Je l'ai lu sur prescription d'
Emmanuel Carrère, une note dans
V13.
Enquête sur la psychopathologie du djihad (le délire psychotique est le risque inhérent à toutes les religions et leurs sectes), des tueries de masse (Ozar Hatorah Toulouse,
Charlie Hebdo, terrasses, Bataclan Paris, Musée Juif de Bruxelles...) aux assassinats par des musulmans radicalisés et délirants de personnes juives (Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, différentes autres agressions de Juifs).
Marc Weitzmann explore une montée de la haine antisémite qui sous-tend tous les attentats islamistes.
Des aventures coloniales françaises et leurs atrocités, qui ont construit le 'Musulman ethnique' sous la Restauration, de l'arrivée massive de travailleurs algériens et marocains pour soutenir la croissance faramineuse des années 60 et 70, damnés de la terre venus d'abord pour repartir, puis qui restent, dûment fliqués par les pouvoirs algérien et marocain, puis chez nous par la Sonacotra qui les parquait dans des logements insalubres, en passant par la décennie noire en Algérie (un chapitre documenté et terrifiant) après l'interruption du processus démocratique qui porta le FIS au bord du pouvoir en 1992, qui finit par exporter le terrorisme en France (Gang de Roubaix jamais reconnu tel, et Khaled Kelkal). Les deuxième et troisième générations mal intégrées qui, soit constatent l'humiliation de leurs parents, soit fuient le quartier d'origine pour vivre une vie de français, notamment les filles plus adaptables,
Marc Weitzmann connecte les points de notre histoire contemporaine, citant même
Jean Genêt (dont je doute que les terroristes le lisent, ne serait-ce que parce qu'il est homosexuel revendiqué) et sa fascination pour les Fédayins palestiniens. Tout cela enrobé, en France, dans le relativisme culturel, les compromissions politiques et intellectuelles, notamment à gauche, l'extrême-droite Dieudonné / Soral sont également à la manoeuvre, et le 'pas d'amalgame', le refus d'affronter les problèmes, sauf à aligner des bougies et à faire des marches 'plus jamais ça' assez nigaudes. Et par-dessus tout, le refus de voir que l'antisémitisme est désormais porté par l'Islamisme, l'islam politique.
Un chapitre entier est consacré à la dérive, au délire de Hasna Aït Boulahcen, tantôt en chapeau de cow-boy, tantôt en hidjab, tantôt à jeun, tantôt alcoolisée, se perdant dans son quartier, à ses coups de fil passés à chercher un refuge pour son cousin Abdelhamid Abaaoud, organisateur des attentats du vendredi 13 novembre 2015 (131 morts, 413 blessés) avant qu'il soit abattu par le RAID et la BRI à Saint-Denis. Est également décrit le délire psychotique de familles dont le patriarche a 3 femmes et "entre 15 et 20 enfants", où tout le monde cogne sur tout le monde (les Merah), la radicalisation de fils de petits commerçants vivant en banlieue pavillonnaire (Abaaoud), les femmes opprimées, paumées, succombant aux promesses fallacieuses de l'Etat Islamique leur promettant tout au plus un statut de reproductrices asservies, si elles se soumettent à la loi du Père Fouettard et à ses agents sur Terre, les hommes.
L'ouvrage est passionnant et documenté, les différentes époques bien amenées et liées entre elles. Il restitue l'image globale de la menace que fait peser sur nos démocraties bien douces et oublieuses des combats qu'elles ont dû mener pour émanciper le peuple, à savoir une idéologie obscurantiste, une religion auto-référentielle qui prétend instaurer un Califat mondial. Un avertissement salutaire.