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EAN : 9782718608785
97 pages
Galilée (11/10/2012)
4.2/5   10 notes
Résumé :
L'anarchisme a ses dévots incapables de penser sans le secours du catéchisme fabriqué par l'historiographie dominante du militantisme. Si l'on veut l'envisager en dehors des clous, il faut moins croire la légende que découvrir l'histoire de ce formidable mouvement dans l'histoire.
Afin de construire l'anarchie dans les actes et lui donner son actualité, allons au-delà du catéchisme à l'aide d'une théorie contemporaine : le postanarchisme. Cette expression rec... >Voir plus
Que lire après Le postanarchisme expliqué à ma grand-mère : Le principe de GulliverVoir plus
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Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres.

J'ai trouvé ce livre très intéressant, très dense. Il est constitué de 2 parties d'à peu près 50 pages chacune : «Autoportrait au drapeau noir» puis «Le postanarchisme expliqué à ma grand-mère».

Je vais essayer de vous faire part du contenu de ce livre en en prélevant des extraits (Ce texte est rédigé à la première personne ; Michel Onfray est donc le narrateur de « mon résumé » ; un résumé non exhaustif mais éclairant). J'espère que cette façon de procéder ne dénaturera pas trop les propos du philosophe.

PREMIERE PARTIE :
-(p.15) La généalogie de l'anarchiste se trouve dans ses viscères. On n'y accède pas avec les livres, on la ressent d'abord comme une évidence que le papier confirme ensuite. Car il existe avant toute une rébellion instinctive face à l'autorité, d'où qu'elle vienne.
-(p.17) À 14 ans, j'ai le souvenir d'un pacte avec moi-même : je ne serai ni bourreau, ni victime. Je n'avais pas envie de m'humilier en devenant ce que certains prêtres avaient été avec moi : jouisseurs du pouvoir, jubilant de casser et de détruire moins fort qu'eux, cachés derrière l'institution, dissimulés dans la meute, recourant à la force. Mais je n'avais pas envie non plus d'être toujours ce que j'avais été un jour : craignant [diverses brimades].

-(p.22) Je lus (et relus…) le manifeste du parti communiste avec enthousiasme. J'avais 15 ans, et je savais (et je sais toujours) que Marx disait juste en parlant de la lutte des classes comme moteur de l'histoire.
-(p.22) Je m'intéresse donc au PCF et envisage une adhésion-- j'ai 16 ans.
-(p.24) Et puis je n'aimais pas que le PCF fût inconditionnel des pays de l'Est qui, pour le peu que j'en sache alors, ne méritaient aucun soutien.

-(p.25) le peu que j'en savais, justement, je le devais à une figure ayant beaucoup compté pour moi à cette époque, mon coiffeur : Pierre Billaux.
-(p.28) C'est donc chez cet homme qu'adolescent je découvris la presse de gauche, les journaux alternatifs ou satiriques, [...], la geste micrologique de la grande Résistance, le rôle du ressentiment dans la fabrication d'un collaborateur, l'existence du système concentrationnaire nazi, le militantisme des « Droits de l'homme », La possibilité d'une seconde gauche, non communiste et non libérale.
-(p.28) Mais c'est aussi chez lui que j'ai découvert la galaxie anarchiste. Il possédait quelques numéros de "noir et rouge" et me fit également lire "La Révolution inconnue" de Voline. [...]
En mars 1921, Lénine et Trotski font fusiller les marins de Cronstadt qui se rebellent au nom de l'idéal révolutionnaire oublié.[...] Des victimes en nombre, plus de 2000, autant de déportations, des exils. L'Armée rouge, une création de Trotski, détruit sur ordre de Lénine l'(excellent) idéal révolutionnaire revendiqué par les marins : les soviets. Ainsi affranchi, plus question d'être marxiste, léniniste ou trotskiste ; encore moins militant du PCF…

-(p.31) Dans la foulée (je suis toujours au lycée…), J'achète "ni Dieu ni maître" de Daniel Guérin. Je découvre alors la richesse de cette gauche non marxiste qui, dès la première heure, refuse le camp de concentration, le socialisme des barbelés, la police politique, la militarisation de la société et veut tout de même la fin de l'exploitation capitaliste, le bonheur des pauvres et des gens modestes, une société [...] moins injuste…
-(p.31) Je découvre alors l'immense variété de la galaxie anarchiste.

-(p.33) l''année de mon bac, 1975-1976, je lis "Qu'est-ce que la propriété?" de Proudhon. Livre complexe, difficile, souvent réduit à une réponse vraie, mais problématique : « La propriété, c'est le vol ».
-(p.37) Pour ma part, je tiens Proudhon pour le plus pertinent des anarchistes.

-(p.45) Les anarchistes institutionnels aiment la routine, récitent le catéchisme, pratiquent la génuflexion devant leur bibliothèque et croient dur comme fer que les solutions du XXIe siècle se trouvent dans des textes contemporains de l'invention de la machine à vapeur.
-(p.46) Peut-on encore se contenter du corpus canonique ? Non. Il faut inventer, ajouter, créer aujourd'hui des nouvelles possibilités de pensée libertaire.
Pour ma part, je souhaite tourner le dos à la gauche de ressentiment qui nourrit si souvent la prise de position anarchiste : contre. Contre tout.
-(p.47) Voilà pourquoi j'aime Proudhon qui parle d'« anarchie positive » et refuse de tomber dans deux impasses : l'anarchie du ressentiment, si bien analysé par Nietzsche, ou l'anarchie d'utopie qui veut réaliser le paradis sur terre.

-(p.49) l''anarchie est moins une idéologie à vociférer qu'une pratique à incarner.
-(p.54) le postanarchisme n'est pas pour demain-- mais pour tout de suite.

DEUXIEME PARTIE :
-(p.57) le terme postanarchisme parle peu en France, alors qu'aux États-Unis il caractérise une pensée qui, inscrite de manière dialectique dans l'histoire, conserve un certain nombre des idéaux de l'anarchisme classique mais les dépasse au profit de la construction d'une pensée extrêmement riche en potentialités libertaires contemporaines. Voici l'esquisse d'une proposition postlibertaire.[...]
-(p.62) Autre dogme : « le capitalisme est un moment dans l'histoire du monde, il faut l'abolir »-- or, il constitue la vérité indépassable de l'échange depuis que le monde est monde car l'on confond souvent capitalisme, un mode de production des richesses qui supposent la propriété privée, et libéralisme, un mode de répartition des richesses ainsi obtenues. de sorte qu'il pourrait exister un capitalisme libertaire comme il y eut un capitalisme soviétique ou un capitalisme écologique, ce vers quoi nous semblons nous diriger.

-(p.67) le corpus anarchiste est une immense carrière à ciel ouvert dans laquelle on trouve des pépites pouvu qu'on exerce un droit d'inventaire sur ce monde magnifique.

-(p.69) Quand on aura : laissé de côté les réponses anarchistes datées parce que produites par la réactivité au temps de leurs acteurs, fussent-ils les pères de l'Eglise anarchiste ; rompu avec le schéma chrétien de révolution avec annonce du paradis à venir ; cessé de croire aux fantaisies millénaristes avec promesse de société radieuse ; arrêté de souscrire aux naïvetés rousseauistes-- alors arrivera le temps de l'anarchie positive, la tâche que se propose le postanarchisme.

-(p.73) Qui s'est réclamé de l'anarchisme au XXe siècle en ayant ajouté au corpus des valeurs nouvelles ?
Quels concepts nouveaux ? Quels outils inédits ?

-(p.75) Fort des enseignements d'un XXe siècle riche en événements historiques, le postanarchisme propose de réfléchir à partir des acquis d'une pensée majoritairement française et de proposer une sortie du nihilisme à l'aide d'un corpus philosophique relativement récent.
-(p.75) Ainsi du travail de Michel Foucault [...].
-(p.76) Ainsi avec l'oeuvre de Pierre Bourdieu et ses réflexions [...]. Ainsi avec les ouvrages de Gilles Deleuze et Félix Guattari [...]. Ainsi avec les réflexions de Jean François Lyotard [...]. Ainsi avec les publications innombrables de Derrida[...].

-(p.85) Si l'on veut éviter à la fois le libéralisme de droite, sa formule jumelle à gauche et le communisme type XXe siècle, alors il faut nourrir le concept de postanarchisme en affirmant un contenu substantiel qui récuse avec une même détermination le libéralisme et le communisme, autrement dit le capitalisme libéral et le capitalisme des soviets.

Le postanarchisme est antilibéral, anticommuniste et socialiste libertaire.

-(p.93) le principe directeur du postanarchisme ?
-(p.93) Cette sublime phrase de la Boétie constitue le coeur de la pensée politique du Discours de la servitude volontaire : « soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres. » Car la libération ne vient d'ailleurs que du vouloir de ceux qui la désirent. Elle n'est pas une affaire qui suppose un demain, un Grand Soir mythique, elle ne tombe pas du ciel en cadeau offert par les exploiteurs. Elle ne surgit pas quand d'hypothétiques conditions historiques se trouvent réunies. Elle n'est pas dépendante de l'action d'une avant-garde éclairée du prolétariat.

-(p.96) La macropolitique a échoué lamentablement. Que pourrait-on sauver d'un siècle de marxisme de Moscou à La Havane via Pékin ? Rien.
-(p.97) La fin de la macropolitique débouche sur l'avènement de la micropolitique, la vérité du postanarchisme. Je nomme "principe de Gulliver" cette logique nouvelle, plus modeste, plus humble, moins clinquante, mais qui en finit avec le modèle messianique et religieux. Elle ne se trouve pas moins efficace, malgré la quasi-invisibilité et le caractère antispectaculaire des actions libertaires et des agissements anarchistes micrologiques. L'imperceptibilité de l'action micrologique n'empêche pas l'efficacité des résistances micrologiques.
-(p.97) Si le géant peut être arrêté, entravé, puis immobilisé au sol ça n'est pas par le pouvoir macrologique d'un seul mais par la multiplication micrologique des petits liens. L'addition de petites forces constitue finalement une formidable puissance. Si révolution il y a, elle ne se fera plus par le haut, dans la violence, avec le sang et la terreur, imposée par le bras armé d'une avant-garde sans foi ni loi mais par le bas, de façon immanente, contractuelle, capillaire, rhisomique, exemplaire. le travail ne manque pas.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le postanarchisme pense la théorie en regard de la pratique, et vice versa. Il ne soumet pas le réel à la doctrine, mais agit, incarne, travaille sur le terrain ; il tâche de réaliser son idéal anarchiste, puis il adapte, modifie, précise les contenus de la doctrine en fonction de la résistance du monde à l'application des pensées.
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La fin de la macropolitique débouche sur l'avènement de la microlitique, la vérité du postanarchisme. Je nomme le principe de Gulliver cette logique nouvelle, plus modeste, plus humble, moins clinquante mais qui en finit avec le modèle messianique et religieux.
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Plutôt un petit progrès anarchiste sur le terrain qu'une grande péroraison libertaire dans le verbe ou la geste folklorique.
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Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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