Oui Marina à son retour en URSS en 1939 après 17 ans d'exil, prend conscience que le monde de son enfance est mort, que plus rien ne sera comme avant et se retrouve dans le même état d'esprit qui a nourri
Stefan Zweig exilé au Brésil... Elle est détestée par Staline. Elle a connu des malheurs dans sa vie. Elle a tiré les marrons du feu tant qu'elle a pu, connaissant de nombreuses liaisons. Elle ne s'est pas retrouvée dans ce monde des russes blancs et autres candidats à l'exil , perdue dans cette diaspora misérable, honnie, animée comme une zombie. plongeant dans une liberté au goût amer où l'on voit des princes livrer des paquets de journaux à bicyclette se faire traiter de sous-hommes.
Elle a tout raconté si bien dans ses livres qui sont des témoignages poignants d'une vie hachée par la férocité de l'histoire, malheureusement pas seule à être confrontée à cette Russie douloureuse, née comme tant d'autres, des écrivains, des artistes, des poètes sans doute à la mauvaise période qui ne fut que désenchantement.
Alors à lire naturellement, l'oeuvre de
Marina Tsvetaïeva, servie par une plume poétique, épique, elle qui n'avait pas attendue les Blok, Biély pour donner une tonalité phare à la fois merveilleuse et réaliste à une Russie mal barrée, étrangement fataliste, heureuse malgré tout qu'il y ait des talents de ce genre pour la raconter quand les biographes et autres historiens de la littérature ne prenaient même pas soin de relever son nom parce qu'elle était une femme. Son dévergondage faisait même ricaner les plus audacieux.
Marina qui croyait être enfin reconnue comme artiste a été bannie parce qu'en Russie soviétique on n'aimait pas ceux qui avaient pris le chemin de l'exil, tous l'apprirent à leurs dépens. Moscou, La rue Arbat (*) ne lui a jamais souri à nouveau. Pour ce qui est de la suite, on connaît la fin terrible ! @PatriceG
Marina, on t'aime !
(*) La rue Arbat, Il y a bien sûr un certain nombre d'endroits au monde qui sentent bon un passé à jamais révolu mais ici il fut si dense qu'il respire encore cela, quand on pense que la rue Arbat fut foulée par tolstoï qui habitait à deux, trois verstes de là, par Bounine, par
Pouchkine, et j'en oublie qu'on m'en excuse, on est là dans la démesure d'un temps où l'on respirait l'air qu'on voulait respirer dans une foule anonyme dont les artistes ne tardaient pas à en percer les secrets, Marina sera ma ponctuation !..