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Boris Vian (Traducteur)
EAN : 9782851810298
78 pages
L'Arche (13/06/1997)
3.71/5   125 notes
Résumé :
La raison du plus fort, l'emprise du vulgaire sur l'esprit supérieur est un thème cher à Strindberg. À cette proposition récurrente, l'auteur ajoute bien souvent un drame de l'amour. Une passion qui lie deux êtres en tous points différents, l'un animé de nobles valeurs, l'autre dénué de tout scrupule, et qui donnent naissance à une liaison contre-nature. Avec un espoir mêlé de crédulité, Made... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Scandaleuse, mademoiselle Julie, qui danse avec les domestiques en cette soirée de Saint Jean, au lieu de rester avec son père, le Comte ?
Sa présence déroute le 'peuple', dérange la bienséance. Sont-ils obligés de la tolérer parmi eux, eu égard à sa condition ?
« Ne prenez pas ça comme un ordre ! Aujourd'hui c'est la fête et nous sommes tous égaux, sans distinction de rangs ! »
Devient-elle l'une des leurs ? Quid du respect qu'ils estiment devoir à leurs maîtres (pour se respecter eux-mêmes) ?

Est-ce la question du désir, qui est au centre de la pièce ? Fugace, alors - le petit coup d'un soir. Jeu de séduction pour elle, faire fi des conventions. S'amuser, et s'accrocher sans pudeur lorsqu'il s'avère que le domestique, prétendument amoureux, se dérobe une fois 'la chose' faite et montre froidement ses intentions.

La pièce a choqué à sa sortie, à la fin du XIXe siècle.
Il semble exagéré de la trouver 'crue' et féministe, aujourd'hui.
L'auteur nous parle d'émancipation féminine, certes, mais limitée.
J'y ai surtout perçu des enjeux de pouvoir, de domination - homme/femme, maître/serviteur, dominant/dominé - avec un mouvement d'alternance perpétuel. Et la volonté de s'extraire d'une condition sociale déterminée à la naissance.

Légère déception, je m'attendais à un texte plus universel, à la fois plus 'flamboyant' et plus subtil, après avoir entendu l'envoûtante Anna Mouglalis* en parler.
___

* Elle joue actuellement la pièce au théâtre de l'Atelier, à Paris (jusqu'au 3 novembre).
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Bouuuuuuuuuuuuuuhhhhhh.... Si j'ai un peu de mal avec Tchekhov, que dire de Strindberg et de sa Mademoiselle Julie ? J'avoue que la lecture de la pièce m'a laissé un goût de déception très amer. Et quand je pense que Strindberg voulait inventer un théâtre moderne, face au théâtre de son temps qu'il trouvait moribond, je me dis que, bon, c'est bien joli, tout ça... mais qu'Ibsen, qu'il méprisait plutôt, a été bien plus inventif que lui. Car sur des thèmes qui se recoupent un tant soit peu (liberté individuelle, rapports hommes/femmes, société fin-de-siècle corsetée), Strindberg donne à mon avis en plein dans l'outrance un peu vaine, quand son aîné fait preuve de finesse et va beaucoup plus loin dans l'exploration des thématiques, notamment dans celle de la recherche d'émancipation individuelle. Mademoiselle Julie me donne bizarrement des sensations de lourdeur, alors qu'on l'a tant discutée, analysée, disséquée. Mais j'ai beau y réfléchir, je ne vois décidément ce qu'on y trouve de si talentueux.

Un lieu, une nuit (celle de la Saint-Jean), trois personnages : Julie, l'aristocrate, Jean et Kristin ses domestiques. L'une est en train de chuter, ou veut chuter, ou ne peut se retenir de chuter, l'autre veut s'élever socialement, la troisième garde sa place et dit s'en satisfaire. Julie va passer la nuit à jouer à un jeu de séduction, de domination, de répulsion, de soumission, avec Jean, pour finir par se suicider avec un rasoir. Alors on a vite compris le coup des rapports de force qui s'inversent entre maîtresse et domestique ainsi qu'entre homme et femme, et, même si on est pas très au fait de l'histoire de la Suède au XIXème, on saisit tout aussi vite que le jeu des personnages s'inscrit dans un contexte de bouleversement social. Ça pourrait être très intéressant, d'autres se sont frottés à ces sujets avec audace, bonheur, finesse... Mais ici, c'est d'une lourdeur !

Strindberg a fait de Julie une espèce d'hystérique dont on ne sait ce qui la motive, ce qu'elle cherche. Jean, même dans sa cruauté, est insipide, et Kristin n'est là que pour relayer l'opinion publique, à savoir qu'il faut être capable de rester à sa place. Et Julie de pleurer, de crier, de se lamenter, d'espérer, d'être aguicheuse, puis dégoûtée, passant d'un état à l'autre sans transition. Je sais bien que Strindberg connaissait quelques soucis dans son mariage à l'époque, mais qu'avait-t-il besoin de créer un personnage aussi outré ? Franchement, si c'était pour se venger de sa femme, à qui il a donné le rôle à la création, c'est pas un motif bien joli-joli... le nadir, c'est l'épisode du serin : Julie s'est décidée à partir avec Jean pour bâtir des châteaux en Espagne, et veut emmener avec elle son serin : le seul être qui lui soit fidèle, selon elle. Oui, bon alors, partir avec une cage et un oiseau dedans pour voyager des journées entières, c'est pas bien malin, lui dit Jean. Et voilà que Julie se met à déclamer qu'elle préfère que Jean tue l'oiseau plutôt que de l'abandonner. Et hop, Jean coupe la tête de l'oiseau. Et voilà Julie qui crie "Il y a du sang entre nous !". Et ne veut plus partir (enfin ça, le coup de "Partons !", "Ne partons plus", ils vont le faire tous les deux un certain nombre de fois). D'ailleurs, dix minutes plus tard, la voilà qui dit dit : "Ne pensons plus au serin." (ou un truc dans le genre). Alors, franchement, j'appelle ça du plagiat. Un sale type qui enlève une jeune étourdie plus élevée que lui socialement, qu'il a séduite et qui, avant de se sauver à cheval avec elle, pend sa chienne à un arbre, ça ressemble quand même beaucoup à la scène du serin. Et c'est dans... Les Hauts de Hurlevent. Sauf qu'Emily Brontë a imaginé cet acte de cruauté de Heathcliff pour une bonne raison - Heathcliff, c'est le Mal, quelqu'un qui vit pour sa vengeance (pour faire vite), pas juste un mec creux qui veut monter un hôtel sans argent -, que ça s'insère parfaitement dans l'histoire, dans la psychologie des personnages et dans la structure du roman, et que ce n'est pas juste là pour nous faire entendre des hurlements pénibles à l'oreille, même lorsqu'on reste simple lecteur.

Strindberg admirait Zola : là-dessus, je n'ai aucun doute. de Zola, il me semble qu'il a finalement retenu surtout ce qu'il était le plus outrancier, le plus exagéré, le plus immodéré. J'aime Zola, mais c'est quand même le genre à en faire des tonnes. Mais bon, même quand ça m'agace, je me dis que ça colle bien avec son projet des Rougon-Macquart. Dans le cas de Mademoiselle Julie, je ne saisis pas l'intérêt d'en faire des tonnes. Je l'ai dit, je préfère lire Ibsen, que je trouve tellement plus fin. de même, je préfère La ronde de Schnitzler, pour son côté bien plus subversif, ou Anatole, du même Schnitzler, plus fin, lui aussi, lorsqu'il aborde les rapports homme/femme ou les rapports entre les classes sociales. Non, décidément, ; je n'aime pas Mademoiselle Julie !


Challenge Théâtre 2017-2018
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A l'occasion de la sortie en salles d'une nouvelle-la 15ème- adaptation de la pièce d'August Strinberg, par la suédoise et muse de Bergman Liv Ullman, il est bien de revenir sur ce texte que j'ai découvert avec la précédente adaptation en 1999, celle du britannique Mike Figgis, qui m'avait donné envie de lire la pièce dans la foulée.

En effet, je me souviens avoir été à l'époque frappé par la puissance du texte une vraie tragédie qui nous amène magnifiquement dans un jeu de séduction-répulsion aussi bien pervers qu'érotique entre deux personnes de classe sociale différente, et chacun, au fil d'une seule nuit, va tour à tour soit dominer l'autre, soit être à sa merci, avant une fin forcément tragique (dans une tragédie, c'est un peu logique que la fin le soit, non?).

Bref, voilà donc une oeuvre pleine d''acuité et de justesse sur les faux semblants dans un jeu de séduction, avec des personnages complexes et qui frappait par son universalité et sa modernité, plus d'un siècle après l'avoir écrit.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Grosse déception.
Je n'aurais pas dû lire Hedda Gabler d'Ibsen avant, à côté d'Hedda, Mademoiselle Julie m'est apparue bien pâlotte et pas très convaincante.
J'aime bien pourtant l'idée de départ, le jeu des rapports de force entre la maîtresse et son domestique - lutte des classes et guerre des sexes - aurait pu fournir un ressort dramatique efficace, voire captivant. J'ai le vague souvenir, lointain, d'avoir vu travailler une scène de cette pièce, dans un club théâtre, d'avoir plutôt aimé, et je crois que malgré le flou du souvenir je m'attendais à une Julie plus fine, plus touchante, à quelque aspect sympathique chez Jean, à des personnages plus crédibles, à ce que la façon dont se succèdent les jeux de séduction et le mépris, la répulsion, soit mieux conçue...
J'ai sans doute abordé ma lecture avec des attentes inappropriées, et j'ai trouvé que Mademoiselle Julie, au contraire d'Hedda Gabler, avait mal vieilli. C'est peut-être injuste.

Challenge théâtre 2017-2018
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Mademoiselle Julie est une pièce du dramaturge suédois August Strindberg relatant le face à face entre deux figures : Julie, personnage éponyme, jeune aristocrate au comportement étrange et Jean, un domestique dévoré d'ambition. Entre eux, un unique personnage secondaire, Christine, cuisinière figée dans l'attente et le silence, domestique prisonnière des convenances sociales. Un unique décor : la cuisine de la maison du comte, la nuit de la saint-Jean. Et oscillant sans cesse entre grandeur et décadence, passant de l'amour à la haine, les personnages s'affrontent, en écho aux bouleversements sociaux du temps ... Ainsi, mademoiselle Julie danse avec les domestiques, sans soucis de son rang, et se donne à l'un deux tout en conservant le sentiment d'un honneur tout aristocrate. Ainsi, Jean, tout en tremblant devant le comte quand il n'a pas ciré ses bottes à l'heure dite, rêve de noblesse et d'élévation. Les distinctions sociales s'estompent, et chaque personnage se trouve comme prisonnier, à tenter encore de penser à travers elles.

Ce qui m'a particulièrement intéressée dans cette pièce, c'est qu'elle se veut l'application d'une réflexion sur l'art dramatique. Strindberg a en effet interrogé la pratique théâtrale, souhaitant la renouveler en partie, l'adaptant à un monde en pleine mutation où l'on ne s'intéresse plus vraiment à ce qui se passe sur les planches. Alors, pour recréer l'illusion (à son sens mise à mal), il a écrit une pièce qui se joue d'un seul tenant, sans entracte, sans division d'aucune sorte. Rechercher plus de naturel et échapper à un théâtre emprunté et plein d'affectations, où des acteurs sur-maquillés et mal éclairés récitent un texte en guettant les applaudissements du public. Dans sa préface, Strindberg décrit longuement les décors, éclairages et types de jeu qu'il appelle de ses voeux, pour un renouvellement de la forme théâtrale.
Les positions de Strindberg par rapport à la construction du personnage sont intéressantes également. A partir d'un sujet "pris dans la vie tel qu'il l'a entendu relater il y a quelques années", il crée avec Julie et Jean deux personnages riches et changeants. Point de caractère préétabli que le personnage portera jusqu'au bout comme marque de fabrique : tous deux apparaissent comme un conglomérat d'impressions, de sentiments, de souvenirs, de lectures diverses, "tout comme l'âme elle-même est un assemblage de pièces de toutes sortes". Pour cette même raison, aucune explication ne sera donnée pour justifier leur comportement et le destin tragique de la jeune fille ne trouvera pas de causalité bien définie. L'on pourra au contraire lui trouver des motifs multiples, sans pouvoir trancher.

Mademoiselle Julie me semble une pièce réussie, d'un point de vue dramatique : l'action est intense, ramassée, et le lecteur-spectateur est vite entraîné dans l'étrange atmosphère de cette nuit de fête. Pour n'en ressortir qu'à la fermeture du livre, ou du rideau. Dans sa volonté de tenir le spectateur de bout en bout tout en le laissant souscrire à l'illusion théâtrale, Strindberg a ménagé des moments de pause permettant à l'attention de se relâcher un moment, grâce au ballet, à la pantomime ou au monologue. A ce titre, il accorde, lors de moments précis de la pièce, une liberté non négligeable à l'acteur qui doit lui-même inventer son propre monologue, construire sa gestuelle et non déclamer un texte déjà écrit.
Au final, je garde une très bonne impression de cette pièce lue d'une traite durant un voyage en train (pourtant particulièrement bruyant). C'est que je me suis véritablement laissée entraîner par le rythme et l'écriture de cette petite pièce.
Lien : http://carnets-plume.blogspo..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation

"JEAN. - Vous savez, vous êtes très étrange !

JULIE. - Peut-être, mais ça, vous l'êtes aussi. Et puis tout est étrange. La vie, l'humanité, tout ... Cette neige noire qui tourne, tourne sur l'eau et s'enfonce, s'enfonce. J'ai fait un rêve qui me revient de temps en temps, et je me le rappelle en ce moment. Grimpée tout en haut d'un pilier, j'y suis assise sans aucune possibilité d'en descendre ; j'ai le vertige en baissant les yeux, et je dois regagner la terre, mais je n'ai pas le courage de m'élancer ; je ne puis m'y maintenir et il me tarde te tomber, mais je ne tombe pas. Pourtant je ne connais la paix, je ne connais le repos que lorsque je suis en bas, tout en bas, sur le sol. Et si j'ai réussi à l'atteindre, je voudrais disparaître sous la terre. Avez-vous jamais connu cette sensation ?

JEAN. - Non. Je rêve d'ordinaire que je suis couché sous un grand arbre dans une forêt obscure. Je veux monter, monter au sommet, pour voir le clair paysage tout brillant de soleil, et dénicher le nid où dorment les brillants oeufs d'or. Et je grimpe, je grimpe, mais le tronc est si énorme, si lisse, et elle est si loin, la première branche ! Mais je sais que si je l'atteins, la première branche, j'arriverai au sommet aussi aisément que par une échelle. Jamais encore je ne l'ai atteinte ; mais j'y arriverai, même si c'est en rêve ! "
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Jean.- Vous me haïssez aussi ?
Julie.- Au-delà des mots ! Je voudrais vous abattre comme une bête.
Jean.- Comme on tue un chien enragé. C'est ce que vous vouliez dire ?
Julie.- Exactement.
Jean.- Mais il n'y a pas d'armes, et pas de chien ! Donc, qu'est-ce que nous allons faire ?
Julie.- Partir.
Jean.- Et nous tourmenter l'un l'autre jusqu'à la mort ?
Julie.- Non, le plaisir, deux jours, huit jours, aussi longtemps que nous pourrons le prendre, et, alors, mourir...
Jean.- Mourir ? C'est idiot ! Si c'est ça, je crois qu'il vaut mieux monter un hôtel.
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[ deux domestiques ]
- Non, ça suffit, je ne veux plus rester dans cette maison où l'on ne peut même pas avoir de respect pour ses maîtres !
- Pourquoi faut-il les respecter ?
- Oui, pourquoi, qu'il me le dise, puisqu'il est si malin ! Restera-t-il au service de gens dévergondés ? Hein ? On se déshonore soi-même en les servant, à mon avis.
- Au contraire, on se console en se disant que les autres ne sont pas meilleurs que nous !
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D'un côté, j'étais content de voir qu'on nous avait éblouis avec du toc, que le dos de l'épervier était aussi gris que le reste, que seule la poudre rendait la joue délicate, que les ongles manucurés étaient cernés de noir et que le mouchoir parfumé était sale...! mais d'un autre côté je souffre d'avoir désiré quelque chose de si peu élevé, de si peu solide ; je souffre de vous voir tomber si bas, bien plus bas qu'une cuisinière ; je souffre comme lorsque je vois la pluie lacérer les fleurs d'automne et les transformer en boue.
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MADEMOISELLE : Et vous qui vouliez mourir pour moi !
JEAN: Dans le coffre à avoine ! Ce n'étaient que des balivernes !
MADEMOISELLE : Un mensonge, ainsi !
JEAN (qui commence à avoir sommeil) : Pratiquement ! Cette histoire, j'ai dû la lire dans un journal où il était question d'un ramoneur qui s'était couché dans un coffre à bois plein de lilas parce qu'il était assigné en justice pour une affaire d'aide alimentaire à un enfant...
MADEMOISELLE : Ah bon ! vous êtes ce genre...
JEAN : Tout ce qu'il fallait que j'invente ; c'est toujours par des beaux discours qu'on capture les bonnes femmes, n'est-ce pas?
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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