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EAN : 9782021159714
346 pages
Seuil (25/01/2014)
3.95/5   67 notes
Résumé :
Entre l'avant et l'après, entre la fresque sociale et la chronique d'une famille portugaise prise dans les temps modernes. Voilà un moment déjà que José Saramago se plaît à peindre un monde en mouvement, sinon en pleine mutation.
"La Caverne" clôt un triptyque inauguré par "L'Aveuglement" et poursuivi par "Tous les noms," un triptyque où la verve poétique du prix Nobel de littérature (en 1998) le dispute au roulis nostalgique d'un auteur profondément at... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Cipriano Algor, potier de son état depuis trois générations, travaille depuis plusieurs années avec sa fille Marta pour un centre commercial qui lui achète sa vaisselle jusqu'au jour où celle-ci n'est plus acceptée car remplacée par de la vaisselle plastique imitant la terre cuite. Désemparé, Cipriano voit son monde s'effondrer et prend conscience de la disparition programmée de son savoir-faire. Dans un sursaut d'orgueil et pour sauver son gagne-pain, il se lance dans la fabrication de figurines en série, avec l'aide de sa fille, espérant ainsi repousser l'échéance de sa disparition. Dans ce roman, dernier volume d'une trilogie comprenant L'aveuglement et Tous les noms, José Saramago continue sa critique de la société portugaise en plein essor économique après son adhésion à la Communauté Européenne. Cette adhésion a entraîné un développement industriel et agricole sans précédent et la disparition, en partie, de l'artisanat traditionnel et de l'agriculture familiale. Une société de consommateurs avides de plaisirs nouveaux voit le jour à l'image des clients de cet immense centre commercial voué aux loisirs et aux achats et dont l'unique objectif est de créer des besoins pour mieux les satisfaire. Point besoin d'attacher ces adeptes du shopping qui se contentent de faux soleils pour être heureux.

La noirceur du propos est contrebalancée par l'humanité touchante de Cipriano Algor et sa relation tout en pudeur avec sa fille Marta dont les répartis sont la cause d'échanges vifs et plein d'humour avec son père. A leur côté, Martial, son gendre, employé comme gardien au Centre, incarne la raison et le bon sens. Il ne faut pas oublier le chien Trouvé, témoin silencieux du drame qui se joue. Il renvoie à ses maîtres son être de chien comme le rappel d'une relation toujours à vivre pour rester humain. Car l'enjeu est bien là, comment rester humain dans une société qui valorise l'individu et ses désirs et exclut ceux et celles qu'elle considère sans valeur économique.
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Encore une fois un texte magnifique de Saramago. J'ai retrouvé de nouveau ce style si particulier, l'auteur décrivant, comme vu du dessus, ses personnages et les situations, apportant avec un humour au second degré des commentaires, laissant entendre que les personnages mènent leur propre existence tout en précisant qu'il maîtrise à la toute fin leur devenir comme un dieu tout puissant.
Comme d'habitude avec Saramago, le style est au service d'une histoire, un conte métaphorique qui nous délivre une analyse et une vision de notre monde très angoissantes.
Dans ce roman "La Caverne", Saramago nous décrit notre monde comme étant le prolongement de la caverne de Platon. Nous sommes enchaînés au fond de la caverne, fascinés par les ombres projetés sur le fond de la grotte et persuadés qu'il s'agit du monde réel. Au travers de ce roman, j'ai lu une dénonciation de notre société de consommation, d'une société du futile et du superficiel, gouverné par les marchands, créant des besoins inutiles et mortels.
On ne sait jamais ce qu'est réellement le Centre, qui sont ces gens, qui gouvernent. Cipriano Algor, le potier, n'a des relations qu'avec des fonctionnaires, des subalternes, des sous-chefs. Son gendre, Marçal, est recruté comme garde résident, sans que l'on comprenne vraiment la raison de ces gardes dans le Centre. Tout au long du roman, on ne peux que penser à l'univers de Kafka. Notamment cet échange entre un sous-chef et Cipriano qui fait irrésistiblement pensé à la chute du Procès de Kafka :
"Mon cher Monsieur, je suppose que vous ne vous attendez pas à ce que je vous dévoile le secret de l'abeille, J'ai toujours entendu dire que le secret de l'abeille n'existe pas, qu'il s'agit d'une mystification, d'un faux mystère, d'une fable qu'il faut encore inventer, d'un conte qui aurait pu être mais qui n'a pas été, Vous avez raison, le secret de l'abeille n'existe pas, mais nous, nous le connaissons."
On relèvera dans cette citation, le style si particulier de Saramago, n'employant que des virgules et des points pour la ponctuation et utilisant les majuscules pour introduire les échanges de dialogues.
Saramago crée un parallèle entre les corps enchaînées découverts au fond de la caverne sous le Centre et les figurines d'argiles fabriquées par Cipriano et sa fille. Mais à la différence des cadavres qui nous représentent enchaînées face à la paroi du fond d'une grotte, les figurines sont le symbole du nouvel homme, libre en ce sens, qu'elles ont été sorties du four, image de la grotte, exposées à l'extérieur et que la pluie les transformera en boue et le soleil en poussières, retournant ainsi à leur origine naturelle dans un cycle sans fin de création.
Livre magnifique (comme tout les écrits de Saramago) à lire absolument.
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Dans son style incomparable - longues phrases, peu de ponctuation, monologue intérieur continu entre les différents protagonistes, fine analyse des actions et réflexions - José Saramago nous propose cette fois-ci l'approche d'une question très contemporaine à propos de la consommation et du divertissement de masse, et ce que cela implique pour l'environnement, que ce soit pour la nature ou les changements imposés aux individus.
Peut-être certaines approches sont-elles un peu "visibles", mais cela ne m'a pas dérangée que l'on oppose à l'urbanisation forcée et l'agriculture industrialisée, la poterie, l'argile, cette production "manufacturière" presque aussi ancienne que le feu dans les activités humaines, et totalement recyclable.
J'ai trouvé de belles trouvailles, et beaucoup d'humour à la fois dans les situations (que penseront les archéologues du temps futur devant un dépôt de céramiques ?) et les dialogues (sous leur forme "saramagienne", évidemment), tout comme une tendresse simple, délicate et puissante à la fois entre un père et sa fille, dans une relation que l'on envie.
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LA CAVERNE de JOSÉ SARAMAGO
Cipriano Algor est potier, il habite un petit village non loin d'un centre commercial gigantesque d'une cinquantaine d'étages où l'on trouve tout, le nécessaire et le superflu y compris des appartements. D'ailleurs son gendre Marçal Gacho attend une promotion comme gardien principal pour pouvoir y emménager avec la fille de Cipriano, Marta. Un jour Cipriano qui fournit le Centre en faïence apprend qu'il n'ont plus besoin de ses produits, les clients n'en achètent plus. Depuis longtemps Marçal et Marta lui ont proposé de venir habiter avec eux dans le Centre quand il iront mais Cipriano hésite, il est très attaché à son village. La fin de son atelier de poterie va remettre en question bien des éléments dans sa vie et il va devoir faire un choix difficile d'autant que depuis peu il a fait une rencontre féminine et découvert un chien errant, alors…
Comme souvent Saramago écrit une sorte de fable très sombre, ne voyant dans le futur que des rapports déshumanisés symbolisés ici par le service d'ordre du Centre, entité anonyme dont on ne connaît que les sous fifres exécutants. C'est la fin d'un monde, celui d'un certain artisanat mais aussi la fin de vie qui se profile pour Cipriano malgré le profond attachement qu'ont pour lui sa fille et son gendre. Prolongement de l'allégorie de la Caverne de Platon, Saramago fustige nos choix semblant privilégier un certain passéisme. Intéressant bien qu'un peu déprimant.
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ANTRE moralisateur ? GOUFFRE blasphématoire?
NULLEMENT, il's'agit d'un pharamineux oratorio, un véritable plébiscite" in sacramento" usant d'une autorité didactique inconditionnelle et d'une absence de miasme puéril, conçu et orchestré avec métonymie par un orfèvre compositeur de mots et de phrases méticuleusement orchestrées à des fins démonstratives de la déliquescence de l'image de l'homme dérouté et déroutant, mêlant son occurrence de discours et sa fatuité de posture au profit d'une perte matricide d'âme inénarrable et incoercible le projetant ineffablement dans une abyme abyssale au lieu de connaitre une réelle grandiloquente epiphonème. quiddité à mes yeux.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
"On apprend presque tout en lisant,.., Tu dois donc savoir quelques petites choses,..., Il faudra que tu lises différemment,..., La même façon ne sert pas à tout le monde, chacun invente sa propre façon, certains passent leur vie à lire sans jamais réussir à dépasser le stade de la lecture, ils restent collés à la page, ils ne comprennent pas que les mots sont comme des pierres placées en travers d'une rivière pour en faciliter la traversée, elles sont là pour que nous puissions parvenir sur l'autre rive, c'est l'autre rive qui importe,..., Sauf si ces fameuses rivières ont plus de deux rives, sauf si chaque personne qui lit est elle-même sa propre rive et si la rive qu'elle doit atteindre lui appartient en propre."
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Le problème est sérieux et mériterait une réflexion approfondie et soutenue, mais la logique et la discipline de la narration qui peuvent parfois être violentées ou qui, lorsque les circonstances l'exigent, doivent l'être, ne nous permettent pas de laisser plus longtemps Isaura Madruga et Cipriano Algor dans cette situation angoissante où ils sont genés et demeurent muets l'un devant l'autre, en présence d'un chien qui les regarde et ne comprend pas ce qui se passe et d'une pendule au mur qui se demande avec son tic-tac pourquoi ces deux-là auraient besoin de temps puisqu'ils n' en profitent pas. Il faut donc faire quelque chose. Oui, quelque chose, mais pas n'importe quoi. Nous pourrons et nous devrons ne pas respecter la logique et la discipline du récit, mais jamais au grand jamais ce qui constitue le caractère exclusif et essentiel d'une personne, c'est-à-dire sa personnalité, sa façon d'être, sa physionomie particulière. Toutes les contradictions sont admises chez un personnage, mais pas les incohérences, nous insistons particulièrement sur ce point car contrairement à ce qu'indiquent d'habitude les dictionnaires, incohérence et contradiction ne sont pas synonymes. C'est à l'interieur de sa propre cohérence qu'une personne ou un personnage se contredit, tandis que l'incohérence, qui, bien plus que la contradiction, est une constante du comportement, refoule la contradiction, l'élimine se refuse à faire bon ménage avec elle. De ce point de vue et au risque de tomber dans les rets paralysants du paradoxe, il ne faudra pas exclure l'hypothèse que la contradiction soit précisément et finalement un des contraires les plus cohérents de l'incohérence.
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Les mains qui manient le volant sont grandes et fortes, des mains de paysan, toutefois, en raison peut-être du contact quotidien avec la douceur de l'argile auquel son métier l'oblige, elles révèlent de la sensibilité.

( p.11)
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Autoritaires, paralysantes, circulaires, parfois elliptiques, les phrases à effet, appelées aussi dans un esprit facétieux pépites d'or, sont un des fléaux les plus pernicieux qui aient ravagé le monde. Nous disons aux irréfléchis, Connais-toi toi-même, comme si se connaître n'était pas la cinquième opération de l'arithmétique humaine et la plus ardue, nous disons aux abouliques, Vouloir c'est pouvoir, comme si les réalités bestiales du monde ne s'amusaient pas à intervertir chaque jour la position relative de ces verbes, nous disons aux indécis, II faut commencer par le commencement, comme si ce commencement était l'extrémité toujours visible d'un fil mal enroulé, qu'il suffirait de tirer et de continuer à tirer jusqu'à parvenir à l'autre extrémité, celle de la fin, et comme si, entre la première et la seconde, nous avions eu entre les mains un fil lisse et continu le long duquel il n'avait pas été nécessaire de défaire des nœuds ni de débrouiller des étranglements, ce qui est impensable dans la vie des écheveaux et si une autre expression à effet nous est permise, dans les écheveaux de la vie
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Le vocabulaire humain ne sait pas encore, et ne saura sans doute jamais, connaître, reconnaître et communiquer tout ce que les hommes éprouvent et ressentent.
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Vidéo de José Saramago
Charlotte Ortiz, traductrice de "Traité sur les choses de la Chine" de Frei Gaspar da Cruz (ouvrage à paraître) nous fait le plaisir de nous parler de deux livres importants pour elle. "L'aveuglement" de José Saramago, roman parlant d'une pandémie ... elle vous en dira plus et, "Européens et japonais, traité sur les contradictions et les différences de moeurs" de Luís Froís où il est question, entre autres, de genre, de cuisine et de belles perspectives ;) !
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