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Georges Marie Lory (Traducteur)
EAN : 9782742749010
480 pages
Actes Sud (05/05/2004)
3.79/5   12 notes
Résumé :

C'est en 1994 que l'Afrique du Sud a organisé, pour la première fois de son histoire, des élections libres et démocratiques. Dans les mois qui suivirent fut créée la Commission Vérité et Réconciliation chargée de dresser un état des lieux des violations des droits de l'homme perpétrées entre 1960 et 1993. Son objectif : faire éclater la vérité publiquement afin d'éviter que de tels drames ne se reproduisent.

A partir de 1996 et pour plus de d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Poétesse et journaliste sud africaine de langue afrikaans, engagée dans la lutte contre l'apartheid, Antjie Krog a suivi en tant que journaliste la commission "Vérité et réconciliation" et nous livre un témoignage rare et unique : rappel des témoignages innombrables des victimes et des bourreaux, témoignage de son ressenti personnel douloureux face à ces témoignages en tant que blanche Afrikaner issue d'une famille nationaliste, réflexion sur les difficultés, les limites et les succès de la commission.. et témoignage d'une femme poète blessée et ressentant la douleur des mots, la vérité des êtres et la douleur d'être soi.

Vraiment un texte unique!

Au delà de l'édification des témoignages des victimes et des bourreaux sur les horreurs subies ou commises, souvent insoutenables (mais pour lesquelles Antjie Krog n'use pas de voyeurisme, préférant transmettre la douleur plutôt que l'effroi), le récit nous montre l'originalité profonde de cette commission dans l'histoire des horreurs humaines et de la manière de s'en relever et de continuer à vivre.

La complexité de la situation de la nouvelle Afrique du sud apparait : faire vivre ensemble les bourreaux et les victimes, poser la question de ceux qui ont bénéficier de la situation et de la "protection" des bourreaux de l'armée, de la police ou des milices sans avoir eux-mêmes agit. Peuvent-ils dire "je ne savais pas que tout cela existait"?
Comme le font les politiques au pouvoir sous l'apartheid, soutenant, sans scrupule et sans que l'on parvienne à les croire, que les horreurs étaient le fait d'individus isolés qui outrepassaient les consignes et qu'eux_mêmes n'avaient jamais voulu cela.

C'est peut être ce qu'apporte la commission "maintenant je sais ce qu'a coûté ma douceur de vivre, le prix que d'autres ont payé dans leur chair, les actes dont d'autres se sont rendus coupables".

La commission juge aussi les crimes commis par les militants noirs de l'ANC ou de l'Inkhata contre les blancs ou contre les noirs accusés de trahison : la justesse de la lutte autorisait -elle l'usage de tous les moyens ? ou bien à un certain moment quelque chose a-t'il mal tourné? selon la formule utilisée par Monseigneur Tutu pour interpeller Winnie Mandela, mise en cause devant la commission pour plusieurs meurtres pour lesquels elle refuse de reconnaitre une responsabilité.
Les travaux de la commission sont dominés par l'aura de Monseigneur Tutu qui la préside et pour lequel Antjie Krog exprime une véritable vénération. Selon la phrase d'un membre de la commission qu'elle reproduit " Tutu a une façon à lui de rendre les choses possibles, de transcender un problème particulier, de l'élever à un niveau tel que nous nous retrouvons tous"

Voici la conclusion :

> "Sous une arche d'air violente, le bateau en route vers le continent me secoue ainsi que les commissaires. Je suis prise d'une indescriptible tendresse envers cette Commission. avec toutes ses erreurs, son arrogance, son racisme, son côté moralisateur, son incompétence, les mensonges, son incapacité en deux ans à mettre en place une politique d'indemnisation provisoire, sa frime - avec tout cela-, elle s'est montrée courageuse, naïvement courageuse face aux vents de fourberie, de rancoeur et de haine. Face à la marée écrasante, sous le poids d'un passé brutal et de nouvelles politiques usurpatrices, la commission a maintenu en vie l'idée d'un humanisme commun. Elle a ciselé dans la douleur un chemin au-delà du racisme et donné du champ à toutes nos voix. Malgré tous ses échecs, elle a cependant allumé une lueur d'espoir qui me rend fière d'être ici.
Lien : http://maryclaudef.free.fr/d..
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Après quelques recherches sur le sujet, il s'avère que cet ouvrage soit une des 2 parutions en français relatives aux travaux de cette commission qui, 2 années durant, s'appliquât à entendre à la fois les victimes de l'apartheid, et les ordonnateurs et/ou les exécutants.
Antjie Krog, poétesse et journaliste, farouche opposante au régime de ségrégation a rendu compte de ces travaux.

Ce livre est donc, non pas une traduction intégrale et littérale des auditions, ni un froid rapport juridique. Il est à la fois le regard d'une femme engagée et une photographie qu'elle ne fait que montrer au monde. Des mots et des maux des milliers d'individus entendus, à ses propres mots il n'y a toujours qu'une infime frontière. Entre la douleur d'une femme, et celles de celles bafouées et violentées durant des décennies, il n'y a souvent qu'un pas.

Mal nécessaire à toute démocratie digne de ce nom qui veut, non pas faire table rase de son passé, mais l'étaler au grand jour pour ne pas le rejouer, cette commission aura permis de mettre des mots sur 60 ans d'histoire à défaut d'obtenir de ses bourreaux si ce n'est qu'un début de mea culpa. L'attitude du dernier président de l'apartheid est à donner la nausée.

« Je ne m'excuse pas…je prie pour eux »

On ne lit ce genre d'ouvrage comme on lit un roman. Il faut du temps ; à la fois pour digérer ce que l'on lit et s'arrêter sur l'écriture d'une femme dont j'aimerais pouvoir lire quelques-uns de ses poèmes.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Ce livre est très intéressant car il nous raconte comment, en Afrique du Sud, une Commission Vérité et Réconciliation a pu être mise sur pied. Avec la fin des années d'apartheid et les décennies d'oppression des hommes de couleur par des blancs, il fallait réussir à créer une société plus égalitaire. Une société où noirs, métis, indiens et blancs travailleraient ensemble pour le même pays, sans volonté de vengeance, de revanche, de rancune… Une gageure !
Antjie Krog raconte les coulisses de la mise en place de la Commission, nous dévoile de nombreux témoignages, des écueils rencontrés. Elle souligne le travail remarquable de son président, Desmond Tutu, qui a permis d'éviter des naufrages. Elle décrit aussi les doutes, les travers…
Son récit est assez décousu (est-ce la traduction ?) car l'auteure mélange ses réflexions personnelles avec celles d'autres intervenants et avec des témoignages. Pourtant, c'est très intéressant et certains témoignages sont vraiment poignants.
Antjie Krog nous livre ici une réflexion très profonde et éclairante sur les enjeux de cette Commission au moment où l'avenir de l'Afrique du Sud se jouait et sur les luttes d'influence en cours à cette époque.
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Que dire? (cette question s'adresse à tous, lecteurs compris)... Qu'écouter?... Un témoignage de témoignages incroyablement puissant et utile.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Sous une arche d'air violente, le bateau en route vers le continent me secoue ainsi que les commissaires. Je suis prise d'une indescriptible tendresse envers cette Commission. avec toutes ses erreurs, son arrogance, son racisme, son côté moralisateur, son incompétence, les mensonges, son incapacité en deux ans à mettre en place une politique d'indemnisation provisoire, sa frime - avec tout cela-, elle s'est montrée courageuse, naïvement courageuse face aux vents de fourberie, de rancœur et de haine. Face à la marée écrasante, sous le poids d'un passé brutal et de nouvelles politiques usurpatrices, la commission a maintenu en vie l'idée d'un humanisme commun. Elle a ciselé dans la douleur un chemin au-delà du racisme et donné du champ à toutes nos voix. Malgré tous ses échecs, elle a cependant allumé une lueur d'espoir qui me rend fière d'être ici.
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Nous souhaitons simplement être des humains - certains avec des couleurs vives, d'autres avec des couleurs pâles, mais tous avec de l'air et du soleil.
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La procédure se clôt avec l'hymne national. Je me lève, prise au dépourvu par la version en sésotho, par la conscience que je suis blanche, il me faut me réapproprier ce pays, ma langue est chargée de violence, je n'y puis rien, au bout de tant d'années je demeure mal à l'aise avec ce qui est mien, ce qui est à moi.
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Je me fraie un chemin à travers le chant - dans une langue qui n'est pas la mienne, un langage que je ne connais pas. L'intérieur du chant est parfumé, entre les notes de chagrin et de souffrance on trouve de doux silences où tous ceux qui appartiennent à ce paysage, nous tous, allons pouvoir nous poser.
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Il est frappant de constater qu'aucun homme politique n'assiste aux auditions. Est-ce parcequ'ils veulent respecter l'indépendance de la Commission ou parceque tout simplement ils veulent ignorer le prix qu'ont payé les gens ordinaires pour mettre fin à l'apartheid ...?
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France-Afrique-du-sud. La poétesse Antjie Krog en tournée dans les Pays de la Loire.
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