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Ryôji Nakamura (Traducteur)René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782020789530
586 pages
Seuil (04/05/2006)
4.03/5   222 notes
Résumé :
« Qu’était devenue son existence ? Dans quel but avait-elle travaillé ? Dans quel but avait-elle vécu ? En pensant à l’usure des ans et à sa situation présente, sans endroit où se réfugier, elle sentit ses larmes rouler sur son visage. C’est probablement pour cela qu’elle avait choisi de travailler à la fabrique de nuit. Dormir le jour, travailler la nuit. Mettre son corps constamment en action, s’épuiser à l’extrême pour s’empêcher de penser. Mais mener une vie à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Quatre femmes travaillent de nuit dans une usine de panier-repas de Tokyo. Leur point commun ? Elles ont toutes des maris détestables, et détestés. Il y a d'abord Masako, la volontaire, tacitement considérée comme la meneuse du groupe. Son mari et elle vivent séparément sous le même toit, et leur fils, volontairement devenu muet, s'enferme dans sa chambre. Yoshie est une mère célibataire, plaquée par son mari qui, en cadeau d'adieu, lui a laissé la charge de sa belle-mère grabataire. Elle tente tant bien que mal de s'occuper de sa fille, adolescente désintéressée sur la mauvaise pente, et de lui payer ses frais de scolarité. Kuniko est une femme complexée, dépensière, vénale et orgueilleuse dont le mari, à la suite d'une dispute, s'éclipse avec toutes leurs économies, la laissant criblée de dettes. Enfin, Yayoi, la plus jeune, est la mère de deux charmants bambins qu'elle n'aime pas laisser seuls quand elle doit partir travailler. Son mari ne s'occupe pas de sa famille, ne s'intéresse plus à elle malgré sa beauté, et dépense tout leur argent pour courtiser une hôtesse.

Un beau jour, Yayoi finit par le tuer. Hors de question de se rendre. Il va bien falloir se débarrasser du corps, mais vers qui se tourner ? Les quatre femmes vont se retrouver plus ou moins malgré elles entraînées dans un tourbillon de noirceur, une spirale infernale dont il va falloir trouver la sortie. On les regardera se débattre les unes après les autres, comme prises au piège dans une gigantesque toile d'araignée, alors qu'au fur et à mesure d'autres personnages, tous plus noirs les uns que les autres, se feront attraper. Il faudra être sur ses gardes, car un mal plus sombre que tout le reste rôde, attendant patiemment son heure.

Out est un roman policier peu conventionnel, dont on suit le déroulement du point de vue des coupables, coupables qui attirent la sympathie du lecteur, qui finit par espérer qu'elles se sortent de l'engrenage dans lequel elles se sont mises. Au travers de ses personnages à la psychologie troublante, voire dérangeante, Natsuo Kirino dépeint la condition de beaucoup de femmes japonaises, enfermées dans leur condition d'objet, qu'il soit décoratif ou sexuel. Un monde d'hommes, machiste et violent, où les gestes et considérations d'une femme n'ont pas leur place. Kirino plante un scalpel tranchant dans la nature humaine et tire d'un coup sec, découpant et déchirant au passage les relations que peuvent avoir les hommes entre eux, l'amitié, l'amour ou la haine. Un roman haletant, noir et cruel, à déconseiller aux âmes sensibles. Personne n'en sortira indemne.
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De minuit à cinq heures du matin, sans la moindre pause, Masako, Yoshié et Yayoi garnissent des paniers-repas qui passent devant elles sur un tapis roulant. le travail à la chaîne exigeant une forte dose de complicité, les quatre femmes s'entraident.
Elles ont d'autant moins la vie facile que le jour, elles doivent malgré leur fatigue affronter une vie de couple ennuyeuse et des maris qui les traitent comme de vulgaires objets encombrants. Lorsque commence le récit, Yayoi vient une fois de plus de se disputer avec son conjoint, qui dilapide au jeu l'argent qu'elle est seule à gagner. Un jour, n'y tenant plus, elle l'étrangle.

Une femme qui tue sans préméditation ne sait plus quoi faire pour se débarrasser du cadavre : toute seule, elle ne peut le transporter. Yayoi fait donc tout naturellement appel à Masako. Ce sera le début d'un engrenage infernal...
Entre actes de haine et cadavres découpés en morceaux, Out est un thriller haletant et terrifiant.
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Out est définitivement " in " .

Jeu de mot , il est vrai , facile contrairement à la vie que mene ce quatuor de femmes travaillant de nuit à la confection de plateaux repas . Mais ne dit-on pas : travail besogneux , mariage heureux ? non ! A ce travail harassant s'ajoute une double peine , une cellule familiale qui n'en a que le nom !
Masako , leader incontesté , au passé trouble , de ce groupuscule apparemment soudé , cohabite plus qu'elle ne vit avec un mari démissionnaire et un fils qui ne lui adresse plus la parole .
Yoshié , surnommée " la patronne " au boulot , est une femme usée qui éleve seule son enfant et sa belle-mere grabataire . Elle assure au travail mais s'en remet totalement à Masako pour le reste...
Kuniko ne vit que pour et par l'argent . Se trouvant grosse et moche , elle a fait du paraitre une ligne de vie , dépensant à tout va l'argent qu'elle n'a pas si ce n'est au travers de ses nombreux prets qu'elle peine à rembourser...Derriere une attitude bravache , elle craint Masako qui lui en impose encore malgré leur différence d'age..
Et enfin , l'on retrouve Yayoi . La plus jolie des quatre n'a pas plus de chance avec un mari volage et joueur qui à la main leste lorsqu'il a un peu trop bu . Elle sera à l'origine de ce thriller psychologique de haute volée en l'etranglant et s'en remettant , elle aussi , à Masako pour faire disparaitre le corps .

A des niveaux diverses , ces quatre personnages seront désormais complices de meurtre et feront ainsi de leur vie un enfer ! Dans leur malheur , c'est Sataké , un patron de jeux clandestins au casier judiciaire bien rempli et aux rapports plus qu'atypiques avec la gente féminine , qui sera dans le collimateur de la police . Relaché , il n'aura qu'une obsession , retrouver et punir le ou les auteurs de cet assassinat qu'on lui impute !

Honnetement , j'ai lu des thrillers bien plus sanglants ( encore qu'il y ai de veritables moments de bravoure ) et d'une nervosité autre mais ce Out m'a pris dans ses filets lentement , irrémédiablement en me contant une histoire haletante dont les héros ou anti-heros sont des personnages à la dérive luttant juste pour survivre . Une rentrée d'argent frais , promise pour avoir fait disparaitre un corps , sera perçue comme une éclaircie salvatrice dans le brouillard de leur vie alors que c'est une nuit polaire qui les y attend desormais! Impossible de faire machine arriere ! C'est une course poursuite épique ou les chasseurs deviennent proies et ou les rebondissements foisonnent . Meme si le rythme est plutot lent ( thriller asiatique oblige , ne l'oublions pas ) , l'ennui y est cependant totalement banni grace à une écriture incisive au pouvoir hypnotiseur .
L'auteur nous livre un excellent thriller empreint d'une critique sociale des plus interessante sur la société Japonaise et la place de la femme en son sein .
Les personnages sont travaillés . Leur psychologie ultra fouillée .
Malgré le pavé , aucune fioriture , aucun raccourci facile .
Les seconds roles sont également là pour apporter leur écot à ce puzzle psychologique et y ont tous une place de choix .
Autre point remarquable , l'evolution des rapports entre ces quatre galeriens des temps modernes . D'amicaux , les rapports vont se distendre et les veritables natures se faire jour ! Quand la mort frappe a votre porte , le déni , la veulerie , la trahison , la délation ne sont jamais tres loin...
Et que dire du final epoustouflant , ce face à face inéluctable ou la condamnée semble se fondre en son bourreau , l'accepter comme son alter égo et...paf ! le chien...lisez et vous saurez...

Lire Out , c'est un peu comme rouler en DS , la vitesse fait défaut mais le plaisir de conduite est là et bien là !
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OUT est roman policier pas nécessairement japonais. La seule information que Natsuo Kirino donne sur le japon est que les travailleurs immigrés au Japon sont brésiliens.Les femmes avec qui Natsuo Kirino nous fait partager l'histoire ont des maris ressemblant à des hommes pas forcément Japonais.
La manière dont Natsuo Kirino nous a montré ces femmes qui ont monté leur petite entreprise m'a plu beaucoup. En effet, d'une nécessité, elles élaborent une idée et elles cherchent à l'appliquer.
Et bien longtemps après avoir fini de lire ce roman, je reste enthousiasmé par l'histoire d'amour passionnelle finale.
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Auto
Traduction : Nakamura Ryôji & René de Ceccatty

Si, sur Nota Bene, nous ouvrons ce fil non dans la section "Polars" mais dans celle dédiée à la littérature asiatique, c'est que, un peu comme la Barbara Vine qui se dissimule sous les traits de Ruth Rendell, Kirino Natsuo utilise un argument policier pour dépeindre et critiquer, de façon pertinente et souvent violente, la société japonaise moderne. Elle le fait, notons-le, avec une agressivité plus radicale que l'auteur anglais contemplant sa propre culture. Question - peut-être - de génération, plus sûrement de contexte : contrairement à la Grande-Bretagne, le Japon a connu tout d'abord une modernisation en quelque sorte à marche forcée et, après les horreurs d'Hiroshima et de Nagasaki, une américanisation outrancière qui, certes, a permis de relever le pays mais à quel prix ...

Dans une usine qui prépare des plateaux de sushis, quatre femmes venues d'horizons bien différents ont choisi, pour des raisons purement salariales, de travailler de nuit, c'est-à-dire de minuit à cinq heures du matin, en non-stop ou presque.

Katori Masao, la quarantaine bien affirmée, souffre du repli sur soi-même marqué depuis des années par son époux, souffrance aggravée par le silence dans lequel s'enferme désormais leur fils lorsqu'il vient à les croiser dans l'une ou l'autre pièce de leur petite maison. Jônuchi Kuniko vit pour sa part en concubinage avec un compagnon qui ne tardera pas à la quitter, et sans trop se soucier des dettes de plus en plus élevées qu'elle contracte pour se montrer sans cesse "dans le vent", à la manière occidentale. Azuma Yoshie, la plus âgée du groupe, réputée pour sa cadence au travail, est veuve et doit s'occuper d'une fille impatiente de voler de ses propres ailes mais bien contente de puiser dans la maigre bourse maternelle, et de sa belle-mère grabataire - à la fin du livre, elle se retrouve en outre en charge de son petit-fils, que sa fille aînée, enfuie depuis longtemps, revient sans cérémonie lui déposer chez elle. Enfin, Yamamoto Yayoi, pourtant la plus jolie du lot, connaît de gros problèmes de couple (scènes diverses, violences) auprès d'un époux qui sort de plus en plus et a commencé, sans bien sûr lui en rien dire, à fréquenter les salons de jeux et les bars à hôtesses les plus luxueux de la ville.

Un soir, vers les onze heures, alors qu'elle s'apprête à partir pour son travail, Yayoi, devant son aveu cynique qu'il vient d'épuiser toutes leurs économies, étrangle par surprise son mari. Reprenant ses esprits, elle décide de se confier à Masao, en qui elle voit probablement un substitut maternel, et celle-ci lui promet de l'aider à se débarrasser du cadavre ...

A partir de là commence, pour chacune de ces femmes - puisque, une à une, toutes finiront par être impliquées dans l'affaire - une descente non pas en Enfer mais au plus profond de ce que leur personnalité est capable d'accomplir pour se sortir sans trop de mal de ce que leur impose une société gouvernée par la volonté de ne jamais perdre la face, le désir insatiable de réussite et la tolérance la plus totale envers ce que peuvent s'autoriser les membres du sexe mâle.

Car "Out" est aussi une étude soignée - on pourrait presque écrire "au petit point" - de la condition féminine dans le Japon contemporain. Si l'on veut bien garder à l'esprit que la culture japonaise est, depuis toujours, à vocation patriarcale, on constate ici que la modernisation du pays n'a pas changé grand chose à cet état de fait : pis, elle semble même l'avoir aggravée. L'Homme domine toujours, tout lui est permis mais la femme, elle, doit encore, sous peine d'être cataloguée comme mauvaise épouse, mauvaise mère, etc, etc, ..., endosser toutes les corvées quotidiennes, et ceci sans protester une seule fois. Faute de quoi, elle risque gros, telle Jônuchi, personnage à vrai dire assez peu sympathique qui, à trop vouloir faire la maligne, finit prise à son propre piège.

Un livre épais mais qu'on ne veut lâcher pour rien au monde avant d'en voir la fin, à la traduction soignée, à l'intrigue alerte et épicée d'une sacrée dose d'humour noir, aux personnages riches et complexes. A ce jour, c'est pour nous le meilleur livre de son auteur. Lisez-le : vous nous en direz des nouvelles. ;o)
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critiques presse (1)
Chatelaine
02 juillet 2014
La capitale du Japon, décrite sous un angle original, loin des reportages sur les quartiers branchés et les avancées technologiques.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Qu’était devenue son existence? Dans quel but avait-elle travaillé? Dans quel but avait-elle vécu? En pensant à l’usure des ans et à sa situation présente, sans endroit où se réfugier, elle sentit ses larmes rouler sur son visage. C’est probablement pour cela qu’elle avait choisi de travailler à la fabrique de nuit. Dormir le jour, travailler la nuit. Mettre son corps constamment en action, s’épuiser à l’extrême pour s’empêcher de penser. Mais mener une vie à l’inverse de sa famille n’avait fait qu’accroître son malaise et sa tristesse.
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-Je ne voulais pas te tuer, je voulais te voir mourir
-Pourquoi ?
- J'aurais pu me dire que je t'aimais, du fond du coeur.
-Je crois, oui, répondit-il, en la regardant dans les yeux.
- Ne meurs pas, murmura-t-elle.
Il en eut l'air étonné. Le sang dégoulinait de sa joue et commençait à baigner tout son corps.
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Se réveiller à la nuit tombée, c'est se sentir désemparé. Particulièrement au début de l'hiver, quand le soleil se couche tôt ; la tristesse est encore plus profonde. Allongée dans son lit, Masako regardait sa chambre s'assombrir au crépuscule.
C'était dans de tels moments que la mélancolie gagnait les travailleurs de la nuit. Quelques collègues avaient déjà sombré dans la dépression et c'était compréhensible. Leur accablement n'était pas dû à l'obscurité qui s'installait vite, mais à la culpabilité : ils vivaient en dehors des activités normales.
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[...] - Mais qu'est-ce que vous faites ?
Masako se tourna vers elle d'un air excédé.
- On le coupe en morceaux. On a décidé que c'était un travail comme un autre.
- Mais enfin ... c'est pas un travail !
- Si, c'en est un ! décréta Masako pour couper court. Tu as besoin d'argent, tu nous aides.
Ces mots la réveillèrent.
- Vous aider, mais à quoi ?
- On va en faire des petits morceaux qu'on mettra dans des sacs que tu iras jeter.
- Je n'aurai rien d'autre à faire ?
- Non.
- Et ça me rapportera combien ?
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«Comme les femmes préparent le repas tous les jours, elles sont plus habituées que les hommes à la chair et au sang. Elles savent mieux manier le couteau et mieux traiter les déchets. Et en plus une femme qui a accouché, dans la mesure où elle a côtoyé de très près la naissance et la mort, est dotée d'un plus grand courage. Sa femme de ce point de vue-là, en était un bon exemple, se dit-il non sans humour.»

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