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EAN : 9791031205526
118 pages
Editions Ateliers Henry Dougier (13/04/2023)
4.7/5   5 notes
Résumé :
C'est dans les trous du récit légendaire d'Ovide qu'Alain Vircondelet s'est introduit. Avant d'évoquer les dernières heures du jeune garçon, ivre de liberté et d'air pur, amoureux de l'idéal, c'est toute son enfance qui est ici reconstituée. Elevé sans sa mère et fasciné par le génie de son père Dédale, qui construit pour le roi Minos la prison labyrinthique du Minotaure, Icare mène une vie inquiète et solitaire.
Jeté à son tour dans le labyrinthe avec son pè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans ce "Dédale" que peut sembler être la mythologie, si il y a bien un mythe bien un mythe bien ou mieux connu que les autres c'est bien celui d'Icare...
Alors en lisant, ce nouvel opus de cette collection "autobiographie d'un mythe", vous ne risquez pas de "vous brûler les ailes"....
Tant l'écriture d'Alain Vircondelet vous servira de "Fil d'Ariane"....

Après avoir magnifiquement remonter le fil du destin de Dédale - Daidalon -  "l'astucieux", "le rusé", celui à qui on ne l'a fait pas (architecte, inventeur, bref une sorte de Léonard de Vinci de la mythologie)
Rien ne lui résiste, mais comme tout le monde il n'est pas exempt de défauts : il est jaloux, envieux, ne supporte pas que quelqu'un soit plus astucieux que lui.
Le Mythographe Apollodore nous apprend qu'il a été chassé d'Athènes pour y avoir commis, lui aussi, un crime particulièrement abominable, un meurtre qui fait de lui un être peu aimable, bien que d'une intelligence à nulle autre pareille – corruptio optimi pessima dit l'adage : la corruption des meilleurs est la pire.
Diodore de Sicile, nous dit que Dédale prend son neveu Talos comme apprenti. Mais l'élève dépasse le maître, et le maître décide de se débarrasser de l'élève....
Exilé à Cnossos, il entre au service de Minos. Il construit le fameux labyrinthe pour y enfermer le Minotaure.
Ce monstre mi homme-mi taureau, qui attend tous les 9 ans le tribut que les Athéniens doivent livrer : sept garçons et sept filles dont il se repaîtra. Jusqu'à ce  que Thesee aidé d'Ariane, tué le monstre du labyrinthe.
Fou de rage Minos enferme père et fils dans le labyrinthe. Et voilà, l'inventeur prisonnier de sa propre invention à chacun d'y voir quelque interprétation moderne....

Mais en bon inventeur, Dédale trouve la solution pour s'échapper avec son fils : Avec de la cire et des plumes, il fabrique deux magnifiques paires d'ailes, une pour lui et une autre pour son fils, et d'expliquer à Icare :
"Suis mon conseil, Icare,
Tiens-toi à mi-hauteur. L'eau plombera tes ailes
Si tu descends trop bas, trop haut tu grilleras,
Donc vole entre les deux. Tu ne dois jamais voir
Le Bouvier, Hélicé ni l'épée nue d'Orion,
Prends-moi pour guide. Il lui apprend comment voler,
Lui fixe à chaque épaule un prototype d'aile,
Et, parlant, s'affairant, la main de ce vieux père
Tremble, et sa joue s'humecte. Il embrasse l'enfant
Qu'il n'embrassera plus, s'élève d'un coup d'aile,
Prend la tête, apeuré pour son fils tel l'oiseau
Poussant du haut du nid ses oisillons novices,
L'exhorte à suivre, lui apprend son art funeste,
Et se tourne en volant pour voir comme il s'y prend."
Pour citer Ovide dans ses Métamorphoses (Traduction Olivier Sers - Édition du Centenaire Les Belles Lettres)

" Ainsi parlait Icare.
Il se préparait à la grande aventure de sa vie la seule qui lui permettrait d'oser contrarier son destin, de franchir les limites de son humanité, de se soustraire aux décisions des dieux."

Icare acquiesce, affirme qu'il a bien compris, mais une fois dans le ciel, il perd toute mesure. Il cède à l'hybris. Grisé par ses nouveaux pouvoirs, il se prend pour un oiseau, peut-être même pour un dieu. Il néglige toutes les recommandations de son père. Il ne peut résister au plaisir de s'élever dans les cieux aussi haut qu'il peut. Mais le soleil brille et, à force de s'en approcher, la cire qui maintient les ailes se met à fondre. Tout d'un coup, elles se détachent et tombent dans la mer. Lui aussi, et il s'y noie sous les yeux de Dédale qui ne peut rien faire d'autre que pleurer la mort de son enfant. Depuis lors, cette mer a pris, comme dans le cas d'Égée, le nom du disparu : on l'appelle la mer Icarienne.

La chute est sublimée sous la plume de l'auteur, qui a su magnifiquement bien se glisser dans les interstices du mythe, comme dans les anfractuosités du mur de ce labyrinthe, pour magnifier sentiments, pensées, bref la quintessence du mythe
"Le jour, implacable, n'en finissait pas d'atteindre son zénith. Pour Icare, c'en était fini de cette existence lestée par le destin. Il éprouvait une émotion inconnue, celle d'un vertige qui se serait installé dans son corps même, il chutait, chutait, traversait des sortes de paliers, crevait des couches de nuages, forait des brumes épaisses puis retrouvait la clarté bleue du ciel, et toujours, dans sa chute, il été capable que de percevoir l'émotion profonde, inconsciente de se sentir éclaté, comme pulvérisé, devenant le foyer d'un milliard de cellules affolées qui se répandraient en gouttelettes dans l'air. Il était Icare et il n'était plus Icare, car seule son énergie désormais ouvrait la voie, cette énergie qui le ferait exploser en ondes multiples dans la mer s'ouvrant comme la mer d'Égypte aux prières de Moïse. C'était une chute qui n'avait pas de fin, dont il n'avait plus idée ni conscience. Il allait, seulement, il n'avait pas la sensation de tomber, car même dans le sens de sa chute, il avait l'impression de s'élargir, de rejoindre une vastitude originelle, semblable à celle d'avant la création du monde, dans une aube éternelle."

Et comme toujours peintures et sculptures viennent illustrer le mythe, cette collection est décidément d'une richesse qui va bien au-delà de la simple explication ou réécriture.
Ces livres portent tellement bien leur nom, ce sont les mythes qui s'adressent à nous....

Pour les plus curieux au sujet du labyrinthe, je ne peux que faire référence à la page 139 du livre d'Andrea Marcolongo version papier (ou 121 de la version numérique) "La part du héros", il y est représenté tel qu'il figure sur l'une des trente-trois pièces de monnaie retrouvées sur l'île de Crète et remontant à l'époque minoenne.
À vous de trouver la sortie.... Car le labyrinthe ne serait-il pas plus que ce que l'on voit....
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« La mer et l'air étaient mes amis, et tous ceux qui les peuplaient. J'enviais la liberté des dauphins que l'on voyait là-bas sauter au-dessus des vagues, jongler avec l'écume; j'aspirais au vol des grands oiseaux qui planaient au-dessus de la mer et puis s'en éloignaient jusqu'à ce que je les perde de vue.
Au palais, l'on me connaissait pour mes rêves impossibles. J'essayais de donner à mon corps la fluidité des oiseaux et la souplesse des poissons, je rivalisais avec les meilleurs jeunes danseurs de la cité : « Il ne lui manque plus que des ailes », disaient certains, tant je réalisais des bonds gracieux. C'était là mon occupation favorite; à ces moments précis, je me sentais libre, capable de régner dans les airs et sur le monde. »

Moi, Icare… Autobiographie d'un mythe, Alain Vircondelet @alainvircondelet @ateliershenrydougier

Que connaissez-vous d'Icare? ce jeune homme qui s'approcha trop près du soleil, et de son rayonnement, qui lui « brûla les ailes » ou plutôt fit fondre la cire de celles-ci et le précipita dans la mer où il mourut…

Savez-vous qui fut son père? le brillant Dédale qui construisit le labyrinthe où fut enfermé le Minotaure, né des amours de la reine Pasiphaé de Cnossos avec un puissant taureau blanc… le Minotaure qui fut occis par Thésée!

« Mais tandis qu'il bramait comme un cerf qu'on écorche, Thésée en profita pour lui planter son épée droit dans le coeur. Dans un jaillissement de sang, le monstre sentit son corps s'affaisser, s'appesantir et enfin le quitter.
Thésée avait tué le Minotaure. »

Que de personnages, que de mythes qui s'entrecroisent…

Connaissez-vous le lien entre Icare et Thésée?

Avez-vous eu vent des recommandations de son père avant de prendre leur envol?

« Vers midi, quand le soleil sera à son zénith, veille à ne pas aller trop haut : la chaleur des rayons risquerait de faire fondre la cire de tes ailes et tu serais irrémédiablement perdu. La mer serait alors ton linceul. »

Non?! eh bien tournez la première page de ce livre, somptueusement illustré, et plongez à votre tour dans ce mythe fascinant…

Belle découverte 🌟
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Comme tout le monde je pense, je connaissais surtout les épisodes du Minotaure et du labyrinthe, ainsi que la fuite tragique d'Icare et de son père. J'ai donc apprécié en apprendre plus ici sur l'histoire de Dédale et de Talos, mais aussi sur toute la vie de Dédale après la mort d'Icare : je ne savais pas du tout que l'histoire de Dédale se poursuivait après la mort de son fils et qu'il accomplissait d'autres exploits architecturaux en Italie, cela m'a donc plu de découvrir ces événements.

Plus globalement, j'ai beaucoup la manière dont l'auteur traite ce mythe : sous sa plume, Icare devient un jeune homme la tête emplie d'histoires et des succès de son père, épris de liberté et qui rêve de vivre sa propre vie, ce qui causera sa chute (dans tous les sens du terme !). Dédale quant à lui semble s'inscrire dans la longue liste des savants et artistes qui ont été trop sûrs d'eux et de leur talent et qui paieront le prix fort pour avoir manqué d'humilité : c'est un discours très intéressant et qui fait qu'on referme ce Moi, Icare... avec plein de réflexions sur ce qu'aurait dû faire Dédale, ce qu'aurait été sa vie si les événements s'étaient déroulés différemment...

Enfin, et c'est là une des particularités et un des gros attraits de cette collection "Autobiographie d'un mythe", la sélection d'oeuvres d'art est variée et intéressante (j'ai découvert quelques tableaux sur le mythe d'Icare que je ne connaissais pas du tout avant cette lecture) et les reproductions sont de très bonne qualité.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C'EST AINSI QUE TOUT DUT SE PASSER : une vie sans espoir de connaître le jour, de voir l'aube se lever, puis céder sa place au jour, de sentir sur sa peau le vent chaud qui vient de la mer, de humer toutes les odeurs qui circulent dans l'air, de croiser d'autres hommes et d'autres femmes, de voir aussi les oiseaux s'envoler dans le ciel. Une vie vouée à la nuit du labyrinthe, à entendre dans le silence des cavernes, répercutés de pièce en pièce, les rugissements du Minotaure, ses cris d'affamé, satisfait des victimes qu'on lui apporte et que l'on jette au seuil des grandes portes de bronze.

C'était ainsi, oui, une vie implacable, « sans pardon, sans pouvoir se révolter, parce que cela ne sert à rien », a toujours dit Dédale, mon père, puisque tout est clos pour tous les hommes, sans possibilité de fuir. Tout était semblable, pour Ie Minotaure, prisonnier du labyrinthe, comme pour les hommes. D'une manière ou d'une autre, la vie n'est que dédale, sentiers infinis, sans terme et sans espoir. « Après le Minotaure, ce sera notre tour, avait prédit Dédale, il faut bien que la roue tourne... »

(INCIPIT)
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Il y avait en fait à Cnossos deux états opposés : la pesanteur et la légèreté. L'intuition d'un drame secret aux conséquences inconnues, qui alourdissait l'atmosphère, et la grâce des éléments croisés entre eux dans une harmonie divine : la mer, le ciel, la terre se conjuguaient admirablement et faisaient de cet endroit de l'île un lieu singulier, unique au monde.
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Vidéo de Alain Vircondelet
Alain Vircondelet vous présente son ouvrage "Et nos pleurs seront des chants" aux éditions Fayard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2987365/alain-vircondelet-et-nos-pleurs-seront-des-chants
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