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EAN : 9782246852384
512 pages
Grasset (03/10/2018)
4.05/5   11 notes
Résumé :
Et si la France était devenu le pays où la haine s’exerce, se déploie, et parfois assassine ? Le cœur d’un brasier qui, depuis la fin de la guerre froide, d'Alger à Varsovie, de New York à Moscou et Istanbul, menace la planète ?
La France a été en 2002 le premier pays occidental à mettre un leader populiste aux portes du pouvoir. Dans les années 2010, elle est devenue le premier pays d'Europe en terme d'envoi de djihadistes vers l’Irak et la Syrie. Depuis 2... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je l'ai lu sur prescription d'Emmanuel Carrère, une note dans V13. Enquête sur la psychopathologie du djihad (le délire psychotique est le risque inhérent à toutes les religions et leurs sectes), des tueries de masse (Ozar Hatorah Toulouse, Charlie Hebdo, terrasses, Bataclan Paris, Musée Juif de Bruxelles...) aux assassinats par des musulmans radicalisés et délirants de personnes juives (Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, différentes autres agressions de Juifs). Marc Weitzmann explore une montée de la haine antisémite qui sous-tend tous les attentats islamistes.
Des aventures coloniales françaises et leurs atrocités, qui ont construit le 'Musulman ethnique' sous la Restauration, de l'arrivée massive de travailleurs algériens et marocains pour soutenir la croissance faramineuse des années 60 et 70, damnés de la terre venus d'abord pour repartir, puis qui restent, dûment fliqués par les pouvoirs algérien et marocain, puis chez nous par la Sonacotra qui les parquait dans des logements insalubres, en passant par la décennie noire en Algérie (un chapitre documenté et terrifiant) après l'interruption du processus démocratique qui porta le FIS au bord du pouvoir en 1992, qui finit par exporter le terrorisme en France (Gang de Roubaix jamais reconnu tel, et Khaled Kelkal). Les deuxième et troisième générations mal intégrées qui, soit constatent l'humiliation de leurs parents, soit fuient le quartier d'origine pour vivre une vie de français, notamment les filles plus adaptables, Marc Weitzmann connecte les points de notre histoire contemporaine, citant même Jean Genêt (dont je doute que les terroristes le lisent, ne serait-ce que parce qu'il est homosexuel revendiqué) et sa fascination pour les Fédayins palestiniens. Tout cela enrobé, en France, dans le relativisme culturel, les compromissions politiques et intellectuelles, notamment à gauche, l'extrême-droite Dieudonné / Soral sont également à la manoeuvre, et le 'pas d'amalgame', le refus d'affronter les problèmes, sauf à aligner des bougies et à faire des marches 'plus jamais ça' assez nigaudes. Et par-dessus tout, le refus de voir que l'antisémitisme est désormais porté par l'Islamisme, l'islam politique.
Un chapitre entier est consacré à la dérive, au délire de Hasna Aït Boulahcen, tantôt en chapeau de cow-boy, tantôt en hidjab, tantôt à jeun, tantôt alcoolisée, se perdant dans son quartier, à ses coups de fil passés à chercher un refuge pour son cousin Abdelhamid Abaaoud, organisateur des attentats du vendredi 13 novembre 2015 (131 morts, 413 blessés) avant qu'il soit abattu par le RAID et la BRI à Saint-Denis. Est également décrit le délire psychotique de familles dont le patriarche a 3 femmes et "entre 15 et 20 enfants", où tout le monde cogne sur tout le monde (les Merah), la radicalisation de fils de petits commerçants vivant en banlieue pavillonnaire (Abaaoud), les femmes opprimées, paumées, succombant aux promesses fallacieuses de l'Etat Islamique leur promettant tout au plus un statut de reproductrices asservies, si elles se soumettent à la loi du Père Fouettard et à ses agents sur Terre, les hommes.
L'ouvrage est passionnant et documenté, les différentes époques bien amenées et liées entre elles. Il restitue l'image globale de la menace que fait peser sur nos démocraties bien douces et oublieuses des combats qu'elles ont dû mener pour émanciper le peuple, à savoir une idéologie obscurantiste, une religion auto-référentielle qui prétend instaurer un Califat mondial. Un avertissement salutaire.
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Lorsque j'ai entamé la lecture de ce livre pendant la crise sociale des gilets jaunes, je me suis demandé si je n'étais pas en retard d'une guerre, et puis les meurtres de Strasbourg sont survenus, alors le travail de l'ami de Philip Roth m'a semblé plus que jamais nécessaire.
La haine est devenue un sentiment tellement commun. Cependant le titre me semble inapproprié puisque l‘expression « un temps » appelle à passer à autre chose, et que l'écriture même du livre va être modifiée sans cesse par le surgissement de nouveaux crimes perpétrés au cri de « Allahu akbar ».
Ces 500 pages se lisent facilement, alternant témoignages poignants et réflexions nouvelles qui évitent d'entrer dans un système explicatif figé, mais rappellent des faits historiques masqués par les émotions de l'heure.
Ainsi se remémorer tout ce que la guerre civile en Algérie a pu déterminer, remettre en évidence le nombre et la gravité des actes antisémites en France, apprendre quelques accointances étonnantes qui firent qu'un ancien SS devint un conseiller de Nasser, est tout à fait salutaire. L'officier de Franco auteur de la formule : « Viva la muerte ! » était aussi celui qui disait « A mort l'intellectualité traîtresse ! »
« Car lui aussi voulait la peau des « élites », lui aussi cherchait l'imbécillité mystique et joyeuse qui peut tout, l'hilarité courant au dessus de la peur, la vélocité pour sortir de ce monde, se dépêchant de nous laisser aux ingrates politesses du quotidien afin de monter à la lumière en riant, comme l'écrit Genet dans le Dies Irae dans son ode aux palestiniens … »
Depuis que le terme « intello » est devenu une insulte, je me désespère, non pour revêtir l'uniforme, mais je me jette avec encore plus de plaisir dans les approches historiques éclairantes, les citations nourrissantes.
« Dreyfus représentait l'universalisme, ou, pour le dire avec les mots de Maurras, le pays légal- celui d'une caste hypocrite, au fond si peu nationale qu'elle avait besoin pour se légitimer, de la Loi et des droits. En face, se dressait contre elle, le pays réel, authentique, ancré dans l'honneur, dans la foi et les traditions. A la même époque, quoique sous d'autres latitudes, le wahhabisme et les Frères musulmans, en quête d'un islam authentique contre les influences modernes, formulaient le conflit le conflit dans des termes

Lien : http://blog-de-guy.blogspot...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'Histoire, au bout du compte, est l'histoire des récits que les humains s'inventent pour rendre compte de ce qu'ils font. Lorsque ces choses deviennent excessives, les récits pâlissent, et ce qu'il faut alors essayer de comprendre, c'est pourquoi certains ressorts narratifs fonctionnent mieux que d'autres dans le processus de légitimation rationnelle du sadisme et du meurtre.
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En vérité, bien sûr, la population musulmane est trop diversifiée, son histoire trop multiple, pour que quiconque puisse prétendre la représenter « authentiquement ». Plusieurs tendances s’affrontent violemment en son sein, comme au sein de l’islam mondial, et le choix que l’on fait de soutenir les uns ou les autres en dit moins sur ceux que l’on choisit que sur ceux qui choisissent. (p.197)
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L'antisémitisme, en d'autres termes, a moins à voir avec "la haine de l'autre" et le racisme, contrairement à ce qui se raconte partout, qu'avec la haine de cette permanence plastique, malléable - cette permanence juive qui mine d'avance toute consolation d'éternité.
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Pour en débattre, Guillaume Erner reçoit Thiphaine Samoyault, essayiste, traductrice et critique littéraire, directrice d'études à l'EHESS et Marc Weitzmann, journaliste, écrivain, producteur de Signe des Temps à France Culture.
#litterature #cancelculture #roalddahl ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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