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EAN : 9782246667711
187 pages
Grasset (06/10/2004)
3.87/5   44 notes
Résumé :
Un soir d'hiver, au fond d'une impasse, un homme va la coincer contre un mur dans le noir. Elle a douze ans. Elle grandit, ça la suit comme une ombre. Ça lui colle à la peau. Aujourd'hui, elle n'a pas de but, pas d'espoir. Elle a bien mieux que ça : la rage. La vraie rage, comme les bêtes, à vouloir mordre au sang, au plus vif de la chair. A vouloir déchirer le premier qui la cherche, ou la trouve. Ou la touche.

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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Maud a douze ans et a toute la vie devant elle, mais un soir alors qu'elle rentre de l'école, un mec la viole dans une impasse. Quelques minutes qui se transforment en une éternité de terreur et de dégoût. Bravement, sans même pleurer, Maud va rentrer chez elle. Et ne dit rien. A personne. Garde enfouie en elle ce terrible secret, cette grosse boule pleine d'épines qui la ravage de l'intérieur, ses hideux cauchemars, ses jappements de chiot effrayé, cette obscénité qui fige, ses appels au secours qui résonnent sans fin dans ses nuits, cette ombre à l'odeur de poubelles qui la hante. « Loup y es-tu ? M'entends-tu ? »
Maud est une adolescente de dix sept ans. Elle n'a plus toute la vie devant elle. Elle est morte. Morte de l'intérieur. Elle ne croit plus en rien, surtout aux beaux sentiments. Elle a de l'aversion pour ce monde, pour ces gens qui ne l'ont pas secourue quand le Loup a planté ses crocs en elle. C'est une « enragée sans muselière ». Un condensé de mépris, de haine. Toujours « posée en équilibre sur le bord du malheur ». « Maud coucou pâle en string de coton noir ». Une jeunesse, une beauté qu'elle jette en pâture aux hommes, bavant de désirs pervers en la matant. Sa vengeance. Sa provocation. Et toujours derrière elle le souffle fétide et incandescent de l'ombre.
Il y a quand même Denis et Madame Leblanc, deux bonnes âmes qui jettent un peu de lumière dans sa vie. A force de sourires, de gentillesses, de calme, peut-être parviendront-ils à la sortir de son trou noir ?
Livre effrayant ! Pas une seule fois, Maud n'emploie les mots de papa et de maman pour désigner ses parents. Des parents hors de son existence. Deux sinistres ectoplasmes.
Un papa et une maman, les vrais je veux dire, ceux qui le sont pour la vie, qui appellent leur rejeton « mon coeur » sans même s'en rendre compte, qui voient leur gamine sortir brusquement des écrans radars se seraient interrogés, inquiétés, révoltés, auraient tout bousculé sur leur passage, fait dix mille kilomètres rien que pour lui prendre la main… Livre révoltant.
Un roman âpre et dur, heureusement court car nauséeux. Un style direct, froid comme la lame qui lacère. Qui saccage notre petite tranquillité. Un livre qu'on a hâte de finir, mais qu'on n'est pas prêt d'oublier.
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Une nuit froide, une rue sombre. Un vendredi, sur le retour de l'école. Un type derrière elle qu'elle n'avait pas remarqué. Au passage couvert, il l'a abordé. Lui a demandé l'heure, armé de son plus beau sourire. Lui a peloté les seins. Plus fortement dès qu'elle a tenté de le repousser. Puis tout est allé très vite. Au recoin du mur, une main sur la bouche. Des mains calleuses qui forcent. Des doigts qui s'insinuent. Des chuchotements à l'oreille. Et le cri. Intérieur. Pour elle. le déchirement...
Depuis, Maud, aujourd'hui 17 ans, est emplie de rage. Son enfance lui a été volée. Sa blessure, jamais, ne l'a quittée. Bien au contraire, elle se fond en elle. Aujourd'hui, elle attise les hommes, veut leur faire payer leurs comportements. Un cutter dans la poche, maîtresse de la situation. Elle s'en fout, Maud. Elle n'a plus d'espoir...

Que d'émotions dans ce court roman que l'on parcourt d'une traite, le souffle retenu... Maud a été violée à 12 ans. Un acte dont elle ne parlera à personne, un mauvais souvenir qu'elle gardera gravé en elle. Une blessure qui fera ce qu'elle est aujourd'hui : une jeune fille déchirée, meurtrie, révoltée qui se montre insensible, détachée et arrogante. Qui pourrait penser qu'il y a autant de souffrance en elle ? Comment anesthésier cette douleur lancinante ? Comment exprimer cette rage latente ? Marie-Sabine Roger dépeint, avec beaucoup de justesse et d'émotions, les sentiments et sensations de Maud. Des phrases courtes, tels des uppercuts. Moult adjectifs pour décrire et exprimer aussi fort que possible ces états d'âme, l'horreur et l'indicible. Une plume incisive, froide parfois. Un roman percutant et poignant...
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"Comment écrire un commentaire correct et posé après un récit tellement fort qu'il nous percute, nous étreint, nous tétanise?
Oú le traumatisme fige le corps, le blesse,le ronge comme un acide, semblable à une plaie qui suinte, oú douceur et candeur sont tombées en poussière, au fond d'une impasse.
Oú l'héroïne, Maud a été violée à l'âge de douze ans par un salaud .

Maud est violente, remplie à ras bord de colère froide et de désespoir, barricadée et pleine de larmes, les yeux ouverts , l'âme close,le corps usurpé, l'esprit saccagé.
Elle ne s'aime pas , ne s'aime plus !
"Vivre est un long péril, sans accalmie, une vie de détritus, une vie de poubelle ;"

L'auteur peint avec réalisme, tendresse lumineuse, -- ----fidèle à ses personnages fragiles et marginaux ------les séquelles du Viol: dégoût de soi et des autres, révolte et repli sur soi, obsession et angoisse,image brouillée, colére constante, rage soudaine et férocité , " L'âme de Maud est un charnier qui pourrit de ses carnages".

Elle fait semblant d'être vivante, aimer autrui : "Impossible ".......

Plumes et propos vifs,sensibles : c'est percutant ,cru, rude, lancinant, sans concessions, noir , à fleur de peau.
On reste abasourdi, sans voix, terriblement ému devant cette adolescence dévastée jusqu' à une fin inattendue .......
Un très beau texte choc lu d'un souffle à l'écriture épurée pétrie de sensibilité et de justesse !
Magistral !
Je n'ai lu que : "Bon-rétablissement "de cet auteur .
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Cri de douleur
Mal-être
Solitude
Secret
Haine
Innocence volée
Injustice
Violence
Incompréhension
Face à l'horreur subie, une petite fille de 12 est devenue une jolie adolescente. Elle ne peut cependant pas se construire, vivre, se projeter. Elle ne peut envisager de relations avec autrui, que ce soit ses parents, ses copines, les garçons. Comment sa vie peut-être être ? Elle est morte dans cette impasse.
L'écriture de Marie-Sabine Roger est cruelle, violente, incompréhensible, inatteignable. Tout comme Maud...
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Elle a du talent Marie-Sabine Roger pour faire de beaux portraits. Des portraits bien souvent de gens fragilisés.
Et c'est bien le cas de Maud, dix-sept ans.
Maud qui est pleine de colère, de violence et de désespoir.
Maud qui a été violée à douze ans et n'en a rien dit à personne, pas même à sa mère.
Maud que ce silence empoisonne, que ce viol a détruite
127 pages sans un mot de trop, sans une phrase inutile
127 pages fortes sur les ravages incompressibles provoqués par un viol, surtout si c'est sur une enfant.
Maud est détruite à jamais, n'a confiance en personne, ni en ses parents qui n'ont rien su voir, ni en sa camarade, ni même en son étrange voisine chez qui elle fait le ménage, ni même en Denis, le barman qui pourtant la respecte.
Toute sa douleur, toute sa souffrance, elle les a transformées en violence, sans appel, irrémédiablement.
Maud reste en moi, plusieurs jours après ma lecture.
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critiques presse (1)
Actualitte
13 novembre 2017
La fin est inattendue. Violente mais libératrice. Le rythme tendu offre une lecture d’un seul souffle. Happe sans résistance et laisse abasourdi et fortement atteint.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Les seules à l’émouvoir un peu, ce sont les petites qui passent, en sortant du primaire, en bande de moineaux. Quand elle les voit sautiller comme ça, pattes maigres et torses plats, Maud se souvient de son enfance comme un paradis perdu. Le goût des BN à quatre heures, qu’elle commençait à manger par les coins, en regardant les dessins animés. L’odeur particulière de la gomme au fond de la trousse, celle des fraises Tagada. Les jeux dans la cour de récré, les amitiés exclusives, jalouses. Les vacances, si longues. Les cadeaux de Noël, mal cachés dans l’armoire, cent fois palpés d’un doigt léger, inquisiteur. Les tours de vélo sur le parking, entre copines, aux soirs d’été. Elle se souvient sans conviction, sans certitude.
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Au 25 de la rue Maurienne, il y a l'immeuble où vit Denis. C'est un vieil hôtel restauré. On dirait un décor de film. L'appartement est au cinquième. On y monte par un grand escalier de pierre usée, avec une rampe sculptée. Les murs sont jointoyés. La pierre est un peu jaune.
Chez Denis, c'est petit, très haut de plafond. Il a fait une mezzanine, mais son lit est en bas. Dans sa mezzanine, il n'y a qu'une table à dessin, des livres. Tout est blanc. Les fauteuils, les rideaux. Les poutres entrecroisées, ça fait comme un bateau à l'envers, une voute. Les fenêtres donnent sur les toits, le fleuve, les piles du pont, les péniches. Ça laisse croire à l'horizon.
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Dans les villes, quand vient le soir, les rues sont vides, en plein hiver. Où sont les gens ? Où sont-ils quand tu as besoin d'aide ?
Nulle part, non. Tu peux crever. Dans les villes, tu es seul comme dans la savane. Tu te crois soutenu par ces humains, autour. Mais ils sont terrés dans leurs tours. Protégés de tes cris par leur indifférence. Leur présence, ce n'est qu'un leurre où tu te pièges. Une proximité illusoire, à laquelle tu te rassures. En vain. Les gens sont là, mais sans y être. Même s'ils étaient témoins de ton drame, ils ne bougeraient pas.
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- Si tu savais à quel point les gens se croient seuls. Toujours tout seuls...Le chagrin, ça isole, poulette, c'est terrible. On finit par s'imaginer que personne ne peut nous aider, nous comprendre. On fait comme les huîtres. Comme les huîtres, exactement ! Tu vois, comme elles font, pour leurs perles ...? Quand quelque chose fait trop mal, on se le garde au fond de nous, on se referme. On se fait une croûte bien dure, tout autour. On se protège. Enfin, on croit qu'on se protège...Mais tu vois, c'est tout le contraire, la croûte elle devient lourde. On la traîne avec nous, elle finit par peser comme un morceau de plomb. On n'arrête plus d'y penser, au bout du compte. Ce n'est pas bon du tout, ça...Pas bon du tout. Il vaut mieux se confier, crois-moi !
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Elle met les pieds sur le siège d'en face, avachie sur la moleskine pâlie, déchirée par endroits. Dans la vitre, quelqu'un a gravé un chemin de rayures énervées. Un embrouillis de majuscules, obstinément creusées, tracées. passées et repassées. Quelqu'un qui nique tout le monde, et tient à le faire savoir.
Maud fait la moue. "Nique" c'est pas avec un K. C'est pas comme les pompes.
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Videos de Marie-Sabine Roger (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Sabine Roger
Film de Jean Becker et Jean-Loup Dabadie avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus et Patrick Bouchitey, 2010.
Adaptation du roman de Marie-Sabine Roger.
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