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EAN : 9782246088820
387 pages
Grasset (01/09/1991)
4.08/5   42 notes
Résumé :

"Avais-je rêvé ma vie à Buchenwald ? Ou bien, tout au contraire, ma vie n'était-elle qu'un rêve depuis mon retour de Buchenwald ?" Quel beau dimanche, que Semprun tient pour son livre "essentiel", sera cette vertigineuse recherche d'identité d'un double rescapé du nazisme et du stalinisme. Ici, l'ancien dirigeant du Parti communiste espagnol clandestin, en homme presque suspect à lui-même, cherche à dire, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un livre exceptionnel.
Exceptionnel de par son auteur, Jorge Semprun, philosophe, dissident communiste, ex-ministre et résistant, déporté à Büchnewald.
Ce livre est aussi exceptionnel par son contenu matrice, un dimanche à Bûchenwald pendant l'hiver 1944
Encore un livre sur la shoah pourra t-on objecter...
Ce livre est bien plus que cela.(de plus Büchenwald n'était pas un camp, d'extermination mais un camp de concentration) Autour de cette journée pivot et de l'événement inouï, l'auteur fait des incursions dans le passé ou la période plus contemporaine, relatant sa vie de résistant, de responsable communiste, de réfugié espagnol. Cette architecture peut déconcerter le lecteur qui est déboussolé s'il n'a pas sous ses yeux un livre avec un récit au style "jardin à la française", une trame bien liinéaire, bien rangée.. Au cas présent, le propos est toujours intelligible passionnant et poignant.
L'oeuvre s'ouvre avec une scêne hallucinante, l'auteur est sur le point d'être abattu par un SS et doit son salut grace à Goethe...s'il est un endroit où la culture pouvait a priori n'être d'aucun secours c'était bien ce lieu de la négation absolue de toute dignité spirituelle. Ces premières lignes il n'y a guère que celles de Salambo, de mon point de vue, pour être aussi puissantes.
Le lecteur découvrira aussi des aspects méconnus de l'univers concentrationnaire de Bûchenwald où les communistes allemands assuraient de facto la gestion d'aspects essentiels de la vie du camp en particulier l'affectation des détenus. Une affectation dans un commando extérieur comme la dantesque usine souterraine de Dora et c'était la mort assurée dans des conditions de souffrance abominables.Cette situation n'est pas sans interpeller sur des questions philosophiques que Primo Levi avait aussi évoquées. La survie justifie t-elle la négation de certains principes éthiques ? Comment qualifier ce droit de vie oiu de mort de certains détenus sur la majorité des autres?
Oui un livre exceptionnel et un chef d'oeuvre
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Jorge Semprun nous emporte dans ses souvenirs du camp de concentration dans lequel il fut déporté, mais aussi à travers les souvenirs de sa vie. le roman est en lui-même très émouvant mais peut-être un peu fouillis, comme-ci ses souvenirs n'étaient pas en ordre, comme s'il ne voulait pas se souvenir de cette période dans le camp.
Il nous transporte dans une anecdote, puis dans une autre et revient à la première anecdote. Cela peut perdre le lecteur et, à mon goût, fait perdre un peu l'intérêt du livre car le fouillis environnant nous fait perdre le fil. Cette citation du chapitre un, lorsqu'il parle de son ami Fernand (lui aussi prisonnier au camp, mais qui, 15 ans plus tard ne semble pas le reconnaître) semble plutôt appartenir à l'auteur, sorte de camouflage derrière un personnage pour ne pas avouer qu'il ne veut pas revivre ses jours d'enfermement : « il ne raconte pas bien sa vie, Fernand. Les souvenirs s'accrochent les uns aux autres, à la queue leu leu, dans la confusion la plus totale. »
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Confus, emberlificoté, lancinant dès les premières pages. Rien à voir avec les excellents "L'écriture ou la vie" ou "Le Grand voyage".
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je regarde le SS qui braque sur moi son pistolet mauser, le doigt sur la gâchette. Il va hurler. Mais je ne vois nulle part l’ombre de la mort. (…)
Je regarde le SS et je ne vois autour de lui que des images de la vie. Il me semble que le hêtre s’est dépris de son linceul de neige. Il me semble que des ruisseaux printaniers se sont mis à murmurer dans cette colline figée par le gel. On dirait même que j’entends le bourdonnement estival des insectes.
Je regarde le SS et je vois les visages halés, les yeux rieurs des enfants blonds qu’il va avoir. Je vois la silhouette de la femme aux jambes fermes, aux hanches matriarcales, au regard lisse, qui lui donnera ces enfants. J’entends même une musique de piano quelque part : une sorte de sonatine.
Je regarde le SS j’ai envie de rire. J’ai envie de lui crier :
« Laisse tomber mon vieux, ne te fatigue pas, tu ne fais pas le poids ! Jamais tu ne pèseras le poids de la fumée légère de la mort. Ce n’est pas encore pour aujourd’hui, ce n’est pas l’heure. »
Alors pour mettre fin à cette situation qui commence à devenir ridicule, avec ce lourdaud de SS qui se prend pour le destin et qui n’est qu’un père de famille bien convenable, je me mets au garde–à-vous je crie mon matricule, je me présente, l’œil fixé dans le vague, dans le néant aveugle du ciel pâle où il n’y a pas le moindre signes annonciateur de la mort.
Je veux dire : de ma mort. La cheminée du crématoire, elle, fume toujours calmement. »
(…)
-Pourquoi t’es tu écarté de la route ? me demande t-il.
Je le regarde bien en face. Il faut qu’il voie l’innocence de mon regard.
-A cause de l’arbre, Hauptsturmeführer ! lui dis-je.
Ça aussi, je sais que c’est un bon point pour moi, que je lui donne exactement le grade qu’il a dans la hiérarchie SS. Ils n’aiment pas qu’on s’emmêle les pieds dans la complication de leurs grades les SS.
-L’arbre ? me dit-il.
-Il y avait un arbre un peu isolé, un hêtre, très bel arbre. J’ai pensé tout à coup que ça pouvait être l’arbre de Goethe, je me suis approché.
Il a l’air très intéressé.
-Goethe ! s’exclame t-il. Vous connaissez l’œuvre de Goethe ? J’incline la tête modestement.
Il m’a dit « vous », peut-être sans s’en rendre compte. Le fait que je connaisse l’oeuvre de Goethe l’a fait changer de ton, instantanément.
C’est beau la culture, quand même.
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