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Charity est une jeune fille de 18 ans, élevée par l'avocat du village, Mr Royall, et qui aspire à une autre vie. En effet, elle se morfond dans cette communauté étriquée , friande de commérages malveillants. North Dormer est sis dans un pays de bûcherons et d'agriculteurs où il ne se passe jamais rien. Or, son ennuyeux emploi de bibliothécaire au Hatchard Memorial va lui permettre de rencontrer Lucius Harney, un fringant et brillant architecte descendu de la ville pour dresser des croquis des maisons traditionnelles de la région. Charity, tombée sous le charme, se propose donc comme guide, et une complicité amicale va rapidement se nouer entre les deux jeunes gens. Mais la jeune fille, honteuse de ses origines obscures et de son ignorance, ressent douloureusement tout le fossé socio-culturel qui les sépare. de son côté, son tuteur prend ombrage de leur rapprochement et tente tout pour les séparer...

Été est le roman de l'éveil d'une jeune fille à la sensualité et à l'amour dans une société régie par le souci des convenances et des apparences, condamnant tout écart de conduite.
Charity Royall, qui a pris le nom de son tuteur mais dont le véritable patronyme est inconnu du lecteur durant une bonne partie de l'intrigue, souffre en sus de ses origines qui la marginalisent quelque peu, ou tout au moins la font sentir différente des autres. En effet, Mr Royall l'a ramenée quand elle avait cinq ans de la Montagne, lieu bruissant de rumeurs selon lesquelles l'endroit cacherait un "ramassis de voleurs et de repris de justice" (page 64) vivant en dehors de toute civilisation, sans juridiction, sans église, sans école.
Au début, le lecteur n'éprouve que peu de sympathie pour l'héroïne, qui apparaît hautaine, ingrate, paresseuse et égoïste. Mais au fil de la lecture, le courage de la jeune fille se révèle en même temps que son refus opiniâtre de se soumettre au carcan de la morale hypocrite du village, ainsi que son sens aigu de la loyauté et sa grandeur d'âme.

De même que pour Charity, notre perception sur son tuteur se modifie favorablement vers la fin. Alors que nous n'avions de lui que la vision négative de la jeune fille qui le considère avec mépris comme un ivrogne brutal, affligé en outre du défaut d'avarice, on comprend peu à peu que son comportement maladroit vis-à-vis de sa pupille (dont on devine qu'il est éperdument amoureux) ne vise qu'à la protéger des désillusions de l'amour et des commérages malveillants.

Quant à Lucius Harney, il est tout à fait charmant, ouvert d'esprit, instruit et dénué de tout préjugés. Malgré toutes ses qualités, on ne peut s'empêcher de s'inquiéter sur ses motivations réelles à l'égard de Charity. Est-il aussi sincère qu'il en a l'air ? Ce sentiment est accentué par l'omniprésence de la Montagne, dont l'ombre à la fois fascinante et terrifiante plane comme une menace sur la destinée de Charity.

Pour conclure, un roman passionnant sur l'apprentissage des cruautés de l'amour et de la difficulté à s'élever au-dessus de sa condition tout en restant libre et fidèle à sa nature. On finit par s'attacher à l'héroïne dont la fierté sauvage nous avait un peu déstabilisés au début. Mais on ne peut qu'admirer le courage dont elle fait preuve quand elle décide d'assumer ses choix, dans cette société qui impose des normes morales et sociales intenables pour les femmes, condamnées à la prostitution ou à un mariage malheureux si elles y contreviennent. Je comprends que ce roman ait fait scandale à sa sortie car l'auteure aborde des thèmes très modernes comme [spoiler] les relations sexuelles hors mariage ou l'avortement. [/spoiler]

Bref, une très belle découverte de l'oeuvre d'Edith Wharton qui me donne envie d'explorer d'autres romans d'elle...
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Après la rigueur de l'hiver d'Ethan Frome, plongez dans la chaleur accablante d'Eté. Se déroulant dans la splendeur et la langueur d'un été à la campagne en Nouvelle-Angleterre, ce court roman est un incroyable mélange, qui emmène le lecteur avec maîtrise vers une fin tragique, dans ce style précis, alternance d'une vision acérée et sans complaisance, et d'un lyrisme retenu, presque minimaliste, que je trouve d'une justesse frappante.

La jeune Charity, fille adoptive d'un avocat, homme un peu médiocre, va vivre l'été qui donnera à sa vie une orientation irréversible. Vive, spontanée, rayonnante, pleine de désir, aimant la nature (dans laquelle elle se plonge littéralement dès qu'elle en a l'occasion), Charity va faire l'expérience de l'amour, de ses espérances, de ses angoisses, et surtout mesurer les limites de sa condition de jeune fille du début du siècle, dans un milieu patriarcal étriqué et hypocrite.

Comme dans Ethan Frome, tous les ingrédients sont réunis pour un roman à l'eau de rose. Et pourtant, on en est à des années-lumières. Clairement, ce roman est celui du désir sexuel et de l'élan vital (féminins), dans une société asphyxiante, régie par une violence sourde et obscure faite aux femmes. Charity ne pourra pas échapper à sa condition ; la condamnation de l'époque est sans appel.
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Dans un village sans charme de Nouvelle-Angleterre, Charity, orpheline de 17 ans, vit seule avec son tuteur, Mr Royall. Il l'a recueillie alors qu'elle était enfant, la sortant du hameau sordide où elle était née, un amas de baraques perdues dans la montagne, et habitées par des demi-sauvages, coupés du monde et de ses lois.
Entre son emploi minable dans une bibliothèque sans lecteurs, son malaise face aux regards des commères qui connaissent ses origines et le comportement de Royall, avocat vieillissant à la carrière moribonde et aux forts penchants alcooliques, Charity rêve de départ et de grande ville.
Puis arrive Lucius, jeune cousin d'une voisine et architecte à New-York. Vous imaginez la suite...
Résumé ainsi, ce roman fleure bon la romance nunuche préfabriquée, où le bellâtre séduit la jeune innocente et la sort du marasme de ses journées sans joie... Sauf que Wharton avait d'autres ambitions. Et un style magnifique.
Les paysages de ce petit morceau d'Amérique, le quotidien de ses habitants, les attitudes, sentiments, conversations hésitations, emportements de ses personnages, tout est décrit avec élégance et précision et sur un ton extrêmement moderne pour un texte de 1917.
Sans voyeurisme, mais sans ridicule pudibonderie, Wharton évoque en effet la sexualité d'une manière très claire, qu'il s'agisse des émois de Charity ou des ardeurs des hommes ou encore des comportements des filles "de mauvaise vie", faisant contrepoint à l'héroïne.
Plus admirable encore est son talent pour façonner des personnages réalistes et concrets, y compris dans leur revirements. Ni Charity, ni Royall, ni le jeune Lucius ne sont taillés dans des blocs de marbre immuables : leurs réflexions, décisions, opinions au sujet des autres évoluent et basculent même d'un extrême à l'autre sur certains points, mais ces changements suivent des cheminements parfaitement maitrisés, basés sur les interactions entre protagonistes et les événements impliquant des seconds rôles. Cela donne un scénario vif, bien construit et surprenant.
C'est ma 2e lecture de cette autrice et elle m'a une fois encore impressionné.
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Si vous n'avez jamais lu les romans d'Edith Wharton, vous pouvez commencer par celui-ci, qui a fait scandale lors de sa parution en 1917. Parfois comparé à "Madame Bovary", considéré par Joseph Conrad comme le plus beau roman d'Edith Wharton, admiré par Henry James, ce roman est en effet aussi sombre qu'une nouvelle De Maupassant, avec toujours cet art de la romancière de reprendre les codes des romans de Jane Austen, de nous faire croire que son roman est une romance, pour lentement nous faire glisser vers une peinture sans concession de l'humanité, mais sans qu'il y ait de violence, de sang, d'érotisme. Tout est sous-jacent mais l'analyse au scalpel du fonctionnement de toute société, la violence de la pression sociale, le rapport au sexe, à la religion et à la mort font que le lecteur ressent de plein fouet la noirceur à travers les non-dits. Ce texte s'avère mélancolique, féministe et un peu... déprimant : le petit village de North Dormer ne possède qu'une rue, comme l'annonce la première phrase du roman, et l'héroïne, Charity Royall, veut sortir de ce cadre exigu en faisant face à son tuteur, le vieil avocat Royall, qui, comme Arnolphe dans "l'école des femmes" de Molière, a des vues sur elle. Arrivent l'été et un jeune architecte, Lucius Harney...

Un roman sur la difficile émancipation des femmes et un roman qui a fait scandale à son époque, et qui pourra paraître scandaleux à la nôtre, mais pas pour les mêmes raisons.
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Nouvelle Angleterre, dans les années 1910.
Charity Royall vit chez son tuteur à North Dormer, une petite commune dans laquelle elle a grandi depuis que M. Royall l'a ramenée de la "Montagne" avec son épouse. Elle n'a jamais manqué de rien et a toujours été choyée et respectée. Mais, aujourd'hui, Charity est devenue une jeune femme qui rêve de partir vivre en ville. En attendant, elle travaille à la bibliothèque du village dans l'espoir de gagner un peu d'argent. Elle fait la connaissance de Lucius Harney, un charmant architecte chargé de faire une étude sur l'architecture dans la région. Charity lui sert de guide. Au cours d'un seul été, son destin va se jouer.

"Été" a été publié pour la première fois en 1917 et a souvent été comparé à "Madame Bovary" de Gustave Flaubert. L'histoire évoque une histoire d'amour, de plaisir et de sensualité, hors mariage. Sa publication a, à l'époque, provoqué un véritable scandale.
Charity vit dans un milieu social respectable, sans être une aristocrate. Elle vient de la "Montagne", là où vivent les miséreux. Harney est né dans un milieu aisé, travaille dans une société new-yorkaise, son avenir est tout tracé. Il s'apprête à épouser une jeune femme de la haute société comme le font les gens de son rang.
Les deux jeunes gens deviennent amants et profitent simplement du moment présent. Charity se laisse guider par ses envies et suit son instinct, sans contrainte. C'est une femme intelligente, sensible qui saura trouver la voie de la raison le moment venu.
J'ai été profondément touchée par la plume d'Edith Wharton. Ce que j'ai particulièrement aimé est sa manière de décrire les lieux, les paysages, les personnalités et surtout les émotions de ses personnages, tout en finesse et avec beaucoup de poésie.
J'ai adoré le contexte. L'ère industrielle se développe. Les relations sociales sont en train de changer.
L'autrice dresse le portrait d'une femme libre, uniquement guidée par ses choix et ses envies. L'idée de l'indépendance est en train de germer. Nous sommes en pleine évolution de la condition féminine.
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Roman décrit comme le plus proche de celui que préféré l'autrice, Eté ne pouvait que m'intriguer moi qui ai un avis assez ambivalent sur les écrits d'Edith Wharton. Alors va-t-il pencher du bon ou du mauvais côté ?

Eté a clairement penché du bon côté et ce pourtant malgré une fin un peu trop abrupte et cruelle, et surtout une héroïne fort agaçante, ça tombe bien, elle est sensée être le pendant d'Emma Bovary, mais l'autrice y a mis trop de bonnes choses pour que je n'y succombe pas.

Tout a commencé avec la beauté de la plume d'Edith Wharton qui m'a à nouveau totalement embarquée avec la finesse et la poésie de ses descriptions de cette vie à la campagne dans le petit village pittoresque de North Dormer, dont le nom évoque le sommeil ronronnant, un peu comme ses habitants d'un autre temps. L'autrice offre également des lignes de toute beauté décrivant ce lieu sous le soleil et la douceur estivale, donnant son titre à l'oeuvre. La nature y est magnifique, vivante, chaude, remplie d'insectes et de fleure et avec un météo lourde d'orage et de pluie à venir comme la destinée de son héroïne. C'est magnifique.

Et pourtant, malgré ce décor enchanteur, j'ai eu du mal à réellement entrer dans l'histoire. Il faut dire qu'elle est un peu le versant sombre d'une Emma de Jane Austen, avec une jeune femme pour qui le mariage est en train de devenir une question centrale dans sa vie. Cependant à l'inverse de sa consoeur anglaise, c'est une réalité plus âpre et sans happy end que nous raconte Edith Wharton. Nous sommes plus près d'un Thomas Hardy ici avec les drames que son héroïne va connaître de bout en bout. Les amateurs d'ambiances dures et réalistes seront ravis, ceux aimant les choses plus douces comme moi, souffriront pas mal, mais avec beauté !

Même si j'ai eu du mal avec cette héroïne à qui il n'arrivait que des malheurs, j'ai trouvé la plume de l'autrice très pertinente et percutante. Elle nous relate le destin d'une jeune fille née d'une mère célibataire, d'un père inconnu, dans un endroit sordide appelé « La Montagne », recueillie par une bonne âme et qui à la fin de l'adolescence, alors qu'elle cherche à s'émanciper, va se retrouver face à des choix qui vont en quelque sorte la remettre à sa place de femme, ce qui est terrible. J'ai détesté, je crois, tous les rôles masculins de cette histoire. Ça commence avec le premier employeur de Charity, ça continue avec son père adoptif et ça s'achève avec le beau Harney qui la charme pour mieux trahir ses attentes. Chacun ne voit en elle qu'une femme : à conquérir, à séduire, à épouser et qu'importe ses désirs. C'est rude !

C'est rude mais aussi malaisant. On suit une jeune fille qui vient quasiment du caniveau et dont les hommes vont presque tout – je vous laisse la surprise finale – tenter de profiter, l'un en abusant de sa position et en étant bien plus âgé, l'autre en jouant de son charme et le dernier de sa détresse. Ça fait mal pour elle, mais c'est du coup un violent plaidoyer contre la réalité du mariage et des relations hommes – femmes bien piégeuses à l'époque dans ces sociétés. Bravo à Edith Wharton de l'avoir aussi bien rendu au point de me rendre cela très malaisant et révoltant à lire.

L'autrice a vraiment fait preuve d'une belle finesse avec la jeune Charity et cela se confirme également dans cet éveil des sens et des sentiments auquel on assiste sous sa plume. C'est charmant de voir avec quelle pudeur l'autrice parvient toutefois à relater ce premier amour et les désirs charnels qui l'accompagnent. On a quelque chose d'assez moderne ici avec ce récit d'une aventure amoureuse qui aurait très bien pu prendre place plusieurs décennies plus tard puisque l'autrice relate rendez-vous cachés où on se retrouve dans une ville voisine, où on va au cinéma, puis à un spectacle nocturne et où on se retrouve dans un lieu secret. C'est très novateur pour l'époque.

Eté fut une sacrée expérience de lecture où comment apprécier un tel moment sans apprécier l'héroïne qu'on suit dont la naïveté et les malheurs exaspèrent et révoltent un peu à la longue. Je préfère encore et toujours les histoires courtes de Kerfol à celles plus longues comme celle-ci ou le temps de l'innocence, mais je reconnais à l'autrice une force rare pour oser parler de sujets douloureux et critiquer la société dont elle est contemporaine. Ici son portrait de l'été amoureux et marital de l'héroïne fait mal mais la critique de cette masculinité toxique est nécessaire.
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Tout se passe dans un petit village de la Nouvelle Angleterre, Charity, notre héroïne grandit aux cotés de son tuteur qui l'avait ramenée de la montagne, abandonnée par les siens...Au fil du temps la jeune fille, bien décidée à vivre sa vie coûte que coûte va nous montrer tout le côté romanesque de l'histoire. On peut même dire que cela aurait pu être écrit d'une plume anglaise tellement le récit et les descriptions nous y font penser...
Bref, de bons moments à savourer et une fin qu'on attend avec impatience...petit roman mais écriture très bien tenue.A lire avec plaisir.
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J'ai été extrêmement émue par l'histoire de Charity, cette jeune fille en apparence si solide, si prête à affronter le monde et qui pourtant est rattrapée par la cruauté de celui-ci. L'histoire est relativement simple, tout le bonheur de la lecture est dans les descriptions photographiques de cette campagne américaine qui meurt d'ennui mais où le drame humain se joue derrière chaque porte. L'amour rend aveugle, c'est vrai pour l'héroïne mais aussi pour le héros et même pour le lecteur, on voudrait y croire mais l'auteure est seule maîtresse de l'histoire. Une très bonne lecture !
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Bien que ma relation avec Edith Wharton soit assez houleuse, je mets un point d'honneur à découvrir chacune que ses oeuvres avec l'espoir d'enfin tomber sur le Saint Graal. Est-ce le cas cette fois-ci ? Je dois bien admettre ne pas être si loin du but tellement j'ai apprécié ce roman.

En effet, Plein Eté se glisse aisément en pôle position de ce que j'ai eu l'occasion de lire de l'auteure et ce, dès le premier chapitre. J'ai très vite décelé que ce roman allait fortement me plaire et très vite me séduire. Ce constat provient avant tout du cadre champêtre et bucolique retranscrit avec brio par cette dernière. La découverte de ce village campagnard ainsi que ses abords m'a fait voyager. A travers quelques simples descriptions mais néanmoins détaillées, je me suis imaginé de charmants paysages collant parfaitement à l'ambiance romantique de ce courant littéraire. Bien entendu, le cadre ne fait pas tout et bien que peu singulière, l'histoire qui nous est dévoilée m'a totalement séduit. C'est un très bon roman d'éveil et d'apprentissage que dresse Edith Wharton, dans lequel cette dernière ose traiter de sujets tabous et défendus pour l'époque. A travers une histoire d'amour touchante et poignante, celle-ci abordera la place de la sexualité chez la femme que ses conséquences parfois désastreuses pour celles-ci. J'ai vraiment apprécié la douceur et la finesse avec lesquelles ont été traités ces différents sujets. Sans totalement offrir une véritable critique, Edith Wharton dénonce sans détour l'impact que peut avoir sur une personne les on-dit ainsi que les rumeurs. C'est finalement assez risible de voir que même dans notre société actuelle – soit disant ouverte d'esprit – nous restons encore fortement régis par les codes que cette dernière nous impose. Je trouve vraiment intéressant cette superposition que je n'ai cessé de réaliser au cours de cette lecture. de plus et comme je le disais, cette histoire d'amour a su me toucher et, sans pour autant de me faire vibrer, m'émouvoir fortement, ce qui m'a fortement plu.

Il faut dire que je me suis très vite senti lié et attaché à Charity, notre jeune orpheline. Cette dernière est née à la montagne – l'endroit reculé du village de North Dormer, où vit quelques marginaux – et a été recueilli par la famille Royall. Depuis, cette dernière subit la morne routine de ces pittoresques lieux et souffre de sa condition de femme. Prête à prendre un nouveau départ et à s'émanciper, Charity a choisi de devenir bibliothécaire et voit son avenir s'illuminer lorsqu'un jeune homme, Lucius Harney, passe la porte de la librairie. Dès cette rencontre notre héroïne commencera à découvrir le véritable amour avec ses joies et ses peines qui l'accompagnent. J'ai vraiment trouvé attendrissante et touchante le traitement de cette douce et tendre romance. Edith Wharton et sa délicate plume livre un roman romanesque à la limite de la tragédie et malgré toute cette quiétude, cette dernière offre un destin tragique et cruel à notre héroïne, accentuant encore plus ce sentiment d'attache. Fort heureusement, Charity n'est pas le seul protagoniste intéressant à découvrir et même si j'ai fortement apprécié la bienveillance de Lucius Harney, je dois admettre avoir préféré la complexité et la noirceur de Mr Royall. Ce dernier se dévoile difficile à cerner, c'est pourquoi je l'ai autant détesté qu'apprécié.

Plein Eté m'a fortement enthousiasmé et enchanté. A tel point que ce dernier fait partie de mes favoris d'Edith Wharton. Celle-ci a su me toucher grâce à ce roman d'apprentissage débordant d'amour et de cruauté à la fois et grâce à son héroïne attachante, que j'ai adoré voir évoluer au cours de ma lecture.
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Wharton change de registre

Cette fois Edith Wharton quitte le monde de la haute société new-yorkaise pour un petit coin reculé de la Nouvelle-Angleterre et une jeune femme qui découvre l'amour et la sexualité. Un livre courageux pour l'époque (il a été publié en 1927). On dit en outre que de tous ses livres, c'était le favori de Wharton.
Charity Royal est bibliothécaire dans un petit village reculé au pied des montages. C'est une enfant de la montagne, elle fut recueillie à 5 ans par Mr Royal qui devint son tuteur. On ne se prive pas au village de lui rappeler ses origines douteuses, jusque dans le choix de son prénom qui lui remémore la dette qu'elle a envers son tuteur. Les gens de la montagne sont en effet considérés comme étant une bande d'arriérés non-civilisés.

Lorsque Lucius Horney, un jeune homme de la ville, pénètre dans l'existence de la jeune fille sa vie change : elle découvre l'amour, c'est l'éveil de la sensualité et la passion qui la submerge. Etalée sur les trois mois d'un été, cette passion est calquée sur l'évolution du temps : éclosion d'un amour pur et sans nuage qui arrive au firmament et se transforme en passion alors que l'été est à son apogée, pour se terminer aux frimas de l'arrière-saison.

Les élans passionnés du jeune couple sont juste évoqués, tout est dans la suggestion (n'oublions pas qu'on est en 1927); cela semble un peu vieillot à notre époque où la plupart des livres abondent en scènes chaudes. Pourtant, comme souvent, la sensualité sous-entendue n'en est que mieux exaltée (un peu comme dans la scène du fiacre de Madame Bovary).

Les personnages sont complexes. Comme toujours chez Wharton, ils doivent faire face à la pression sociale de leur milieu. On nous suggère bien que Charity, enfant de la montagne, n'est pas assez "bien" pour Lucius Harney qui vient de la ville. Et Mr Royal, figure dominante de père qui oscille entre le bien et le mal, apparaît parfois bien faible par rapport à sa protégée. Charity devra-t-elle payer pour son bonheur ? Lucius sera-t-il à la hauteur du formidable amour que lui porte Charity ? Et finalement qui est le bon et le mauvais dans cette histoire ? Certaines questions ne trouvent leurs réponses que tout à la fin, d'autres restent sans réponses dans ce livre où le lecteur est en bonne partie livré à lui-même.

On ne retrouve pas dans ce livre l'humour habituel de Wharton, le sujet est grave et finalement pessimiste. le talent de l'écrivain est évident, elle décrit aussi bien les états d'âme d'une jeune femme amoureuse que les frémissements de l'été dans une région sauvage et belle. Ses évocations de la montagne et des ses habitants m'ont laissé un léger malaise (pour ceux qui connaissent, cela m'a fait penser au terrible film "Délivrance" avec Burt Reynolds).
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