Lorsqu'il achète une vieille malle remplie de vieux papiers, le rancher Curly John ne se doute pas que sa vie risque d'en être bouleversée. Cela faisait 38 ans qu'il vivait avec la haine de son ancien associé, celui qu'il se refuse de nommer. Or dans la malle, une lettre remet en cause ce qu'il s'est passé alors. La tentative de meurtre le concernant y est évoquée, mais ce n'est peut-être pas Andy Spencer le commanditaire.
Curly John décide alors de mener enfin son enquête, d'acheter une voiture et d'embaucher un chauffeur pour ce faire. Au fil des rencontres, il comprend qu'une grande partie de sa vie s'est construite sur un mensonge. En parallèle, on apprend que le fameux Andy Spencer, qui détenait alors une grande partie de la ville, est en fuite, sans doute ruiné et suspecté dans une grosse affaire judiciaire et médiatique.
Georges Simenon, dans ce roman américain, montre toute l'étendue de son talent pour construire une intrigue et faire languir le lecteur. Mais le roman prend toute sa dimension par le portrait de cet homme qui doute et comprend peu à peu que peut-être sa vie s'est construite sur un mensonge. Comme à son habitude,
Simenon ne se perd pas dans des descriptions psychologiques à n'en plus finir. L'auteur, par petites touches tel un impressionniste, décrit des faits, des attitudes, des réactions, sans jugement de sa part, libre au lecteur d'interpréter à sa façon.
Quant au côté américain du récit (
Simenon vivait alors aux États-Unis), s'il n'est pas spécialement utile à l'intrigue, il nous permet de rappeler que la haine et la cupidité sont universelles.
Un grand cru.