Publié en 2008, "De très bons livres" rassemble plusieurs textes et interviews de la romancière
Françoise Sagan.
A l'âge de 16 ans, alors qu'elle passe des vacances d'été ennuyeuses au pensionnat, elle sort se promener sur les quais et y rencontre un sans-abri.
Intriguée par cet homme, elle fait
le mur pour le retrouver une heure chaque jour de la semaine.
Il lui explique la raison de son choix de renoncer au confort et à la routine pour pouvoir prendre la mesure du moindre instant et ainsi goûter pleinement à l'existence.
S'écarter des sentiers battus, de la voie toute tracée que l'on pensait être la seule.
"Le clochard de mon enfance" fut peut-être le souvenir d'une première révélation quant à la possibilité d'un choix de vie différent mais possible, risqué mais potentiellement heureux.
"J'aimerais écrire de très bons livres" reproduit l'interview de
Madeleine Chapsal réalisée en 1957 alors que
Sagan venait de publier "
Dans un mois, dans un an" et se remettait doucement de son accident de voiture.
Questionnée sur son rapport à la vitesse, à la célébrité, aux autres, à la politique, à l'écriture, elle répond sans filets.
"Pourquoi j'ai choisi une provinciale" évoque ses choix narratifs pour son roman "
Un peu de soleil dans l'eau froide".
"L'immense famille de la lecture" dit son amour des livres et des auteurs qui lui permettaient de s'absenter un temps de ses tracas, de s'évader d'un quotidien ennuyeux, de goûter à mille autres existences.
Préface d'une réédition en 1985 de la correspondance
De Musset et
George Sand, "
Lettres d'amour, lettres d'ennui" souligne la saveur d'une époque où l'écriture seule comptait, où des amants s'exprimaient avec "effusion" et "grandiloquence", prenant la plume pour y afficher leurs tourments.
Hommages à Fitzgerald et à
Sartre, "Fitzgerald le magnifique" et "Lettre à
Jean-Paul Sartre" éclipsent les écrivains pour s'intéresser aux hommes qu'ils étaient.
A 50 ans,
Sagan publiait "
De guerre lasse", l'occasion de revenir sur 30 ans de "phénomène
Sagan" dont elle dit ceci dans "Rencontre".
"De très bons livres" s'achève sur une "Lettre d'adieu" qui résume à merveille le thème de la solitude dans l'amour décliné dans tous ses romans.
Plus j'avance dans ma découverte de ses romans, plus je me rends compte que ses histoires dans le fond m'importent peu, que c'est avant tout la femme que je recherche entre les lignes.
"De très bons livres" la restitue à travers plusieurs époques, sans passer par le prisme de l'analyse, laissant au lecteur toute la latitude nécessaire à l'appréciation de chaque mot.
Je ne saurais dire toute l'admiration que
Sagan fait croître en moi de par les réflexions, les émotions, les interrogations suscitées jusqu'ici.
Pour rester fidèle à l'ambition de ce carnet, je vous laisse avec ses propres mots pour juger si ceux-ci valent le coup de gratter le vernis, d'oublier un temps les refrains lancinants sur l'ennui et l'excès, de baisser le volume de la "petite musique" de ses romans pour tendre l'oreille et en saisir chaque variation.
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