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Pierre Le Coz (Autre)
EAN : 9782862667874
772 pages
Nouvelles Editions Loubatières (05/11/2020)
2.5/5   1 notes
Résumé :
Cet "Éternité et après", douzième tome de L'Europe et la Profondeur, apparaît comme un ouvrage de transition faisant passer le "grand récit " de Pierre Le Coz d'une écriture encore structurée en chapitres - comme c'est le cas dans la première partie de cette Éternité ("le repos pendant la fuite en Égypte") - à une autre qui, elle, ne se développe plus qu'en la forme de "Variation" (au sens musical) brassant tous les thèmes précédemment abordés dans le cours de cette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'Eternité et après
(Douzième tome de l'Europe et La profondeur
Pierre le Coz
Somme
éd. Loubatières 2020, 766p

Je remercie les éditions Loubatières de m'avoir offert ce livre.Ce cadeau cependant, il faut le mériter !

Pierre le Coz se plaint trop et trop souvent dans son livre de n'être pas lu. Je peux lui dire pourquoi : le livre est répétitif, et trop long. Qui plus est, si la première partie est encore plus ou moins, « peu ou prou », dirait Le Coz, continue, la seconde se développe en variations, en fragments, parfois en billets d'humeur, complètement libres, voire autonomes. Pourquoi pas ? On peut picorer. Ainsi le Coz s'en prend à la formation de nouveaux mots comme « mal-entendant » ou l'emploi d' « assassin » en parlant de Merah, pour qu'on n'ait pas à prononcer le mot de « islamiste », et on marche contre le « fascisme » alors qu'il s'agit d'« islamophobie ». Voici un type d'exemple qui agace Le Coz adepte de la vérité.De plus, l'écriture est tarabiscotée : la place des mots dans la phrase, l'inversion des sujets, ses nombreux tirets, ses parenthèses, ses guillemets, rendent la lecture compliquée. Il faut parfois relire la phrase pour en retrouver le déroulement. L'auteur a beau dire que les mots coulent tout seuls, qu'il n'a jamais si facilement écrit que depuis qu'il ne s'impose plus de règles esthétiques ou littéraires, il n'en est pas de même pour la lecture. D'ailleurs le Coz dit que lui-même ne se relit pas ! Ensuite, il a la critique facile. Attention à l'effet boomerang : j'ai relevé un affreux « dusse » à la 3° pers. du sg. Et enfin le ton : la colère n'excuse pas tout ; pourquoi traiter V.Trierwiler de « pouffiasse » ? Voyons le glamour de cette phrase : la plus sublime des femmes n'est jamais à la fin qu'une chatte surmontée d'une paire de seins. Certes, c'est de la provocation. Mais déjà que je dois m'accrocher pour lire le texte, des phrases comme celles-ci m'irritent.
Ce livre est ambitieux. Il se veut le voyage au sein d'un inexploré de la pensée . C'est dire l'abyssalité du propos, et le vertige de l'écriture qui a brisé son élan. C'est un livre total, à l'instar de la Recherche. Un livre à la Montesquieu qui parle d'économie politique, et qui a à voir avec Les Mémoires de Saint-Simon. Ce livre est quasiment une somme théologique, où Le Coz nomme l'Ennemi, Amalec, ou l'auto-production, ou l'auto-engendrement comme dans le film Terminator, ou la destruction d'un temps qui passe pour n'avoir qu'un temps cyclique, détruisant ainsi toute idée d'origine, et refusant l'idée d'un Créateur.
L'auteur est un admirateur passionné de Debord, cité à plusieurs reprises. Et de grands auteurs l'arrêtent, comme Nietzche, Rimbaud, Hölderlin. Nous voilà en excellente et délicate compagnie. de moins grands aussi comme Cordwainer Smith ou Ph. Dyck, dont Le Coz, par l'interprétation qu'il en fait, donne envie de lire le livre Ubik et sa théorie de vérité avant-dernière.

La somme a pour titre : L'Europe et la Profondeur.
Deux conceptions du monde s'opposent : celle (amalécienne) de Marx et de la marchandisation du monde, le monde étant le produit de ma volonté et de mon travail, et celle de Nietzche et de Heiddeger, qui ont une approche théologique ou essentialiste, et prônent la valeur des valeurs, qu'on peut appeler pureté. Un mouvement européen transnational aspire à une nation européenne. Celle-ci est pauvre, parce que le niveau général des richesses produites a forcément baissé, et pieuse parce qu'une formation politico-spirituelle a pour but la civilisation. Ce but est toujours en train de s'atteindre, aussi Le Coz a-t-il choisi comme image de couverture cette représentation du repos pendant La fuite en Egypte plutôt qu'une illustration du demeurant. le sens est dans le mouvement, il est toujours au-devant de l'écriture qui est à sa poursuite, et la dépasse. Même lorsqu'elle s'arrête, il continue. L'univers a débuté avec le Big Bang mais n'a commencé qu'avec la naissance du sens pour récapituler toute l'histoire, la fonder en lui donnant sens. Le Coz opposera dans cette optique l'errant Rimbaud, qui a compris l'impossibilité du dire, l'ineffable : Quoi ? L'éternité/Comme la mer en allée/Avec le soleil, et Hölderlin et son vers mystérieux dans « Andenken », « Souvenir : Mais les poètes seuls fondent ce qui demeure. Comme si l'espace demeurait. Rimbaud se taira, et Hölderlin sera pris dans la folie. Parce que l'essence de la poésie est peccamineuse : son dire est particulier qui ne cherche pas tant à communiquer qu'à ressaisir la chose en son im-médiateté édénique, et qui illustre le commun langage humain qui n'est rien d'autre que la tentative de revenir en Eden. C'est ainsi que les époques meurent de la ruine des illusions, par exemple la société mondaine, aristocratique, que Proust raconte. L'auteur opposera aussi la notion d'éternité et celle de l'instant présent, l'éternité qui demeure tandis que l'instant présent, qui n'a pas de fond et donc peut rebondir et permettre ainsi au temps de passer, est à la fois toujours singulier -un singulier donne lieu à un autre singulier- et unique. L'éternité en effet est devant une béance abyssale : la question est de savoir si elle continue à descendre ou si elle remonte. Ce qui amène à l'état de permanence. Et celle-ci fait l'impensabilité de l'éternité qui n'est pas du temps. le temps, quant à lui, aime durer. Il dure en l'avenir toujours susceptible d'être modifié et donc inquiet, et en le passé paisible, parce qu'il ne bouge pas. le temps est imprévisible et sans garantie, y aura-t-il même seulement un demain ? aussi faut-il lui faire confiance. « N'ayez pas peur ». Aussi faut-il penser dialectiquement, c'est-à-dire prendre conscience du temps qui fait qu'une chose advient, et empêcher la pensée de se fixer en idéologie. La discipline philosophique est une école de vertige. Il faut retourner la vérité vers son gouffre abyssal, ce qui fait qu'une vérité est toujours avant-dernière, une vérité se cachant derrière une vérité.
Ainsi, Pan est mort, le grand Pan, le fils d'Hermès -le père de l'herméneutique- et de Pénélope. Pan, le paganisme, meurt pour laisser la place au christianisme, Pan, la pure phonè, l'oral, la magie, le démonique, cède la place à l'écrit, le rationnel, ce qui n'est pas mêlé et qui donne lieu au dramatique, selon lequel « ça » n'a pas de sens . C'est l'histoire que conte ou fabrique ? Plutarque.
Cette comparaison/opposition entre Pan et Christ ouvre d'autres comparaisons entre le XVI°, siècle des inventeurs, et le XVII°, celui de la science de la méthode et de Descartes, le pouvoir théologique des clercs au Moyen Age et l'Autorité spirituelle dont la perte , et non les guerres et les gouvernants, fait l'histoire., le pouvoir politique et Louis XIV qui s'attire les nobles ruinés et les bourgeois dont il fait des ministres, pour arriver en 1789 où s'établit un pouvoir économique.
Avec Pan, créature mixte, homme et bête, qui réjouit le bouc Dionysos selon qui le tragique, c'est que tout signifie, c'est le sacré qui disparaît, le sacré étant l'identité des mots avec les choses, comme le dit Meschonnic. le Christ apparaît, hybride lui aussi, homme/dieu, mais avec sa mort, qui est presque concomitante à celle de Pan, se met en retrait pour laisser aux hommes qui naturellement éprouvent de la détresse toute la/leur liberté. L'annonce de la mort de Pan n'est rendue possible que parce que le Christ s'en est allé (résurrection, Ascension), en forçant Pan et les autres dieux/démons à partir de ce monde, et en leur indiquant le chemin qu'ils peuvent emprunter, chemin qui est celui de toute profondeur ouverte dans l'épaisseur d'opacité et de sacré. La profondeur, c'est la dimension où même l'espace et le temps changent, de-viennent, ce pourquoi l'élément dans lequel elle se déploie s'appelle l'histoire.
Le Christ en allé, est à la fois le sauveur et le liquidateur du monde ancien. Il en crée un autre immédiatement – noli me tangere, « ne me retiens pas, dit-il à Marie-Madeleine, qui n'est pas de ce monde : c'est le Royaume qui s'oppose à l'Empire. Les néo-progressistes tiquent au nom de Dieu. Mais pourquoi ? Car s'ils étaient vraiment athées, ce mot ne leur ferait rien. Le Coz célèbre la Gauche de Michéa et de Guilly qui refuse(nt) l'aveuglement idéologique pour ne pas renoncer à chercher la vérité. Dans ce Royaume, qu'en est-il des essences du monde ancien ?
Le Coz se livre alors à une étude comparée d'Oedipe, et du Roi Lear. Oedipe est pagano-tragique, il est innocent de ce qu'il a fait, c'est l'effondrement du sens, et plein d'une immense piété en reconnaissant la justice divine ; Lear est christo-dramatique qui fait des erreurs de jugement, et ne reconnaît que tardivement sa faute.

On le voit, ce livre n'est pas inintéressant. Le Coz montre également que Shakespeare serait en fait John Florio, un immigré italo-juif, ami intime de Giordano, qui prenant pour nom de plume celui de Shakespeare, « branle-plume », un théâtreux médiocre, aurait fondé une langue anglaise nouvelle pour l'empire britannique qui adviendra. Notons que Borgès a un flair incroyable qui en 1979, écrit que Shakespeare est le moins anglais des écrivains anglais, parce que les Anglais aiment les sous-entendus et que Shakespeare aime les métaphores et l'hyperbole, et qu'il doit donc être ou italien ou juif. Le Coz dit aussi ce que doit être un bon livre, celui qu'il faut lire pour en comprendre l'enjeu, et qui fait ressortir l'abyssalité de toutes choses et le constat de vertige que constitue pour ces choses le fait d'être au monde.

Attention ! le tome 12 n'est pas le dernier. Les livres 1 à 7 constituaient son Enfer, les livres 8 à 12 son Purgatoire, vient donc le Paradis qui sera constitué d'additions.
A 18 ans, Le Coz a lu « Génie » de Rimbaud et cette lecture a décidé de sa vie entière. Pour le Coz, un livre est un voyage sans retour duquel on ne sort pas indemne. Ce qui prouve que la littérature est dangereuse, que les idées re-deviennent dangereuses. Que le livre émerveille ou horrifie, il doit donner le vertige.
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J'ai reçu et découvert ce titre grâce à une masse critique. Pour la première fois, je suis incapable de finir un livre que j'avais pourtant choisi et envie de lire.

Les 12 premières pages m'ont paru très obscures et je vais être franche : je n'ai rien compris. J'ai toutefois poursuivi la lecture et ai été intéressée par le sujet abordé (le Grand Pan) mais comme je n'avais pas compris le propos des premières pages, l'enchainement des parties suivantes consacrées à Macbeth, le Roi Lear, m'a paru nébuleux et je n'ai pas réussi à créer de lien entre les différents points que l'auteur aborde grâce à la littérature (Rimbaud, Shakespeare....).

Le problème essentiel de ce livre est l'écriture de l'auteur : comment peut-on espérer qu'un lecteur ait envie de lire une phrase de 12 ou 18 lignes voire 46 ? La phrase est parsemée de ponctuation diverse (nécessaire, soit) mais surtout de nombreuses parenthèses au sein de cette même phrase. Outre la longueur laborieuse pour la lecture seule, le sens de la phrase est perdu en raison de sa longueur et les portions de phrases mises entre parenthèses rompent notre compréhension, réflexion. Cette façon d'écrire n'est pas anecdotique mais permanente. Sitôt la fin de la phrase lue, la teneur est à peine mémorisée que l'on dépense une énergie incroyable à lire mais surtout comprendre la phrase suivante qui aura la même longueur.
Lassée, j'ai cessé ma lecture après 250 pages lues sur 760.
Il est dommage que la forme ait nui à ce point à ce que l'auteur voulait transmettre, analyser.
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Je remercie Babelio et les Editions Loubatières pour l'envoi du livre.
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