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EAN : 9782070425297
167 pages
Gallimard (02/10/2002)
3.42/5   13 notes
Résumé :

Le libertinage selon Sade, Casanova et la marquise de Merteuil, l'ironie et la plume acérée de Voltaire, Montesquieu, Marivaux ou Saint-Simon, le génie de Mozart et de Haydn, le charme et le mystère des toiles de Fragonard... Tous ces personnages aux vies mouvementées ont marqué de leur sceau un XVIIIème siècle flamboyant, soleil de la vraie Révolution française.Philippe Sollers nous fait entrer dans l'int... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mon cerveau et moi

De temps en temps, mon cerveau me reproche d’avoir tardé à lui obéir ; d’avoir sous-estimé ses possibilités, ses replis, sa mémoire ; de m’être laissé aller à l’obscurcir, à le freiner, à ne pas l’écouter. Il est patient, mon cerveau. Il a l’habitude des lourds corps humains qu’il dirige. Il accepte de faire semblant d’être moins important que le coeur ou le sexe (quelle idée). Sa délicatesse consiste à i cacher que tout revient à lui. Il évite de m’humilier en soulignant qu’il en sait beaucoup plus long que moi sur moi-même. Il m’accorde le bénéfice d’un mot d’esprit, et prend sur lui la responsabilité de mes erreurs et de mes oublis. Quel personnage. Quel partenaire. « Sais-tu que tu ne m’emploies que très superficiellement ? » me dit-il parfois, avec le léger soupir de quelqu’un qui aurait quelques millions d’années d’expérience. Je m’endors, et il veille. Je me tais, et il continue à parler. Mon cerveau a un livre préféré : l’Encyclopédie. De temps en temps, pour le détendre, je lui fais lire un roman, un poème. Il apprécie. Quand nous sortons, je lui fais mes excuses pour toutes les imbécillités que nous allons rencontrer. « Je sais, je sais, me répond-il, garde-moi en réserve. » J’ai un peu honte, mais c’est la vie. J’écrirai peut-être un jour un livre sur lui.
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« Retour dans les appartements et déséquilibre : Le Baiser à la dérobée... Mais nous approchons déjà de la fin de partie, de l’échec et mat de Frago, coup de maître de ce joueur plus conscient qu’on n’a osé le dire, et je veux parler, bien sûr du Verrou.

D’abord l’entendre, ce tableau interminable : léger claquement dans un silence froissé. Elle était assise entre les cuisses monumentales et toujours ouverte du lit, elle est déléguée par la géante, elle est comme un pétale un instant échappé de la fleur carnivore matrice, enlever une femme à la machine fondamentale, ce n’est pas tous les jours.

Fermez là ! Shut up ! C’est bien cela : notre courageux marin, à peine débarqué de son vaisseau ou de sa gondole, va réussir à en fermer une. La pomme, à gauche, nous situe le drame, la genèse elle-même, à l’envers. C’est sanglant, viscéral, tordu, chenille et papillon, la métamorphose et l’empoignade du fond des choses. Et en même temps lumineux, blanc-jaune sorti du rouge, vitesse calme...

Où l’on voit que la clé intérieure est la résolution de la discordance d’accord, sol dièse, rapport dans le non-rapport. Sur la pointe des pieds, deux bras dans deux mondes différents, rapt, bout du doigt qui pousse...

Ce tableau devrait s’appeler le Vrai où. D’ailleurs, à partir de maintenant, c’est son titre. Catastrophe et sécurité. Ca s’agite beaucoup, mais ce n’est rien. La blonde Sabine de la forêt est parvenue au but, on l’accouche, elle passe évanouie de l’autre côté, elle est prise, vous entendez la tige glisser.

Quel est le mouvement suivant ? Le passage du mur du son.

Dans un moment la chambre sera vide, le rideau de sang voilera le petit théâtre où on vous a montré tout ce qu’on pouvait vous montrer, la rapide opération marionnette. La curiosité n’a pas à aller plus loin.

Dernier trait des Illuminations : « La satisfaction irrépressible des amateurs supérieurs. »
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« Oh, écoutez, au point où nous en sommes, nous n’avons plus qu’une seule ambition, qu’on nous laisse tranquilles, que nous puissions vérifier l’expérience... Nous avons fermé la porte. À double tour. Pour qu’on nous abandonne dehors. Paradoxe ? C’est ainsi. Il faut d’abord verrouiller pour sortir. Voilà, tous les autres sont rentrés, vous les avez mis dedans, la scène vous appartient pour un aparté rapide, on va vous montrer la merveille. Vous n’en parlerez à personne, promis ? Je le sens, Fragonard, je l’entends, je l’attends comme un double transparent dans sa parallèle... Comme nous sommes heureux d’avoir été exclus par le grand reportage, la migraine morale, l’usine avenir... Au début, nous avons été intrigués. Puis agités. Puis obligés. Puis punis. Puis oubliés ou travestis. Puis déprimés. Puis libres. Il suffisait de le décider ou, plutôt, de laisser la décision s’opérer.
Il est temps de faire de Fragonard un peintre profond. »
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Vidéo de Philippe Sollers
Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début
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