Les filles du feu - Aurélia

Il y a là de l'amour, de la cabale, du syncrétisme religieux, de l'amour encore, idéal, platonique, déifiant, du mysticisme vague et la passion de l'orient... Aurélia, c'est un aperçu du fatras magnifique qu'est l'esprit De Nerval, qui est splendide jusque dans sa folie.
Quelle époque terrible que la Restauration, où tant de belles âmes et d'esprits fins se sont heurtés au monde, à la société et à eux-mêmes, poursuivis jusqu'aux tréfonds de leur rêves, et en sont morts...

Un objet assez hétéroclite, où on trouve des lettres probablement authentiques de l'auteur dans le cadre d'une recherche documentaire, des nouvelles, une petite pièce de théâtre, un quasi-reportage sur les vieilles chansons populaires, ou encore un mémoire où l'auteur tâche de retranscrire sa folie vue de l'intérieur. Il ne faut pas avoir peur de passer du coq à l'âne d'une partie à l'autre, même si on peut déceler quelques thèmes transverses : l'obsession amoureuse pour une actrice, le désenchantement romantique, les grandes mythologies, la nostalgie de l'enfance, ou encore le débat intérieur entre la transcendance et la raison. La culture encyclopédique de l'auteur, amplement expliquée par "Angélique" où on le voit se débattre laborieusement parmi tous les milieux du livre de l'époque pour retrouver un ouvrage précis, est parfois mise au service d'un ésotérisme pour le coup peu rationnel. La folie et le sommeil deviennent des fenêtres sur l'au-delà aussi légitimes que l'est la pleine conscience sur la vie.
Étrange, mais extrêmement agréable à lire.