Une nuit froide, une rue sombre. Un vendredi, sur le retour de l'école. Un type derrière elle qu'elle n'avait pas remarqué. Au passage couvert, il l'a abordé. Lui a demandé l'heure, armé de son plus beau sourire. Lui a peloté les seins. Plus fortement dès qu'elle a tenté de le repousser. Puis tout est allé très vite. Au recoin du mur, une main sur la bouche. Des mains calleuses qui forcent. Des doigts qui s'insinuent. Des chuchotements à l'oreille. Et le cri. Intérieur. Pour elle. le déchirement...
Depuis, Maud, aujourd'hui 17 ans, est emplie de rage. Son enfance lui a été volée. Sa blessure, jamais, ne l'a quittée. Bien au contraire, elle se fond en elle. Aujourd'hui, elle attise les hommes, veut leur faire payer leurs comportements. Un cutter dans la poche, maîtresse de la situation. Elle s'en fout, Maud. Elle n'a plus d'espoir...
Que d'émotions dans ce court roman que l'on parcourt d'une traite, le souffle retenu... Maud a été violée à 12 ans. Un acte dont elle ne parlera à personne, un mauvais souvenir qu'elle gardera gravé en elle. Une blessure qui fera ce qu'elle est aujourd'hui : une jeune fille déchirée, meurtrie, révoltée qui se montre insensible, détachée et arrogante. Qui pourrait penser qu'il y a autant de souffrance en elle ? Comment anesthésier cette douleur lancinante ? Comment exprimer cette rage latente ?
Marie-Sabine Roger dépeint, avec beaucoup de justesse et d'émotions, les sentiments et sensations de Maud. Des phrases courtes, tels des uppercuts. Moult adjectifs pour décrire et exprimer aussi fort que possible ces états d'âme, l'horreur et l'indicible. Une plume incisive, froide parfois. Un roman percutant et poignant...