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Albert Bensoussan (Traducteur)Jean et Marie-Noëlle Pastureau (Traducteur)Daniel Lefort (Traducteur)
EAN : 9782072838316
Gallimard (11/02/2021)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Comment un roman peut-il changer le monde ? Quels sont aujourd'hui les rapports entre création et société, entre politique et fiction ? Deux maîtres de la littérature mondiale tentent de répondre à ces questions et à quelques autres, révélant en même temps les secrets de leur « cuisine littéraire ».
Selon Vargas Llosa, un livre atteint son objectif quand il est capable de nous extraire de notre quotidien et de nous entraîner dans un monde où la fiction appara... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La littérature est ma vengeance est un compte-rendu des échanges entre les écrivains Claudio Magris et Mario Vargas Llosa, lors d'une conférence en 2009 sur le thème "Roman, culture et société".

Étant fascinée par l'écrivain italien et intriguée par son homologue péruvien, le cocktail proposé dans ces dialogues ne pouvait que s'annoncer prometteur !

Différents thèmes sont abordés, tous avec la finesse et la complexité propre à Claudio Magris (je ne peux pas me prononcer pour Vargas Llosa, ne l'ayant jamais lu) : liens du roman et de la société qu'il décrit ou invente, complexité de la narration, du style, de la langue et de la maîtrise du facteur temps lorsqu'il s'agit de raconter l'histoire, rapport des écrivains à la politique...Les deux protagonistes font appel à toute leur expérience et leur réflexion sur leur art d'écrire, mais convoquent aussi une foultitude d'auteurs et d'oeuvres, connus et inconnus, tout en explicitant leurs prises de position vis à vis de la politique et de la démocratie, et de la nécessité de dissocier une oeuvre des errances de son auteur, et de conserver un regard critique empêchant de tomber dans l'idolâtrie d'un artiste qui aurait pris une drôle de tangente quant à sa vision du monde et des valeurs démocratiques.

La littérature est ma vengeance laisse son lecteur repu après ce festin de réflexions subtiles, humanistes et littéraires, avec toutefois une liste longue comme le bras de nouvelles lectures ! Un délice !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La plus grande ouverture au dialogue avec d’autres systèmes de valeurs doit coexister avec le sentiment profond que certaines valeurs relèvent de l’universel-humain, de ces « lois non écrites des dieux » affirmées par Antigone. Avant de commencer ce dialogue, dans la pièce d’à côté nous parlions de deux épisodes contradictoires qui montrent que la rencontre entre des cultures peut parfois poser des problèmes auxquels on risque de ne pas apporter la bonne réponse. En Suisse, un référendum a interdit les minarets, ce qui dénote une fermeture absolument inacceptable et impensable, un refus haineux et régressif de l’autre. A contrario, au Danemark, le texte d’un conte d’Andersen figurant dans les programmes scolaires a été expurgé de ses références chrétiennes, pour ne pas offenser les musulmans. Décision elle aussi inacceptable, car absurde, grotesque même. Pourquoi, pendant qu’on y est, ne pas publier les poèmes de Brecht sans le communisme, les œuvres de Manzoni sans le catholicisme, le Coran sans Mahomet ? Il s’agirait d’une censure effrayante, pire que le bûcher pour les livres, car falsifier un livre, c’est pire encore que le détruire.
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Le roman a été le genre le plus censuré, pourchassé ou interdit. Sans nulle exception. Les dictatures religieuses ou politiques, d'extrême droite ou d'extrême gauche, accouchent toujours de régimes de censure, dans leur effort pour contrôler le monde de la fantaisie et de l'invention. Comme s'ils voyaient tous dans la littérature un danger pour leur propre existence. Et ils ne se trompent pas. Il y a un risque à laisser une société produire de la littérature et s'en nourrir. Une société imprégnée de littérature peut moins facilement être manipulée, soumise, abusée par le pouvoir, parce que cet esprit d'inquiétude suscité par une grande œuvre littéraire fera des citoyens plus critiques, indépendants et affranchis que ceux qui ne vivent pas cette expérience.
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Nous n’avons pas une seule identité, mais plusieurs ; quand on parle d’identité, il faudrait toujours le faire au pluriel. Elle se décline en effet en nationale, régionale, religieuse, politique, culturelle, sexuelle et bien d’autres encore. L’identité politique, par exemple, peut parfois être plus importante même que l’identité nationale : je suis pour ma part beaucoup plus proche d’un libéral de l’Uruguay que d’un fasciste italien. En outre, comme l’a écrit Roberto Toscano, les identités ne peuvent jamais être photographiées, c’est-à-dire définies, mais devraient toujours être « cinéma-tographiées », car elles ne sont pas statiques mais dynamiques, elles bougent, changent et se transforment au fil du temps.
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Il existe de nombreux cas, déconcertants et inquiétants, de grands écrivains qui ont fait preuve d’un aveuglement catastrophique sur le plan politique, et cela doit nous mettre en garde contre la tentation de croire que la pratique de la littérature va forcément de pair avec une compréhension profonde de la politique.
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Si pour moi le monde commençait et finissait de part et d’autre de Trieste, à la périphérie de ma ville natale, je perdrais non seulement le monde, mais aussi la signification et le sens même de Trieste, de sa particularité en tant qu’image concrète du monde.
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