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Jacques Vassevière (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253088875
127 pages
Le Livre de Poche (24/02/2010)
3.79/5   12 notes
Résumé :

" L'enfer du méchant est d'être réduit à vivre seul avec lui-même, mais c'est le paradis de l'homme de bien, et il n'y a pas pour lui de spectacle plus agréable que celui de sa propre conscience. " C'est dans cet état d'esprit, mais aussi pour justifier son choix de la retraite " - Si singulier pour les hommes des Lumières -, que Rousseau, en janvier 1762, rédige ces quatre lettres à Malesherbes. Premier t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce petit livre est composé de quatre lettres écrites par Rousseau à Malesherbes dans le contexte de la difficile publication de l'Emile. Dans ces lettres, écrites dans l'urgence, Rousseau cherche une fois de plus à se justifier auprès de son correspondant, voulant effacer l'image fausse que Malesherbes, alors chargé d'accorder les autorisations de publication, avait de lui. Ce ne sont pas des lettres ‘'réfléchies''. Elles sont en quelque sorte à l'origine des Confessions et donc des oeuvres autobiographiques de Rousseau.

L'intérêt de ces lettres résulte d'une part dans le fait qu'elle montre une évolution de Rousseau vers l'écriture sur soi, d'autre part, elles nous font part des thèmes qui intéressent Rousseau. On voit de lui qu'il est solitaire par choix, parce qu'il aime les hommes. Il n'est pas à un paradoxe près, et il profite de ses lettres pour les expliquer.

Dans les deux premières lettres, Rousseau explique les ‘'vrais motifs'' de sa ‘'retraite''. Il argumente alors vivement.
Dans la troisième lettre, il explique à Malesherbes qu'il est heureux (on pourrait dire ‘'enfin''), dans ce mode de vie, en faisant l'apologie de la nature et ce qu'elle lui apporte
Dans la quatrième et dernière lettre, il explique que ce n'est pas parce qu'il est isolé qu'il est un esprit inutile. Il répond ici à Diderot, qui critique vivement ses écrits et son isolement. Il proclame des vérités (Discours, Lettre à D'Alembert sur les spectacles), depuis sa retraite, afin de faire du bien aux hommes de son temps.

Dans sa correspondance (et ses Confessions), on a donc le sentiment qu'il se place en permanence en victime, de la société, des autres philosophes qui ne le comprennent pas.

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Quand Rousseau se retira à Montmorency (avant de devoir fuir, en juin 1762, en Suisse), il ne fit qu'exciter contre lui ses "ennemis" qui n'y virent qu'une pose orgueilleuse et une excentricité (de plus). le Président Malesherbes venait courageusement de l'aider à publier Emile et le Contrat social, qui furent jugés subversifs ; la "profession de foi du vicaire savoyard" indisposa les philosophes matérialistes contre lui. Malesherbes crut qu'il l'apaiserait en lui expliquant ces raisons-là tout en disant qu'il le comprenait, lui. Las, cela ne fit qu'ulcérer Rousseau encore plus, qui lui écrivit alors quatre lettres pour se justifier encore.

Ses arguments, contrairement à d'autres dans les Dialogues, sont d'une logique qui m'y font adhérer ; et, une fois n'est pas coutume, comme il les sent forts, son sourire affleure, dans la Première lettre.

On tient là la quintessence des oeuvres autobiographiques qui côtoyèrent et suivirent (l'apparat-critique de... soutient qu'elle les précède) l'incroyable et originale floraison philosophique de Rousseau, comme si, ayant dit tout ce qu'il avait à dire, il n'avait guère plus qu'à gloser sur lui-même... ou si, incapable de faire face aux jugements négatifs (et aux dangers politiques, ne diminuons pas les raisons de ses craintes), son besoin de se justifier avait étouffé sa veine philosophique. Il est certain que l'épigramme de Diderot "Il n'y a que le méchant qui soit seul", quand on sait que, si Rousseau est sûr d'une chose, c'est qu'il n'est pas "le" méchant dans l'histoire, l'a mis au supplice ; les lettres bien intentionnées de Malesherbes, qui estime mal venue sa retraite, ont ravivé cette certitude qu'elle jouait contre lui.

On peut être choqué par ce mélange de vanterie (il est ce qu'il a rencontré de meilleur) et d'humilité (il ne veut pas passer pour meilleur qu'il n'est, il est mû par la paresse) de Rousseau dont on peut l'excuser simplement parce qu'il en est certain et il veut vitam impendere vero, à savoir consacrer sa vie à la vérité... cette dernière le justifiant !

Cf. suite de la note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Avant une heure, même les jours les plus ardents, je partais par le grand soleil, pressant le pas, dans la crainte que quelqu'un de vint s'emparer de moi avant que j'eusse pu m'esquiver ; mais quand une fois j'avais pu doubler un certain coin ; je commençais à respirer en me sentant sauvé, en me disant : Me voilà maître de moi pour le reste du jour
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L'or des genêts et la pourpre des bruyères frappaient mes yeux d'un luxe qui touchait mon cœur [...].
3ème lettre
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Puisque je ne mange du pain qu'autant que j'en gagne, ne suis-je pas forcé de travailler pour ma subsistance et de payer à la société tout le besoin que je puis avoir d'elle ?
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[I]l n'est point du tout croyable qu'un homme qui se sent quelque talent et qui tarde jusqu'à quarante ans à se faire connaître soit assez fou pour aller s'ennuyer le reste de ses jours dans un désert, uniquement pour acquérir la réputation d'un misanthrope. (Première lettre)
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A force de réfléchir sur l'humanité, à force d'observer les hommes, le philosophe apprend à les apprécier selon leur valeur, et il est difficile d'avoir bien de l'affection pour ce qu'on méprise.
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Vidéo de Jean-Jacques Rousseau
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
#JeanJacquesRousseau #RêveriesDuPromeneurSolitaire #Pensée
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