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EAN : 9782070124930
1232 pages
Gallimard (05/11/2009)
4.5/5   27 notes
Résumé :
Ce volume contient :
La Sagesse dans le sang ¤ Les Braves Gens ne courent pas les rues : « Les braves gens ne courent pas les rues » ¤ « Le fleuve » ¤ « C'est peut-être votre vie que vous sauvez » ¤ « Un heureux événements » ¤ « Les temples du Saint-Esprit » ¤ « Le nègre factice » ¤ « Un cercle dans le feu » ¤ « Tardive rencontre avec l'ennemi » ¤ « Braves gens de la campagne » ¤ « La personne déplacée » ¤ Et ce sont les violents qui l'emportent ¤ Mon mal vi... >Voir plus
Que lire après Flannery O'Connor - Oeuvres complètes : Romans, nouvelles, essais, correspondanceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai lu récemment trois recueils de nouvelles, l'un où l'amour tient la première place, un recueil d'une poésie magnifique et le troisième où j'ai pris une baffe monumentale, c'est de celui-ci qu'il va être question.
Ne vous laissez pas berner par le titre, Flannery O'Connor est une adepte de la litote.
Une histoire de grand-mère un peu casse-couille débute la série de nouvelles, la famille envisage un petit voyage et la grand-mère va obtenir gain de cause pour une petite virée au Tennessee, je me suis un rien laissée endormir par cette gentille famille et je vous assure que le réveil est brutal.
Après cette première nouvelle qui m'avait laissée un peu assommée je m'attendais au pire et j'avais bien raison, la nouvelle « le fleuve » est d'une violence inouïe sous des dehors convenus et bien pensants et un rien dépassés, Flannery O'Connor s'y connait en humour noir, cruauté en tous genres, elle cultive allègrement le ridicule, quant à la bonté des hommes, elle nous laisse entendre qu'elle est parfois plus horrible que consolante, la preuve avec la nouvelle apparement réconfortante de cette vieille fille simplette que sa mère parvient enfin à caser…
Elle nous mène en bateau Flannery, elle rit de nous, de nos préjugés, de nos jugements à l'emporte pièce, prenez cette nouvelle où un vendeur de bibles séduit une jeune femme à la jambe de bois, quel altruisme direz-vous, l'auteur avec un brin de perversion va vous faire revenir sur votre jugement premier.
La nouvelle qui m'a le plus touchée c'est celle qui a trait à « La personne déplacée » où les personnages rivalisent de bêtise et de méchanceté face à un travailleur immigré trop courageux et compétent pour son bien.
On ressort un peu sonné, admiratif de l'art de l'auteur pour cette mise en scène d'une humanité égoïste, mesquine, cruelle, ridicule, bigote, et souvent grotesque.
Un monde de petits blancs racistes et xénophobes, qui vivent eux mêmes dans une misère profonde, et pourtant l'auteur parvient à nous faire rire, un rire grinçant je vous l'accorde, mais rire quand même.
Il a fallu deux ans à l'auteur pour écrire ces dix nouvelles, dont au moins la moitié sont des chefs-d'oeuvre absolus. Aucun sentimentalisme, aucune mièvrerie, l'humour est ravageur et cinglant.
J'avais beaucoup aimé son roman, Ce sont les violents qui l'emportent, mais ses nouvelles sont largement au dessus.
Cecilia Dutter a écrit un essai biographique sur Flannery O'Connor :
« Son oeuvre est un pied-de-nez au prêt-à-penser consensuel. Elle nous bouscule, nous secoue, torpille nos préjugés et nos pauvres évidences pour nous révéler l'envers du décor »


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Dans ce recueil de nouvelles, Flannery O'Connor nous entraîne dans les profondeurs de l'âme humaine de ses contemporains, mettant à jour leurs bassesses, leurs compromissions et leurs faiblesses. Des hommes violents, narcissiques, des femmes castratrices, baignant dans une fausse religiosité, des enfants handicapés, névrosés… Les nouvelles se succèdent dans un crescendo d'échecs, de cruautés et de fins tragiques. Ainsi, dans la nouvelle, Vue sur les bois, un grand-père n'aura de cesse de monter sa petite fille contre son fils qu'il méprise jusqu'au dénouement tragique. Dans Braves gens de la campagne, une jeune fille unijambiste, en manque d'amour, se fait duper par un charlatan.
Une telle noirceur est parfois étouffante pour le lecteur qui espère, en vain, un peu d'humanité. Pour Flannery O'Connor, le mal existe : il est la conséquence de nos compromissions et de nos lâchetés. Et le meilleur moyen de le débusquer est de le mettre en lumière. Pour cela, elle va utiliser le grotesque afin de provoquer chez son lecteur un choc salutaire. Là réside le génie de Flannery O'Connor : dans sa capacité à décrire des personnages et des situations ordinaires qui glissent vers l'absurde par un phénomène de distorsion.

Pour apprécier ces nouvelles, il faut préciser que Flannery O'Connor appartient au groupe d'écrivains du Sud qui évoluent dans une société marquée par le traumatisme de la guerre civile et l'humiliation de la défaite. Il faut ajouter qu'elle est catholique et que sa vision du monde est marquée par le péché et son corollaire, la rédemption. Explorer l'âme humaine à l'aune de l'histoire du salut est à la racine de son écriture. Et à partir d'un territoire, la Géorgie, qu'elle connaît intimement pour y avoir habiter toute sa vie. Cette religiosité n'est pas spécifique à Flannery O'Connor. Tout le Sud est habité par l'intuition que l'homme est créé à l'image de Dieu mais que le péché originel a terni cette image que seule la grâce donnée en Jésus-Christ peut restaurer. Pour elle, écrire n'est pas distraire le lecteur mais susciter chez lui une réaction à la hauteur de l'enjeu qu'elle perçoit dans le monde et qu'elle devine dans le lointain : la perte totale des repères et du sens de la vie qui mènent l'humanité vers l'abîme.
(édition américaine : Complete stories)
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Lecture des premières nouvelles et du premier roman. O Connor nous fait le récit d'une Amérique des blancs raciste et xénophobes des années 1950. Un reflet intéressant mais qui ne m'a pas enthousiasmé. Et je n'ai pas continué la lecture de toute son oeuvre et de sa correspondance. Jen éprouve pas le besoin.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il est vrai qu'aujourd'hui la rémunération des livres mal écrits est très supérieure à celle des œuvres bien écrites. Dans certains cas, pourvu qu'on apprenne à écrire de façon médiocre, on peut même gagner beaucoup d'argent.

MYSTÈRE ET MANIÈRES, III : Nature et but de la fiction romanesque.
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A "A", 11 février 1956
J'ai réfléchi à tout ce que vous m'avez dit sur l'existence des deux sexes. J'ai toujours su, évidemment, qu'il y en avait deux mais, en général, j'agis comme s'ils n'en faisaient qu'un. Je suppose que la méditation, la contemplation, la pratique de la prière permettent de garder présente à l'esprit cette dualité des sexes. Je n'ai jamais beaucoup pensé à l'analogie époux-épouse. Pour moi, peut-être parce que tout a commencé au début, il s'agissait plutôt d'un rapport père et enfant. Vous avez parfaitement raison, et cela me parait assez comique, de croire que j'ai été étonnée de grandir au-delà de douze ans. Quand j'avais cet âge, j'ai décidé, catégoriquement, de ne pas vieillir. Je ne me souviens plus du moyen que j'envisageais d'employer pour m'arrêter. L'idée d'avoir treize, quatorze, quinze ans, me répugnait. Je désapprouvais du fond du cœur ce que je voyais chez les adolescents. J'avais, à douze ans, l'âme d'un vétéran et des opinions que n'auraient pas désavouées un ancien combattant de la guerre de Sécession. Il me semble que je suis beaucoup plus jeune aujourd'hui. ou, en tout cas, plus libre. Le poids des siècles repose sur les enfants, j'en suis convaincue.
(L'Habitude d'être)
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J'avais cinq ans quand il m'arriva quelque chose qui devait me marquer pour la vie. Pathé Journal avait dépêché un photographe de New York à Savannah pour photographier une de mes poules. C'était une jeune bantam cochinchinoise de couleur chamois qui possédait le privilège de marcher indifféremment en avant ou à reculons. Sa renommée s'était répandue dans la presse, mais dès l'instant où elle eut capté l'attention des actualités Pathé, j'imagine qu'il ne lui restait plus nulle part où aller – ni en avant ni en arrière. Elle mourut peu après et fit bien, il me semble.
Si je rapporte cet événement en guise de préambule à un article sur les paons, c'est qu'on me demande à tout propos pourquoi j'en élève et que je n'ai pas de réponses ni brèves ni raisonnables à offrir.
C'est après la visite du photographe de Pathé que j'ai entrepris de faire la collection de poules rares. Ce qui n'était qu'une fantaisie anodine est devenu une passion, une quête. Il m'en fallait toujours davantage. Mes préférences allaient à celles qui avaient l'oeil vairon, un iris vert et l'autre orange, ou la crête tordue et le cou trop long. J'ai cherché à en posséder à trois pattes ou trois ailes, mais je n'ai jamais eu la chance d'en dénicher une seule de ce type. J'ai beaucoup réfléchi devant une gravure qui, dans le livre de Robert Ripley, Le croira qui voudra, représente un coq au chef tranché, qui survécut une trentaine de jours à la décapitation, mais je n'avais pas l'esprit scientifique. Comme je savais un peu de couture, je me suis mise à confectionner des vêtements pour volailles. Un bantam gris, baptisé Colonel Eggbert, a eu ainsi droit à une tunique en piqué blanc, avec un col de dentelle, fermée dans le dos par deux boutons. Apparemment, les actualités Pathé n'ont jamais eu vent de ces autres spécimens de ma collection ; ils ne m'ont jamais envoyé de nouveau photographe.
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A Cecil Dawkins, 16 juillet 1957
C'est certainement très gentil à vous de vouloir me donner un chien, mais cette attention me suffit, gardez le chien. J'élève des paons et il est impossible d'avoir des paons et un chien au même endroit. Quand des gens viennent nous voir avec un chien, nous devons leur demander de le laisser dans leur voiture, faute de quoi les paons se réfugient dans les arbres et souffrent de prostration nerveuse. En ce moment j'en ai 27. La nuit, on se croirait dans la jungle car ils hurlent, gémissent, au moindre changement de temps ou au plus petit bruit mécanique. En plus des paons, j'élève des canards, des oies, et différentes espèces de poules, mais les paons restent mes favoris. Je passe une bonne partie de la journée, assise avec eux sur les marches. Ils ignorent complètement l'art de se placer où il faudrait. Nous avons une jolie pelouse qu'ils pourraient décorer, mais ils préfèrent grimper sur le tracteur ou sur le toit du poulailler ou sur le couvercle des poubelles. Moi, je m'incline devant leurs goûts, au point d'en devenir anti-chien. Mais je n'en apprécie pas moins votre généreuse proposition.
(L'Habitude d'être)
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suite de la citation du 11 décembre coupée intempestivement.
Un don, quel qu'il soit, entraîne de graves responsabilités. C'est un mystère en soi, un présent gratuit, entièrement immérité, dont l'usage réel ne nous sera sans doute jamais révélé. D'habitude, pour exploiter son talent jusqu'au bout, l'artiste doit consentir à certaines privations. L'art est une vertu de l'esprit pratique, et la pratique de toute vertu exige un certain ascétisme, un dépassement définitif de la nature haïssable du Moi. L'écrivain doit pouvoir se juger soi-même avec les yeux d'un étranger, la sévérité d'un étranger. Il faut que le prophète en lui discerne le monstre. Il n'est pas d'art enfoui dans le Moi personnel, c'est plutôt le Moi qui dans l'art s'oublie soi-même afin de satisfaire aux exigences de la chose vue et de la chose qui se fait.
A mon avis, c'est une certaine façon de se mettre en avant qui ruine le libre usage d'un talent. ça peut être l'orgueil du réformateur ou du théoricien, ou simplement cette estime de soi naïve qui pousse à faire de sa sincérité l'unique critère de la vérité. Si vous avez lu les bruyants écrivains de San Francisco, peut-être en avez-vous retiré l'impression que la première chose à faire pour devenir artiste est de se libérer des servitudes de la raison, après quoi toutes les ébullitions de votre cervelle prendront une valeur insigne. Comme si les sentiments débridés du premier venu méritaient qu'on leur prête attention parce qu'il sont débridés et que ce sont des sentiments.
L'art disait saint Thomas, est "la raison à l’œuvre". C'est une définition très froide et très belle, et si elle n'a pas la cote aujourd'hui, c'est parce que la raison a perdu du terrain. De même que l'on sépare la nature de la grâce, on sépare la raison de l'imagination, ce qui conduit à l'anéantissement de l'art. L'artiste fait usage de sa raison pour découvrir dans tout ce qu'il voit une raison correspondante. Être raisonnable, pour lui, c'est trouver dans l'objet, la situation, l'ordre naturel, l'esprit qui les fait ce qu'ils sont. Ce n'est ni simple ni facile. Il s'agit de s'ingérer dans l'intemporel, ce qu'on ne peut faire sans violer le respect que l'on porte à la vérité.
On déduira de tout ça qu'il n'existe pas de technique à découvrir et appliquer pour écrire. Si vous allez dans une école où l'on enseigne l'écriture, les cours ne sauraient avoir pour but de vous apprendre à écrire, mais de vous enseigner les limites, les possibilités des mots, et le respect que nous leur devons. Le propre de l'écrivain - peu importe son talent ni depuis quand il écrit -, c'est de parfaire sans cesse son apprentissage de l'écriture. Dès lors qu’il "apprend à écrire", dès lors qu'il sait d'avance ce qu'il va découvrir, et découvre une manière de dire ce qu'il connait depuis toujours, ou pire, une manière de ne rien dire, c'en est fait de lui. Ce que l'écrivain crée, s'il a du talent, prend sa source dans un domaine qui dépasse de beaucoup ce que son être conscient peut appréhender, et lui- même sera toujours le premier surpris, plus qu'aucun de ses lecteurs.
Mystère et Manières
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Flannery O'Connor - An Admirable Voice in Literature
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