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EAN : 9782277217992
J'ai lu (04/01/1999)
3.77/5   13 notes
Résumé :
Univers s'ouvre en 1985 comme il s'ouvrait en 1984 : sur un récit couronné par les deux plus importants prix américains, le Nebula et le Hugo. Greg Bear est donc l'étoile qui monte, aux USA, mais elle n'éclipse pas pour autant celles de Connie Willis, James Tiptree Jr ou R.A. Lafferty, ni même de Hilbert Schenck ou Michael Swanwick, auteurs peu connus du public, pas plus qu'elle n'éclipse l'immense talent du Britannique lan Watson.
Aux côtés d'Emmanuel Jouann... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Encore une review archéologique, avec cette édition 1985 de la revue-anthologie Univers (sous la direction de Joelle Wintrebert) – et une review pour une fois aussi strictement positive (mais détaillée), j'ai décidé de ne pas perdre du temps à m'acharner sur les textes ou articles qui ne m'ont pas comblé, surtout qu'ils n'y sont pas très nombreux : une fois de plus, très bonne cuvée ! https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2101693882

Greg BEAR, Le Chants des leucocytes (Blood Music, 1983)
Avant « La Musique du Sang », roman intense et génial à la croisée du cyberpunk, de la hard-SF apocalyptique et de la « body horror » à la Cronenberg, Greg Bear livre ici une première ébauche de la (presque) même intrigue sous forme de nouvelle. C'est passionnant (et fonctionne très bien seul) mais impossible, si on a d'abord lu la version longue, de ne pas comparer, et d'y voir autre chose qu'un brouillon – mais un brouillon brillant et multi-récompensé (Hugo + Nebula). A lire en premier ! 4/5
(par contre, RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA, « billion » se traduit par « milliard », BON SANG !:) )

Hilbert SCHENCK, La Géométrie narrative (The Geometry of Narrative, 1983)
Une amusante parodie du post-modernisme/déconstructivisme en littérature, qui fait fortement penser à Italo Calvino même s'il n'est jamais nommé (récit à l'intérieur du récit, application narrative d'une théorie mathématique). Ou peut-être est-ce un hommage ? Lecture terminée, on se demande si l'auteur ne s'est pas moqué de nous comme son personnage se moque de son prof de littérature... Je mets un 4/5 personnel, mais pas sûr que vous appréciiez si vous n'avez pas de goût particulier pour le post-modernisme et ses jeux littéraires.

 Vincent RONOVSKY, Matin de sang
Un texte étonnant de surréalisme (sanglant) mélangeant humour absurde (à la Lafferty) et visions d'apocalypse, par un très jeune auteur qui n'a malheureusement pas persisté dans la voie de l'écriture. Dommage, on tenait peut-être là un futur grand : 4/5

 Connie WILLIS, Lune bleue (Blued Moon, 1984),
Connie Willis est une auteure que je connais assez mal, et dont les quelques nouvelles que j'ai pu lire ici et là ne me frappaient pas par leur frivolité ou leur sens de l'humour... Mais il faut s'attendre à tout, elle livre ici un (petit) bijou de vaudeville/marivaudage à l'argument SF absurde (une expérience spatiale transformant la lune en gigantesque « machine à coïncidences improbables » déchaînant une tempête de chance et de malchance sur les responsables de l'expérience) à la fin duquel les méchants sont punis, les gentils récompensés, et tout se finit par un mariage. On pense aussi aux comédies de Shakespeare (particulièrement « beaucoup de bruit pour rien ») ou à l'implacable machine à mésaventures qu'est le Wilt de Tom Sharpe, autant dire qu'on s'amuse, mais Willis ajoute à la comédie une saine dose de critique sociale qui rappelle qu'elle a écrit ce texte au milieu des années Reagan. Léger mais pas creux : 4/5

 Ian WATSON, L'Élargissement du monde (The Width of the World, 1983)
Sur une idée « absurde » qui rappelle furieusement certaines vieilles nouvelles de R.A. Lafferty – la géographie se « déformant » par un phénomène inconnu, rendant les trajets d'un point à un autre de plus en plus long, comme si le monde s'étirait tel un élastique, Ian Watson (auteur que je n'associais jusqu'ici pas tellement à ce type de « prémisses aberrantes », mais je réalise que je le connais mal!) livre un texte qui n'a rien de la fantaisie ou de l'humour Laffertyen, et explore de façon réaliste les effets dramatiques de cet « élargissement » sur la vie quotidienne du narrateur et du reste de l'humanité, notamment l'apparition d'espaces interstitiels où un dixième de la population va se perdre pour ne jamais réapparaître. Un texte inclassable et imprévisible, à la limite du fantastique : 5/5

 Brian STABLEFORD, La Science-Fiction anglaise, de 1964 à 1984 (SF in Britain, 1964-1984)
Un « état des lieux » de la SF britannique en mouvement, entre new-wave et réaction inverse ; forcément très daté mais pas moins intéressant.

Michael SWANWICK, Ginungagap (Ginungagap, 1980),
Entre hard-science, récit de premier contact et proto-space-opera, une histoire de trous noirs et d'araignées de l'espace – dit comme ça on pourrait penser à du van Vogt old-school, mais on est finalement plus proche de Bruce Sterling période Schismatrice, dans l'écriture et la construction (toutes proportions gardées). Les aspects scientifiques/conceptuels ne m'ont pas passionné mais l'intrigue, portée par un style nerveux et de vrais personnages se suffit à elle même. A noter que le héros est une héroïne, ce qui pour l'époque et un auteur mâle n'était pas si fréquent que ça.
4/5 (et m'a donné envie de creuser un peu plus ce qu'a fait Swanwick!)

James Jr. TIPTREE, Larmes d'étoiles (We Who Stole the Dream, 1978)
Un peuple extraterrestre pacifiste, réduit en esclavage (entre autre sexuel) par des colons humains, s'empare d'un vaisseau pour fuir vers un hypothétique berceau de leur race. Un texte choral dur, à la conclusion amère, qu'on peut voir comme une simple (mais violente) charge contre le colonialisme, mais se lit aussi comme un suspense haletant, et peut-être bien une allégorie de certaines situations bien réelles du XXème siècle... le texte datant de 1978, difficile de ne pas y voir au minimum une allusion au rapatriement en Israël des falashas éthiopien, par exemple. On peut aussi y voir une allégorie féministe, ou de toutes les luttes d'émancipations, mais sans aucune naïveté militante... Tiptree au top, comme d'habitude.
4/5

R. A. LAFFERTY, La Planète Ours voleur (Thieving Bear Planet, 1982)
Des explorateurs – et exploratrices - sont chargés de comprendre ce qui ne va pas avec une planète peuplée par d'étranges créatures kleptomanes. du pur Lafferty, ciselé, hilarant, surréaliste mais totalement structuré – et plus compréhensible (mais tout est relatif...), ou en tout cas moins cryptique qu'il ne l'est souvent. Mais de toute façon, R.A.Lafferty est un cas à part : génial quand il est « clair », génial quand il est « obscur » !
5/5

 Pascal J. THOMAS, Quand on aime la vie, on lit de la SF !
Un article de « critique littéraire » drôle mais toujours pertinent en 2024 sur – entre autres – certains tics d'écritures dans la SF américaine, dont l'importance culturelle du jus d'orange au petit déjeuner. Certains exemples sont datés, et les sujets de moquerie nous paraissent bien lointains (Alan Dean Foster, le troisième volume du monde des non-A d'A.E. van Vogt) mais les réflexions restent d'actualité sur le fond.

 Emmanuel JOUANNE & Jean-Pierre VERNAY, Les Jours d'été
Un artiste (aux techniques meurtrières, on pense plusieurs fois à « The house that Jack built » de Lars von Trier) voyage dansle temps en laissant derrière lui ses oeuvres macabres ; tombe amoureux d'une inconnue nommée Eté ; elle le suit à travers son périple temporel, jusqu'à la création de son chef d'oeuvre ultime. Malgré quelques maniérismes agaçants typiques des auteurs français des 70-80, une assez belle réflexion morbide sur l'art, le temps, l'amour, la mort et l'éternel retour. 3,5/5




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Joelle Wintrebert est une nouvelle fois aux commandes de cette anthologie annuelle de la science-fiction qui débute logiquement par « le chant des leucocytes », excellent texte de Greg Bear sur un humain « augmenté » par des cellules intelligentes…Il connaitra un destin moins heureux que le super-héros Bloodshoot mais Bear, pour sa part, récoltera le Hugo et le Nebula pour cette novelette ensuite étendue dans le roman LA MUSIQUE DU SANG. Un excellent début.
On poursuit avec le sympathique et référentiel « Partenaires » de Sylvie Lainé avant de prendre la direction du Canada avec Jean-Pierre April et sa « machine à explorer le fiction » suivie par un article sur la SF québécoise. Cette longue nouvelle d'April, plutôt originale (elle devait l'être encore davantage en 1985), imagine les liens entre la fiction et la réalité dans une ambiance cyberpunk réussie. L'article, pour sa part, date forcément mais reste pertinent pour découvrir quelques noms d'écrivains canadiens ayant (ou pas) traversé l'Océan (et les années).
« La géométrie narrative » d'Hilbert Schenck offre un intéressant exercice de style qui brouille sans cesse la « fiction » et le « réalité » à la manière d'un anneau de Moebius par le biais d'un récit se repliant finalement sur lui-même. Hilbert Schenck (1926 – 2013) étant un quasi inconnu (seulement cinq de ses nouvelles furent traduites en français) voici une bonne occasion de goûter à sa prose.
Après le « Matin de sang » de Vincent Ronovsky et le « Lune Bleue » de Connie Willis (ensuite republié dans le recueil LES VEILLEURS DU FEU), Ian Watson livre un curieux « L'élargissement du monde » dans lequel il revient sur la façon dont les moyens de communication ont « rapetissé » le monde. Mais que se passerait-il si, par réaction, la Terre s'élargissait au point que l'Australie et l'Angleterre soient, par exemple, distantes d'un million de kilomètres ? La nouvelle est courte (une quinzaine de pages)… dommage, on eut aimé la voir développée…pourquoi pas sous la forme d'un roman ? Brian Stableford, auteur des LOUPS GAROUS DE LONDRES propose ensuite un panorama instructif de la SF anglaise de 1964 à 1984, revenant forcément sur le New World et opposant « Star Trek » à « Doctor Who ».
Michael Swanwick livre avec « Ginungagap » un texte très réussi sur la confrontation de l'Homme et d'une race arachnoïde par-delà les trous noirs qui permettent leur rencontre. Swanwick, un peu perdu de vue aujourd'hui, était alors une étoile montante de la SF : il récolta pas moins de cinq Hugo pour ses textes courts et le Nebula pour son roman STATION DES PROFONDEURS. En une quarantaine de pages « Ginungagap » démontre toutes ses qualités : psychologie fouillée, structure élaborée, rebondissements, extrapolations scientifiques, etc.
James Tiptree Jr convainc moins avec « Larmes d'étoiles », un texte cependant intéressant sur le choc des cultures entre les Humains et des extraterrestres qui, après s'être révoltés, finissent par adopter les pires travers de l'Humanité. Un peu longuet mais la conclusion, pourtant d'une grande simplicité, reste très réussie.
La suite verse dans l'iconoclaste avec « La planète Ours voleur » de R.A. Lafferty et « Un goût de cornichon dans le plan de la matrice » de Pierre Stolze (devenu un chroniqueur récurent de Bifrost), délire sur le Bouddhisme que l'on pourrait résumer par « les religions sont parfois paradoxales » et on ajoute un article au titre amusant : « quand on aime la vie on lit de la SF » de Pascal J. Thomas. Emmanuel Jouanne & Jean-Pierre Vernay dans « Les jours d'été » traitent de voyage temporel, d'art et d'immortalité avant que Michel Lamart ne propose « Quelques pièges à lumière ».
Trente-cinq après leurs publications, replongez dans ces textes s'avère plaisant et ce recueil, copieux et varié, vaut donc la lecture, en particulier pour les nouvelles de Bear et Swanwick qui en justifient l'achat.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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Univers 1985 s'ouvre comme s'ouvrait Univers 1984 - par un récit couronné par les deux plus importants prix américains de la SF, le Nébula et le Hugo.
Mais le texte de Greg Bear n'éclipse pas ceux de Connie Willis et des autres auteurs présentés dans ce recueil.
Le Cru de cette année est un excellent millésime.
Avec comme joli supplément l'article signé Pascal J Thomas "Quand on aime la vie, on lit de la SF !"
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Avez-vous lu Univers 1984 ? Alors vous n'avez pas pu oublier "Petra", cette extraordinaire nouvelle de Greg Bear qui mettait en scène un chroniqueur d'une race assez particulière puisqu'il était issu de l'accouplement d'une nonne et d'une gargouille. Et vous ne serez pas surpris d'apprendre que Bear a réussi le même fabuleux triplé que Connie Willis en 1983 : cumuler les prix Nebula et Hugo pour un même texte et se voir décerner de surcroît le Nebula pour un texte d'une longueur différente.
"Le chant des leucocytes", sa nouvelle doublement couronnée, extrapole à partir des données de la génétique et de l'informatique d'une façon que vous n'oublierez pas de sitôt...(Le roman tiré de la nouvelle paraîtra dans la nouvelle collection de "SF Fictions" des éditions "La découverte")...
(extrait de l'éditorial inséré en début de volume)
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Je suis en retard : j'ai rendez-vous dans dix minutes avec un professeur de physique quantique qui ne naîtra que dans quinze ans, ce qui lui pose de sérieux problèmes de transport.
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