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La Guerre et la Paix tome 2 sur 3
EAN : 9782253089018
960 pages
Le Livre de Poche (25/08/2010)
4.45/5   668 notes
Résumé :
Tolstoï a voulu que l'action de Guerre et Paix débute comme un jet d'eau dont les mille gouttelettes iraient s'éparpiller ensuite de tous les côtés.
Le jet d'eau jaillit avec une telle force qu'il retombe en pluie, en torrents fougueux qui charrient toute la Russie. Y voguent, y chevauchent, au son des cloches et du canon, des armées entières, des personnages historiques - Napoléon, Koutouzov, Alexandre -, et des êtres non moins célèbres bien que sortis de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Un de mes amis prétend que le plus ennuyeux dans un roman, ce sont les cent premières pages. Il entend par là que c'est le temps nécessaire pour s'y sentir à l'aise, chez soi si j'ose dire, pour apprivoiser les personnages et s'infuser de l'ambiance générale du récit.

S'agissant de " La Guerre et la Paix ", je pense qu'on pourrait presque doubler la mise tant la kyrielle de personnages est impressionnante et tant l'emploi, typique des romans russes, du prénom + patronyme + nom de famille pour les désigner peut parfois rendre l'accroche ardue.

Mais quand l'amorce est faite, quand on a passé cette première habituation, lorsqu'on a domestiqué les André Nicolaïévitch et les Nicolaï Andréitch ou qu'on arrive à distinguer du premier coup les Anna Pavlovna des Anna mikhaïlovna, quel pied mes aïeux, quel pied !

Et alors là, la seule crainte qui nous assaille n'est plus celle d'être à même de rentrer dans l'ouvrage mais bien l'horrible pincement au coeur qui nous fera tourner la dernière page et retarder, inconsciemment, au maximum les affres de la dernière phrase car l'on aimerait que cela ne s'arrête jamais. (Vous avez le temps nonobstant, le livre fait 1600 pages en pléiade rien que pour le texte brut !)

Au début de ce volume 2, rien ne va plus pour l'empereur Alexandre, tsar de toutes les Russies, car ce vilain cafard de Napoléon est en train de vouloir lui manger la laine sur le dos…

Rien ne va plus pour le prince André Bolkonski après ses déboires amoureux, lui qui semblait avoir retrouvé le goût à tout, il ne semble plus avoir goût à rien, sauf peut-être à assouvir sa vengeance auprès du ravisseur de sa belle…

Rien ne va plus pour Nicolas Rostov qui après son enthousiasme de jeunesse pour les choses de l'armée et du combat dans les années 1805 et 1807, découvre avec mélancolie, en cette année 1812, la réalité derrière les façades de tout ça, et se voit décerner une médaille ; une médaille pour quoi ? pour avoir failli tuer un homme ? Pour avoir enfreint les ordres ? Pour avoir eu bien peu de bravoure ? N'est-ce que cela cette croix militaire ?...

Rien ne va plus non plus pour Natacha Rostov ; son avenir amoureux semble brisé, elle ne sait plus où elle en est, tant dans ses sentiments que de sa vie…

Rien ne va plus pour Pierre Bézoukhov, qui patauge plus que jamais dans l'errance, ne sachant à quelle idéologie se vouer…

Vous voyez que Lev Tolstoï a bien fait monter sa mayonnaise et, après un livre deuxième bercé par les auspices de la paix, la guerre franco-russe de 1812 est dans les livres trois (avancée des Français en territoire russe, Borodino et prise de Moscou) et quatre (incendie de Moscou et retraite des Français), le canevas idéal pour l'auteur désireux de dérouler sa théorie sur l'insignifiance des destinées individuelles lorsqu'elles sont prises dans le courant de l'histoire (développée sous forme d'essai dans l'épilogue).

Tolstoï inclut dans cette acception des destinées individuelles aussi grandes que celles de Napoléon ou d'Alexandre. Selon lui, c'est l'inextricable lacis de causes et d'effets combinés, qui produisent l'histoire et non les décisions individuelles, quelles qu'elles soient.

L'histoire passe, tel un gros rouleau compresseur, inexorable, et les individus s'agitent à la surface du rouleau, croyant que la marche de leur destinée ou du rouleau dépend d'eux, et d'eux seuls. (Au passage, je vous conseille vivement le petit chapitre d'analyse historique de la campagne de Russie que vous trouverez au chapitre premier de la seconde partie du livre troisième, je sais, c'est un peu compliqué comme dénomination, mais finalement plus simple qu'il y paraît.)

Une vision à laquelle on peut adhérer ou pas, mais en tous les cas, une lecture très distanciée et intéressante de l'histoire et des événements historiques en général, sans oublier une narration de tout premier ordre, ce qui suffit à en faire un monstre sacré de la littérature mondiale, qu'il est bon d'avoir lu, au moins une fois dans sa petite vie de lecteur entraîné par le flot de l'histoire. du moins c'est mon avis, autant dire, pas grand-chose.

P. S. : Je signale au passage, pour ceux que cela intéresse, certains points communs, imputables au côté religieux de Tolstoï, entre La Guerre Et La Paix et son autre grand roman, Anna Karénine. Ici, André Bolkonski accord son pardon sur le champ de bataille de Borodino à Anatole Kouraguine qui lui a ravi Natacha, exactement comme Alexis Karénine l'accorde à Anna et Vronski.

De même, le personnage de Marie Bolkonski, soeur d'André, pleine d'abnégation et de piété, n'est pas sans rappeler celui de Dolly, la femme du volage Stepan Oblonski, frère d'Anna Karénine. L'une comme l'autre trouvent leur raison d'être dans le pardon inspiré par la religion.

On retrouve donc le pardon, l'un des grands chevaux de bataille de l'auteur, développé dans d'autres oeuvres, dont ses nouvelles.
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Le deuxième tome de la guerre et la paix est une oeuvre maîtresse qui nous fascine de bout en bout.
Tolstoï nous plonge dans cette année 1812 si fatale à Napoléon.
Par une écriture riche en descriptions et en émotions, il nous conte la bataille de Borodino, en le lisant, on y est, comme dans un film.. A l'évocation de cette bataille, me sont revenus mes souvenirs anciens de la visite du musée panorama de la bataille de Borodino. Je me suis rappelée les commentaires enthousiastes de mes amis russes lors de la visite.
Le génie de Tolstoï est à mon sens, la métaphore excellente qu'il utilise pour parler de l'armée française.
"La situation de cette armée était semblable à une bête blessée qui sent qu'elle va périr et ne sait ce qu'elle fait"
Cette bête blessée continuera son ascension jusqu'à cette prise de Moscou dont elle finit par l'abandonner sans savoir exactement pourquoi.
Tolstoï s'interroge et se questionne sur tous les aléas et les causes fortuites qu'a engendré la campagne de Napoléon en Russie et sur l'art prétendu du génie militaire.
Bien que n'ayant que très peu d'appétence pour la guerre et ses descriptions, j'ai été emportée par ce deuxième tome. Même les héros et héroïnes de l'histoire passe au second plan tant cet univers de la guerre est rendu si captivant à lire.

J'ai lu plusieurs livres de Tolstoï, j'ai découvert avec ce titre encore plus d'attrait à son oeuvre.
Je sais, le roman est très long mais je vous le recommande, vous ne serez pas déçu d'entreprendre je crois ce grand voyage.











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C'est un moment extraordinaire et un bonheur rare que d'ouvrir un livre et de percevoir, d'emblée, le monument de littérature, et de fait de pénétrer ce totem et d'être pénétré de sa force, de plus en plus intense au fil des pages, et de sentir et savoir que ce livre-là vous nourrira pour toujours.

Ainsi en a-t-il été pour moi à l'ouverture du 3ème livre de Guerre et Paix qui ouvre ce deuxième tome et se poursuit jusqu'à la fin de l'oeuvre en un long épilogue suivi d'une ‘préface' de l'auteur.
Maintenant que j'en ai achevé la lecture, je salue ce découpage éditorial en deux tomes qui a contribué à m'ouvrir la porte de cette magistrale pièce d'art que je n'aurais peut-être pas perçue avec autant de joie s'il m'avait été présenté d'un seul bloc : la lecture des Livres I et II (tome 1) m'a fait percevoir la grandeur de l'oeuvre, découverte sans laquelle la lecture des Livres III et IV présentée à part (tome 2) ne m'aurait peut-être pas autant subjuguée. A quoi cela tient, l'émoi littéraire…

Tout semble tourner mal à l'ouverture de cette troisième époque, dans laquelle les salons moscovites et les futilités urbaines de la noblesse s'éloignent pour laisser place au brutal terrain de la guerre menée par une armée française surnuméraire par rapport aux forces russes.

Jetés dans ces tourments de l'histoire, nos trois héros mâles (dans le tome 1 les femmes, dans leur éternelle préscience des tourments à venir, tenaient le devant de la scène, maintenant ce sont eux : André Bolkonski, Pierre Bekouzhov et Nicolas Rostov) se retrouvent chacun à jouer leur douloureuse mais lumineuse partition dans le courant déterminé de l'histoire des peuples, que l'histoire officielle, nous dit Tolstoi, ne saura jamais lire ni discriminer les vainqueurs des vaincus.

Réagissant à chaud, humblement dépassée par l'ampleur de la réflexion que Tosltoi conduit dans cette oeuvre sur le sens de l'histoire, sur l'humanité, sur le pouvoir, sur la liberté et son corollaire complémentaire le déterminisme, je n'en ai pas moins ressenti au fond de mon cerveau reptilien ma place infime dans le courant profond, tellurique des courants de fonds qui animent l'histoire des hommes.
Une joie aussi pure est rare dans une vie de lecteur.



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Une petite crainte avant de commencer ce pavé paraît bien naturelle et pas seulement pour la tendinite au pouce qui pointe à cause du poids de la culture russe...
Tout comme un peu d'angoisse aux côtés du prince André ou du fougueux Nicolas Volkov, dans le brouillard du côté d'Austerlitz, attendant le déclenchement d'une immense bataille qui couvre 10 verstes (km) de front !
Et même en temps de paix, l'intérêt pour les personnages ne décroît pas tant que ça. Même si je reconnais avoir éprouvé un soupçon d'ennui pendant les amours de Natacha Volkov. Les envolées assassines du vieux prince Bolkonsky sur ses enfants et surtout sur sa pauvre fille Marie ou les états d'âme de son fils André ou de Pierre sur leurs mariages m'ont remis en selle. Ah Pierre, une mention spéciale pour ses gaffes en société!

Confortablement installé, ne voulant finalement plus lâché ces passages en temps de paix, j'ai découvert un Boris arriviste, un prince Basile intéressé uniquement par l'argent et son fils Anatole, par les femmes. Et enfin des personnages assez nombreux mais bien identifiés car Tolstoï rappelle systématiquement une particularité physique si bien que le lecteur perdu dans les prénoms et surnoms distinguera:
La princesse Lise à sa lèvre supérieure duveteuse, la princesse Hélène à son physique avantageux au contraire de la princesse Marie, fort laide et de Pierre, fort gros, etc.

Ma crainte s'est finalement rapidement dissipée, ce tome 1 imposant mérite bien un pouce levé. Bien portant malgré tout, même après avoir tenu ce livre pendant 15 jours.
Il m'en vient d'ailleurs des palpitations à l'idée de commencer le tome 2.
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Un chef d'oeuvre de la littérature mondiale inaltérable, intouchable, incriticable , sur un piédestal comme un héros de la nation. Et pourtant objectivement, même les héros ont leurs petits défauts que l'on veut cacher absolument pour ne pas ternir leur image.
Mais ce deuxième tome a toutes les qualités du premier. On suit toujours les destins, ballottés par les guerres, de familles d'aristocrates russes:
Les Rostov dont le fils Nicolas est encore en première ligne des combats. Un mariage avec une belle ou une riche demoiselle est en vue.
Les Volkonsky, dont le grand-père a de singulières façons de parler à son entourage. Sa fille Marie, pourtant pieuse et irréprochable, en fait toujours les frais. le prince André fuit encore les salons et la vie de famille et s'échappe dès qu'il le peut vers le front.
Les Bezoukhov, dont l'immense Pierre est le représentant. Un type doux, rêveur et parfois emporté quand il parle politique. Son mariage avec Hélène est un échec. Il part, lui le civil, au front pour voir du spectacle et réveiller sa morne vie.


Tolstoï alterne les chapitres sur ces familles avec de passionnants épisodes guerriers. Il y excelle dans la description des combats. La bataille de Borodino est incroyable et très prenante! Tout comme la retraite de Russie.

Dans la description des combats, il en profite pour critiquer les historiens qui n'ont rien compris à la guerre. Il démonte les commentaires élogieux sur les génies militaires (surtout Napoléon )dont les stratégies préétablies ne se sont jamais appliquées et vérifiées dans le chaos des combats.

Il propose d'autres idées pour expliquer l'histoire et principalement le peu d'influence qu'ont les personnages historiques (Alexandre Ier, Napoléon, Koutouzov...) dans le processus historique. Il minore leurs actions pour privilégier une sorte de cheminement inévitable et surtout collectif. Pour Tolstoï, un homme ne peut pas orienter l'histoire à sa guise, ce sont des millions d'êtres qui le font!

Et il martèle cette pensée, descriptions des immenses batailles à l'appui.

Pensée qui m'a paru digne d'intérêt et originale (ce n'est pas comme cela que j'ai appris l'histoire mais plutôt avec des personnages célèbres au premier plan!)
Pensée digne d'intérêt et peu gênante, malgré sa répétition.

Si bien que jusqu'à la deuxième partie de l'épilogue j'aurais applaudi des pieds et des mains. Or cet epilogue se présente comme une cassure , l'harmonie est brisée. D'une brillante saga historique on passe à un rapport de thèse de morne plaine sur le sens de l'histoire. 60 pages indigestes d'une accablante lourdeur. Oui ce roman génial finit par une cassure théorique ! Quelle déception!

On pourra cependant s'en passer aisément pour ne retenir que le meilleur du récit de ces années 1812 à 1820 si bien décrites dans le tourment des dernières guerres napoléoniennes.
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Citations et extraits (254) Voir plus Ajouter une citation
Sur l'ordre de Napoléon cent trente pièces avaient commencé, à cinq heures, le bombardement de Smolensk. Au premier moment, la population n'avait pas compris de quoi il s'agissait. La chute des obus et des boulets n'avait éveillé d'abord que la curiosité. [...] Tous, avec une béate curiosité, tâchaient d'apercevoir les projectiles qui passaient au-dessus de leur tête. Au coin de la rue apparurent quelques individus qui s'entretenaient avec animation.
— Ça en a une force ! disait l'un ; le toit, le plafond, tout a été mis en miettes.
— Ça vous laboure la terre comme un cochon avec son groin, disait l'autre en riant. Ça fait du beau travail et ça vous met du cœur au ventre : si tu n'avais pas fait un saut de côté, il t'aurait bien arrangé, hein !
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Chacun de nous, en effet, a sa constitution particulière et porte en lui une maladie spéciale, nouvelle, bien à lui, compliquée, inconnue de la médecine ; elle ne rentre pas dans les altérations cataloguées du poumon, du foie, de la peau, du cœur, des nerfs, etc., elle résulte des combinaisons innombrables produites par l'altération de ces organes. Cette idée ne pouvait pas plus venir à l'esprit des médecins que ne vient à l'esprit des sorciers celle de renoncer à leurs sortilèges : guérir était en effet leur gagne-pain, leur raison d'être, un métier auquel ils avaient consacré leurs meilleures années ; enfin et surtout ils avaient conscience d'être utiles à quelque chose, et de fait leur présence chez les Rostov ne laissait pas d'être précieuse. Peu importait qu'ils fissent absorber à la malade des drogues pour la plupart nuisibles, dont l'effet néfaste était d'ailleurs atténué par la petitesse des doses ; ils étaient utiles, voire indispensables, pour la raison qu'ils satisfaisaient les besoins moraux de Natacha et de ceux qui l'entouraient. C'est pourquoi, soit dit entre parenthèses, il y aura toujours de faux guérisseurs, des charlatans, tant allopathes qu'homéopathes. Ils donnent satisfaction à ce désir éternel chez l'homme d'espérer un soulagement, de voir les gens s'empresser autour de lui, sympathiser à ses maux.
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Les Allemands fondent leur assurance sur une idée abstraite, la science, c'est-à-dire la prétendue connaissance de la vérité absolue. Le Français est sûr de lui parce qu'il s'imagine exercer, soit par son esprit soit par son physique, une séduction irrésistible, tant sur les hommes que sur les femmes. L'Anglais est sûr de lui parce qu'il se croit le citoyen de l’État le mieux policé du monde : en qualité d'Anglais il sait toujours ce qu'il doit faire ; en qualité d'Anglais, il sait que tout ce qu'il fait est indiscutablement bien fait. L'Italien est sûr de lui parce que sa nature facilement émotive lui fait oublier et lui-même et les autres. Le Russe est sûr de lui parce qu'il ne sait rien et ne veut rien savoir et parce qu'il ne croit pas qu'on puisse connaître parfaitement quoi que ce soit. La suffisance de l'Allemand est la plus obstinée et la plus odieuse de toutes, car il se figure connaître la vérité, autrement dit la science qu'il a lui-même fabriquée, mais qu'il tient pour la vérité absolue.
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Une salve partit, des balles perdues sifflèrent et claquèrent. Les cosaques et Dolokhov s'engouffrèrent sur les traces de Pétia par le portail ouvert. Dans l'épaisse et mouvante fumée, quelques-uns des Français jetaient leurs armes, et se précipitaient hors des buissons à la rencontre des cosaques, d'autres s'enfuyaient vers le bas de la colline dans la direction de l'étang. Pétia galopait toujours au travers de la cour, mais au lieu de tenir les rênes, il balançait les bras d'une façon bizarre et rapide et s'inclinait de plus en plus de côté sur sa selle. Son cheval, ayant posé les pieds dans les tisons d'un feu qui couvait, invisible à la clarté du matin, fit une ruade, et Pétia s'écroula lourdement sur la terre humide. Les cosaques virent ses bras et ses jambes s'agiter sans que sa tête remuât. Une balle lui avait traversé le crâne. (...) Dolokhov mit pied à terre et s'avança vers Pétia qui gisait inerte, les bras étendus.
- Il a son compte, dit-il en fronçant le sourcil, et alla vers le portail, à la rencontre de Denissov qui accourait.
- Il est tué ? cria Denissov qui avait déjà compris de loin ce que signifiait la position dans laquelle gisait le corps de Pétia.
- Il a son compte, répéta Dolokhov, comme s'il trouvait un certain plaisir à employer ces mots. (...) Pas de prisonniers ! cria-t-il à Denissov.
Denissov ne répondit pas. Il s'approcha de Pétia, mit pied à terre et de ses mains tremblantes tourna vers lui le visage du jeune homme ; ce visage était couvert de boue et de sang et déjà en train de blêmir.
" Je suis habitué aux douceurs. D'excellents raisins secs, prenez tout ! " Ces phrases de Pétia lui revinrent en mémoire.
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- Va, va ! Il faut bien dormir avant la bataille, répéta le prince André. (...)
Le prince André s'étendit dans le hangar sur un petit tapis, mais ne trouva pas le sommeil.
Il ferma les yeux. Les images succédaient aux images. Il s'arrêta longuement, avec ravissement sur l'une d'elles. C'était un soir, à Pétesbourg. Natacha, le visage animé, ému, lui racontait qu'étant allée cueillir des champignons dans la forêt, elle s'était égarée ; elle lui décrivait en phrases décousues la forêt obscure, et ce qu'elle ressentait et sa conversation avec un éleveur d'abeilles qu'elle avait rencontré ; et interrompant à chaque moment son récit, elle disait :" Non, je ne peux pas, ce n'est pas ça du tout, non, vous ne comprenez pas", bien que le prince André la rassurât, lui répétant qu'il comprenait. Et en effet, il comprenait tout ce qu'elle tentait de dire. Natacha était mécontente de ses explications, elle sentait se dérober la poésie de l'émotion qu'elle avait éprouvée ce jour-là et qu'elle tentait d'extérioriser. "Ce vieillard était si délicieux... et il faisait si noir dans la forêt... et il avait des yeux si bons... non, je ne sais pas raconter", disait-elle, agitée et rougissante. Le prince André eut maintenant ce même sourire ravi qu'il avait eu alors en la regardant dans les yeux. "Je la comprenais, songeait-il ; non seulement je la comprenais, mais c'est précisément cette force qui animait son âme, cette sincérité, cette ouverture de l'âme, cette âme même qui semblait liée à son corps, c'est cette âme que j'aimais si fort en elle..."
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