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Dominique Vittoz (Traducteur)Mario Fusco (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253109112
475 pages
Le Livre de Poche (12/01/2005)
3.91/5   41 notes
Résumé :
Voici l'histoire de Michele Zosimo, un jeune paysan sicilien dont les archives nous disent qu'au début du XVIIIe siècle il devint roi éphémère de Girgenti, l'ancienne Agrigente, après avoir désarmé la garnison piémontaise. Avec verve et verdeur, Andrea Camilleri brosse le portrait, tantôt désopilant, tantôt dramatique, d'un personnage d'exception - des circonstances rocambolesques qui ont suscité sa naissance jusqu'à son engagement pour défendre le peuple contre les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un vieux billet, deterre… Aucun Camilleri ne merite de rester enterre.

Le mélange de langues et de patois utilise par Camilleri (fort ingenieusement traduit du reste) peut se reveler d'une lecture ardue, mais seduisante en fin de compte. Je croyais savoir a quoi m'en tenir, après avoir lu La saison de la chasse. Mais j'ai quand meme ete desarconne un peu au debut. Car ici l'auteur force la dose. A l'italien et au sicilien, surabondant, tres augmente d'apres mes souvenirs par rapport a "La saison" (traduit pour le public francais par un patois Lyonnais tombe en desuetude), il ajoute de l'espagnol. Choix evident pour une histoire du temps de l'occupation espagnole de la Sicile. Mais bon…

En fait je suis vite remonte en selle. Et je me suis regale moi aussi de la truculence du texte. On peut tout comprendre sans avoir besoin de se referer au glossaire propose en fin de livre. La phrase entiere et le contexte aident a saisir au vol le sens des mots. Et certains ont leur logique: c'est assez clair qu'une plamuse est une baffe assenee du plat de la main (pla…main…?!).

La "difficulte" de la langue surmontee, nous assistons, fin 18e siècle, a la prise de pouvoir d'une ville (l'Agrigente d'aujourd'hui) par le petit peuple, paysans des alentours et citadins confondus; a leurs essais d'amelioration des conditions de vie des plus demunis, de reformes agraires et autres, avant d'etre vite renverses par une coalition de nobles qui ont beaucoup plus d'experience politique, c.a.d. qui sont beaucoup plus cyniques et plus rouards.
C'est l'occasion pour Camilleri de brosser magistralement un tableau de la societe sicilienne aux siècles passes, la famine endemique dans les campagnes, l'asservissement du petit peuple, l'accumulation des biens – rectification: l'accaparation de pratiquement tous les biens – par la noblesse et l'Eglise (pas le clerge, vu que les petits cures meurent aussi de faim, mais l'Eglise centralisee et ses magnats). L'occasion pour Camilleri de clamer son aversion, son mepris, son execration (ce mot existe-t-il ou viens-je de l'inventer?) pour ces accapareurs sans foi ni loi, sans peur et avec reproche. Pour tout dire, l'homme Camilleri qui apparait derriere ses lignes me plait beaucoup. J'etais fan de son oeuvre, maintenant j'admire l'homme.

Bref, j'ai pris du plaisir. Comme quoi meme un mecreant de mon espece fait bien de temps en temps de s'en remettre aux conseils du clerge (pour les profanes, ma conseillere a l'epoque etait la regrettee ClaireG).

P.S.: J'oubliais le plus important: lisez ce livre!
P.P.S.: Euh… Mettez plutot ce livre dans votre PAL et commencez par La saison de la chasse, qui est encore meilleur a mon avis.

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En fouinant dans sa librairie habituelle, Andrea Camilleri tombe en arrêt devant un entrefilet consacré à un élément mineur de l'histoire d'Agrigente où il a fait ses études : un paysan a été nommé roi au début du XVIIIe s. Elément mineur pour l'Histoire mais majeur pour l'auteur qui connaît sa Sicile natale comme le fond de sa poche et qui ignorait ce détail.

Pas moyen de moyenner, il faut absolument qu'il connaisse les tenants et aboutissants d'une existence hors du commun… mais dont rien d'autre n'existe que ce « fait divers » paru dans les « Mémoires historiques d'Agrigente » en 1866.

Et voilà notre auteur, tout sensipoté, prit à scrutiner l'époque peu enviable de la succession d'Espagne dont la Sicile est un enjeu important. Tous les éléments historiques qui entourent les personnages du roman sont rigoureusement exacts. La biographie du paysan devenu roi est rigoureusement inventée. Avec quelle verve !

Or donc, l'enfantelet Michele Zosimo naquit de parents pauvres de génération en génération. Précoce et coquin, le petit Zosimo refuse le lait maternel au profit d'une sardine et de quelques miettes de pain, se met à parler dès sept mois et est enseigné par un ermite extravagant qui en fait un amoureux des livres et un « pagan savant » qui mettra son érudition et son bon sens au service de ses semblables.

Alors que le roi d'Espagne cède la Sicile à la Maison de Savoie non sans échauffourées continuelles, alors que les armées s'étripent, que les grands propriétaires terriens s'écharpent et que l'évêque manipule ses ouailles à la venvole, seule la vie misérable des paysans connaît la stabilité. S'y ajoutent de temps à autre sécheresse, famine, épidémies et inversement.

Dans ce climat tendu et terriblement injuste pour les populations, naissent nombre de jacqueries, de troubles et de tohu-bohus où des ordres contradictoires d'un régent ou l'autre viennent souvent affaiblir le pouvoir des roitelets locaux. C'est ainsi qu'un jour, Zosimo devint roi. Ephémère, mais roi quand même.

A son habitude des plus originales et des plus inventives, Camilleri mélange l'italien moderne et les dialectes siciliens à la verve espagnole pour colorer les dialogues et les scènes de la vie quotidienne. Cela confère au texte un rythme musical très savoureux, métissé d'un langage suranné sans doute, mais tellement vivant. Il faut épingler le talent de la traductrice, Dominique Vittoz, qui a fait un travail de recherche considérable en adaptant la langue de Camilleri en français ancien et en français régional de Lyon. Un glossaire très étoffé en fin d'ouvrage mérite le détour même si la compréhension de cette fourchelangue intervient d'elle-même après quelques pages.

Pour l'instant, je n'ai pas encore trouvé l'inspecteur Montalbano qui pourrait me faire apprécier les enquêtes policières d'Andrea Camilleri mais en ce qui concerne ses romans historiques, je leur suis acquise à 100%.
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A partir d'un fait historique peu mentionné, s'appuyant sur ses recherches, Camilleri nous offre son grand roman sur le roi éphémère de Girgenti , dans la Sicile qui vient de passr de la domination espagnole à celle de la Savoie.
De grands faits prodigieux ont lieu entre la fin du XVI è siècle et le début du XVII è. Des événements hors du commun.
Ce roman restitue la situation politique et sociale de l'époque.
C'est aussi un conte : la biographie de Zosimo, imaginée par l'auteur, ne manque pas de fantaisie. Et cela dès ses premières semaines : Intelligent et doté de facultés intellectuelles remarquables.
Rapidement reconnu chef du peuple par ses pairs, il est proclamé roi en 1718.
Il demande aussitôt l'application de lois très justes, en faveur du peuple.
Au grand dam des nobles grands propriétaires terriens.
Cela ne pouvait durer.....

Toujours la langue spécifique de Camilleri qui ajoute relief et divertissement.
Les personnages sont hauts en couleur, principalement le père Uhu, exorciste grand pourfendeur de démons .
Le final est solennel et émouvant.
Dans ce roman qui lui tenait à coeur, Camilleri peut , une fois de plus, exprimer ses idées sur la justice et faire la part belle du rêve et de l'imagination.

Quelle meilleure conclusion que cette déclaration de l'avocat des nobles :
"Le droit, depuis la nuit des temps, était fait par les puissants dans l'intérêt même de leur pouvoir".
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Voici l'histoire de Michele Zosimo, un jeune paysan sicilien dont les archives nous disent qu'au début du XVIIIe siècle il devint roi éphémère de Girgenti, l'ancienne Agrigente, après avoir désarmé la garnison piémontaise.
*
Avec verve et verdeur, Andrea Camilleri brosse le portrait, tantôt désopilant, tantôt dramatique, d'un personnage d'exception - des circonstances rocambolesques qui ont suscité sa naissance jusqu'à son engagement pour défendre le peuple contre les abus de pouvoir, en passant par ses années de jeunesse prodige, bercées par l'instruction que lui donne le père Uhù, un ermite illuminé, grand expert en diableries.
*
Tour à tour récit historique et biographie impertinente, ce livre campe la société sicilienne sous la domination espagnole, partagée entre un monde paysan qui vit toujours au seuil d'une misère noire, et une minorité d'aristocrates, grands propriétaires terriens inféodés à l'autorité du vice-roi et particulièrement soucieux de défendre leurs privilèges et leurs revenus.
*
Mélange d'anticléricalisme vigoureux, de fantastique, de drôlerie gaillarde servis par une langue explosive, il fait aussi la part belle à la tendresse.
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Avec La couleur du soleil récemment, j'ai découvert qu'Andrea Camilleri n'était pas uniquement l'auteur d'excellents romans policiers… du coup, en passant en librairie, je suis tombé sur cet ouvrage, le Roi Zosimo, en livre de poche. Près de 475 pages dont un glossaire à la fin pour mieux comprendre la traduction faite en vieux français et le lyonnais, ce qui confère au texte un relief incroyable…

L'histoire est basé sur un fait historique réel qui fut relaté dans peu d'ouvrages. En Sicile, à Agrigente, une sorte de jacquerie conduite par un paysan, Zosimo, prit le pouvoir quelques temps en édictant quelques lois plus favorables au peuple… Mais comme trop souvent dans toutes ces tentatives d'un monde meilleur, l'absence de programme et l'inorganisation ne firent pas long feu dans un rapport de force inégal. Très vite les nobles reprirent le contrôle et Zosimo, qui avait élu Roi par les habitants révoltés, fut capturé et pendu.
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L'agua del sueño avait ceci de particulier : elle vous laissait dépontelé et emburelucoqué un sapré bout de temps. C'est ainsi qu'errant par la maison certains se poquaient aux gens ou aux meubles comme des phalènes empégées dans la lumière, d'autres avaient les oreilles étoupées ou bien les jambes molles comme des tripes, à ne pas tenir droit plus de deux pas.

p. 101
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L’enfant est l’exacte image de l’homme quand le monde était dans l’enfance de l’humanité. Il faut que le duc redevienne comme un petit enfant. Faites-le jouer. Avec des balles de couleur, un cerf-volant. Chantez-lui des comptines et des berceuses. Il doit, j’insiste sur il doit, redevenir comme un enfant de quatre ans. Tenez-moi au courant et dès qu’il dit papa ou toute autre chose, faites-moi appeler.
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Zosimo, empaumant la couronne, se leva et dit en la montrant alentour :
"Voilà la vraie couronne que tout vrai roi devrait coiffer. Les épines signifient les devoirs et les soucis qu'un roi doit prendre sur lui. (...)
Il se posa la couronne sur le coqueluchon en l'enfonçant exprès pour que quelques gouttes de sang pussent perler de son front et couler sur son visage. En voyant cela, le monde émotionné se jeta à genoux.
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Avec tout le respect que je dois à l'Esprit saint, dit-elle, je sais une seule chose que mon père m'a apprise et qui lui venait de son grand-père : les livres sont affaire du diable,tout juste bons à apporter la guerre, la mort et la disette._Les mauvais livres, oui, rebecqua le père Uhù. Mais pas les bons, pas ceux de l'Eglise et des saints.
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La classification des démons, conçue par Psellus, en Ignés (sis dans l'atmosphère supérieure),Aériens (dans l'atmosphère environnante), Terrestres (dans la terre), ,Aquatiques (dans les eaux), Souterrains (dans les cavernes), et Lucifuges (dans les grottes inférieures) lui donna le coup de grâce.
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Videos de Andrea Camilleri (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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