AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean Rosenthal (Autre)
EAN : 9782070376797
416 pages
Gallimard (14/10/1985)
3.57/5   56 notes
Résumé :
Dès son enfance, Lucy Nelson a conçu la haine de l'homme. Mariée à dix-sept ans, elle emploie toute son énergie à transformer son mari et à le viriliser. Elle croit qu'elle doit faire respecter le bien autour d'elle. Sa bonté l'entraîne à tout casser, à briser les gens, et sa quête de la perfection finit par la conduire au suicide.

Un implacable portrait d'une certaine femme américaine, par l'auteur de "Portnoy et son complexe".
Que lire après Quand elle était gentilleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 56 notes
5
4 avis
4
1 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Anatomie de la folie dans une nuit américaine

La neige tombe, le brouillard monte lentement du sol et la grisaille finit par tout envahir. le froid mord dans la peau comme un renard affamé. On cherche un chemin, une issue, jusqu'à apercevoir une maison située à quelques pas de là. On s'approche et on frotte aux carreaux givrés pour essayer de voir ce qui se trame à l'intérieur.

Une faible ampoule pend au plafond, et des gouttes de lumière maladive tombent sur différents visages : il y a là Willard Carroll, sa femme Berta, leur fille Myra ainsi que le gendre, Duane Nelson, surnommé "Whitey". La soupe refroidit dans les assiettes et le coeur n'est pas à la fête, c'est le moins qu'on puisse dire. La Grande Dépression vient de passer par là, ramenant la fille au bercail dans lequel son père compte bien la maintenir en éternelle enfant. Seulement, il y a comme qui dirait quelqu'un de trop, un intrus : un mécano sans emploi qui, contraint et forcé, a suivi son épouse chez ses beaux-parents, le temps de se refaire. Mais ce qui devait n'être que provisoire va durer longtemps, beaucoup trop longtemps...

Le ventre de la femme est arrondi. On appelle cela un "heureux événement", n'est-ce pas ? Mais les expressions toutes faites sont parfois trompeuses. Bientôt, une petite fille va naître : Lucy. Elle aime bien jouer avec son papa de temps à autre. Mais celui qu'elle préfère par-dessus tout, c'est bien son grand-père, "Papa Will", ainsi qu'elle l'a surnommé. Il est comme du bon pain, Papa Will : jamais un mot au-dessus de l'autre, l'air droit et respectable, passant tous ses caprices à sa petite-fille adorée. Et puis, il n'est pas comme son vrai papa, ce soûlographe incapable de garder un boulot plus de quelques mois d'affilée. La petite Lucy grandit auprès d'une mère sans grande personnalité, Myra, fourrée dans les jambes de son père, receveur des Postes de son métier. Voilà qui tombe bien, un livre est une lettre dont chaque lecteur peut se faire le destinataire. Prenons donc un coupe-papier, décachetons et lisons le texte qui était caché sous l'enveloppe.

Au fil des années, Lucy développe une véritable haine à l'égard de son père, et de tous les hommes qui ne rentrent pas dans son schéma étriqué de petite fille capricieuse. Car celle-ci rêve d'un modèle familial tout droit sorti d'un film mièvre à souhait ou des pages d'un magazine bien comme il faut, dans lequel papa, maman et elle poseraient, tout sourire, autour d'une bonne grosse dinde de Thanksgiving. Mais la douce utopie du foyer idéal conduit à la catastrophe : à vouloir vivre sans histoire, on fonce tout droit se cogner dans le mur du réel. Et la douleur n'en est que plus grande.
D'ailleurs, est-ce que le docile Papa Will ne serait pas un peu responsable, malgré ses airs de sainte nitouche ? Non, voyons, c'est impossible, Papa Will n'est pas comme ça : il a une jolie petite âme bien lustrée, qu'il fait reluire le soir avec le torchon de ses remords. Peut-être qu'en fouillant bien, on trouverait la mauvaise conscience d'avoir dû reconduire à l'asile sa folle de soeur, Ginny, après l'en avoir fait sortir sans succès. Et le cycle du malheur semble bien prêt de se reproduire.

Lucy est une adolescente maintenant, un joli brin de fille avec un visage qui a du caractère. Roy Bassart, qui la courtise assidûment avec les clics de son appareil photo, en sait quelque chose. D'ailleurs, à force de la coucher sur du papier argentique, l'envie irrésistible lui vient de la coucher purement et simplement sur sa banquette arrière. Elle semble si inoffensive, Lucy, comme un petit oiseau qui serait tombé de son nid. Mais le grand échalas va vite déchanter. Lucy est enceinte de ses oeuvres : il se doit donc de l'épouser, même si celle-ci n'en meurt pas d'envie. Qu'importe, elle va le mater ce rêveur impénitent, oh oui, elle va lui apprendre à filer doux et à être un "homme". Et tant pis pour la casse !

Avec son deuxième roman, Philip Roth, qui avait déjà montré un admirable talent dans le premier, "Laisser courir", continue de gratter la plaie des faux-semblants d'une Amérique obsédée par la bienséance, les bonnes moeurs et la fausse vertu : tous ces mensonges qui font qu'on se croit doté d'une âme belle, noble et sans tache ; un coeur brillant, mais poisseux comme une pomme d'amour. "Quand elle était gentille" est une anatomie de la folie dans une nuit américaine, tellement précise qu'elle en fait froid dans le dos. le lecteur assiste, impuissant, à la croissance d'une démence inéluctable dans le corps d'une jeune mère.

On voudrait crier, tenter, dans un ultime effort, de sauver cette pauvre fille en détresse, mais il est trop tard pour ramener Lucy à la raison : elle est désormais passée de l'autre côté d'une frontière invisible dont on ne revient pas vivant.

© Thibault Marconnet
Le 2 septembre 2021
Commenter  J’apprécie          305
Philip Roth aura traîné tout au long de sa carrière la réputation d'un homme qui détestait les femmes. Jugement un peu rapide et caricatural à mon sens, y compris à l'égard de ce roman-ci qui dresse le portrait d'une femme non seulement pas gentille du tout mais même complètement psycho-rigide, castratrice, d'une hystérie froide. Pire: folle en fait.

Mais à travers les indignations, les frustrations et ultimatums de cette femme qui s'est construite contre un modèle paternel totalement défaillant et une mère soumise et cherche à imposer par tous les moyens à son jeune mari une normalité étouffante pour se protéger, c'est moins son procès que celui d'une Amérique hypocrite et inhibante qui masque la violence des rapports sociaux, en particulier ceux imposés aux femmes, sous des dehors d'une conventionnalité factice, invivable pour ses citoyens les plus entiers et les moins flexibles comme notre héroïne, qui n'y survivra pas.

J'ai adoré cette plongée dans l'Ohio profond des années 40, qui démarre comme une étude de moeurs pour finir presque en thriller sous la plume acérée de Philip Roth, déjà au mieux de sa forme dès son deuxième roman.
Reste une question néanmoins : pour quoi ce titre?!
Commenter  J’apprécie          310
Lucy Nelson de sa naissance à sa mort. Les premiers chapitres installent sa haine des hommes depuis l'enfance. Mais ça, on ne le comprend qu'en lisant la quatrième de couverture.
Pour tout dire, je n'ai pas compris grand chose des cent premières pages. Seulement qu'elles présentaient les contours d'un personnage qui n'est pas encore au premier plan: Lucy Nelson.
Un flou artistique ou un récit monotone et bavard? Avec des personnages qui s'ajoutent les uns aux autres sans que j'aie compris leurs rôles. Si bien que quand tante Irène et oncle Julian sont apparus dans la généalogie déjà fournie de Lucy, j'ai supposé qu'il y aurait encore cousin Machin et cousine Bidule à venir alors j'ai refermé le mille feuille familiale sans attendre de couche supplémentaire.
Déçu! Quand bien même la tournure des phrases m'a laissé entrevoir le potentiel de Philip Roth.
Commenter  J’apprécie          300
QUAND ELLE ÉTAIT GENTILLE de PHILIP ROTH
Lucy a vécu son enfance avec ses parents Myra et Whitey dans la maison de ses grands-parents Willard et Berta. de fait ils les hébergeaient momentanément…depuis 16 ans. Berta n'en peut plus de cette situation, Whitey va régulièrement se soûler, parle de partir en Floride mais il n'a aucun projet réel. Willard essaye de garder un équilibre précaire dans la maison familiale au prix de contorsions de plus en plus difficiles à assumer. Whitey frappe Myra avec une ceinture et lui abîme le visage, néanmoins quand Lucy, outrée veut intervenir, elle défend son mari. Lucy va rapidement faire connaissance avec Roy, démobilisé en 1948, installé à Liberty Center, qui veut devenir artiste, dessinateur ou photographe. Roy est le cousin d'Eleanor, une bonne amie de Lucy. Roy va l'emmener en voiture pour faire des photos, Lucy résistera longtemps à ses avances mais finira par céder. Quelques mois plus tard elle se découvre enceinte et un drame va se nouer.
C'est une histoire fascinante que nous raconte Roth. Lucy est marquée par son enfance, la lâcheté et la faiblesse des hommes mais aussi celle des femmes, sa mère en étant un triste exemple. Elle va se forger une morale d'une grande rigidité, une vision des obligations proche de l'absolutisme et face à chaque problème elle plaquera une réponse qui l'isolera encore plus. Elle pense détenir La Vérité. Une histoire désespérante avec aussi, bien sûr, l'amour au centre de la réflexion. Quel genre d'amour est ce que celui qui a lié Whitey et Myra, Roy a t il jamais éprouvé cet amour pour Lucy, et réciproquement? Une superbe analyse qui rappelle un peu le premier mariage de Roth, bien que le contexte soit différent. A lire.
Commenter  J’apprécie          190
« Quand elle était gentille » est ma première lecture de ce grand nom du roman états-unien du XXème siècle, dont j'ai toujours croisé les livres un peu partout mais dont je n'avais jamais lu une ligne. C'est chose faite et je pense qu'on m'a bien conseillé ; ce livre m'a l'air d'être l'introduction idéale à cet auteur puisqu'on est à ses débuts. Certaines influences se font ressentir, notamment la Madame Bovary de Flaubert. La narration suit cette même structure étrange et surprenante, collant d'abord à un personnage pour ne dévoiler que tardivement le véritable protagoniste de l'histoire. Sauf qu'ici, au lieu de suivre seulement le futur mari, on suit le grand-père, puis le père, puis la mère et enfin et seulement le pauvre Roy. On n'entre dans l'esprit de Lucy qu'après avoir été dans la tête de tous ces personnages et d'ores-et-déjà, comme dans une bonne tragédie, on sait que le poids de ce lourd passé familial a scellé son destin.

Comme chez Flaubert, aucun jugement n'est émis de la part du narrateur/auteur, ce dernier s'efface dans ses personnages par l'intermédiaire du discours indirect libre. En découle une certaine frénésie qui fait très « roman moderne » – ce qui donne des parties, des paragraphes très longs, rendant difficile de faire des pauses et de reprendre sa lecture, mais cela participe sans doute de l'expérience. Car il s'agit bien là d'une expérience tant cette lecture est éprouvante.

En effet, au fur et à mesure que l'on entre dans la tête de Lucy Nelson, on plonge dans une folie dévorante, une paranoïa et une misanthropie insidieuses. On s'attache à elle, on méprise comme elle tous les autres personnages mais, progressivement, le doute s'installe. Et lorsqu'arrive cette fin extraordinaire et explosive, on est pris au dépourvu. On a le sentiment d'un dénouement de film d'horreur, tant on a l'impression d'être jeté dans un bain glaciale : c'est un brusque retour à la réalité, les points de vue de tous les personnages convergent et se focalisent sur Lucy, mais aussi sur le lecteur qui est dans la tête de Lucy. Je ne sais pas si c'est pertinent mais je m'imaginais en tout cas, durant toute cette scène de fin chez les Sowerby, le dénouement de Rosemary's Baby, lorsqu'est révélée la conspiration et que le personnage féminin, la mère et son enfant, sont seuls contre tous.

L'aspect « oeuvre de jeunesse » vient sans doute aussi du fait que le livre déborde d'idées et d'énergie, de personnages, de scènes et de temps forts – c'est un livre au final foisonnant mais la maîtrise de l'auteur prévient le sentiment de confusion qui pourrait en découler. J'ai eu le sentiment de lire une « oeuvre de jeunesse » peut-être aussi en raison de la véritable haine et des puissantes émotions qui se dégagent de cette histoire.

Je retiens quelques scènes en particulier : la première relation sexuelle de Lucy et Roy aux frontières du consentement (mais le caractère de Lucy n'est-il pas tel qu'elle ne se serait en fait jamais laissée toucher par qui que ce soit, dans tous les sens du terme ?), tout le passage où Roy hésite à se marier lorsque Lucy apprend qu'elle est enceinte, et le dénouement tragique. Les rares et brefs moments d'éclaircie, lorsqu'elle part à la fac, lorsque Roy lui dit qu'il rêverait d'avoir une fille, lorsque Lucy a confiance en elle et se sent à l'aise avec sa belle-famille, offrent de beaux contrepoids aux terribles passages de rechutes et de drames : de belles montagnes russes en somme.

Pour autant je ne sais pas si le reste de l'oeuvre de Roth m'intéresserait tant que cela, au vu de ce qu'on m'en a dit. Ce roman était peut-être davantage un exercice ou un hommage.
Par ailleurs je ne l'ai pas lu en anglais mais dans la traduction de Jean Rosenthal - quelques tournures de phrases mais parfois un peu confus et sorti de la lecture mais c'était très rare, j'imagine que c'est une bonne traduction mais suis très intéressé par une tentative de relecture dans la langue originale de l'auteur !
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Edward, en fait, ne faisait pas la sieste ; au début de la discussion il s’était précipité de sa chambre dans la salle de bains et avait ajusté le petit crochet qui bloquait la porte. Lucy frappa et frappa. Elle lui promit toutes sortes de douceurs si seulement il voulait bien simplement soulever le petit crochet. Elle expliqua que papa était énervé par quelque chose qui était arrivé dans son travail, mais que personne n’était furieux contre personne. Papa était parti travailler et rentrerait pour dîner comme tous les soirs. Est-ce qu’il ne voulait pas jouer son jeu avec papa ? Elle le supplia d’ouvrir. En même temps elle pressait de toutes ses forces contre la porte, pensant qu’elle parviendrait à faire sauter la vis des vieilles planches de la maison. En fin de compte elle dut donner de grands coups d’épaule dans la porte pour y arriver.
Edward était assis sous le lavabo, un gant de toilette sur son visage. Il se mit à sangloter nerveusement en l’entendant approcher et elle dut le bercer dans ses bras pendant une demi-heure avant de pouvoir le persuader que tout allait bien.

(p. 280-281)
Commenter  J’apprécie          60
Il le répétait, il n’allait pas ramener un enfant de trois ans et demi vivre un jour de plus avec quelqu’un qui, il était désolé mais il allait devoir le dire…
"Dire quoi !
— Qu’il déteste comme du poison, voilà !
— Qui déteste qui comme du poison, Roy ?
— (…) C’est "toi" qu’il déteste !
— (…) Je ne te crois pas !
— Je déteste maman, elle avait la figure toute noire ! Voilà ce qu’il me criait, Lucy !
— Tu mens, Roy !
— Alors pourquoi s’enferme-t-il dans les cabinets ?
— (…) À cause de toi ! cria-t-elle. Parce que tu ne fais pas ton métier !
— Non, Lucy, à cause de toi ! À cause de tes hurlements, à cause de ta détestable manie de vouloir tout régenter comme un tyran impitoyable ! Parce qu’il ne veut plus jamais revoir ta sale figure sans cœur, et moi non plus ! Jamais !
— Roy, tu es mon mari ! Tu as des responsabilités ! Tu vas monter tout de suite dans cette voiture — tout de suite, tu m’entends — et peu importe si tu roules toute la nuit…"
Mais à l’autre bout du fil il y eut un déclic ; on avait coupé.

(p. 351-353)
Commenter  J’apprécie          50
Si seulement ils disaient : Non, non Lucy tu ne peux pas. Non Lucy nous l'interdisons. Mais aucun d'eux, semblait-il, n'avait plus la conviction ni l'endurance de s'opposer à un choix fait par elle. Pour survivre, cela faisait longtemps qu'elle avait dressé sa volonté contre la leur : c'était la bataille de son adolescence, mais c'était fini maintenant. Et elle avait gagné. Elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait au monde - même épouser quelqu'un qu'elle méprisait secrètement.
Commenter  J’apprécie          120
"C’est mon père ! Raconte-moi l’histoire.
(…) "Lucy, il est au pénitencier de Raiford, en Floride."
Elle s’était levée. "Mais ce n’est pas sa faute, n’est-ce pas ?
— Non, je n’ai pas dit…
— Tu ne dis jamais ! Jamais !
— Ma chérie, je ne dis jamais quoi ?
— Il a été poussé à voler parce qu’il était si triste, c’est ça ? Il ne savait pas ce qu’il faisait ! À peine l’avait-il fait qu’il a voulu tout rapporter !
— Lucy…"
(…) Avant qu’il ait pu l’arrêter, elle était dans l’escalier.
Sa mère était allongée, la tête dans l’oreiller.
"Maman, commença-t-elle, Mr. Muller vient de quitter la maison. Tu le sais, maman ? Tu m’entends, maman ? Tu viens de renvoyer de la maison la seule chance d’avoir une vie convenable. Et pourquoi ? Maman, je te demande pourquoi ?
— Laisse-moi…, dit-elle d’une voix à peine perceptible.
— Pourquoi ? Pour que tu gaspilles encore vingt ans ? Pour que tu sois de nouveau humiliée ? Injuriée ? Privée de tout ? Maman, qu’est-ce que tu crois que tu fais ? Qui crois-tu protéger ? Maman, à quoi peut-il rimer de dire à Mr. Muller de s’en aller, quand cet idiot, ce crétin, cet abruti…
— Mais tu devrais être heureuse !
— Quoi ?" Tout d’un coup, elle était sans force. Sa mère était assise dans son lit. Elle avait le visage bouffi, les yeux cernés. Elle se mit à hurler : "Parce qu’il est là où tu as toujours voulu qu’il soit !" »

(p.336-343)
Commenter  J’apprécie          30
— (…) Ma femme avait affaire avec toi autrefois. Du temps où elle me disait qu’il y avait encore quelques signes prouvant que tu étais un être humain. Mais il s’est avéré que je n’aurais jamais dû suivre son conseil, il y a quatre ans, quand tu as commencé à planter tes crocs dans ce garçon.
— Ce garçon m’a séduite, Julian ! C’est devenu le devoir de ce garçon de…"
Il se détourna et regarda sa femme. "Le devoir", dit-il en ricanant.
Elle bondit de son fauteuil. "Le mot ne vous plaît peut-être pas, Julian, mais je le répète. C’était son devoir envers moi…
— Oh, dit-il en secouant la tête, tout le monde a ce devoir envers toi. Mais vis-à-vis de qui as-tu un devoir sacré, Lucy ? J’ai oublié, me semble-t-il.
— Envers mon enfant, répondit-elle. Envers la progéniture que nous avons eue, mon mari et moi ! Envers quelqu’un qui fait ses premiers pas dans la vie ! Le devoir de veiller à ce qu’il ait un foyer, une famille et une éducation convenable ! Qu’il ne serve pas de jouet à tous les monstres qui emplissent ce monde affreux !
— (…) Eh bien, sainte Lucy, dit-il en passant une main sur son visage mal rasé, ne t’inquiète donc plus tant de ta progéniture. Parce que ta progéniture ne peut pas te sentir."

(p. 366-367)
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Philip Roth (54) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philip Roth
Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • le Géant empêtré de Anne de Tinguy aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/le-geant-empetre.html • le Grand Théâtre du pouvoir de Catherine Nay aux éditions Bouquins https://www.lagriffenoire.com/le-grand-theatre-du-pouvoir.-quarante-ans-de-vie-politique.html • Histoire intime de la V République: La belle époque (2) de Franz-Olivier Giesbert aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/histoire-intime-de-la-v-republique-vol02-la-belle-epoque.html • Une route de Richard Paul Evans et Pierre Simon aux éditions Actes Sud https://www.lagriffenoire.com/une-route.html • Super hôte de Kate Russo et Severine Weiss aux éditions J'ai Lu https://www.lagriffenoire.com/super-hote-1.html • La Malédiction de la Madone de Philippe Vilain aux éditions Robert Laffont https://www.lagriffenoire.com/la-malediction-de-la-madone.html • DOG de Clémentine Dabadie aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/dog.html • La Splendeur et l'Infamie de Erik Larson et Hubert Tézenas aux éditions Livredepoche https://www.lagriffenoire.com/la-splendeur-et-l-infamie-1.html • Churchill de Andrew Roberts et Antoine Capet aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/churchill.html • Pamela de Stéphanie des Horts aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/pamela.html • À ma table créole: Recettes iconiques des îles de Suzy Palatin aux éditions Hachette Pratique https://www.lagriffenoire.com/a-ma-table-creole-recettes-iconiques-des-iles.html • Hitler et Churchill de Andrew Roberts et Antoine Capet aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/hitler-et-churchill-secrets-de-meneurs-d-hommes.html • La Dame du Ritz de Melanie Benjamin aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/la-dame-du-ritz-2.html • Les Sorcières: L'encyclopédie du merveilleux de Cécile Roumiguière et Benjamin Lacombe aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/les-sorcieres-l-encyclopedie-du-merveilleux.html • Les Fées: L'encyclopédie du merveilleux de Sébastien Perez et Bluebirdy aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/les-fees-l-encyclopedie-du-merveilleux.html •
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (178) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..