Quand Harry rencontre…. Helen.
Helen fille facile, ça c'est certain, elle est pas farouche la Miss (au demeurant magnifique, blonde au teint pâle avec des petites tâches d'or dans les yeux, une sorte de Kate Moss quoi…), si on lui paye un verre ou dix… ou mieux une bouteille ou deux… le problème c'est qu'après une bonne cuite, elle ne se rappelle de rien, du coup elle égare son sac ou sa valise, les seuls biens qu'elle possède.
Frisco, tout début des années cinquante, Harry, ex peintre désabusé, ex soldat durant la guerre, homme charmant, aimé de tous, respectueux, officie comme barman lorsqu'il rencontre Helen, lui aussi aime bien (beaucoup) picoler, alors entre eux c'est le coup de foudre.
Helen, fragile et paumée, s'installe donc dans la pension de famille où Harry loue une piaule minable. Grâce à l'amour d'Helen, Harry revient même à sa passion première : la peinture. Elle lui demande de faire un portrait d'elle nue, le tableau est une réussite totale. Les amoureux s'installent dans le cocon sordide de la chambre d'Harry pour faire l'amour et boire, boire, boire….
Oui mais pour boire, il faut de l'argent, Harry change souvent de job, il n'est pas paresseux et se débrouille pour les faire vivoter. le problème c'est qu'il ne peut pas laisser Helen seule, elle déprime, alors elle sort pour picoler et finit ivre morte entourée de marines ou autres soldats qui la tripotent… Harry n'aime pas ça du tout, d'autant plus qu'il se paye tout San Francisco pour la retrouver et que ça dégénère en bagarre avec les types parce qu'il ne faut pas trop le chauffer quand même, le Harry, surtout que tout le monde les regarde avec dédain, comme s'ils formaient un couple improbable.
Ils s'enfoncent tous les deux dans la dépression, idées suicidaires, passage à l'acte raté, soins en clinique, cuites, c'est un cercle vicieux… Jusqu'au drame…
L'ambiance dégagée par ce grand roman noir de
Charles Willeford rappelle celle du monde de
Charles Bukowski : course effrénée pour trouver un dollar ou deux pour pouvoir boire, tout est moche, sordide, aucun espoir, pas d'avenir.
Une fille facile est malgré tout un livre très intrigant, plus on avance dans l'histoire, plus on se demande où l'auteur veut nous emmener, ce n'est qu'à la dernière page que nous trouvons la réponse et que tous les évènements s'expliquent en une seconde. Étonnant tour de force, ce bouquin de 1967 est dérangeant, réaliste et attachant.