Une histoire simple et courte qui traite de l'insouciance et des plaisirs de l'amour (ou pas) . Pas vraiment mon style à vrai dire mais je voulais essayer un livre de Jean d'Ormesson. Cependant son écriture est vraiment très belle, réfléchie et soignée. C'est très agréable à lire.
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On écrit de fort beaux livres sur l’être et sur l’histoire, moi, je m’intéresse d’abord à organiser ma semaine. Une vie, c’est beaucoup de semaines – pas tellement d’ailleurs, et surtout pas plus. Une vie, c’est beaucoup de journaux achetés à six heures et demie au même métro pendant vingt ans, c’est six ou huit mille sonneries de réveils, trente ou quarante cadeaux de Noël. On croit toujours que c’est autre chose que ce qui se passe à chaque instant. Elle file dans les coups de téléphone, dans la rumeur des rues.
Le 26 juin, le patron m'appela ; c'était pour me mettre à la porte. Je me souviens bien de cette date. C'était un jeudi. Il faisait beau. J'étais arrivé en retard le matin et toute la matinée j'avais regardé le ciel (...)
Le corps s’habitue moins vite que l’esprit aux bouleversements des cadres. C’est le rôle de l’esprit de renverser les idoles et c’est celui du corps de maintenir les routines. Quand je m’étais réveillé, je m’étais étonné d’abord de ces dimensions nouvelles, de ce soleil dans ma chambre et je sentais mes jambes déjà vouloir m’emmener au bureau. Comme je me réjouissais d’avoir imposé à ce corps obstiné de changer ses parcours ! Les coups de tête, au moins, vous persuadent d’en avoir une.
Plaire n’est peut-être qu’un état d’esprit. Bénédicte plaisait. Mais ce n’était pas le but de sa vie. Elle avait tout et elle voulait toujours plus. Elle multipliait l’admiration comme on collectionne ce qu’on méprise : des cartes d’invitation ou des photographies en couleurs. Le mépris fascine, cela est bien connu. Quand il s’unit à la beauté, à certaines lignes pures du corps et à l’audace dans l’esprit, les victimes des enchantements n’ont plus qu’à s’apprêter pour le désespoir ou les souvenirs sans fin.
Bénédicte dans le soleil, Gilles et Jacques, Jacques et Bénédicte, Gilles et moi : rien ne peut donner l’idée de ce qui se noue sans motifs, de ce qui naît de soi-même entre un sol nu et un ciel sans nuages. Je regarde le ciel, je guette les nuages. D’où viennent-ils, ces sourires, ces regards, ces idées qui jaillissent et dont Dieu seul sait à quoi ils vont mener ? Quand on dit : Dieu seul, on veut dire que les choses ne s’expliquent qu’après coup, qu’on parlera après-demain de ce qui se passera demain, qu’on trouvera après-demain mille motifs plausibles à ce qui se sera passé demain, mais que personne, jamais, ne devinera aujourd’hui ce qui est pour demain. Et s’il n’y avait qu’un avenir et un passé, on serait au moins sûr de ce qui a déjà eu lieu. Mais le passé est un imparfait, hier n’a pas aujourd’hui le sens qu’il aura demain, et il ne s’expliquera que dans le futur. Il y a un temps terrible ; c’est le futur antérieur.
"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html