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Marie Sélène (Autre)
EAN : 9782956517344
136 pages
Gorge Bleue (02/11/2020)
3.89/5   14 notes
Résumé :
Une tempête inexplicable a élu domicile dans le ciel du Grand Est, laissant le reste du territoire profiter d’un éternel beau temps. Météorologue qui a choisi l’exil au large des côtes, Anna est sommée de rejoindre la terre ferme, pour étudier et tenter d’élucider ce mystère.
Dans un décor apocalyptique et déserté, Anna entame à son corps défendant une véritable course contre le temps. Elle devra se mesurer à la météo, certes, mais aussi à l’héritage familia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une masse critique ondule toujours l'imprévu, une nébuleuse prosaïque se cache souvent dans le tumulte des romans proposés, le regard se pique des titres, des premières de couverture, des résumés, des avis, de tout ce qui peut couronner le livre au rang d'indispensable, cette aventure , cette fois-ci m'arrime vers le silence qui cache la forêt de Marie Sélène aux éditions Gorge Bleue. Oh vertige des sens, la calligraphie de la couverture de Caroline Pageaud, un scintillement de couleur s'échappe d'un embrasement de gouttes d'eau comme un paysage où s'adosse une femme tenant au creux de ces mains une maison, assise en tailleur, cette inconnue médite, serais-je notre héroïne ! Anna voguant vers l'est, une tempête siège cette région, météorologue, cette femme va vers sa destinée au détriment de sa volonté, exécutant une décision professionnelle de sa hiérarchie. C'est le premier roman de Marie Sélène, sa progéniture à la saveur intime de sa propre essence, comme une aquarelle qui déploie ses impressions artistiques chamarrées.
Mon impression première fut enthousiasme, bercé par la houle océanique où Anna murmure avec le vent, sur la pointe du Raz, ce nouvel ami invisible sera son compagnon au fil des années, pour le comprendre, elle deviendra météorologue. Marie Sélène entretisse les voix dans son roman polyphonique, entre la narration des évènements, les lettres de sa famille, ses pensées intimes comme des poèmes, ses méditations lyriques et les dialogues des différents personnages qu'elle va côtoyer, le lecteur va se perdre dans différents chemins, pour cheminer la transformation de l'héroïne du roman, la voir en chrysalide, puis éclore en papillon diurne embrassant la vie de la joie d'aimer.
La paysage est comme un personnage vivant au gré de la météo, deux s'opposent, l'océan et la terre ferme, l'un est source de liberté, l'autre est le malaise, Anna a le mal de terre, elle se sent l'objet de l'autre, cette désagréable sensation s'affronte avec la tranquillité des eaux, habitant un bateau, le Rouge, ce lieu d'habitation est son seul désir de possession, la laissant dans sa solitude celle du Finistère, j'entends au loin Les innocents , ce long fleuve de soupir et ces plages de silence, les mots coulent l'osmose entre Anna et cet océan, Barbe-Brune sera sa quête, un jeu de piste s'installe entre ces deux amis, le vent nommé Barbe-Brune tel un conte , Anna s'enlise dans cet enfance, continue à papoter avec son ami imaginaire, derrière ces 35 ans , Anna oscille dans un univers unique, solitude de la sa famille, elle dit à Loïc, qu'elle n'a plus de famille, elle est hermétique au monde qui l'entoure, Anna est presque Misanthrope, ou juste dans sa coquille , recroquevillée sur elle-même, inerte à l'humain, voguant sur les flots de son inertie, Anna respire l'iode du côté de Brest, sans attache, travaille avec son ami Éole sur les facéties du temps. Strasbourg dans la pénombre d'une zone dépressionnaire, combat la force du vent, les habitants désertent la ville, les commerces sont fermés, Anna pénètre cette zone de turbulence avec pragmatisme, mais se cache au fond de son être ce passé familiale, Anna est originaire de cette région, déjà lors du trajet dans le métro, le prénom de sa Grand-mère, Albane résonne dans un appel du passé, un petit rouage vient de se mettre en mouvement, Marie Sélène anticipe, l'écho de ce prénom, celui d'une petite fille rousse, ravive chez Anna son enfance.
La tempête de l'est, la rapproche de son enfance, de sa grand-mère Albane, Barbe-Brune souffle son bavardage avec Anna, qui hérite de la maison de sa grand-mère, la météorologue va découvrir ces racines, la vie de Jean son arrière-grand-père, dans les dédales de sa maison héritée. le passé de ces aïeux aura des conséquences dans la vie d'Anna, Marie Sélène emporte son héroïne dans une Métamorphose, pas comme celle de Kafka, mais une transformation intérieure, je n'oublie pas un roman de Jérôme Chantreau, Avant que naisse la forêt, son personnage centrale se laisse envahir par les fantômes de la maison de sa mère, comme Anna, au coeur de la tempête, s'enterre dans le silence de cette maison vide, l'atmosphère sombre du passé trouble de cette deuxième guerre s'infiltre dans la chair d'Anna. Cet arbre généalogique lui fait découvrir le prénom de son arrière-grand-mère, Anna, comme le sien et les missives que Jean, au front de la grande guerre, écrivant à son amoureuse. Petit à petit, le caractère d'Anna s'imprègne de tous ces souvenirs enfouit dans des cartons, elle s'invente même une similitude avec Jean, ce Capitaine d'un autre temps, son sang mêlé au sien, cette force qui la pousse à affronter le monde qui l'entoure, Anna glisse petit à petit vers son épanouissement.
Même si l'Anna du début me plait beaucoup plus, et que celle de la fin ne m'enchante guère, la lecture de ce roman m'a donné beaucoup de plaisir, Marie Sélène de ce court roman, 131 pages, explore à travers une intrigue fantastique, le cheminement d'une femme à traverser sa vie, affrontant le passé de ses aïeux. J'aime lorsqu'Anna est aspirée dans les vapeurs de ces pensées, cette parole intime, ce monologue avec son ami imaginaire, ce monde intérieure qui peuple son horizon, et surtout sa naissance à laquelle, elle se sent redevable, mais brise la tradition par cette décision de plus prendre la même que ces ancêtres pour laisser l'Histoire à sa juste place, Anna devient comme elle le dit « une putain de miracle », acceptant le silence et de prendre la plume pour écrire et se libérer de cette emprise d'elle-même, ces chaines brisées, elle va vers le lecteur et vole dans l'atmosphère étoilée d'une nuit Strasbourgeoise avec cet amoureux imaginaire, cristallisant sa réalité d'exciter et de le rencontrer pour se donner à lui.
Comme l'auteur, Marie Sélène, à travers Anna, cite Nietzsche, qui disait du Chaos qu'il fallait le porter en soi pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Anna décide désormais de vivre, d'écrire, d'aimer, il y a beaucoup d'autre chose à raconter sur ce court roman, la voix des hommes qu'elle rencontra, ce bar L'Athanor , au café torréfié cinq minutes de trop, ce lieu lui ouvrant les portes pour partager « le repos du guerrier » de certains hommes , cette phrase, dessine un sourire à mes lèvres, je finirai par les mots de Paul Éluard :
« Tu rêvais d'être libre, et je te continue. »
Un roman à découvrir et lire sans modération, la poésie viendra valser vos émotions dans cette danse à mille temps….
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Cette lecture m'a complètement fait sortir de ma zone de confort et j'en suis bien contente.

Ce roman est court, mais très dense. J'ai pleinement ressenti une fausse impression de calme, ce silence qui est présent dans tout le livre.
Cette tempête n'est finalement qu'un prétexte, comme un reflet de ce qui se passe dans la tête d'Anna. le silence dans le chaos. Qu'on ne s'y trompe pas, l'intérêt du livre ne réside pas dans le problème météorologique. Ce problème est vite amené en toile de fond pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus personnel. La famille, ses secrets, ses non-dits, ses silences. Encore le silence. Ce silence nous enferme nous aussi. On est dans la tête d'Anna, on ressent son poids. Comme dans un huis-clos, on étouffe. On passe de la famille d'Anna à son propre vécu.
On n'en apprend pas énormément, ce silence nous cache beaucoup de choses. On se doute, on se pose des questions, rien n'est clairement défini encore une fois. J'en suis venue à me demander si c'était réel ou dans sa tête. Dans cette tempête, Anna recherche le calme, le vrai, le calme serein et non ce silence étouffant. Elle cherche à enlever ce poids lié à ses racines et celui lié à son passé. Ca fait beaucoup de silences...
J'ai trouvé ce livre très poétique, je me suis laissée embarquer par cette écriture que j'ai trouvé très belle. le texte est aéré et dense à la fois, ce qui est étonnant vu sa longueur. Je ne suis pas habituée à ce style de textes et j'ai voulu prendre le temps de le lire pour ne pas m'y perdre. L'immersion était totale - ce qui n'est pas évident dans un texte si court - et pour ça, chapeau!! C'est une très belle découverte.
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Anna, météorologue, est envoyée à Strasbourg pour étudier le ciel et découvrir les causes du vent qui ne cesse d'y souffler, provoquant des catastrophes. Revenant sur les traces de sa famille, la jeune femme obtiendra plutôt des réponses sur ses origines, et parviendra finalement à mettre un mot sur la raison de son mal-être, relégué jusque-là dans le silence du déni.

J'ai reçu ce roman dans le cadre de l'opération « Masse critique » de Babelio, accompagné d'un adorable petit mot qui me souhaitait une belle lecture au milieu du silence (merci pour cet envoi !). Malheureusement, je ressort de celle-ci un peu déçue.
Non pas que le projet du roman m'ait déplu. J'ai aimé l'idée de faire correspondre la violence des éléments à celle des sentiments qui agitent l'âme humaine ; l'idée aussi de prendre un voyage scientifique comme prétexte à un cheminement intérieur (dont chaque chapitre marque une étape), au terme duquel l'héroïne réussit à s'ancrer dans son présent et dans le monde, en acceptant la réalité de son passé (ici, familial et personnel). 
Mais je suis passée à côté du résultat. Peut-être parce qu'il s'agit du premier roman de l'auteure, et que, comme d'autres, il pêche par « excès ». Ou bien (sans doute) est-ce intentionnel et je n'y ai pas été sensible : le récit m'a paru à la fois trop silencieux et trop bavard, laissant des zones de vide et de doute tout en abordant une multitude de thèmes et d'événements, mêlant petite et grande Histoire (), réel et fantastique, passages descriptifs et introspectifs… Tout cela m'a paru un peu confus.
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Rencontrées lors de printemps littéraire en mai dernier à la Wantzenau, j'ai eu plaisir à échanger avec cette jeune auteure et sa maison d'édition. Un échange qui invitait à la découverte et bien sûr je n'ai pas pu y résister.

Une envie de sortir de ma zone de confort, de mes lectures habituelles, principalement orientées vers les thrillers et les polars.


Si quelques fois je me suis perdue entre le réel et le fantastique, entre les passages descriptifs et introspectifs, je me suis régalée de cette plume poétique et lyrique, des pensées et des réflexions intimes, de cette large place au silence qui en dit bien plus que des mots dans certaines circonstances.

"Les silences qui voudraient ne plus l'être finissent par s'exprimer autrement que par la parole"

"C'est en acceptant pleinement la présence du silence, celui qui se cache derrière le bruit du monde, que le soulagement lui est parvenu".

Et ce roman a fait remonter en moi cette jolie citation de Gandhi :
"Le plus grand voyageur n'est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même"





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Ce roman était dans ma PAL (pile à lire) depuis quelques semaines, relégué au plus bas de la pile avec la rentrée littéraire, c'est un VLEEL (Varions les éditions en live) qui l'a fait remonter en première position !
Cette rencontre du 12 septembre était dédiée aux éditions Gorge bleue, petite maison d'édition indépendante strasbourgeoise. La lecture d'un extrait du roman par l'autrice a achevé de me convaincre de le lire et comme il est court, 131 pages entrecoupées de silences (pages blanches), je l'ai dévoré !
J'ai fait la rencontre d'Anna, le personnage principal de cette histoire. Elle est météorologue et vit sur un bateau, près de Brest, où elle effectue sa mission. Soudainement son employeur l'envoie à Strasbourg où ses compétences sont requises. Une tempête ne faiblit pas sur le Grand Est, éprouvant ses habitants. Anna n'a pas très envie d'y aller. Elle est originaire de cette région. Elle a pour ainsi dire fui sa famille, notamment sa grand-mère Albane qui lui a légué sa maison. Un secret émerge autour d'Albane et de son passé marqué par la guerre.
Le roman alterne entre des passages avec narrateur et d'autres à la première personne, où Anna se livre. Un roman intime qui fait le portrait d'une jeune femme apeurée mais qui aimerait s'épanouir. Vous y trouverez des métaphores, des correspondances entre les éléments naturels et les émotions d'Anna.
J'ai adoré l'écriture poétique de Marie Sélène. Je me suis laissée bercer par ses mots. Je me suis attachée à Anna. Elle évolue et fini par mettre des mots sur sa douleur. J'ai trouvé tous les personnages secondaires intéressants et la rencontre avec le libraire est magnifique, mais chut, je ne vous en dis pas davantage. le vent est un personnage à part entière. L'autrice a su créer une atmosphère particulière. Un peu de fantastique plane sur ce roman, mais n'ayez crainte, il est là pour sublimer l'histoire. Une belle découverte !
La couverture est magnifique. Elle est signée Caroline Pageaud.
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il est revenu du front sans la fougue de la victoire, atrophié d'une innocence et d'une spontanéité qu'il n'a eu de cesse de retrouver. On lui a donné le pouvoir de tuer, à en perdre la tête. Les années défilant, il a dû négocier avec ce monstre traumatisé en lui qui quémandait davantage pour oublier. Il voulait à la fois juste du simple et du tendre, mais de temps en temps céder et apaiser la bête qui réclamait du sang. Avec son chien, il partait pour de longues parties de chasse, afin de se souvenir qu'il était capable de tuer, et que c'était grave. À chaque coup de fusil, il faisait son devoir de mémoire. [p. 70]
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Son café fumant à côté du livre ouvert, elle découvre que le discours de l'absence en littérature a toujours été tenu par des femmes, et que le silence n'est jamais entendu que par celui qui le subit. Pour celui qui part, l'absence n'existe pas. Anna est avalée par l'inconscient collectif. Lui faut-il ressentir du désir dans l'absence pour ressentir du désir tout court ? Anna finit par espérer que ce n'est pas son silence qu'est venu chercher Auguste, le silence d'une femme qui serait la condition pour faire de lui un homme. [p. 91]
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Plus de cloches, presque plus de moteurs qui vrombissent, plus de rires et de discussions dans les rues, toutes fenêtres closes: le bruit de l’Est n’est plus que le long sifflement lancinant d’une bise qui ne s’arrête pas.
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Personne n'a répondu présent à la proposition d'Hitler qui voulait prendre sa revanche. Mais qui ne dit mot consent... Et Hitler a pris possession d'un territoire qui ne lui appartenait pas. A-t-on dit au procès de Nuremberg que Marianne, un sein à l'air, l'avait tout de même bien cherché ? [p. 110]
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Anna espère secrètement réussir à faire son travail, résoudre l'énigme du vent sans avoir à franchir le seuil de la propriété. Elle serre les mâchoires, déterminée à archiver sa mission sans soulever trop de tapis intérieurs, sans se prendre de plein fouet toute la poussière du secret. [p. 45]
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