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Sophie Benech (Traducteur)
EAN : 9782070746538
329 pages
Gallimard (05/05/1998)
3.87/5   38 notes
Résumé :
Médée, calme et lumineuse, un centre mystérieux autour duquel gravite une immense famille, des gens ballottés de-ci de-là, aux destins parfois tragiques. Contrairement à sa célèbre homonyme, Médée Mendès est une porteuse de vie, qui soutient, réconforte et pardonne.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu l'occasion de rencontrer Ludmila Oulitskaïa, il y a deux ans, à la maison de la poésie à Paris. C'est une femme étonnante, au caractère trempé. Son regard transperce, il nous dit qu'il n'a peur de rien.
Contrastant avec une voix douce et rocailleuse qu'on écoute sans fin devider l'histoire de sa vie, de cette Union soviétique qui a marqué une grande partie de sa vie.
Si je vous décris tant cette femme, c'est qu'à la lecture de: Médée et ses enfants, j'ai soudain trouvé une analogie troublante entre elle et son personnage de fiction.
Médée, dans le roman est une femme d'origine grecque, vivant en Crimée, dans la maison familiale de ses parents. Elle n'a pas d'enfants à s'occuper, seulement ceux des autres, ses frères et soeurs d'abord qu'elle a élevé à la mort de ses parents, puis ses neveux et nièces qui combleront sa vie. Elle est une femme forte, fière, semblable au roseau qui ne plie pas, elle résiste à la mort de son mari, surmonte le chagrin de sa stérilité et cet enfant né entre son mari et sa soeur.
Médée et ses enfants, nous parle de la vie, des sentiments terrés au fond des êtres, de cette nature flamboyante de Crimée, de cette mer jamais très loin.
Pendant toute ma lecture, le regard et la voix de Ludmila Oulitskaïa m'ont habité.
C'est une grande dame, très simple et modeste, une grands- mère qui veille sur le monde et sur nous.





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La maison de Médée en Crimée accueille tous les étés, par vagues successives, ses neveux et nièces, avec leurs enfants, venus de tous les coins de l'URSS.
Les arrivées et les activités qu'elles provoquent - beaucoup de cuisine et de soirées arrosées, une balade à la mer, de longues conversations - installent le roman avec lenteur. L'autrice semble plus occupée à expliquer leurs liens qu'à raconter leur histoire. Tous ces personnages m'ont, au début, un peu noyée dans l'ennui : c'est le fils de qui, déjà, çui-là ? Et celle-ci c'est une nièce, une petite-nièce ? Une adulte, une adolescente ? L'arbre généalogique placé au début est assez décourageant, d'emblée.
Et puis, petit à petit, des figures se détachent, prennent corps, captivent ; des figures de femmes essentiellement.
Et Médée surtout, doyenne de la famille, matriarche sans enfant, inlassable découvreuse de champignons, d‘herbes sauvages et de trésors enfouis ; Médée à qui la vie a conféré "la solidité d'un arbre entrelaçant ses racines dans une terre pierreuse, sous un soleil immuable accomplissant son cycle quotidien et annuel, et sous un vent immuable, avec ses odeurs saisonnières tantôt d'algues séchant sur le rivage, tantôt de fruits mûrissant au soleil, tantôt d'absinthe amère."
Une femme enracinée dans son terroir, vous l'aurez compris.
Une femme qui porte en elle toute la mémoire tragique de la Crimée en même temps que celle de la famille : "c'était comme si elle voguait sur une rivière avec devant elle, flottant en triangle, ses frères et soeurs, leurs enfants, les jeunes et les petits, et derrière, formant un éventail semblable, mais beaucoup plus long et qui se fondait dans les légères ondulations de l'eau, les morts".
Donc après avoir beaucoup pataugé au début de ce roman, j'ai fini par perdre pied pour nager avec plaisir dans l'onde scintillante de cette belle écriture.
Traduction parfaite de Sophie Benech.
LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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Médée Mendès née Sinopli a perdu son mari il y a a de longues années. Médée était infirmière, cueilleuse de sauge, de thym et de menthe sauvage. Elle n'a jamais connu la maternité, seulement elle a beaucoup donné à ses nombreux neveux et nièces de sa très grande famille, comme par ailleurs elle avait soutenu ses jeunes frères et soeurs à la mort de ses parents. C'est une femme au grand coeur, sensible, ayant connu la souffrance sans jamais s'apitoyer sur son sort.

Une histoire de femme, de jeunesse dans un contexte historique marquant, la Russie, la Grèce, la Crimée Orientale, et la disparition des Tatars

La plume de Ludmila Oulitskaïa est délicate, seulement d'un point de vue forme, j'ai trouvé qu'il n'était pas facile de la suivre dans ces époques toutes différentes, avec ces personnages aux petits noms qu'il faut mémoriser pour ne pas se perdre.

Médée et ses enfants est une envolée littéraire des plus exceptionnelles !
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Crimée. XXème siècle. Ôde à la famille.

Ludmila Oulitskaïa nous entraine sur les rives de cette Crimée tant convoitée depuis la nuit des temps, terre où cohabitaient encore il y peu grecs, tatars, juifs, slaves d'Ukraine et de Russie. C'est ici, au bord de la mer Noire, que Médée, née avec le siècle, dernière descendante de la lignée des Sinopli à parler un grec à mi-chemin du grec antique et du grec moderne, se retrouve très jeune en charge de ses nombreux frères et soeurs.

Devenue veuve sans descendance, Médée y reçoit chaque été tour à tour frères, soeurs, conjoints, neveux et nièces, dans un chassé-croisé savamment orchestré. de Tachkent à Moscou, de Tbilissi à Vilnius, l'histoire de cette famille nous est contée, branche par branche - tableau généalogique à l'appui - avec ses joies et ses peines, ses amours et ses secrets et le grand maelström des drames du siècle toujours en filigrane.

Un très beau récit empreint de nostalgie.
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La lecture de "De joyeuses funérailles" m'avait emballé, aussi suis-je entré confiant dans celle de "Médée et ses enfants". Il m'a fallu toutefois patienter plusieurs chapitres avant d'apprécier ce roman. Est-ce dû au foisonnement de la descendance des douze frères et soeurs de Médée, à la multiplicité des personnages, à l'usage alterné des prénoms et diminutifs, à l'enchevêtrement de récits d'évènements contemporains avec d'autres couvrant tout le XXe siècle ou encore aux références à des régions que je ne connais guère ? Je ne saurais le dire, mais j'étais parfois un peu perdu en Crimée auprès de Médée et de la multitude de ses "enfants".

le récit vous emporte au milieu d'un cosmopolitisme attachant où Grecs, Tatares, Géorgiens, Russes, Lituaniens et autres se croisent en Tauride. Médée les accueille à la belle saison dans la maison familiale près de la mer. Peu à peu, le faisceau des histoires croisées des membres de sa famille se concentre sur quelques destinées particulières dont celle de sa petite nièce, Macha.

Un des intérêts du roman réside dans l'aptitude de l'auteure à exprimer la difficulté de la communication entre ses personnages. Pour elle, les mots n'expriment pas pleinement la pensée si ce n'est de façon très approximative. Samuel, son mari juif, observait des décalages de sens entre le russe et l'hébreu. Elle-même parvient souvent à suggérer sans expliciter ; cela invite le lecteur à participer à l'observation des comportements et permet parfois un humour très subtil : "Son veuvage avait duré plus longtemps que son mariage, et ses rapports avec son défunt mari étaient toujours aussi bons, ils s'étaient même améliorés avec les années."

Au final, une promenade bienfaisante en compagnie d'une belle personne dont l'auteur nous fait partager la discrétion et la perspicacité de son regard sur ceux et celles qui l'entourent et la suivent dans la ronde des générations.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Au terme de son existence lui étaient révélées des choses qu'il n'avait jamais soupçonnées : que les mots n'expriment pas pleinement la pensée, seulement de façon approximative, qu'il existe un écart, une brèche entre les pensées et les mots, et, que cette brèche on la comble grâce à une tension de la conscience qui vient compléter les possibilités limitées du langage.
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Elle avait pris l'habitude dès son plus jeune âge de considérer les changements politiques comme les changements du temps, avec une résignation prête à tout endurer, à geler l'hiver et à transpirer l'été...
Elle n'avait jamais rien attendu de bon du pouvoir, restait sur ses gardes, et se tenait le plus loin possible de ceux qui le touchaient de près.
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Le sentier commençait à longer la corniche. Autrefois, un siècle plus tôt, il y avait ici une route que les contrebandiers de la région empruntaient pour transporter leurs précieuses marchandises à travers ces criques, mais à l’époque, même une carriole pouvait passer. D’année en année, le sentier s’était amenuisé. Les contrebandiers, qui entretenaient jadis la route en l’étayant et en consolidant les bas-côtés, étaient morts depuis longtemps, les uns de vieillesse, les autres de male mort, quant à leurs descendants, soit ils avaient été déportés, soit ils étaient devenus fonctionnaires, d’abord au conseil municipal, puis au soviet régional, autrement dit, ils s’adonnaient à d’autres formes de banditisme. Les seuls à garder le souvenir du passé criminel et romanesque de ces lieux étaient Médée et peut-être quelques vieillards de la région qui, dans le meilleur des cas, avaient déménagé depuis longtemps en Crimée centrale.
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Il y a des couples qui se forgent au lit, il y en a qui s’épanouissent dans la cuisine, au tintement des couteaux et des fouets pour battre les œufs, on rencontre des époux-bâtisseurs, qui font des travaux, qui achètent au rabais pour leur maison de campagne des scies, des clous, de l’huile de lin et de la laine de verre ; d’autres se nourrissent de scènes exaltées.
Le mariage de Macha et d’Alik, lui, s’accomplissait dans les conversations. Cela faisait huit ans qu’ils vivaient ensemble, mais quand ils se retrouvaient chaque soir, à son retour du travail, ils laissaient la soupe refroidir et la viande brûler en se racontant ce qui leur était arrivé d’important pendant la journée.
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Bien des années plus tard, Médée, qui n'avait pas eu d'enfant, rassemblait dans sa maison de Crimée ses innombrables neveux et petits neveux, et se livrait sur eux à de silencieuses observations empiriques.
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Vidéo de Ludmila Oulitskaïa
Eurasieexpress Réflexion à haute voix : "La Lecture est un exploit", aux Journées du Livre russe à la Mairie du Vème arrondissement de Paris le 9 février 2020. Cette réflexion constitue une partie du prochain livre d'Oulitskaia, à paraître cette année.
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