AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782846792035
340 pages
Ginkgo (15/03/2012)
3.56/5   9 notes
Résumé :
Mère-vieille racontait est la « chronique d’une mort annoncée » : celle d’un hameau perdu de Transylvanie, (multiethnique et multiconfessionnel, du nom de Petra), qu’une « ancienne », pierre angulaire du village, s’efforce de retarder en ressuscitant les histoires passées de tous ses habitants, les vieux surtout… (les jeunes ayant migré en masse vers la ville).
Un étranger, visiteur de passage se trouve pris dans les rets de ce monde en marge du réel
>Voir plus
Que lire après Mère-vieille racontaitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un livre dispensable et dispendieux, car par delà le travail considérable de la traductrice, ce roman de plus de 300 pages grand format est tout à l'image de cette littérature roumaine contemporaine qui peine à trouver sa place auprès des lecteurs français. Ce roman laisse sceptique. D'abord du fait de l'emploi d'un argot allié par moment à l'imparfait du subjonctif : salmigondis. Ensuite du fait d'un naturalisme surjoué et misérabiliste : route ou absence de route, on laisse à penser à plusieurs reprises (évocation du maire, des communautés religieuses) qu'on a là une sorte de portrait peu crédible de la campagne roumaine. Pourtant, des auteurs roumains classiques nous apprennent que la tradition (et Dieu sait que tout vernaculaire ne se transforme pas en littérature sous le coup de la seule imprimante laser) brute, orale, celle des villages gagne avant tout à être recueillie (à pied, pourquoi pas) et travaillée : Creangă, Ispirescu, Alescandri, plus récemment Pițu ou Nedelciu. « Puis je remontai dans ma bagnole et entamai la descente de ladite colline, sans même me demander si un jour je reviendrais dans les parages » (Page 343).
Plusieurs centaines de titres (de tous horizons culturels) qui figurent habituellement dans les bibliothèques les plus respectables sont disponibles soit en version électronique à 0,00 € (la perte devient presque indolore en cas de mort de l'ordinateur ou simplement de ses mémoires), soit sur papier, à 3 €, voir moins si on s'affranchit des frais de port. Il ne s'agit pas uniquement d'oeuvres tombées dans le domaine public, il ne s'agit pas non plus d'oeuvres publiées avec le concours d'organismes publics. Et dire, éc-rire que mère vieille racontait (sagesse debout !) depuis toujours oralement pour « que nous autres on [s'envoie] une nouvelle tournée... » ! La prolixité roumaine semble avoir contaminé jusqu'au prix ses littéraires.
Commenter  J’apprécie          170
Dans Mère-vieille racontait, Radu Tuculescu nous conte la vie la vie de tout un village, celui de la grand-mère de sa femme. Cette dernière lui ayant transmis ses histoires, il se met en devoir de ne pas les laisser périr en même temps que les derniers habitants de Petra, village perdu dans la campagne de Transylvanie.
Étrange ouvrage que celui-ci, dans le fond, comme dans la forme.
Le style est poétique, bien qu'un peu pesant. Les mots vont et viennent avec les anecdotes, se répétant comme la vague revient lécher le sable. L'histoire est aussi fragmentée que cyclique. Mêmes anecdotes, mêmes mots pour les raconter, inlassablement… Parfois quelques précisions y sont ajoutées, mais pas toujours. C'est un peu répétitif, décousu et donc, sur le long terme, épuisant pour le lecteur, mais ça fait aussi partie de l'histoire en elle-même, ça laisse l'impression d'entendre mère-vieille radoter ou de voir l'auteur et narrateur gamberger. En effet, toutes ces histoires lui donnent à réfléchir, le hantent même, pourrais-je dire.
Dans ce récit, le temps est des plus curieux. Il est figé, comme la vie de ce village déserté par les jeunes, dans lequel les vieux attendent simplement la mort, s'accrochant à l'alcool pour certains, aux souvenirs pour d'autres. C'est un peu glauque, mais c'est la réalité vue de près. Bizarrement, ce temps figé semble parfois se contracter, précis, aigu dans sa représentation de la réalité et d'autres fois il se dilate, versant dans le fantastique, voire le réalisme magique ou la divagation.
La réalité s'effiloche, la magie ou l'étrange arrivent d'un coup au détour du récit, puis ils partent comme ils sont venus. La vérité se dilue dans la mémoire vacillante de mère-vieille, ses dernières lectures influencent sa façon de percevoir le passé, s'y mêlent jusqu'à ce qu'on ne puisse plus distinguer le vrai du faux. Et si mère-vieille, parfois, ne voulait tout simplement pas dire la vérité ?
Le narrateur lui-même pense à un moment que mère-vieille a inventé une histoire à partir d'une lecture (la référence n'est pas citée, mais il s'agit de la nouvelle de Gogol intitulée le nez) et il s'avère au final que l'essentiel de l'histoire était vrai.
C'est difficile à suivre et pourtant très plaisant de voir la réalité à travers toute sorte de différentes lunettes, avec en plus le filtre du regard du narrateur qui souvent extrapole, glose, délire aussi un peu. C'est qu'il y a parfois des zones d'ombres dans l'histoire, qu'il ne comprend pas tous les mots de la langue de mère-vieille également, mais aussi qu'il cherche à s'approprier le récit, ne souhaitant pas s'effacer de celui-ci.
Je me serais personnellement passée de ses incursions à lui, même si je sais qu'il n'aurait pu manquer d'être subjectif dans son récit. J'ai trouvé qu'il en faisait trop, s'intéressant davantage aux cancans du voisinage et aux histoires de fesses des uns et des autres, qu'à l'aspect, incroyablement riche au demeurant, de la vie de ce village et de son histoire.
Je suis également restée perplexe face à sa tendance à toujours ramener le tout vers un érotisme qui alourdit le récit et qui m'a paru vraiment dérangeant par moment. Ce n'est sans doute pas tant ces histoires elles-mêmes qui m'ont dérangée, mais sa façon de les raconter. Question de perception, j'imagine…
Pour ce qui est de la forme, le roman est divisé en trois parties, la dernière contenant de surcroît un épilogue.
La première, Fragmentation, porte très bien son nom. Les scènes sont numérotées, selon les visites de Radu chez mère-vieille et ce qu'elle lui a raconté.
C'est une collection d'histoires diverses qui finissent souvent par se rejoindre en motif, comme un patchwork. Ça semble aller au gré du hasard, mais au final ce n'est pas le cas. Pourtant, si c‘est plaisant d'une certaine façon, c'est aussi un peu pesant, ça alourdit l'intrigue, ça ne laisse pas aller le lecteur car il a besoin de toute sa concentration pour suivre l'histoire et c'est parfois un peu difficile de s'y retrouver.
La seconde partie, le Voyage, est plus fluide. On suit toujours ce principe de flux et reflux dans l'enchaînement des anecdotes, mais avec plus de cohérence et de logique car il s'agit de conversations survenues le même jour entre différents protagonistes, bien qu'entrecoupées de quelques délires de l'auteur.
La troisième partie est composée de deux chapitres et de l'épilogue. le premier raconte la mort de mère-vieille et son enterrement. Puis, dans le deuxième, recoupant toutes les histoires entendues jusque-là, l'auteur nous livre sa version des noces dont on a tant parlé au cours du récit, des noces fantasmagorique durant lesquelles a disparu un des personnages les plus emblématiques de ce village, la Margolili qui n'a cessé, dans sa vie comme dans sa mort de hanter les esprits de ses compatriotes.
L'épilogue enfin, fort court, est la partie qui m'a le plus émue dans la terrible prise de conscience du narrateur sur le contraste qui existe entre son éducation, sa façon de voir la vie, et la réalité cruelle des moeurs de ce village.
Je ne peux pas dire que j'ai vraiment apprécié cette lecture, que j'ai trouvée longuette et répétitive, pourtant, par bien des aspects, elle fut édifiante. Ce fut une intéressante escale dans un temps figé, incertain, qui se contracte et se dilate comme une vague de chaleur qui tend à perdurer. Est-ce le souvenir qui s'étire, encore vivant, pesant sur le présent ou une simple image rémanente de quelque chose de définitivement révolu et illusoire ? Peut-être bien un peu des deux à la fois.

A noter qu'il y a un glossaire, même si le contenu de celui-ci m'a laissée perplexe étant donné que la majeure partie des expressions, termes et proverbes choisis par la traductrice sont extrêmement connus et qu'il n'y est que rarement fait mention du texte original et de sa signification littérale.
A-t-on vraiment besoin qu'on nous explique des expressions comme « les carottes sont cuites », « laideron », « jachère » ou « bourré comme un coing » ? J'en doute fort…
Le mélange des différents argots m'a aussi semblé un peu bizarre, artificiel, mais j'admets volontiers qu'il doit être difficile de transposer un langage familier sans piocher dans divers parlers, alors, je ne vais pas chipoter.
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          90
Annonçons d'emblée la couleur: je n'ai pas apprécié le roman et je trouve qu'au contraire de ce que prétend l'éditeur en quatrième de couverture la comparaison avec Gabriel Garcia Marquez est inutile. Il ne suffit pas d'employer un peu de surnaturel ou de parler d'un village pour se permettre une comparaison avec l'auteur colombien; quel intérêt de nous écrire que "Mère-vieille racontait est la "chronique d'une mort annoncée" (...) si ce n'est pour faire du marketing et nous vendre un produit de basse qualité? Évoquer l'auteur colombien et citer l'un de ses romans, c'est induire le lecteur en erreur, fixer la barre très haute et donc, par ricochet, le décevoir, très rapidement.

Ce roman est l'histoire d'un auteur, également narrateur, qui a besoin de matières pour écrire un roman. Manquait-il d'inspirations? Ses histoires, il va les chercher auprès de mère-vieille qui se plait à raconter la vie de son village autrefois peuplé par des habitants qui, pour la plupart, ne vivent que dans les mémoires et les racontars. Mère-vieille est la clef de l'auteur. Elle est celle qui peut ouvrir les portes; celles qui mènent vers les couloirs du temps. Sans elle, l'auteur peine à avancer. Il le dit clairement:

" Cette église et ses paroissiens respectifs, mère-vieille ne m'en a jusque-là raconté rien de rien. Alors, toute tentative, tout effort de ma part d'entendre quelque dialogue, de voir quelque image, personne ou épisode du passé que ce fût liés à cet endroit, serait en pure perte." (p. 179).

Mère-vieille donne, à l'auteur, matières à construire son roman. A partir de ces anecdotes et souvenirs, l'auteur raconte effectivement son histoire. Où commence et s'arrête la fiction? Partant de ce que lui raconte Mère-vieille, Radu Tuculescu imagine et écrit. Et en écrivant, en couchant les histoires de Mère-vieille sur papier, Radu Tuculescu arrête le temps: il immortalise, fait vivre et revivre ce village qui meurt, vidé de sa population. Il donne une seconde vie aux villageois qu'il appelle les "personnages" (p.197). C'est que l'auteur les considèrent comme tels. Ils sont destinés à être ses personnages de roman. C'est leurs histoires qu'il raconte.

Chaque village a son histoire, ses ragots, ses "personnages". Sans doute, méritent-ils tous un roman. A condition que l'auteur le fasse avec talent. Ce qui, me semble-t-il, manque un peu à l'auteur. Est-ce la faute à la traduction? Je ne pense pas car si je n'ai pas aimé le style employé (peut être dû à un défaut de traduction) je n'ai pas vraiment apprécié le contenu du roman. La lecture est assez ennuyante et ce n'est pas en évoquant à chaque page le sexe et les histoires de cul que l'auteur peut parvenir à pimenter sa sauce qui n'en devient que plus lourde et lassante.

En bref, lecture assez décevante.
Commenter  J’apprécie          50
Le roman de l'écrivain roumain est une mosaïque d'événements et de personnages particulièrement pittoresques. Mère-vieille est comme une Shéhérazade de Transylvanie. Enfin, une Transylvanie sans Dracula ni vampires stupides. Mère-veille raconte avec humour, glissant parfois dans un réalisme magique aussi, sur une communauté dominée par les femmes. Ce sont des événéments d'une fine sensualité et les scènes d'amour pourraient toutes être citées, de celle avec le miel jusqu'à la folie de la dernière nuit des noces de trois jours. Elle n'ont rien de vulagire en elles. Nous, habitués avec Apollinaire ou Henry Miller (publié en France pour la première fois) ne pouvons pas faire semblant d'être... pudiques! Les habitants du village de Petra (nom à résonnance) n'ont pas peur du Diable, ils se moquent même de lui, comme les villageois de Dikanka de Gogol.
Il y a beaucoup de villages en voie de disparition dans le monde, tels Petra. Mais après ce village restent les narrations pleines de vie et de mystère de Mère-vieille. Je félicite la maison d'édition Gingko pour le courage de publier un auteur de valeur qui ne fait pas partie de l'espace anglo-américain.
Commenter  J’apprécie          110
Elle était Mère-Vieille pour sa petite-fille, la Dita, la vioque pour ses voisins. L'auteur se retrouve dépositaire des histoires racontées par Mère-Vieille. Seulement, elle qui n'est jamais allée à l'école, s'est mise à lire, Shakespeare, Boulgakov…. et, de temps à autre, ses souvenirs se mêlent avec ses lectures.

Ses souvenirs ne sont que truculences, beuveries, tromperies, à la fois drôles et tragiques et ne sont pas sans rappeler Guy de Maupassant et…. Les vieilles histoires que racontaient nos grands-parents !

Un adage dit « soûl comme un polonais », mais là, on devrait dit « soûl comme un Transylvanien » !!! Tant les hommes usent de la ţuica et autres boissons alcoolisées. Les femmes ne sont pas en reste. La Margolili, accorte donzelle fait des ravages dans la gent masculine et dans les ménages de ce petit village. Elle sera comme le fil rouge dans ce livre. Bref, des histoires de boissons et de cul !!! Un véritable éloge à la sensualité féminine pour ne pas dire plus, certain mariage de 3 jours fut orgiaque et placé sous le signe de Dionysos !

Radu Tuculescu décrit ce village déserté par les jeunes gens, partis travailler plus loin, uniquement habité par les vieux ou les tsiganes venus squatter les maisons vides et l'on ressent, lors de ses promenades, cet abandon.

Les histoires sont répétitives, comme rabâchées par Mère-Vieille. Toujours les mêmes souvenirs qui reviennent comme des obsessions, avec de temps à autre, des informations complémentaires. Les histoires ressemblent au village, figées dans le temps.

C'est un livre dense, serré, tout comme sa composition avec des chapitres à la queue-leu-leu, sans aération, dans la première partie. Cela a ajouté à la difficulté de lecture et fait que j'ai eu envie de le lâcher. Je le reposais donc pour quelques jours pour mieux le reprendre.

Je ne sais quoi dire au sujet de ce livre. Il m'a plu pas sa truculence, son appel au fantastique, comme l'histoire de ce gros chat. Par ailleurs, il m'a pesé par les mêmes histoires radotées. Je n'ai pas compris le glossaire en fin du livre, explications d'expressions populaires, connues pour la plupart.

Je remercie les Agents Littéraires et les Editions Ginkgo pour ce partenariat

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ses cheveux sont coupés en brosse, à deux centimètres environ du crâne, comme ceux d'un boxeur... Telle une auréole blanche. Qui lui donne comme un air de jeunesse, carrément voyou, il ne lui manque plus qu'une touffe teinte en vert, juste au milieu, pour qu'elle soit une vraie punk... Une blague idiote.
"C'est fou ce que ça vous rajeunit, vous devriez renoncer à porter ce foulard...
- Et pourquoi pas ces nippes, les troquer contre une minijupe et aller faire un tour dans les collines, sifflant après les garçons ", mère-vieille de dire, tout en remuant le foulard sous son menton.
"J'aimerais bien vous prendre en photo...
- Tu te fous de moi, là, ça va pas la tête ?!
- Ben alors, pourquoi les avoir coupés ?" arrive ma question candide, comme un cheveu sur la soupe.
"Surtout pas pour que tu me tires le portrait. C'est pour que... je sois plus obligée de les laver trop souvent. Tu sais, me pencher sur la bassine, ça devient de plus en plus dur pour moi... T'en as parfois, de ces idées stupides, ma parole..."
Commenter  J’apprécie          30
« Y aurait-il, de par ce vaste monde, des hommes qui jamais empestent la ţuica ? » La Marika de s’interroger à haute voix. « Papa empeste, l’amant empeste, le mari de même, le voisin à l’avenant… Des gueules de brandevin, tous autant qu’ils sont, au point qu’on saurait même plus les imaginer d’une autre façon. Embrasser une bouche propre, qui refoule plus de puanteurs… c’est comme se trouver au paradis ! »
Commenter  J’apprécie          70
Ça ne nous gênait pas trop, qu’elle se fit culbuter par autant de coquins que son croupion pût tenir, le chiendent c’est qu’elle s’était mise aussi à se frotter à des hommes mariés, on eût dit que ça la démangeait de la tête aux pieds, et qu’elle pût se gratter qu’avec des membres dressés … !
Commenter  J’apprécie          50
Mes perplexités devaient de la réalité toute particulière incarnée par Mère-vieille elle-même et par le hameau de Petra. Un hameau en train de perdre son souffle. Un hameau grouillant d’étranges histoires insensées, qui allaient me happer telle une toile d’araignée.
Commenter  J’apprécie          50
La pleine lune est pour les non-humains… Elle peut en rendre fou plus d’un, quand on s’y attend le moins…
Commenter  J’apprécie          100

autres livres classés : transylvanieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Dragon ball et Dragon ball Z

(Super facile) Combien d'enfant a Son Goku ?

1
2
3
4

10 questions
760 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..