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EAN : SIE55732_9072
(30/11/-1)
3.1/5   5 notes
Résumé :
Livre écrit en 1851, Geneviève, fait partie de ces oeuvres qualifiées de "travaux forcés littéraires" de Lamartine.
Le contexte d'alors, le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte, met un terme à sa carrière politique, il est criblé de dettes et doit faire face.
Le roman Geneviève est écrit en trois parties, (Préface, Geneviève, Epilogue)
Dans la préface où l'auteur expose à la façon d'un chercheur, les raisons qui l'ont poussé à écrire ce réci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ecrit en 1851, Geneviève s'inscrit dans la lignée de plusieurs "romans" de l'époque, décrivant de façon idéalisée la vie quotidienne de gens du peuple ou de petites gens.
le style est volontairement sentimental et laisse une grande part à l'émotion.
L'objectif est de démontrer que le bon sens, le goût du beau, la grandeur d'âme, peuvent se trouver dans des personnages que l'on croise tous les jours sans y prêter attention.
De même Geneviève qui force l'admiration, à ne pas considérer l'importance de la tâche qu'elle mène quotidiennement au service des autres.
Ce roman "humanitaire" fut l'apanage De Lamartine, (Geneviève, le tailleur de Pierre) ou de Georges Sand (Jeanne, La mare au diable).
Dans l'introduction de Geneviève, Lamartine précise :
"cette série de récits et de dialogues à l'usage du peuple des villes et des campagnes, nous devons dire dans quel esprit ils ont été conçus, à quelle occasion ils ont été composés, et pourquoi nous dédions ce premier récit à Mlle Reine Garde, couturière et servante à Aix en Provence."
Le ton est un rien condescendant à l'égard du peuple des villes et des campagnes...le récit est censé avoir un côté didactique et édifiant, pour glorifier les sans gloire et ouvrir les yeux des "nantis" sur les qualités humaines de leurs servants et servantes, un exercice à la limite de la mortification.
Reine Garde, couturière, apprit à aimer la littérature en compagnie des filles de ses premiers maîtres, goûte la poésie du Sieur Lamartine et s'essaie elle même à écrire des vers. Ce qui enchante l'auteur et son épouse, en villégiature à Marseille.
Geneviève, elle, est une servante increvable, "... paraissait avoir trente-cinq ou quarante ans à cette époque. L'âge n'était pas lisible sur ses traits usés par la fatigue. On sentait que la misère avait soufflé là de bonne heure, comme la bise qui gèle une plante au printemps, et qui la laisse plutôt languir que vivre le reste de sa saison."
Son père, veuf, et sa petite soeur Josette, née d'un second lit, l'aiment comme une seconde mère : "Non, Geneviève, ma soeur ! ma nourrice ! mon autre mère ! deux fois ma mère ! puisque tu l'as été après la mort de la première, comme avant." "Qu'est-ce que tu as donc, Geneviève ? Est-ce que je t'ai fait du chagrin ? Non, que je lui disais en l'embrassant, ma petite ; bien au contraire, tu me fais trop de plaisir, je t'aime trop ; mais c'est que je pense au temps où tu ne seras plus là."
Geneviève consacre sa vie à la petite Josette, fait taire ses sentiments pour Cyprien le beau et jeune colporteur :
"Geneviève, tu ne te marieras plus, tu ne me laisseras jamais, n'est-ce pas ? Non, jamais ! jamais ! jamais ! dis-je en la couvrant de baisers, en me recouchant à côté d'elle, et en la réchauffant sur mon corps. Mais comment le sais-tu ? lui dis-je"
Ainsi va la vie, ainsi va Geneviève, de malheur en malheur, celui des autres qu'elle attire, et le sien qu'elle tente de cacher.
Le hasard cruel lui fait rencontrer celle qui sera la femme de Cyprien :
«Oh ! Dieu, disais-je en moi-même, en continuant de l'attirer, mais d'une main maladroite et avec un brouillard sur les yeux, qui aurait dit jamais que ce serait moi qui parerais la fiancée de mon amant pour son jour de noces, et que quand il déferait ses boucles d'oreille et son agrafe de collier après la messe ce serait l'ouvrage de ma main qu'il toucherait sur le cou de son épousée ! »
Et Lamartine de s'extasier sur l'abnégation de Geneviève, prête à accepter ce coup du sort :
«La Bruyère ou Pascal n'aurait pas senti plus juste et n'aurait pas dit mieux.»
L'imagination de Lamartine pour imaginer et décrire les péripéties de Geneviève est terrible, il ne lui épargne rien, le déshonneur, la prison, les dettes, les railleries de son entourage, la méchanceté des gens du village.
Geneviève tient bon, elle reste Geneviève, toujours présente aux côtés des
blessés de la vie :
"...(elle) quitta l'hospice provisoire de Valneige, où on envoya une soeur hospitalière à sa place. La pauvre servante suivit Luce, son mari et l'enfant à la montagne, où elle file encore au pied du poirier, et où je la revois tous les ans quand la chasse me ramène aux montagnes."

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Dans un long récit qui sert en quelque sorte de préface, Lamartine expose ses théories sur ce que doit être le roman pour parler au peuple. Certaines réflexions sont très sociales, et concrètes : le roman doit être peu cher pour pouvoir être acheté par tous, donc pas trop long pour réduire les coûts d'impression. Il doit présenter des personnages qui ressemblent au lecteur, c'est-à-dire des ouvriers et non des rois ou des princesses, et parler directement de ce qui les touche, des histoires d'amour et de famille, avec un langage simple et accessible. C'est une conception idéalisée du peuple, pauvre mais forcément vertueux, qu'il faut éduquer, mais sans lui imprimer d'idées politiques - le roman doit être social, mais non socialiste. D'ailleurs, la scène se veut touchante de la rencontre d'une ouvrière avec Lamartine, tous les deux proches par l'amour de la poésie et sensibles aux élans du coeur, mais Reine est venue en calèche avec sa robe ordinaire sur sa journée libre de la semaine, tandis que Lamartine écrit en regardant la mer...
Le roman qui suit se présente donc comme l'illustration des préceptes dégagés plus haut. J'ai d'abord eu l'impression de lire des choses connues : le récit de la vie d'une servante prise dans son milieu ouvrier, avec l'hérédité d'un père alcoolique et d'une mère malade, avec une hiérarchie sociale entre riches et pauvres, dans une ville où commence à se développer une industrie. Cette servante, Geneviève, est "un coeur simple", attachée aux hommes comme aux animaux.
Mais Lamartine n'est pas naturaliste, il écrit dans la première moitié du XIX ème siècle, pas la 2ème, ce n'est donc pas Flaubert, Maupassant ou Zola. Non, lui est un romantique, il s'intéresse aux passions du coeur humain. Ses descriptions relèvent donc du sublime, celles de paysages isolés et sauvages, dans la lignée du romantisme de Rouseau ou Goethe. Quant aux sentiments, on retrouve des torrents de larmes et des effusions sentimentalistes. Il n'y a pas de méchant, car tous ont le coeur bon, les montagnards sont simples mais purs - comme chez Rousseau à nouveau.
Si Geneviève traverse une vie d'épreuves, elle est trop bonne et trop résiliente pour moi, trop hors de son temps aussi - je vais plutôt retrouver la Gervaise de Zola, plus touchante car bien plus imparfaite...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Geneviève, lui dis-je, vous ne vous reposez donc jamais ? " « Oh ! Monsieur, me dit-elle, je n’ai pas été faite par le bon Dieu pour me reposer. J’ai commencé à travailler le jour où j’ai pu me tenir sur mes jambes et je travaillerai jusqu’au jour de ma mort. Nous avons bien le temps de nous reposer là-bas, ajouta-t-elle, en me faisant un geste de la tête et du cou vers le cimetière, pour ne pas perdre une des mailles de son tricot en dérangeant sa main. » Comment ! repris-je, vous avez travaillé si jeune ? Vous n’avez donc jamais été enfant, jamais joué avec les autres, jamais perdu le temps dans la rue, à la fenêtre, le long des buissons ? Votre mère était donc bien dure ou bien avare de badinage ou de désœuvrement avec ses enfants ? Mais alors comment avez-vous, vous-même, l’air si doux et si enjoué avec les enfants du village, que vous laissez jouer tout le jour dans la cour, arracher vos fleurs et tirer vos aiguilles sans les gronder ? » Ah ! Monsieur, ceux-là c’est différent, voyez-vous ; ils ont leur père et leur mère qui leur cuisent leur pain ; mais moi je n’étais pas comme eux. Je n’ai eu un peu de bon temps dans ma vie qu’ici, et depuis que M. le curé a consenti à me prendre ; à son service. Jusque là je ne savais pas ce que c’était que de s’asseoir et de regarder le soleil, le feu ou les passants » Comment, répliquai-je, avez-vous mené si jeune une vie si rude ? » Oh ! Monsieur, elle n’était pas rude ; elle était pénible et toujours debout, c’est vrai, mais elle était bien douce au contraire, et si Dieu voulait ressusciter ma mère, je la recommencerais bien cette vie, et je serais bien heureuse encore de la recommencer. » Contez-moi donc cela, puisque vous n’avez rien à faire, que j’ai fini de lire mon livre et que nous avons une longue veillée devant nous. Je voudrais savoir l’histoire de tout le monde, lui dis-je, en souriant, car voyez-vous, Geneviève, l’esprit n’est qu’une grande curiosité comme la science. Il y a un enseignement, pour celui qui comprend, dans la vie de chacun. » Mais je ne suis qu’une pauvre servante et je n’ai jamais été autre chose, que voulez-vous que je vous dise ? Cela vous ennuierait comme le bruit de mes aiguilles de bas ennuie les enfants. » Vous seriez la fourmi du plancher, le grillon de la cheminée, l’araignée de la poutre, que cela m’intéresserait, répondis je. et que j’aimerais à connaître leur histoire, d’où ils sortent, ce qu’ils font, ce qu’ils pensent, ce qu’ils veulent, ce qu’ils deviendront. Il y a un commencement, une fin, un sens à toute chose vivante. Si l’on connaissait tout, on ne serait indifférent à rien.
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