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Joseph Danan (Autre)Fahimeh Najmi (Traducteur)François Rémond (Traducteur)
EAN : 9782375720608
72 pages
L'espace d'un instant (05/10/2023)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Quelques histoires des pluies d’amour et de mort présente cinq récits qui interrogent les relations humaines en présentant une galerie de personnages solitaires livrés à eux-mêmes. Une mère et sa fille sont forcées de camoufler une mort accidentelle, un maître d’école est confronté aux révélations ambiguës d’un élève, et le fantôme d’une mère refuse de s’en aller. Abbas Nalbandian livre une série de scénettes impressionnistes du monde iranien, où l’individu est en p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quelques histoires des pluies d'amour et de mort, d'Abbas Nalbandian est une étrange pièce de théâtre à la fois absurde et surnaturelle, mais aussi angoissante et morbide. La pièce a été publiée en 1977 -et son auteur s'est suicidé en 1989 alors qu'il est contraint de ne plus exercer son activité.

Nos quelques histoires sont en fait au nombre de 5 ("une pentalogie") et ne semble reliées entre elles que par de maigres indices, ou du moins un contexte particulier (qui pourtant n'existe pas). L'anxiété de tous les personnages est palpable, peu importe ce qui en est la source (un cadavre à dissimuler, la maladie qui vous ronge, un amour impossible, la peur d'être mis en prison, paranoïa, etc.). C'est bien là le tour de force de l'oeuvre, car via des échanges limités, on ressent des émotions intenses.

Les manifestation surnaturelles, ou au minimum étranges, semblent être le fil conducteur pour avancer dans les "histoires" : on croisera à plusieurs reprises une radio qui énonce des textes en avance ou après coup, un fantôme, un cadavre qui semble encore bien vif, etc. Cet étrange bestiaire contribue évidement à exacerber l'anxiété mentionnée ci-dessus tout en servant de métaphore au contexte politique et social dans lequel l'auteur vivait. Un des personnages évoque un cauchemar où seule sa tête dépasserait du sol, et qu'à force de se faire lancer des choses dessus, celle-ci se décroche -une façon comme une autre de référer à la lapidation, méthode d'exécution utilisée pour punir les désirs sexuels "illicites" (thème qui revient dans plusieurs "histoires"). On rappellera aussi que les personnages ont peur d'être arrêtés, peu importe la raison.

La solitude revêt l'apparence d'un genre de schizophrénie : le personnage parle, un interlocuteur répond. Il est en réalité tout seul et se fait la conversation, comme pour se rassurer et avancer.

La lecture est très facile d'accès, et presque un peu frustrante tant elle est courte. le message et l'engagement sont forts, mais on en ressort trop tôt pour être marqué durablement à mon avis, sauf si bien sûr certaines situations nous sommes connues (et je ne parle pas de transporter des cadavres, allons !).

Paradoxalement, l'histoire que j'ai trouvé la plus touchante est "Troisième épisode : le vin pleut, le blanc" qui est une histoire de fantômes plus classique. Ca me frustre un peu de préférer l'histoire la plus déjà vue sur un texte qui me sort totalement de mes habitudes, mais on ne se refait pas.

Enfin, bien que Quelques histoires des pluies d'amour et de mort n'aie strictement aucun rapport avec la culture jeu-vidéo plus moderne, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Silent Hill -un jeu d'horreur psychologique où la radio nous transmet des messages plus ou moins cryptiques de l'au-delà, ou de moins loin? Avis aux amateurs de la saga en question. Aussi, je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais j'ai eu une pensée pour Dry September -sans doute l'ambiance pesante, et l'attente d'un dénouement difficile.

C'est une lecture qui vaut le détour et n'engera pas beaucoup de votre temps, tout en proposant une intrigue originale qui vous amènera à réfléchir sur ce qui peut bien s'y passer, mais aussi sur le sens de l'amour et la mort dans notre existence.

Note : Je remercie Babelio de m'avoir fait parvenir ce livre via l'opération Masse Critique.
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Bonjour, petite chronique sur une pièce de théâtre reçue pour Masse Critique : Quelques histoires des pluies d'amour et de mort, d'Abbas Nalbandian.

J'étais assez curieuse de voir de quoi ce titre allait parler, étant toujours avide de découvrir la littérature d'autres régions du monde, ici l'Iran. Abbas Nalbandian est un auteur persan qui est décédé dans les années 1980. Il s'est donné la mort suite au changement de régime du pays. Ce receuil de cinq scénettes est son dernier texte.

Au travers cinq courtes scènes, l'auteur nous brosse le portrait dramatique de quelques personnages : une mère et sa fille qui doivent se débarrasser d'un corps, un élève qui parle de ses relations ambiguës avec un homme qu'il a rencontré après l'école ou encore le fantôme d'une mère qui n'arrive pas à passer à autre chose, alors que son mari souffre d'une tumeur au poumon. C'est sombre et dramatique, incisif aussi. Les répliques sont courtes, le contexte est largement laissé à l'imagination du lecteur ou du metteur en scène. Néanmoins, on découvre dans la dernière scène que toutes ces histoires s'entremêlent plus ou moins, un peu à la manière d'un texte de Kafka.

Même si j'ai bien apprécié ma lecture, très intéressante, je n'ai pas vraiment accroché au style de l'auteur. Je trouve que tout va un peu trop vite, et que c'est trop abstrait pour pouvoir émettre plus d'hypothèses de lectures que ça. J'ai eu du mal à m'immerger dans le récit et à voir les scènes se jouer dans ma tête. J'ai néanmoins bien apprécié la troisième avec la mère fantôme, que j'ai trouvé plus accessible que les autres.

Je recommande si vous êtes curieux de découvrir ce qui peut se faire en théâtre étranger, mais je pense que je ne suis pas la bonne cible pour.
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Cinq scénettes se succèdent, où, à chaque titre de l'une d'elles, le mot « pleut » s'est glissé. de petites histoires apparemment sans rapport, et pourtant, mises bout à bout, elles forment un tout. Un homme est mort, la mère et sa fille tentent de faire disparaître le corps. Une mère décédée discute pourtant avec son fils et son mari alors que ce dernier apprend qu'il est atteint d'une grave maladie. Un professeur et son élève conversent à propos de sujets tabous…

Dans chacune des scènes, les échanges sont faits de phrases brèves, dans un dynamisme qui ne laisse aucun temps mort. le monde de l'absurde vient s'inviter dans le scénario, donnant à cette pièce des accents tout Beckettiens. Les dialogues pourraient parfois former un unique monologue, les passerelles entre les séquences existent aussi par le biais de répétition de mots ou de situations volontaires. En fond, omniprésente : la peur. « À l'instant, j'étais en train de me parler. Non, t'étais avec quelqu'un d'autre. Avec quelqu'un d'autre ? Avec qui ? Il n'y a personne ici. Si, il est là. Tu me fais peur. J'ai peur. Pourquoi t'as peur ? Parce que tu dis qu'il y a quelqu'un ici. Eh bien, ce n'est pas une raison d'avoir peur. Pas avoir peur ? le fait qu'une personne rentre dans sa chambre et voie qu'il y a un étranger dedans, ça ne te fait pas peur ? ».

Ce livre de l'iranien Abbas NALBANDIAN (1947-1989) est une curiosité à bien des égards. En outre, il évoque l'homosexualité dans un pays qui ne l'autorise pas. C'est aussi une singularité par son rythme effréné dans les échanges, par la cohérence entre chaque scénette, pourtant distincte des autres puisque les protagonistes sont toujours différents. La pièce fut écrite en persan en 1977, peu avant la chute du régime du Shah d'Iran, bientôt remplacé par l'islamisme radical de l'Ayatollah KHOMEINI (1979). À partir de cette date, les travaux littéraires et théâtraux de NALBANDIAN sont interdits par le régime. Misérable, l'auteur finit par se suicider en 1989.

« Quelques histoires des pluies d'amour et de mort » est une pièce du théâtre de l'absurde, mais c'est également un vent de liberté dans un Iran autoritaire. Cependant, il ne faut pas y voir un travail sur le burlesque. En effet, tandis que l'évocation de la folie est bien réelle, la première séquence démarre dans le noir tandis que la dernière se clôt également dans une profonde opacité. Ainsi la boucle est bouclée, voici bien la preuve que ces quelques scènes a priori indépendantes se complètent et sont d'un seul bloc, massif et cohérent. Elle est la dernière pièce de l'auteur, qu'il finira d'ailleurs par renier.

Cette pièce est traduite du persan par Fahimeh NAJMI (privée de travail en Iran, elle s'est exilée en France) et François RÉMOND, la préface étant signée Joseph DANAN. Un livre à explorer pour ses propos décalés et subversifs pour son époque et dans ce pays. Il vient de sortir chez l'espace d'un Instant.

https://deslivresrances.blogspot.com/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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J'ai reçu ce livre grâce à la masse critique Babelio. Je ne connaissais ni l'auteur ni la pièce.
J'ai apprécié de recevoir une pièce de théâtre appartenant au monde arabe, que je connais peu. Les scènes sont courtes et se lisent très rapidement. Tantôt celles-ci sont surnaturelles, d'autres sont proches du nouveau théâtre à la Ionesco. le vocabulaire se veut simple.
J'ai aimé les thématiques abordées et les liens fins entre les scènes, mais cela donne un tout assez brouillon, inachevé, que je déplore. Dommage car le tragique s'en retrouve moins profond et assumé.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Puis, tout à coup, j'ai vu que moi et lui, tous les deux, étions enterrés sous la terre et que seules nos têtes étaient dehors. Nos têtes étaient en train de se séparer de nos corps, et n'étaient plus attachées que par quelques fils fragiles. L'espace entre nos têtes et nos corps était rempli de terre dure. J'avais très peur. Je pensais que dans un moment ma tête allait se détacher et que j'allais mourir. J'ai dit: J'ai froid, je meurs de froid. Il a dit: Allons à la maison ; allons chez moi.
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Et si on nous choppe? Ça n'arrivera pas. Et s'il y a un policier avec eux? Ce flic est si gros, ils ne sont pas aveugles? Et lui?
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