Mon premier roman de Llosa qui a piqué ma curiosité dès le début et que j'ai lu très rapidement.
J'ai trouvé le travail de construction remarquable, cette double narration permet de relancer l'histoire à chaque chapitre, puis de nous donner envie de finir le chapitre pour retrouver Florita, ou
Paul Gauguin. Aucun de ces deux personnages ne m'était vraiment familier, aussi j'ai découvert avec passion leurs vies respectives.
Le parallèle que fait l'auteur entre les deux est intéressant, malgré leurs différences notoires - l'une abhorre entre autres la prostitution et est féministe des premières heures, l'autre affectionne particulièrement les fillettes de 14 ans - ils sont tous deux inlassablement en quête de leur idéal. Ce qui est surtout frappant c'est qu'ils ont chacun ont connu un virage dans leurs vies, auparavant sages et bien rangées, puis soudainement tournées vers leur but ultime.
Pour Flora, construire un monde plus juste, où les pauvres ne seraient plus pauvres.
Pour Paul, réussir à déconstruire l'art pour toucher du doigt ce qu'il a de plus primitif, son essence-même.
Ces deux personnages en cela se ressemblent, ils se dédient corps et âme à leur quête, et n'en démordent jamais, malgré tous les obstacles rencontrés. Ils forcent l'admiration de par leur abnégation et leur engagement total.
Le livre nous permet donc de découvrir ces deux univers, d'une part de plonger dans ces sociétés européennes (majoritairement) du 19ème siècle, pas si loin que ça mais pourtant... Comme c'est dur ! Et d'autre part de découvrir par les mots les tableaux de
Paul Gauguin, et le contexte dans lequel il les a écrit.
J'ai pris plaisir à m'imaginer ces tableaux avant d'aller voir ce qu'il en était réellement.
Enfin, j'ai trouvé le titre de l'oeuvre particulièrement bien choisi, les deux protagonistes vont à chaque chapitre "un peu plus loin" dans leur quête, même si leur Paradis leur reste - ils le savent au fond d'eux - innaccessible.