Qu'avons-nous fait de nos sourires les uns aux autres ? Qu'avons-nous fait de nos amours ? Fallait-il hier, fallait-il nous aimer, oui, nous aimer, nous aimer pour faire la guerre à présent ? La guerre, oui, oui ? A tout prix ? On verra par la suite ? Moi, je vous crie que non ! Pas la guerre ! Je ne l'aime pas, moi, la guerre, elle me fait chier, moi, la guerre, elle m'emmerde plus qu'autre chose, la guerre, vous avez beau être des milliards à la mener, cela ne change rien, c'est vous qui avez tort, et c'est moi qui ai raison, parce que, moi, je sais ce que je veux, je ne veux, je ne veux plus tomber ! Je ne veux plus tomber !
Vous ne saurez pas qui je suis ! Vous ne saurez pas le fond de moi, qui vous bouleverse, car je vous bouleverse, je vous bouleverse, et vous retenez toujours vos larmes pourtant ! Vous ne toucherez pas à ce que j’ai de plus précieux : mon insouciance, vous ne la toucherez pas ! Je vous hais, je vous hais, je vous hais pour ce que vous dites, pour la mauvaise construction grammaticale de vos phrases, pour le manque d’imagination de vos mots, pour la pauvreté de vos mensonges, je vous hais, je vous méprise, pour la structure de vos vies, pour la tristesse de votre quotidien, pour votre méchanceté.
ca va comme une orange qui attend de tomber.Ca va. Fallait-il, fallait-il que l'on s'aime pour faire la guerre à présent., fallait-il, fallait-il que l'on s'Aime pour se détruire ainsi, à bas l'Amour et vive la guerre ?
Wadji Mouawad est dramaturge, romancier, metteur en scène, Grand prix du théâtre de l'Académie française et il dirige actuellement le Théâtre national de la Colline depuis 2016. Cet homme d'origine libanaise est venu donner son point de vue sur la question "Que faire de notre héritage culturel?". "On a semé en moi la graine de la détestation, qui consistait au fond à détester tout ce qui n'était pas de mon camp et mon clan", a expliqué Wadji Mouawad, qui a grandi au Liban pendant la guerre civile, dans une "culture de la détestation". Aujourd'hui, il a choisi de réfléchir à la manière dont son héritage personnel l'encombre dans la situation que nous vivons actuellement, et notamment le conflit israélo-palestinien, et plus particulièrement depuis les attentats du 7 octobre 2023. Selon lui, il n'est pas possible d'être neutre du fait de notre héritage. Après ce constat, il en vient à se poser la question suivante : "Est-ce que notre héritage ne devient pas un obstacle à notre capacité à l'empathie?".
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