à Petrograd. Tout le monde est suspect, de la prostituée de treize ans au vieillard édenté, et le frère d'hier prêtera demain la main au bourreau. Joseph Kessel, qui aura tout connu, nous donne avec ce livre de jeunesse l'essentiel, en un style certes assez journalistique, d'une Europe ensanglantée et désespérante, qui hélas ne faisait que commencer son siècle hallucinant. Ce n'est pas dans les salons ni même les rédactions enfumées qu'il a puisé son inspiration.
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J'ai été complètement charmée par la lecture de la steppe rouge de Joseph Kessel.

Dans ce premier ouvrage, sous la forme de nouvelles, l'auteur relate des épisodes de la vie de gens ordinaires en Russie, après la révolution bolchevique de 1917. On voit ainsi comment la misère et la terreur, savamment entretenus par le pouvoir en place incarné par la Tchéka, peut révéler les aspects les plus horribles de l'être humain.

Il s'agit là d'un livre petit en nombre de pages, mais extrêmement intense à lire. Les personnages sont touchants, particuliers, à un point qu'on ne peut pas les oublier. Tout ceci est servi par une écriture remarquable.
Je conseille donc à tous la lecture de ces nouvelles de Joseph Kessel, excellent rappel pour moi de la qualité de son écriture. Il s'agit réellement d'un moment de lecture.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Pour toute réponse, il obtint un ricanement. Mais ce ricanement était plus lugubre que la nuit, que la peur elle-même. Il y avait en lui lui du sarcasme, de la haine, de la plainte et de la terreur. Il semblait sortir à la fois d’une bouche édentée de vieillard et de la gorge hystérique d’une femme. C’était la folie qui riait. Et comme s’il avait la fièvre, Erchof se mit à grelotter.
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Dans le temps, lorsque les chats me griffaient l'âme, l'allais chez les Tziganes. Je les saoulais, et c'étaient des chants, ah! des chants plus beaux que le paradis, des chants à faire crever de tristesse.

(La poupée)
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Alors, devant cette femme presque nue, aux cheveux défaits, dans le caveau qui sentait la mort et où trainaient des cadavres, le soldat entendit venir à lui toutes les paroles d'amour des vieilles légendes russes, toutes les paroles caressantes que le coeur populaire a mises dans ses contes et ses chansons, tout ce que les grandes steppes bruissantes, les rivières immenses aux flots lents, les forêts pleines de rêve, ont dicté pendant des siècles aux hommes slaves coiffés de cheveux blonds et dont le regard est bleu. Comme un vol d'oiseaux soyeux, elles entouraient Ieremeï et il en berçait Agafia, qui alors seulement se rappela qu'elle les connaissait.
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Erchof aurait voulu courir vers sa demeure et s'y blottir comme dans une tanière. Mais il savait que ce désir était fou. Sa maison était surveillée par la Tchéka, première institution organisée dans la ville conquise, et lui-même pour avoir dirigé une fabrique de cartouches sous l'occupation blanche, était hors la loi (p. 143).
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Cette politesse tranquille et narquoise m'émut davantage que ne l'aurait pu faire la plus chaleureuse expression de gratitude. Elle était comme un souffle hardi dans cette prison qui suait l'angoisse et la dégradation. Elle me rappelait que j'étais un homme et que j'avais un homme près de moi. Je serrai fortement la main fraîche de mon compagnon et eus honte de sentir que la mienne était moite.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
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Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

L'affiche rouge
Potemkine
Le chant des partisans

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