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Claudine Vincenot (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070383030
184 pages
Gallimard (31/10/1990)
3.47/5   17 notes
Résumé :
Ce Livre de raison n'est pas une biographie.
Ce n'est pas un roman non plus, mais plutôt une digression alerte, joyeuse, gouleyante comme un vin blanc de Meursault, à partir de quelques faits de la vie du sculpteur-imagier Glaude Bourguignon. Faits exacts ? Inexacts ? Qu'importe. La Vie est là, derrière les mots, formidable et lumineuse, exultant à tout bout de ligne en une truculente gaieté. Primum vivere, Vivre d'abord, est d'ailleurs l'épigraphe à ce livre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La lecture de ce livre est aussi réjouissante que celle du livre "Colas Breugnon" de Romain Rolland. Il est consacré à la Bourgogne, à la bonne chère et au bon vin ! C'est aussi un hymne à la vie. Une vie gaie et laborieuse à la fois dans la campagne autour de Dijon en Bourgogne. le narrateur est sculpeur-imagier de naissance paysanne et il vit dans une grande bâtisse et tient table ouverte pour la famille et les amis. Ce n'est pas facile en temps de guerre mais il se débrouille en troquant.
Le livre a été préfacé par la fille d'Henri Vincenot : Claudine Vincenot-Guihéneuf. Elle nous apprend qu'il a écrit le manuscrit en 1942 à l'âge de trente ans. Donc pendant la deuxième guerre mondiale. Ce qui fait qu'il y parle des allemands occupants, du rationnement en tout, des privations de vin et de nourriture... Une triste époque qu'il arrive à nous faire aimer à sa façon. Claudine revoit dans ce livre "par la grâce de l'écriture - leur petite enfance, joyeuse, tranquille, belle rêverie perpétuelle auprès de parents jeunes, gais et aimants, diablement enthousiastes, aussi, malgré la surdité de son frère aîné récemment découverte, malgré la guerre, l'Occupation, les bombardements et les fuites précipitées dans les abris, malgré, enfin, l'arrestation de son père par les Allemands." Elle dit aussi que "malgré tous ces souvenirs se dressant dans les brumes de sa mémoire, ce manuscrit-là n'est pas vraiment une autobiographie. Ce n'est pas un roman non plus, mais plutôt une digression alerte, joyeuse, gouleyante comme un vin blanc de Meursault, à partir de faits exacts ? inexacts ? Qu'importe... Pour elle, la Vie est là, derrière les mots, primordiale et lumineuse, exultant à tout bout de ligne en une truculente gaieté. C'est bien là une oeuvre de poète qui, en livrant une bulle de notre enfance, a ravivé en elle, par ses images, la nostalgie du paradis perdu..." Elle conclut en disant que le Livre de raison de Glaude Bourguignon, est un élément nécessaire à l'étude de la genèse des idées et de l'évolution du style d'Henri Vincenot. Mais, c'est avant tout un "livre qui rit de la vie parce qu'il la trouve bonne et qu'il se porte bien" (Romain Rolland). En tout cas, c'est une belle leçon d'optimisme ! En ces temps de morosité ambiante, cela fait du bien.
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Depuis des semaines, je voulais (et devais) rédiger cet article. Mais je n'en ai guère pris le temps… C'est bien dommage, car je crois que ce sera une de mes plus belles découvertes littéraires de l'année! (Cela dit, je suis émerveillé à la lecture de chaque nouveau livre). Mais cet ouvrage a quelque chose de particulier, de vivant, de cru, d'encourageant, de vivifiant!

Tout d'abord, son auteur: Henri Vincenot. Né en 1912 à Dijon, il est considéré comme l'un des plus grands écrivains bourguignons, et un grand écrivain français du XXème siècle. Il fut écrivain, homme de lettres, mais aussi peintre et sculpteur. Il savait tout de la nature, des plantes, de la terre. Grâce à ses grands-pères et ses grands-mères (notez ici l'importance des grands-parents, peut être encore plus en Bourgogne qu'ailleurs…), il a tout appris et a acquis dès très jeune un solide sens paysan, qu'il gardera tout au long de sa vie, et que l'on retrouve dans ses écrits. Ecrivain du terroir, Henri Vincenot défend et raconte la Bourgogne avec force et passion. Il a aussi beaucoup travaillé sur les liens entre la culture et la langue bourguignonnes et la culture et la langue celtiques. Sa vie, consacrée aux lettres, aux arts, à la nature, à l'histoire et à sa région, fut riche d'expériences et de succès. Il nous a quittés le 21 novembre 1985, à Dijon toujours.

Venons en maintenant à l'ouvrage dont la lecture m'amène vers vous ce soir: le Livre de Raison de Glaude Bourguignon.

Pour moi, encore un livre qui mériterait à être connu, et lu de nos jours! Car Vincenot, avec des mots forts, des mots crus, écrit toute la vérité du monde, dans sa beauté comme sa laideur. C'est un cri, un cri de vie. Arrêtez de vous plaindre! Il faut trouver en chaque instant de notre vie quelque chose de beau, un fragment de bonheur! Et c'est ainsi que l'on parvient à vivre heureux. On confond, dans le livre, Glaude Bourguignon et Henri Vincenot, car on reconnait sa force et sa joie de vivre, même s'il indique que ce n'est pas une autobiographie. Ce livre donne envie de vivre pleinement, et non de s'appesantir sur les petits (ou gros) "bobos" que chaque jour la vie nous inflige. Glaude Bourguignon, Bourguignon vraiment, nous incite à vivre pleinement, à chanter la vie, à en faire quelque chose de beau, chaque jour.

Preuve en est ce résumé rédigé par les Editions Gallimard: "Ce Livre de raison n'est pas une biographie. Ce n'est pas un roman non plus, mais plutôt une digression alerte, joyeuse, gouleyante comme un vin blanc de Meursault, à partir de quelques faits de la vie du sculpteur-imagier Glaude Bourguignon. Faits exacts ? Inexacts ? Qu'importe. La Vie est là, derrière les mots, formidable et lumineuse, exultant à tout bout de ligne en une truculente gaieté. Primum vivere, Vivre d'abord, est d'ailleurs l'épigraphe à ce livre."

Oui, primum vivere est bien ce que l'on doit retenir de ce livre: Vivre d'abord! Et une Vie, gaie, joyeuse, passionnante! Alors, bien évidemment, je vous recommande la lecture de cet ouvrage!

Et pour finir, je ne peux que vous conseiller de regarder le passage de ce grand Monsieur dans la grande émission Apostrophes, de Bernard Pivot, en 1977: http://rutube.ru/video/25bb349e308230831a75350f58527e2e/


Lien : http://unmondedelettres.word..
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J'ai pas du tout aimé ce livre en raison du comportement vantard, fanfaron,rodomont,bravache,matador,sans gêne du narrateur, limite macho. Il utilise aussi beaucoup trop d'adjectif également à mon goût
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ah ! oui, en vérité, celui qui tourne la maîtresse manivelle de ce monde et qui nous saupoudre à sa guise de ses grâces ou de ses colères, celui-là doit avoir peur de voir le Glaude Bourguignon perdre son rire. Il ne s'est pas contenté de m'offrir ces huit bonnes journées de ribotes en compagnie d'une espèce de philosophe, le voilà maintenant qui promène devant mes yeux la plus belle ville du monde, avec ses toits vernis, quadrillés de rouge et de jaune, ses tours et ses dômes, ses églises et ses beffrois, ses vieux logis qu'on sent bourrés à craquer, de gros rires et de mordante verve.
Jamais Dijon, ma capitale, je ne t'ai revue sans penser aux joies truculentes, quoique intimes, aux richesses de victuailles, aux trésors d'esprit que tes maisons renferment. On te sent si jalouse de ton bien-être, si égoïste et si joviale, si bonasse et si dédaigneuse de tout, sauf de tes aises, qu'on ne peut se défendre de t'admirer.
Tu parais un peu ridicule, comme une vieille folle qui tire vanité de ses bijoux, de ses maisons, de ses grandes salles riches en merveilles, tu es bourgeoise, ô ma vieille ville, et tu te nippes fièrement de ces merveilleux oripeaux, tu dis "Je suis de vieille noblesse", et comme les gens de vieille noblesse, tu rabâches et tu jouis âprement de ta cave et de ton cellier, les mains jointes sur ton ventre satisfait, après richement boire et manger, assise dans ton fauteuil armorié, tu regardes saoule de fin plaisir les hautes œuvres de tes artisans et de tes artistes, et tu dis, comme moi : "Est-il possible que des vilains se plaignent de la vie ? Me plains-je moi ?"
Ceux qui ne te connaissent pas disent : "Quel égoïsme !" Mais ceux qui ont connu tes misères (tu en eus comme les autres, des épidémies, des guerres, des pillages !), ceux-là disent "Quelle sagesse !" car ce qui est rare, en ce bas monde, c'est plus l'homme satisfait que l'homme malmené.
Ainsi, ô ville insolente dont jamais malheur n'a pu dompter le rire ou la satire, te voilà, défilant devant mes yeux, plus dorée, plus opulente, plus méprisante, plus sensuelle, plus gouaillante, plus fière, plus attirante que jamais, étendue nonchalamment, semblant oisive, au pied de la colline où le soleil mûrit les meilleurs vins du monde.
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Et pourquoi sommes-nous mis sur cette terre, est-ce pour manier désespérément la mitrailleuse ou pour boire du vin et manger du garenne ?"
Nous sommes tous d'accord, bien sûr. Mais je ne peux m'empêcher de lui dire : "Beau-père, vous faites écho à mes plus chères pensées, mais vous ne parliez pas ainsi il y a dix ans et vous vous attendrissiez comme tout le monde sur le sort des héros !
- Glaude, mon petit, il y a dix ans, j'étais loin de l'affaire, je buvais, je mangeais, j'avais de tout ce qui se consomme en abondance. Aujourd'hui,diable, il en va tout autrement et je dois réviser mon jugement."
Il me regarde, yeux mi-clos, l'air goguenard.
"Je ne dis pas, continue-t-il, que les temps devenant meilleurs..." La fin de sa phrase agonise dans les rires et la conversation continue. L'heure s'avance ; le litre se vide. Nous ne sommes buveurs ni l'un ni l'autre, au vilain sens du mot, mais nous sommes bavards et ripailleurs. Dans la région, on dit lôneur. Lôner, cela veut dire flâner agréablement, comme une rivière en terrain plat, entre deux rives verdoyantes et fleuries. Je n'ai pas toujours été un lôneur. Il fut un temps où, entre des crises de flemme, j'étais débordant d'initiative et de courage. Aujourd'hui, comment voulez-vous être courageux, en un siècle où toute activité est déviée de son intention et dirigée, bon gré mal gré, dans le sens de la guerre ? On ne peut ni forger, ni couper du bois, ni extraire de la pierre sans travailler en quelque façon, pour elle. Il n'y a guère que le boire, le manger et le dormir qui soient inoffensifs. L'amour, l'amour lui-même est fauteur de guerre en ce sens qu'il est le plus sûr moyen de fabriquer des soldats, pour la prochaine. C'est en s'inspirant de ces saines observations que nous finissons les sardines fumées de contrebande, le morceau de fromage de fraude, en buvant le vin, le pauvre vin de notre ration. Après toutes les fariboles, histoires et plaisanteries d'usage, le père Bardot, mon beau-père , devient grave.
"Soyons sérieux", dit-il pendant que ma femme apporte sur la table le pavé de pain d'épice troqué contre du poisson, chez Philbée. Il se penche à mon oreille et me donne ses directives. Il s'agit d'aller chercher un sac de blé dans la forêt de Cîteaux, chez les moines qui l'échangent contre de l'huile de graissage. L'huile est là, chez lui, le blé est là-bas, qui attend ; à moi de faire le transport.
Tout le danger est pour moi ; l'huile de graissage, c'est la prison, pour les moines et pour moi. Le blé, c'est encore la prison, pour moi et pour les moines. Danger à l'aller, danger au retour. Mais deux satisfactions profondes : frauder avec un monastère, pour la plus grande gloire de Dieu, et aussi (car la gloire du ventre compte), farine assurée et grain pour la volaille pendant deux ou trois mois.
L'affaire est conclue, l'itinéraire tracé, d'un revers d'ongle épais sur la carte, les points dangereux signalés et longuement étudiés ; je partirai ce soir à la nuit prenante, je serai de retour de grand matin avant que les douaniers, gardiens, inspecteurs, contrôleurs et autres pille-gens ne soient sur les routes.
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Je veux m'amuser aux dépens de ma misère mais point avec des timorés ni avec des abrutis d'alcool. Il me faut un genre de gens qui soient affranchis de tout esclavage.
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Les pauvres gens qui n'ont que leurs chagrins à se mettre sous la dent !
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Videos de Henri Vincenot (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Vincenot
23 juin 1989 1125 vues 01h 22min 21s
Pour cette 676 ème émission, Bernard Pivot a choisi sept invités pour nous inciter à lire quelques romans français et étrangers pendant la période des grandes vacances: - romans anglais, avec Frédéric FERNEY (journaliste, proposant "Le négociateur" de Frédéric Forsythe), et Auberon WAUGH (fils du romancier britannique Evelyn Waugh et romancier lui même, pour "La fin d'une époque" d'Evelyn Waugh et "Bagages enregistrés" d'Aauberon Waugh) - un roman espagnol, avec Olivier ROLIN (pour "La joyeuse bande d'Afzavara" de Manuel Vasquez Montalban) - romans des Etats Unis, avec Philippe LABRO (qui présentent "Dalva" de Jim Morrison et "Privilège" d'Eduard Stenard) et Michaël Korda (pour son roman "La succession Bannerman") - -et des romans français, avec Félicien MARCEAU (pour son dernier titre "Un oiseau dans le ciel") et Claudine VINCENOT-GUIHENEUF (fille d'Henri Vincenot qui a préfacé un ouvrage inédit de son père "Le livre de raison de Claude Bourguignon" et qui conseille la biographie de Jean Louis Pierre intitulée "Vincenot") - Claudine Vincenot-Guiheneuf parle longuement de son père (avec un extrait d' Apostrophes de 1978, où Henri Vincenot parle de son roman "La billebaude"), Philippe LABRO évoque la biographie de Jackie Kennedy Onassis, Michaël Korda (auteur et éditeur) que Bernard Pivot présente comme l'observateur privilégié de la jet society new yorkaise, raconte le sujet de son livre (la vie et la mort d'un milliardaire américain) et exprime son plaisir d'écrire, lui qui est éditeur depuis plus de trente ans; Frédéric Forney présente Frederic FORSYTHE, auteur de best sellers qui adore "fabriquer des histoires" ("Le négociateur" se passe dans un futur proche au cours d'une crise pétrolière menaçant les grandes puissances), tandis que Philippe Labro vante deux écrivains américains mal connus en Europe. Puis Bernard Pivot laisse la parole à Auberon WAUGH en lui confiant: "Après Shakespeare, c'est votre père que j'aurais aimé interviewé" (l'écrivain britannique en profite pour raconter de nombreuses anecdotes sur son père qu'il admirait et redoutait) , puis c'est au tour de Félicien MARCEAU d' expliquer le sujet de son dernier livre, et enfin à Olivier Rolin de disserter sur le roman de Montalban.
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