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Les damnés de la Commune - Intégrale tome 1 sur 1

Raphaël Meyssan (Autre)
EAN : 9782413042891
Delcourt (10/03/2021)
4.83/5   6 notes
Résumé :
Alors qu'il est à la recherche de Lavalette, le narrateur rencontre différentes personnes et, par leurs témoignages, il découvre peu à peu les tourments qui ont mené à la révolution de 1871. Illustrations réalisées à partir de gravures de l'époque de la Commune.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quelle claque !

Quelle claque tout ce travail, aussi bien sur le fond que sur la forme ! Depuis « La Mémoire des Vaincus » de Michel RAGON (1), je n'avais pas « vécu » une fresque historique avec une telle intensité. L'époque s'y prête, là encore : l'effervescence libertaire de la Commune de Paris en 1871, tentative d'émancipation du peuple, violemment réprimée par les usurpateurs du pouvoir populaire réfugiés à Versailles – tout un symbole.

Raphaël MEYSSAN raconte l'Histoire de la Commune en image et en trois volumes en suivant les pas d'un homme – un dénommé Lavalette (2) – et d'une femme – Victorine B. (3) – à travers leur implication respective dans cet évènement révolutionnaire à la fois exaltant et tragique ; dépoussiérant les témoignages de leur vie ainsi que celle d'autres qu'il et elle auront été amenés à croiser de près ou de loin, comme la célèbre « Vierge Rouge » Louise MICHEL notamment.

Il se trouve que Lavalette est « voisin » de l'auteur – approximation faite des 150 ans d'écart. C'est le point de départ d'une enquête historique qui nous emporte à travers de nombreuses archives un peu partout dans le Paris administratif moderne et plus loin parfois ; mais on voyage surtout dans le temps. Grâce aux gravures d'époque illustrant chaque case, avec leur style si particulier, on visite le Paris de 1871, ses quartiers populaires au Nord et à l'Est, surtout, ainsi que les grandes artères neuves de Paris, tout juste tracées par Haussman (4) – celles que l'on connait encore aujourd'hui – travaux n'ayant d'ailleurs pas ralenti la ségrégation urbaine.

L'histoire contée par Meyssan est aussi tortueuse que L Histoire elle-même, à la distinction qu'elle se permet des retours en arrière et des bonds en avant qui, s'ils ne facilitent pas la représentation chronologique, sont toujours passionnants et opportuns.
De l'origine de l'invasion des Prussiens et de leur siège à l'Est de Paris, en passant par la fuite à Versailles de Thiers et consorts (5), l'installation du Comité Central à l'Hôtel de Ville, les manoeuvres déloyales des Versaillais, jusqu'à la Semaine Sanglante (6), Raphaël MEYSSAN dépeint les esprits libres et leurs débats, retrace les procès-verbaux et les journaux de l'époque, montre les barricades qui tiennent et les canons qui tonnent ! On les entendrait presque tant le récit vit sous nos yeux, sous les traits des dessinateurs de presse d'alors et grâce au sensible et méticuleux travail de l'auteur.

Une claque, vraiment, cette immersion avec les Communards (7).

Je reste concis évidemment, car tenter un résumé de cette trilogie totalisant plus de 400 pages – foisonnantes de détails – ne rendrait pas justice au travail de Raphaël MEYSSAN (8), ni à la magnifique complexité de l'Histoire, forgée par les dées, les luttes, les joies et les désillusions, les moments de bravoure et les tragédies de cette Commune de Paris.
Quelques figures populaires, notamment Jules FERRY – « Ferry-Famine » tel que le surnommaient les Communards – ou encore Émile ZOLA, sont quelques peu égratignées au passage. Ça bouscule un peu sur le moment, on revisite L Histoire et les préjugés qu'on en a... Ça ne fait jamais de mal : à l'école, on survole… Pas le choix ? Pas le temps, sûrement.

Un grand merci au prof' d'Histoire qui m'a prêté cette oeuvre magistrale pour la découverte et le plaisir que m'aura procuré cette lecture engagée, passionnante et, à bien des égards, ardente.

(1) https://www.babelio.com/livres/Ragon-La-memoire-des-vaincus/30176/critiques/2063546
(2) https://maitron.fr/spip.php?article63514
(3) https://maitron.fr/spip.php?article154273
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Transformations_de_Paris_sous_le_Second_Empire
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Soul%C3%A8vement_du_18_mars_1871
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Semaine_sanglante
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Communard
(8) https://www.youtube.com/watch?v=nkkQtNytcqQ
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"Cette histoire, c'est la tienne. Je te la confie. Prends soin d'elle. Protège-la. Et, surtout, partage-la. Transmets-la."
C'est ainsi que Raphaël Meyssan termine son chef-d'oeuvre (oui, c'est en un, magistral !)
Et Raphaël, frère, ami, voisin, membre de ma "race" (Annie Ernaux) dont on peut être très fiers, a fait le travail, et comment ! Il nous a transmis l'histoire des vrais acteurs de la Commune.
Alors, voici une de mes maigres contributions à cette transmission, ici.
Ouvrez le premier tome, devenez Lavalette, devenez Victorine, ou devenez Malvina Blanchecotte. C'est à cette incarnation que nous invite l'auteur, au ras des yeux des personnages réels, au plus profond de leur vécu, de ces quelques semaines où nos soeurs et nos frères communièrent dans Paris. Ouvrez donc le premier opus, vous dévorerez la suite jusqu'à sa conclusion, amère et mémorielle, "Transmets".
Une claque oui, une immense émotion. Ce trio en BD m'a bouleversé. Il a encore changé mon regard. Est-ce qu'un livre peut transformer un lecteur ? Oui.
Merci Raphaël pour cette approche nouvelle, cette connivence tendre avec vos personnages, on y prend part vraiment.
J'y ai retrouvé ce qui m'avait touché dans les Raisins de la colère de John Steinbeck et dans 14 JUILLET d'Eric Vuillard. On y vit les émotions des protagonistes, on est dans leur chair et dans leur tête, à hauteur d'homme ou de femme, au rythme des événements, instant après instant. Ce n'est pas un roman, il n'y a pas d'intrigue ou de suspense, on n'attend pas un revirement, car on connaît la fin, car l'Histoire l'a déjà écrite, car les décisions ont été prises, car les victimes ont disparu.
Du point de vue graphique, là aussi c'est une grande réussite, un travail immense de l'auteur, tant pour la sélection des gravures que pour leur mise en page et leur inscription homogène dans des volumes en bande dessinée. L'oeil est entraîné à chaque planche, l'image apporte une grande force au récit écrit. Bravo l'artiste !
Il y aurait mille choses à commenter encore ici, l'orientation historique, le choix des personnages, les absences, etc. C'est à vous de vous en faire l'idée, de vous renseigner et de transmettre l'histoire de notre famille, ou bien de choisir votre "camp".

Un mot de la faim (sic) concernant le film distribué par ARTE. Malgré la réécriture complète de la BD pour la réduire à 1h30, malgré l'excellente distribution / interprétation des voix off (Yolande Moreau, Simon Abkarian, Mathieu Amalric, Fanny Ardant, Charles Berling, Sandrine Bonnaire, André Dussollier, Anouk Grinberg, Arthur H. Félix Moati, François Morel, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Jacques Weber, etc.), et d'autres qualités de ce document, je suis resté sur ma faim. Il y a ce côté larmoyant de la chaîne TV qui me dérange si souvent (un post-romantisme franco-allemand qui se tient dans ses ridelles pour ne déranger personne, sans doute, le leitmotiv de la bienpensance), et puis l'absence de Lavalette (on lui a préféré la présence de Victor Hugo !), et puis un graphisme figé malgré les efforts pour y ajouter de l'animation, et puis pas mal d'autres éléments assez peu dérangeants pour des yeux ingénus. Enfin, par rapport à la version papier, on est loin d'une transcription fidèle. Il y a eu une véritable réécriture pour aboutir au format audiovisuel, et ce n'est pas très heureux parfois. Désolé, Raphaël, je garderai seulement la trace imprimée pour cette fois !
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Le travail titanesque de Raphaël Meyssan rassemblé dans un magnifique coffret.

Composé de gravures d'époques, cette trilogie nous narre la Commune de Paris par le prisme de ses protagonistes de premier plan.
Une histoire "par le bas" permettant de raconter L Histoire, dans la lignée des travaux d'Howard Zinn (et son mythique "Une histoire populaire des États-Unis"), mais ici dans une démarche artistique.

C'est époustouflant, ça se savoure, c'est profond, puissant, magistral.

Et ce n'est pas de n'importe laquelle des pages de l'histoire de France qu'il est question.
En cette période "anniversaire" de la Commune et alors que le travail de Raphaël Meyssan vient d'être adapté sur Arte, si vous le pouvez, n'hésitez pas à vous ruer sur ce bel objet rendant hommage à ces "damnés", Victorine et Lavalette en tête.

Bravo !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans le vide de ma ville, ces mots m'ont fait rêver. J'avais un voisin communard. Un certain LAVALETTE avait vécu chez moi.
Il y avait dans mon immeuble, dans mon quartier si éloigné du centre de la cité, une histoire. Une toute petite histoire, effacée par le temps.
Celle d'un homme inconnu enfouie dans une histoire méconnue : LA COMMUNE DE PARIS de 1871.
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