1634. La guerre de trente ans entre dans sa seizième année. Ce long conflit inextricablement embrouillé, né de l'affrontement entre le Saint Empire Romain Germanique, catholique, et ses vassaux protestants, atteint des proportions européennes. Au nom de la défense de ses coreligionnaires, la Suède vient d'intervenir dans le conflit. Bien disciplinée, son armée est l'une des meilleures du monde et son roi, Gustave-Adolphe, l'un des plus grands génie militaire de l'histoire.
Débordé, l'Empereur n'a eu d'autre choix que de fait appel a l'un des meilleurs condottiere de l'époque : Albrecht von
Wallenstein. A la tête d'une véritable armée privée, celui-ci a réussi à repousser les Suédois. Et maintenant, il se prend à rêver...
Là commence la pièce de Schiller. Grisé par ses succès,
Wallenstein envisage rien moins que de rejeter l'allégeance à l'empereur et de se tailler son propre royaume avec l'aide des Suédois, ses ennemis d'hier. Mais l'Empereur n'est pas dupe...
La pièce est en deux parties. La première décrit le camp de l'armée de
Wallenstein, le héros triomphant entouré de ses vieux compagnons d'armes, les préparatifs du complot. On y voit la vie des soldats, mais aussi les ravages de la guerre. Une romance naissante entre la fille de
Wallenstein et le fils de l'un de ses capitaines, également.
Dans la deuxième, le complot se révèle. Mais à l'insu de
Wallenstein, certains de ses amis en qui il avait toute confiance sont restés fidèle à l'empereur. Dans la panique, certains régiments font sécession, d'autres refusent, les combats s'engagent...
L'un des grands drames historiques de Schiller, où il marque son admiration pour son héros. C'est aussi l'une de ces pièces longues et complexes rarement représentées, et quand c'est le cas rarement en entier. L'intrigue est fournie, détaillée, pleine de personnages secondaires.
Elle s'appuie sur le dilemme entre amitié et fidélité, libre arbitre et obéissance, mais aussi sur la question de l'individualisme. Ayant profité des événements,
Wallenstein se sent assez fort pour s'élever contre eux. Il ne veut plus être simple pion, mais acteur de l'histoire.
Le tumulte évoque celui de la révolution française, contemporaine de l'écriture de la pièce. La mort du héros préfigure étonnamment la chute de
Bonaparte, quinze ans plus tard.