L'Amante du pharaon

Pour découvrir l'auteur égyptien prix Nobel de littérature, je n'ai pas choisi son titre le plus connu. Bien au contraire. Il s'agit de son deuxième roman, loin de ceux qui l'ont rendu célèbre par la suite.
J'ai été très surprise par la qualité d'écriture du récit. le langage utilisé est recherché et poétique. Mahfouz réussit à nous faire partager les sentiments profonds de ses personnages. Il nous fait entrer en empathie avec eux malgré leurs défauts et leurs comportements irrationnels. L'intrigue est bien construite et la tension monte crescendo au cours du roman jusqu'au dénouement final. L'auteur crée une ambiance autour du tout jeune pharaon et de la belle Rhodopis, son amante. Leur amour est passion au-delà de la raison et un tel amour conduit immanquablement à la tragédie. En cela, il s'agit d'une histoire intemporelle et universelle. L'Egypte ancienne n'est qu'un cadre, un contexte, pour cet amour passionné.

J'admire les deux personnages féminins de cette histoire. La belle Rhodopis garde son indépendance et refuse de se rendre dans le harem royal et la reine sait garder sa dignité et son rang en toute circonstance. Deux femmes de tête, bien plus fortes que les personnages masculins qui se laissent dompter par leur sens et par la beauté de Rhodopis.

Cette lecture constitue un agréable avant-goût de l'oeuvre de Mahfouz et me donne envie de lire notamment sa célèbre Trilogie du Caire.

Par orgueil, un pharaon refuse de revenir sur une décision lourde de conséquences pour son peuple. Par amour-propre, une courtisane se moque de ses amants. Un jour, ces deux-là se rencontrent (je passe sous silence le fait qu'ils se rencontrent par intervention céleste, un vautour dérobant l'une des sandales de la belle et la déposant sur les genoux du pharaon*) et ces deux-là tombent amoureux et vivent de leur amour jusqu'à ce qu'ils tombent tout court. Nul conte ici, ce roman qui dramatise un peu trop à mon goût ( tout est cousu de fil blanc, tout est décrit avec emphase, c'est l'horreur !) reprend les codes de la tragédie. Aussi, si vous avez déjà lu Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, sachez que c'est comme si vous aviez déjà lu ce roman. C'est pourquoi je vous recommande de lire plutôt que l'Amante du pharaon, Akhénaton le renégat, du même auteur, la première oeuvre m'apparaissant comme le brouillon de la deuxième ...


* Morale de l'histoire : si vous manquez d'inspiration pour déclarer votre flamme, n'hésitez pas à dresser un vautour pour tenter le coup de la chaussure.

J'ai acheté ce roman à la sortie de l'exposition sur Toutankhamon cet été ; je souhaitais prolonger mon immersion en Egypte ancienne (et auprès de Toutankhamon, mais aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'y avait pas de roman historique sur lui…).
Dès la préface, nous sommes prévenus : il est à peu près certain que les trois personnages principaux ont bien existé et il est possible que ce soit à la même époque. Bref, l'auteur ne s'est pas beaucoup basé sur des faits avérés pour imaginer son histoire !

Tout commence lorsque le pharaon Merenrê II décide de reprendre aux prêtres une grande part des richesses ce que ses prédécesseurs leur avaient octroyé. Il s'ensuit une crise politique, aiguisée par la passion nouvelle du pharaon pour une courtisane incroyablement belle, Rhodopis, puisqu'il la couvre d'or après avoir dépossédé les prêtres… Au milieu de tout ceci, la reine Nitocris et les deux conseillers du pharaon essaient de tempérer les ardeurs de chacun.
Rhodopis et Merenrê auraient voulu vivre leur amour loin de tout, mais ils ne peuvent fuir la réalité… L'une déchaîne les passions malgré elle, tandis que l'autre doit modérer ses émotions pour régner sagement.

C'est vraiment dommage que le cadre ne soit pas plus décrit. L'histoire n'est pas inintéressante, elle est bien écrite, mais j'ai eu l'impression qu'elle aurait pu se passer un peu n'importe où et n'importe quand ! Car non seulement les thèmes sont universels, mais l'accent est peu mis sur la culture de l'Egypte antique – or, c'est justement dans ce contexte que je voulais me replonger.

Ce qui me marquera le plus dans ce roman, c'est le style de l'auteur : il a les tournures de phrases des classiques et manie les mêmes thèmes universels. Je n'hésiterai pas à lire d'autres romans de ce Prix Nobel égyptien si j'en ai l'occasion.

Ah l'Egypte antique ! J'ai toujours aimé… même au-delà de ça… Je ressens une telle intimité avec cette période que je pense que j'y ai vécu dans une vie antérieure… si on croit aux vies antérieures bien sur hé hé… Bercée toute petite par les récits de voyage d'une de mes tantes, j'ai vécu avec la beauté de ces paysages, de ces monuments, de ces sculptures, de cette formidable mythologie, de cette plénitude qu'ils avaient acquis pour l'éternité, et j'ai une grande admiration pour leur savoir, leurs avancées incroyables à une époque où nous en étions encore à vivre dans des cavernes, à leur longévité… bien sûr j'aime beaucoup moins la façon dont ils traitaient les esclaves… mais toutes les civilisations ont eu le revers de leur médaille…
J'ai beaucoup lu quand j'étais plus jeune, des livres sur l'Egypte ancienne, que ce soit des livres historiques, des romans etc. Mais cela faisait longtemps… Et là, un de mes cousins me connaissant bien, m'a gentiment offert « L'amante du pharaon » à Noël… je n'ai pas résisté longtemps au plaisir de le lire, afin de me replonger avec délice dans cette merveilleuse époque.
Ce livre est très bien écrit, l'histoire se suit bien… L'intrigue se déroule sur une année… au tout début du règne d'un jeune pharaon, fougueux, colérique et très amoureux d'une belle danseuse, courtisane, qui ensorcelle tous les coeurs. Ils vont vivre tous les deux une passion dévorante dans une Egypte troublée… Mérenrê II en oublie un peu trop ses devoirs de souverain… L'auteur nous offre là de beaux personnages ancrés dans leur époque… avec une écriture qui nous ramène dans ces temps antiques.
Je ne connaissais pas du tout l'auteur égyptien, Naguib Mahfouz, qui a l'air d'avoir eu beaucoup de succès dans son pays et dans le monde arabe. Il est même le premier écrivain arabe à recevoir le prix Nobel, en 1988. Son esprit ouvert à une normalisation des relations avec Israël, provoque le boycott de ses livres par plusieurs pays arabes et en 1994, une tentative d'assassinat par des fanatiques islamistes qui le prive de l'usage de la main droite. Bref, un sacré bonhomme qui mérite tout mon respect !
Heureuse d'avoir découvert cet auteur, je vous le recommande vivement.

Coup de coeur pour ce roman de Naguib Mahfouz, à l'écriture fluide et impeccable, entrecoupée de dialogues. Je ne me suis pas ennuyée un seul instant.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas un « roman historique ». C'est plutôt un roman intemporel qui met en scène l'amour, la passion, le pouvoir absolu, la trahison. L'histoire montre les erreurs d'un pharaon trop jeune et orgueilleux, abusant de son pouvoir sur les prêtres et le peuple, tout en s'abandonnant à sa passion pour la jolie (trop jolie ?) courtisane « Rhodopis ».

J'ai beaucoup aimé ce roman qui me fait penser finalement à une tragédie de style classique, les personnages sont chacun à leur place. Leur tempérament va les entraîner à faire de graves erreurs de jugement, et cette situation d'un homme au pouvoir qui délaisse ses responsabilités au profit de son seul plaisir ne se limite pas à l'Egypte ancienne mais reste intemporelle.